Énergie : où en est-on ?

Par MD

Introduction

Le document de référence de la compagnie pétrolière BP, maintenant tenu et mis à jour par « Energy Institute » (ci-après EI) vient de livrer sa 73ème édition. Fort heureusement, le nouveau titulaire, malgré son idéologie « NetZero » assumée, a rigoureusement respecté la présentation traditionnelle et mis à jour les séries en incluant les données de l’année 2023. Cette édition comporte comme d’habitude une version littérale en pdf, mais surtout l’irremplaçable base de données Excel. Elle comporte quelques nouveautés dont on pourra reparler. Dans ce qui suit, on s’en est tenu aux données énergétiques essentielles. Les figures qui suivent en donnent une expression graphique.

Chacun sait que les années 2020-2023 ont été perturbées notamment par la crise du Covid, le rebond post-épidémique puis les hostilités en Ukraine et au Moyen-Orient, mais on va voir que globalement les tendances énergétiques mondiales sur longue période n’ont pas été sensiblement altérées.

Évolution de la consommation mondiale d’énergie primaire.

Ce graphique montre la répartition entre les différentes énergies (exajoules EJ) et en surimpression l’évolution des émissions anthropiques de CO2 dues à la combustion des énergies fossiles (milliards de tonnes ou Gt de CO2).

L’évolution des émissions de CO2 (double trait) coïncide naturellement avec la somme des trois énergies fossiles, selon la relation approximative : 0,07 Gt CO2 pour 1EJ fossile soit 70 Mt de CO2 pour 1 EJ fossile (exemple en 2023, 35 GtCO2 pour 505 EJ fossile), relation observée sans discontinuer depuis 1980. Depuis plus de vingt ans, malgré deux indentations en 2009 (crise des subprimes) et 2020 (covid), la consommation mondiale d’énergie primaire évolue à raison de + 2% par an.

Évolution de la consommation d’énergies non fossiles.

Dans les années récentes, leur croissance est surtout due aux énergies intermittentes (solaire et éolien). L’hydraulique et le nucléaire sont restés à peu près stables depuis vingt ans.

Répartition des sources d’énergie primaire en 1990 et 2023.

La répartition des différentes sources d’énergies, respectivement en 1990 (année de référence) et en 2023 est illustrée par les deux graphiques suivants. Dans l’intervalle, la consommation d’énergie primaire est passée de 344 EJ à 620 EJ, soit une multiplication par 1,8.

En 2023, les énergies intermittentes (solaire et éolien) représentent 6% du total. En 33 ans – de 1990 à 2023 – les énergies fossiles sont passées de 87% à 82% : le charbon est resté à 27%, le pétrole a cédé du terrain au profit du gaz naturel. Le nucléaire a progressé en quantité mais régressé en pourcentage.

Évolution de la consommation d’énergie primaire, répartition entre grandes régions du monde.

 Les États appartenant à l’OCDE sont mis en évidence par une trame hachurée.

Les pays les plus développés (OCDE) ont stabilisé leurs consommations depuis vingt-cinq ans : la croissance globale est exclusivement le fait du reste du monde, surtout le sud-est asiatique et en premier lieu la Chine.

Évolution des émissions de CO2répartition entre grandes régions du monde.

Cette évolution traduit à un facteur près (voir précédemment).celle des consommations d’énergies fossiles.

Depuis 2007, les émissions mondiales augmentent en tendance d’environ 1,1% par an (mais +1,6% en 2022 et 2023). La diminution lente et progressive des émissions des pays les plus développés (OCDE) est compensée par l’augmentation dans le reste du monde. Actuellement, l’OCDE ne représente plus que 30% des émissions mondiales comme on le voit sur le graphique suivant (en pourcentages). En matière d’émissions de CO2, tout se joue et se jouera désormais dans les pays dits « en développement ».

Émissions de CO2 en 2023, répartition entre régions du monde.

Les États de l’OCDE dans leur ensemble émettent maintenant moins que la Chine seule. L’Union européenne (format UE28) représente 8% des émissions (dont France 0,7%).

Contenu de l’énergie primaire en CO2.

Le rapport entre les émissions de CO2 et la consommation d’énergie, exprimé en millions de tonnes de CO2 par exajoule est l’un des « facteurs de Kaya » particulièrement surveillé puisqu’il mesure la « décarbonation » de l’énergie, nouvelle obsession des instances internationales. Les graphiques ci-dessous montrent que le contenu en CO2 de l’énergie consommée est en baisse dans les pays de l’OCDE, mais tend à se stabiliser dans le reste du monde.

Pour le monde entier, on compte actuellement 57 MtCO2 pour 1 EJ primaire. L’OCDE est à 48 MtCO2/EJ et l’UE à 45 MtCO2/EJ. L’Allemagne ne brille pas particulièrement dans le concert européen, malgré ses prétentions. La France est le troisième pays le plus « décarboné » du monde (derrière la Suède et la Norvège).

Évolution de la consommation d’énergie primaire par habitant.

La consommation d’énergie par habitant est un indicateur du niveau de vie des populations, comme on peut le constater en comparant cet indicateur au PIB par habitant. Les disparités considérables entre les États ou groupes d’États sont illustrées par l’échantillon présenté dans le graphique suivant.

L’exemple le plus frappant est celui de la Chine, dont la consommation d’énergie par habitant a rejoint en trente-cinq ans celle de l’Union européenne. Cette évolution préfigure le futur des pays en développement, qui n’auront de cesse de sortir leurs populations de la pauvreté grâce aux énergies abondantes et peu coûteuses dont leurs sous-sols regorgent. Globalement, la diminution observée du contenu de l’énergie en CO2 est compensée par l’augmentation de la consommation d’énergie, ce qui explique que les émissions de CO2 ne décroissent pas et ne décroîtront pas de sitôt.

Il faut aussi rappeler que les « progrès » et les scores flatteurs enregistrés par les États de l’OCDE résultent en partie d’un transfert progressif des activités industrielles vers les pays moins développés. Cette désindustrialisation semble commencer à alarmer nos dirigeants. Mieux vaut tard que jamais.

Énergies fossiles. Réserves et répartitions géographiques des productions.

Pour des raisons non explicitées, les estimations des réserves de produits fossiles n’ont pas été mises à jour depuis l’édition 2020, ce qui est bien dommage (voire suspect) car de nouveaux et importants gisements ont été découverts depuis lors. On ne reprendra donc pas ici l’article de l’année dernière sur le volume des réserves et les rapports entre réserves et production. Cela étant, la répartition des réserves peut être indirectement illustrée par celle des productions.

Les trois graphiques suivants fournissent un aperçu de la répartition – très inégale – des productions entre les différentes régions du monde en 2023.

Pétrole.

Gaz naturel.

Charbon.

On laisse au lecteur le soin de méditer sur ces trois graphiques. Signalons seulement qu’au cours des deux seules dernières années (de 2021 à 2023, donc postérieurement à la reprise post-covid), la production de pétrole a augmenté de 5% et celle du charbon de 11%, ce qui n’augure rien de bon pour les décroissances espérées.

Conclusion.

Il n’est pas nécessaire d’être un « scientifique » pour constater que les « scénarios » énergétiques du GIEC et assimilés, dont le fameux « Net Zero » ne sont que des lubies de pays repus et fatigués. Les quatre-cinquièmes de l’humanité n’en ont cure et le font fermement savoir, quoique poliment et diplomatiquement comme il se doit. On peut se demander jusqu’à quand nos « autorités » poursuivront ces chimères inefficaces et stériles, et reviendront sur terre – sous terre serait plus approprié. Rendez-vous à la COP29 de Bakou, haut lieu historique du pétrole mondial.

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9 réflexions au sujet de « Énergie : où en est-on ? »

  1. Déjà mis ailleurs ; il faut dissoudre le Giec et revoter pour une nouvelle assemblée plus réaliste envers la transition énergétique
    Concernant nos autorités , la conclusion est un peu rude ; les faire revenir sous terre est trop rapide ; il faudrait leur laisser le temps de se rendre compte de leurs erreurs

  2. LE PEAK OIL OU LA CRAINTE DE LA PENURIE DE PETROLE
    La notion de “peak oil” est née en 1940 sous la plume d’un géologue américain Marion King Hubbert. En 1956, la théorie de Hubbert a été reprise par de nombreux scientifiques et a été largement diffusée dans la presse. Hubbert prévoyait alors que la production de pétrole allait diminuer dès 1970.
    Les écologistes ont repris la théorie du “peak oil” pour prédire la fin prochaine du pétrole par épuisement des ressources. Jean Marc JANCOVICI a récemment confirmé cette fin prochaine.
    L’AIE (Agence Internationale de l’Energie) a estimé en 2010 que le “peak oil” avait été atteint en 2006, date contestée – à juste raison – par d’autres scientifiques.
    En 2018, l’AIE a repoussé cette date à 2025.
    En 2021, la date est de nouveau repoussée à 2030.
    En 2024, l’AIE a encore repoussé la date du “peak oil” à 2050.
    Le monde consomme 36 milliards de barils par an.
    La Russie vient de découvrir un gisement de pétrole de 511 milliards de barils en Antarctique (14 années de consommation mondiale, non compris les gisements existants).
    Naturellement, l’exploitation du pétrole en Antarctique poserait d’autres problèmes …
    Et d’autres gisements sont encore découverts dans le Monde. Le Sénégal vient ainsi d’entrer dans le cercle des producteurs de pétrole. Le 11 juin dernier, il vient de commencer l’exploitation d’un champ off-shore qui contiendrait au moins 2,5 milliards de barils. Un autre champ off-shore proche de la Mauritanie contient par ailleurs d’énormes quantités de gaz.
    Bien évidemment, un jour le pétrole disparaitra. Mais ce temps n’est pas encore venu ….
    Dans l’immédiat, on produit trop de pétrole. Les pays de l’OPEP limitent donc leur production …. pour faire monter les prix !!

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