Par Richard Lindzen et John Christy (*)
Cet article explique comment les données sur la température moyenne mondiale en surface sont « fabriquées » pour s’inscrire dans le récit de l’alarmisme climatique destiné au grand public. Initialement publié en anglais par la CO2 Coalition, l’article a été traduit en français par l’équipe de rédaction du site. (cliquez ici pour télécharger l’article complet en français).
Résumé
La plupart des discussions sur le réchauffement climatique se focalisent sur une série de chiffres dite « anomalie moyenne des températures à la surface du globe » souvent appelée de manière quelque peu trompeuse « série de la température moyenne du globe ».
Le présent document aborde deux aspects de cette série de chiffres. D’abord ce n’est qu’un maillon d’une chaîne assez longue de déductions amenant à la prétendue nécessité d’une réduction mondiale des émissions de CO2. Après nous verrons ce qu’implique la façon dont on a construit et présenté cette série et montrerons pourquoi elle est trompeuse.
Cette série de chiffres est souvent présentée comme si c’était une sorte de mesure instrumentale directe. Cependant, comme l’a, il y a 30 ans, fait remarquer feu Stan Grotch du laboratoire Laurence Livermore, il s’agit en réalité de la moyenne de données de stations météorologiques où les observations réelles sont réparties presque uniformément entre de grandes valeurs positives et de grandes valeurs négatives.
La moyenne est simplement la petite différence entre ces grandes valeurs positives et négatives, avec le problème habituel associé aux petites différences entre deux grands nombres : au moins jusqu’à présent, l’augmentation d’un degré Celsius environ de la moyenne mondiale depuis 1900 est très minime par rapport aux grandes variations observées à chacune des stations et n’a donc guère de rapport avec ce qui se passe réellement à une station donnée.
Les changements de température des stations se répartissent autour de l’augmentation d’un degré de la moyenne mondiale. Même si une station avait enregistré cette augmentation d’un degré sa plage typique des températures annuelles serait passée, par exemple de -10 degrés à +40 degrés en 1900 à de -9 degrés à + 41 degrés en 2020. Les gens, les cultures et la végétation, la météo de cette station auraient bien du mal à percevoir cette différence. Cependant, sur les graphiques utilisés dans presque toutes les présentations, l’augmentation n’est rendue perceptible et significative que parce qu’on escamote la plage des points réellement observés et dilate très fortement l’échelle des températures afin que le changement de cette moyenne des anomalies des températures à la surface du globe paraisse important.
Cette série montre certaines tendances cohérentes, mais elle aussi est très bruitée : des fluctuations d’un dixième ou de deux dixièmes de degré ne sont probablement pas significatives. Dans le discours public on oublie les vraies grandeurs ; l’accent est mis sur l’augmentation ou la diminution de cette moyenne des anomalies ou anomalie moyenne. Vu le bruit et les erreurs d’échantillonnage, il est assez facile de « corriger » ou d’« ajuster » ce genre de moyenne, et même de changer le signe d’une tendance, de positive à négative.
Les présentations habituelles suppriment souvent le bruit en faisant des moyennes mobiles sur des périodes allant de 5 ans à 11 ans : ce traitement peut en même temps faire disparaître des caractéristiques significatives telles que les grandes variations que l’on constate toujours dans les stations prises une par une. Nous verrons les grands changements naturels de température auxquels les Américains de 14 grandes villes sont, chaque année, exposés. Par exemple, la différence moyenne entre les moments les plus froids et les plus chauds d’une année va d’environ 25 degrés Celsius à Miami à 55 degrés Celsius à Denver (45°F et 99°F). C’est bien différent de l’augmentation facilement gérable et supportable de 1,2 degré Celsius de l’anomalie moyenne mondiale des températures au cours de ces 120 dernières années, cette augmentation qui suscite tant d’inquiétude et dans les médias et dans les milieux politiques.
(*) Richard S. Lindzen Alfred P. Sloan Professor of Meteorology, Emeritus, Massachusetts Institute of Technology
John R. Christy Distinguished Professor of Atmospheric and Earth Science, University of Alabama in Huntsville