Le petit âge glaciaire a été déclenché par l’intrusion des eaux atlantiques dans les mers nordiques

Une étude de l’Université du Massachusetts Amherst

Cette étude a été publiée le 15 décembre dans la revue Science Advances sous le titre : Little Ice Age abruptly triggered by intrusion of Atlantic waters into the Nordic Seas. Elle a fait l’objet d’un article publié sur le site Watt’s Up With That. Le texte qui suit en est la traduction.


Une étude de l’Université du Massachusetts Amherst fournit une réponse inédite à l’une des questions persistantes de la climatologie historique : quelles sont les causes du petit âge glaciaire ? 

La réponse, nous le savons maintenant, est une intrusion exceptionnelle d’eaux chaudes de l’Atlantique dans les mers nordiques à la fin des années 1300.

Le petit âge glaciaire a été l’une des périodes les plus froides des 10000 dernières années, une période de refroidissement particulièrement prononcée dans la région de l’Atlantique Nord. Cette vague de froid, dont les chercheurs débattent encore de la chronologie précise, mais qui semble s’être installée il y a environ 600 ans, a causé mauvaises récoltes, famines et pandémies dans toute l’Europe, entraînant la misère et la mort de millions de personnes. À ce jour, les mécanismes qui ont conduit à ces conditions climatiques rigoureuses sont mal compris. L’étude de l’Université du Massachusetts Amherst reconstitue les événements qui ont provoqué le petit âge glaciaire. Étonnamment, le refroidissement semble avoir été déclenché par un réchauffement inhabituel.

L’auteur principal François Lapointe, chercheur postdoctoral et chargé de cours en géosciences à l’Université d’Amherst et Raymond Bradley, professeur distingué en géosciences dans cette même université, avaient procédé en 2020 à une reconstitution des températures de surface de la mer de l’Atlantique Nord sur une période de 3000 ans dont les résultats ont été publiés dans les  Actes de l’Académie nationale des sciences en 2020. Ils ont remarqué le passage soudain de conditions très chaudes à la fin des années 1300 à des conditions de froid sans précédent au début des années 1400, seulement 20 ans plus tard.

En utilisant de nombreuses données marines, Lapointe et Bradley ont découvert qu’il y avait eu un transfert anormalement fort d’eaux chaudes vers le nord à la fin des années 1300, un phénomène qui a culminé vers 1380. Il s’en est suivi que les eaux au sud du Groenland et des mers nordiques sont devenues beaucoup plus chaudes que d’habitude, ce que personne n’avait découvert avant eux.

Empreinte digitale AMOC SST. Carte de corrélation moyenne multi modèle entre l’AMOC basse fréquence à 26°N et la SST.

Normalement, il y a toujours un transfert d’eaux chaudes des tropiques vers l’Arctique. Il s’agit d’un processus bien connu appelé Circulation méridienne de renversement de l’Atlantique (AMOC), qui est souvent comparé à un tapis roulant planétaire. En règle générale, les eaux chaudes des tropiques s’écoulent vers le nord le long de la côte de l’Europe du Nord, et lorsqu’elles atteignent des latitudes plus élevées et rencontrent des eaux arctiques plus froides, elles perdent de la chaleur et deviennent plus denses, ce qui les fait plonger au fond de l’océan. Cette formation en eau profonde s’écoule ensuite vers le sud le long des côtes de l’Amérique du Nord et continue de circuler dans le monde entier.

Mais à la fin des années 1300, l’AMOC s’est considérablement renforcée, ce qui signifie que des eaux inhabituellement chaudes se sont déplacées vers le nord, provoquant une perte rapide de glace dans l’Arctique. En l’espace de quelques décennies à la fin des années 1300, de grandes quantités de glace ont été déversées dans l’Atlantique Nord, ce qui a non seulement refroidi les eaux de l’Atlantique Nord, mais a également dilué leur salinité, provoquant finalement l’effondrement de l’AMOC. C’est cet effondrement qui a alors déclenché un refroidissement substantiel.

Un événement de ce type s’est également produit à notre époque : entre les années 1960 et 1980, nous avons également assisté à un renforcement rapide de l’AMOC, qui a été lié à la persistance de hautes pressions dans l’atmosphère au-dessus du Groenland. Lapointe et Bradley pensent que la même situation atmosphérique s’est produite juste avant le petit âge glaciaire.

Mais qu’est-ce qui a pu déclencher cet événement anticyclonique persistant dans les années 1380 ? La réponse a été découverte dans les arbres. Les chercheurs ont analysé les isotopes du radiocarbone conservés dans les cernes des arbres, et découvert qu’une activité solaire inhabituellement élevée avait été enregistrée à la fin des années 1300. Une telle activité solaire a tendance à conduire à une pression atmosphérique élevée sur le Groenland.

Dans le même temps, moins d’éruptions volcaniques se sont produites sur terre, ce qui signifie qu’il y avait moins de cendres dans l’air. Une atmosphère « plus propre » signifiait que la planète était plus réactive aux changements de production solaire. « L’effet d’une forte activité solaire sur la circulation atmosphérique dans l’Atlantique Nord a été particulièrement fort », a déclaré Lapointe.

Lapointe et Bradley se demandent si un refroidissement aussi brutal pourrait se reproduire à notre époque de changement climatique mondial. Ils notent qu’il y a maintenant beaucoup moins de glace de mer arctique en raison du réchauffement climatique, donc un événement comme celui du début des années 1400, impliquant le transport de glace de mer, est peu probable. « Cependant, nous devons garder un œil sur l’accumulation d’eau douce dans la mer de Beaufort (au nord de l’Alaska) qui a augmenté de 40 % au cours des deux dernières décennies. « Son exportation vers l’Atlantique Nord subpolaire pourrait avoir un fort impact sur la circulation océanique », a déclaré Lapointe. « De plus, les périodes persistantes de haute pression sur le Groenland en été ont été beaucoup plus fréquentes au cours de la dernière décennie et sont liées à une fonte des glaces record. Les modèles climatiques ne simulent pas ces événements de manière fiable et nous pouvons donc sous-estimer la perte future de glace de la calotte glaciaire, avec plus d’eau douce entrant dans l’Atlantique Nord, conduisant potentiellement à un affaiblissement ou à un effondrement de l’AMOC. » 

Les auteurs en concluent qu’il est urgent de s’attaquer à ces incertitudes.

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22 réflexions au sujet de « Le petit âge glaciaire a été déclenché par l’intrusion des eaux atlantiques dans les mers nordiques »

    • Jancovici parle de physique mais très mal. Il dit que le CO2 une fois dans l’atmosphère y reste indéfiniment. Il oublie que le CO2 est largement absorbé par les océans et par la végétation. Ce seul exemple montre qu’il n’est qu’un perroquet des prévisions hasardeuses et fausses du GIEC.

      • Nous devons probablement pas parler du même Jancovici.
        Il explique que le C02 en tant qu’oxyde est une forme chimique très stable… et que seul des processus comme un équilibrage réversible avec les océans ou une transformation par la végétation permet de. réduire la concentration de CO2.
        Si vous remplissez une baignoire avec. un haut débit et que l’écoulement est insuffisant, la baignoire déborde….
        Je ne sais pas si vous êtes scientifique mais en tout cas votre commentaire est assez hallucinant…

  1. Jancovici s’est servi du climat pour se mettre sur le devant de la sçène de la transition énergétique ou on le remercie de défendre la cause du futur nucléaire ; j’espère qu’un jour il fera son mea culpa d’avoir soutenu les idées du GIEC et de la cause du CO2 au RCA

    • Janco est un sacré malin en soulignant que le climat ne se modifiera pas avant les années 2050-2060…à cette époque, il sera sans doute décédé…histoire d’éviter la honte
      Et c’est pareil pour Dennis Meadows (80 ans) qui avait annoncé l’Apocalypse pour l’an de grâce 2030 (effondrement de la population mondiale)…si sa santé est bonne, il devra affronter la réalité de la loufoquerie de sa prophétie d’ici 8 ans..ayons pitié pour lui

  2. “”””””””provoquant finalement l’effondrement de l’AMOC. C’est cet effondrement qui a alors déclenché un refroidissement substantiel.

    Un événement de ce type s’est également produit à notre époque : entre les années 1960 et 1980, nous avons également assisté à un renforcement rapide de l’AMOC”””””””
    Quand on se contredit ainsi d’une phrase à l’autre , c’est que vraiment on est nul comme tout l’article d’ailleurs

    • Explication de texte:

      “Mais à la fin des années 1300, l’AMOC s’est considérablement renforcée,”

      “Un événement de ce type s’est également produit à notre époque : entre les années 1960 et 1980, nous avons également assisté à un renforcement rapide de l’AMOC”

      Avant de critiquer l’auteur, c’est mieux de vérifier tout d’abord sa bonne compréhension du texte.

    • Michael Mann a proposé il y a presque vingt ans une méthode qui règle la question de l’optimum médiéval:

      e = mean_of_temperatures(1850)
      for each x in datasets:
      if mean_of_temperatures(x) > e:
      delete x from datasets

  3. @ François
    Pensez vous sérieusement que c’est l’AMOC qui a provoqué un PAG et un minimum de Maunder ou que ce ne soit pas le soleil qui gère les variations de l’AMOC et de la circulation thermohaline ?

  4. . Cet extrait du texte “petit âge glacière” (§ sous la première figure) :
    “En règle générale, les eaux chaudes des tropiques s’écoulent vers le nord le long de la côte de l’Europe du Nord, et lorsqu’elle atteint des latitudes plus élevées et rencontre des eaux arctiques plus froides, elle perd de la chaleur et devient plus dense, faisant plonger l’eau au fond de l’océan”
    comporte des fautes d’orthographes et une contradiction :
    … lorsqu’elles atteignent… … et rencontrent des…
    … elles perdent de la chaleur… au contact de l’eau froide, mais ne peut devenir plus froide, donc ne peuvent pas plonger au fond de l’océan !!!!

    • Tout à fait.
      Ce sont les eaux froides arctiques, plus denses de ce fait, qui plongent sous les eaux chaudes. Le phénomène est de plus augmenté par le gel de l’eau de mer (banquise) qui libère du sel (la banquise est moins salée que l’eau de mer) et augment la densité. C’est l’origine de la circulation générale thermohaline.

  5. A la lecture de cet article de Sciences “Advances“ (ou “Recul“), je me demande si certains scientifiques n’auraient pas besion d’une piqûre de bon sens. Mais non, business étant business, il faudra au moins une bonne dizaine de thésards (financements wanted) pour étudier la question.
    Bon, je retourne faire ma toilette de chat.

    • Bonjour Serge,

      Oui, il y a des choses un peu étonnantes dans cet article. L’anomalie chaude vers 1380 dont ils parlent ressemble en fait, à plusieurs égards, plutôt à un accident temporaire qui interrompt le lent refroidissement depuis l’an 1000, et probablement depuis bien plus longtemps (Figures 2 à 4 de l’article); ça aurait peut-être mérité une petite discussion.

      Mais il me semble aussi que le compte rendu de WUWT est lacunaire et imprécis. Lapointe et Bradley disent clairement : “Bien que nous supposions que l’intrusion d’eau dans l’Atlantique à la fin des années 1300 a été un facteur clé pour le début du LIA au début des années 1400, elle ne peut pas expliquer à elle seule un affaiblissement (refroidissement) de deux siècles du gyre subpolaire comme le montrent les observations et les modèles. D’autres rétroactions climatiques, principalement une séquence d’éruptions volcaniques explosives majeures coïncidant avec des réductions de l’irradiation solaire émise, ont contribué à maintenir ce refroidissement persistant.”

      • Bonjour Arsène,

        Certes, WUWT fonctionne parfois un peu à l’arrache.
        Ce qui m’agace un peu dans cet article, c’est cette propension de beaucoup de scientifiques qui pateaugent à sombrer dans les montages explicatifs du type “feedback du feedback du feedback“. Qui ressemblent plutôt à une accumulation de lapins sortis du chapeau sans vraiment de reflexion approfondie. Un truc cloche et le château de cartes s’effondre.
        Des événements exceptionnels, l’histoire en regorge. On nous bassine actuellement avec (catastrophe !), le réchauffement anormal de l’Alaska. Comme on nous avait promis l’enfer lors de la canicule de fin juin 2019 sur l’ouest de l’Europe. La Sibérie orientale est aussi coutumière de ces réchauffements “anormaux“. Lorsqu’on jette un coup d’oeil sur earth.nullschool.net, on voit que le courant jet d’altitude amorce un grand méandre qui fait remonter l’air chaud tropical vers l’Alaska. Même topo lors de la canicule de fin juin 2019 alors que l’Europe de l’est se pelait de froid. Même chose dans l’ouest américain il y a peu, victime d’une canicule to-ta-le-ment anormale prout prout ma chère. Je n’ai pas toujours la présence d’esprit de consulter ce site chaque fois que la presse nous affole avec le climat, alors que ce n’est que de la variabilité naturelle.
        Par moment, on a l’impression que l’humanité (enfin, pas toute) devient cinglée.
        Allez, un bon sujet de recherche biblio pour thésard désoeuvré : existe-t-il un lien entre les déplacements latitudinaux du courant jet et les cycles de sécheresse dans les hautes vallées himalayennes ?

  6. @Choquin
    Vous auriez dû vous restreindre à la correction des fotes d’ortografe, parce que dire que”” ne peut devenir plus froide, donc ne peuvent pas plonger au fond de l’océan !!!!””’montre que vous ignorer tout des variations de densité de l’eau en fonction de la salinité et de la température ; si vous voulez approfondir il y a ce graphique sur ce lien
    https://www.econologie.com/masse-volumique-eau-temperature/
    qui vous montre que l’eau (douce) a une densité maximum vers 4°C et si vous voulez aller plus loin je vous recommande le site de Olivier Le Calvé
    http://lecalve.univ-tln.fr/
    http://lecalve.univ-tln.fr/oceano/fiches/fiche3C.htm

  7. “”””””””Le Petit Âge glaciaire, entre ~400 et 200 ans auparavant, a été interprété comme le moment froid d’un évènement de Dansgaard-Oeschger8.”””””””
    https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89v%C3%A9nement_de_Dansgaard-Oeschger
    Les événements DO , c’était quand la banquise couvrait la Mer du Nord et on passait à rennes la Manche
    Et puis on peut aussi lire cela
    “””””””Causes……Plus récemment, ils ( les événements D-O) ont été attribués aux changements de la taille des calottes glaciaires et au taux de dioxyde de carbone atmosphérique.””””””””
    Quand on lit cela on se pose des questions et je mets le post de Serge Ferry: “”””””A la lecture de cet article de Sciences “Advances“ (ou “Recul“), je me demande si certains scientifiques n’auraient pas besion d’une piqûre de bon sens.””””””
    Mais c’est vrai , je pense qu’à WIKI il n’y a pas de scientifiques ; ce sont des journaleux comme au Monde , aux DNA ( dernières nouvelles d’Alsace ) ou au figaro auquels il faudrait dire que l’expression ” Noël au balcon, Pacques au tison ” ne date pas d’hier

  8. Je suis dubitatif. Cet article tendrait à démontrer comme le GIEC le soutient que le Petit Age Glaciaire se serait grosso modo cantonné à la partie européenne de l’hémisphère Nord, ce que de très nombreuses études ont réfuté: Le P.A.G. a laissé de très nombreuses traces un peu partout dans le monde.
    Une seule certitude: Cette période est la plus froide jamais connue par la planète depuis la fin de la dernière glaciation. Sa fin a été officiellement fixée aux années 1850, ce qui est très proche de l’époque actuelle et explique très naturellement un lent retour des températures à ce qu’elle furent durant le doux Optimum Médiéval préexistant au P.A.G., sans la nécessité de faire appel au CO2 d’origine humaine.

  9. Le problème de nos jours, c est que la réflection n existe plus , on ne cherche plus à comprendre, réchauffement climatique sous toutes les lèvres, il faut faire de l argent à tout prix, c est devenue un business hélas ,

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