La Physique du Climat, oublier l’ « effet de serre » et revenir aux fondamentaux

Un livre en ligne de Jacques-Marie Moranne et Camille Veyres, préfacé par François Gervais.

Préface du professeur François Gervais (*)

À la base de ce qu’il est convenu d’appeler l’effet de serre atmosphérique, sont incontournables l’absorption et l’émission d’un rayonnement thermique par les vibrations d’une molécule gazeuse. Dans le cadre d’une description quantique, on parlera de l’absorption et de l’émission d’un photon. Ces phénomènes relèvent de la Physique. Les molécules de l’air comportant au moins deux atomes différents, par exemple oxygène et hydrogène dans le cas de la molécule de vapeur d’eau, carbone et oxygène dans le cas de la molécule de dioxyde de carbone CO2, carbone et hydrogène dans le cas du méthane, sont ainsi le siège de vibrations atomiques capables d’absorber et d’émettre un rayonnement thermique. Ces vibrations s’observent dans la gamme infrarouge du spectre électromagnétique. Cet ouvrage décrit en détail ces mécanismes, essentiels pour comprendre la physique de l’atmosphère et ses implications dans le climat. A l’inverse et fort étrangement, on ne trouve pas trace de spectre infrarouge de l’atmosphère dans les quelque 1500 pages du dernier rapport AR5 du GIEC… De ce point de vue, cet ouvrage pallie une grave lacune.

La climatologie devrait-elle rester réservée aux climatologues comme l’insinuent certains media qui ont trop souvent tendance à la monter en épingle dans le cadre d’un débat non plus scientifique mais largement politisé ? Le mot-clé « climatologie » est l’un des 55 qui définissent le champ d’application des enseignements et des recherches dans le cadre de la section 23 « Géographie physique, humaine, économique et régionale » du Conseil National des Universités. Autant les universités savent définir pour éventuellement le recruter les compétences d’un mathématicien, d’un physicien, d’un chimiste, d’un biologiste, d’un géographe, autant la climatologie apparaît-elle ainsi à sa vraie place, une sous-discipline de la Géographie parmi 54 autres. Combien d’auteurs des rapports du GIEC, le Groupe d’Experts (traduction un peu pompeuse du titre anglais « Panel ») Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat, justifient-ils d’une thèse en climatologie ? En tous cas, ni son Président actuel, ni le précédent. Les auteurs du GIEC ont généralement fait leur thèse dans d’autres disciplines et ont pris en marche le train du climat, devenu très politisé, promesse de crédits, de budgets, de contrats, de voyages, d’honneurs et de promotions. Arrhenius, lauréat du Prix Nobel de Chimie en 1903, à qui l’on attribue généralement la paternité de l’effet de serre atmosphérique, était-il « climatologue » ?

On reconnait la griffe de Camille Veyres dans certaines portions de ce texte et certaines figures. J’ai rencontré Camille en 2014 pour réaliser que, sans se concerter, l’un comme l’autre avions développé une recherche parallèle aux conclusions assez similaires. Cette rencontre dans un café près du Palais Brongniart à l’invitation du Groupement HEC Alumni Géostratégies préludera à la formation du groupe des « Grogniarts du CO2 », aujourd’hui considérablement élargi et devenu l’Association des climato-réalistes. J’ai pour ma part publié ces conclusions dans l’International Journal of Modern Physics puis dans Earth Science Reviews.

Cet ouvrage, plus détaillé et plus pédagogique que le caractère parfois un peu abscons d’articles scientifiques en anglais, est ainsi le bienvenu. Il devrait intéresser ceux qui savent lire une courbe, un graphique, une équation, donc encore beaucoup de monde, et fort heureusement. Espérons en ce sens qu’il contribuera à combattre une désaffection grandissante et dommageable pour la Culture scientifique.

L’éclosion du printemps est un ravissement. Dans notre hémisphère, durant les saisons printanière et estivale, il s’accompagne d’une chute de quelque 55 milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère, nourrissant une végétation en pleine croissance. C’est l’oscillation saisonnière de Keeling, mesurée précisément par spectrométrie infrarouge. L’amplitude de cette chute s’accroît plus vite à La Jolla en Californie que le taux de CO2 dans l’air, témoignant d’une végétation encore sous-alimentée. Aussi indispensable à la végétation qu’irremplaçable, le CO2 est tout le contraire d’un polluant, c’est un fertilisant.

Ignorant ou occultant ce bénéfice, les marchands de peur vivent au dépend des anxieux qui les écoutent. Un matraquage médiatique devenu proprement insupportable amplifie cette inquiétude insidieusement entretenue. Comment résister à une telle propagande ? Comment se prémunir contre une peur devenue instrument de pouvoir ? Un excellent remède est de s’informer sur la Physique du climat grâce à cet ouvrage.

Son tour de force est de toujours rester accessible sans pour autant tomber dans le travers d’une vulgarisation exagérément simplifiée, au point qu’elle pourrait en devenir trompeuse. On ne peut qu’encourager le lecteur à la petite gymnastique intellectuelle consistant à se plonger dans cette présentation, puis, si comme nous l’espérons il en a tiré le bénéfice souhaité, à la faire connaître et à la diffuser.


(*) François Gervais est Professeur émérite à l’Université de Tours, Ancien Directeur de Recherche CNRS au Centre de Recherche sur la Physique des Hautes Températures, Orléans, Ancien Directeur de l’UMR CNRS 6157, et Expert Reviewer du rapport AR5 du GIEC

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3 réflexions au sujet de « La Physique du Climat, oublier l’ « effet de serre » et revenir aux fondamentaux »

  1. Bonjour,
    J’ai eu entièrement votre livre mais n’étant pas physicien ni mathématicien je me suis forcé à faire des parallèles avec mes connaissances. Bonjour,
    J’ai eu entièrement votre livre mais n’étant pas physicien ni mathématicien je me suis efforcé à faire des parallèles avec mes connaissances Pour comprendre le gradient thermique gravitationnelle.
    Je me suis souvenu de mes cours de pilotage où nous avons parlé de l’effet fœhn. L’air situé sur le versant ascendant subit un refroidissement adiabatique sec, ce qui augmente son humidité relative jusqu’à possiblement saturation. S’il y a condensation, il y aura production de nuages et précipitations de ce côté puis le taux de changement devient celui plus lent du gradient adiabatique humide. En aval de l’obstacle, l’air redescend et se réchauffe selon l’adiabatique sèche ce qui dégage le ciel de ce côté. Selon la quantité de vapeur d’eau perdue et la différence d’altitude avant et après l’obstacle, la température en aval pourra être plus chaude qu’en amont.

    Peut-être ceci serait utile pour illustrer une façon simple ce phénomène physique?

      • Mon accord à l’abonnement à votre lettre d’information est total.
        Montesquieu avait raison de penser : « J’aime bien les paysans : comme ils sont moins intelligents ils raisonnent moins de travers. »
        Dans une autre caste, Paul Watson, cofondateur de Greenpeace, disait : « Ce qui compte n’est pas ce qui est vrai, mais ce que les gens croient vrai ».
        Il appartient (ou appartenait) bien à cette catégorie de pensants, définis comme je l’ai lu, « persuadés de la négation des faits qui ne sont pas conformes à leurs convictions ». Le mot conviction ne couvre probablement pas la réalité.
        Pronostiquer l’issue du débat est difficile mais définir son état est plus aisé : la perversité est reine.

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