La mine de Tungstène de Salau doit être réouverte

Dès octobre 2013, sous l’impulsion d’Arnaud Montebourg, à l’époque ministre du redressement productif, le gouvernement français décide de relancer l’industrie minière sur le sol français. Cette décision semble avoir été endossée par Emmanuel Macron. Lors d’un déplacement en Guyane en août 2015 (il était à l’époque ministre des finances), l’actuel Président de la République avait déclaré au journal Les Echos : « La France a décidé de reconquérir le sujet minier et de se redonner un avenir dans ce domaine ».

C’est dans ce contexte que se situe le projet de réouverture de la mine de Salau.

Parmi les partisans du projet on trouve une grande partie des habitants de la commune de Couflens et des villages environnants du Couserans, représentés par l’association PPERMS (Pour Promouvoir une Exploitation Responsable de la Mine de Salau). Dans le clan des opposants figurent plusieurs associations écologistes, le maire de Couflens Henri Richl, et son premier adjoint Jacques Renoud, co-président de l’association Stop Mine Salau.

La mine de Salau

Hameau français situé sur la commune de Couflens (Ariège), Salau fut réputé dans les années 1970 pour sa mine de tungstène, exploitée par la SMA (Société Minière d’Anglade) associée au BRGM. Les mines d’Anglade ont cessé toute activité en 1987 quand les Chinois ont provoqué l’effondrement des cours en inondant le marché de tungstène à bas prix.

En février 2017, le secrétaire d’État à l’Industrie, Christophe Sirugue, a annoncé l’octroi par le gouvernement français d’un permis exclusif de recherche minière (PERM) à la société Variscan Mines filiale française de Variscan Mines Limited, une société australienne déjà détentrice de plusieurs licences d’exploration minière en France. L’objet du PERM est d’évaluer l’opportunité d’une réouverture de la mine, ainsi que celle de la construction d’une usine de valorisation des concentrés de tungstène dans le département de l’Ariège.

Le permis a été accordé pour une durée de 5 ans au cours desquels la société Variscan Mines s’est engagée à investir 25 millions d’euros.

Le 25 juin 2018, le Ministère de l’Economie et des Finances a donné l’autorisation à Apollo Minerals d’acquérir Variscan Mines SAS. Apollo Minerals, via sa filiale française Mines du Salat, devenant ainsi propriétaire à 100% du Permis Exclusif de Recherche. Apollo Minerals est soutenu par d’importants investisseurs institutionnels dont BlackRock, le plus grand fonds minier mondial.

Les travaux d’exploration sont soumis à un contrôle étroit de l’administration française :

  • Variscan Mines et la Préfecture de l’Ariège ont signé le 14 mars 2017 une convention conditionnant la mise en œuvre des droits ouverts par le PERM à la réalisation d’une « étude préliminaire sur les risques environnementaux, sanitaires et amiantifères » garantis par un tiers-expert indépendant validé par l’État, « fait unique dans le cas d’un PER » a précisé la préfète de l’Ariège.
  • Une « commission locale de concertation, d’information et de suivi » (CLICS[1]) dans laquelle siégeront les élus, tous les acteurs du territoire et les structures associatives et économiques a été mise en place pour informer le public en matière de sûreté et de suivi de l’impact des activités sur les personnes et l’environnement

En tout état de cause, le PERM ne permet pas à la société d’exploiter une mine : si la phase d’exploration met en évidence un gisement rentable, l’entreprise devra alors solliciter une demande d’exploitation minière.

Pourquoi est-il important que la mine réouvre ?

Le Tungstène, une matière première stratégique en voie d’épuisement

Le Tungstène fait partie des vingt-sept matières premières classées par l’Union Européenne comme critiques pour la transition vers une économie sobre en carbone et présentant un risque élevé de pénurie d’approvisionnement (les réserves de Tungstène sont estimées à 37 ans de consommation).

La production des métaux et « terres rares » nécessite des précautions particulières en termes de santé publique et d’environnement ; or, comme le montre le tableau ci-dessous, la production du Tungstène est concentrée en Chine[2] (84%).

Producteurs et importateurs de Tungstène

mine salau

Commission Européenne : la liste des matières premières critiques pour l’UE (2017)

Il faut cesser d’exporter la pollution vers les pays en développement

Il s’agit d’abord de mettre fin à une hypocrisie : les pays occidentaux promeuvent une transition énergétique qui implique la consommation de matières dont la fabrication cause d’importants dégâts environnementaux dans les pays qui en assurent la production et qui ne s’imposent que de faibles contraintes environnementales. Guillaume Pitron (auteur de l’essai « La guerre des métaux rares, la face cachée de la transition écologique » résume la situation en disant : « l’enjeu n’est pas seulement de réduire notre dépendance vis-à-vis de pays extérieurs dans l’approvisionnement des métaux. En fermant nos mines et nos sites de raffinage de métaux rares, nous avons laissé le “sale boulot” aux pays en développement [3] ».

Ghislain de Marsily, coauteur avec Bernard Tardieu d’un rapport pour l’Académie des sciences intitulé « Métaux rares : faudrait-il rouvrir des mines en France ? », estime que connaître l’existence de nos ressources permettrait de meilleures négociations sur les prix, même si on ne les exploite pas. A cela s’ajoute l’enjeu de réintégrer l’ensemble de la chaîne de valeur en France en développant une industrie à forte valeur ajoutée.

Salau est l’une des premières mines de tungstène au monde

Au moment de la fermeture de la mine en 1986, les réserves de la mine (sans compter le potentiel du très prometteur filon Christine qui n’avait pas été inventorié) se situaient aux alentours d’un million de tonnes avec une teneur moyenne de 1,45%, soit 15 000 tonnes de WO3. Variscan Mines estime le potentiel de la mine à 50 000 tonnes de Tungstène, pour une production mondiale de tungstène qui s’élevait en 2015 à 87 000 tonnes (dont 71 000 tonnes pour la Chine, et seulement 2 830 tonnes pour l’Union Européenne).

D’autre part, Variscan Mines s’est engagée à construire une usine de traitement en Ariège, qui permettrait de transformer le tungstène présent dans le gisement de Salau en produits prêts à l’emploi. Dans une phase ultérieure, la fabrication  d’autres produits comme l’APT (Paratungstate d’ammonium) est envisagée. La société s’intéresse aussi à l’oxyde de tungstène [4].

Le concept de mine responsable

Depuis la fermeture de la mine de Salau il y a près de 32 ans, les techniques d’exploitation minière ont évolué et sont aujourd’hui plus sûres et plus respectueuses de l’environnement. Mines du Salat envisage par exemple de traiter ses déchets directement à l’intérieur de la mine grâce à la technique du remblayage, et d’utiliser des techniques d’exploration non polluantes très améliorées par rapport aux méthodes du passé.

D’autre part, la législation a changé et les parties prenantes exigent désormais une communication plus transparente de la part des entreprises minières. Le concept de mine responsable [5] (projet de territoire réduisant autant que possible les impacts environnementaux et sanitaires pour une meilleure acceptabilité sociale), s’est imposé.

La société Variscan empêchée de dépolluer et de mettre en sécurité le site

Un site profondément dégradé

Le PERM a été donné pour une mine réputée être « propre » comme le suggéraient diverses inspections effectuées par des organismes d’état. Or il n’en n’est rien : les investigations menées par l’Ariégeois Magazine ont révélé l’existence d’une pollution (extérieure et intérieure ) majeure de la  mine : effondrement des terrils sous l’effet de l’érosion (avec un risque d’un glissement massif dans le torrent qui entraînerait une contamination de la vallée par les boues), rupture des digues de protection, présence de transformateurs contenant du PCB dans les galeries, pollution probable de l’eau des galeries inondées, présence de ferrailles à l’intérieur de l’usine, des puits et des galeries, y compris des ascenseurs.

Ces pollutions nécessiteront un nettoyage du site qui pourrait s’étendre sur 2 ou 3 années, retardant d’autant les premières investigations du PERM.

Les manœuvres dilatoires des opposants au projet

Encore faudrait-il que les associations prétendument environnementales, l’administration préfectorale et la municipalité de Couflens, ne fassent pas obstruction aux travaux de dépollution, pour des motifs idéologiques pour les premières, par pusillanimité pour la seconde (jusqu’au départ de la Préfète Madame Lajus en  juillet 2018), pour des raisons moins avouables  pour la municipalité de Couflens.

Le PERM a été accordé en février 2017, la première visite (officielle) du site a eu lieu un an après, le 22 février 2018. Que s’est-il passé entre temps ?

L’Ariégeois Magazine (n° 226 du mois d’avril 2017) relate que lors de la première réunion du CLICS, le 22 mars 2017, un représentant de l’administration a proposé la procédure suivante pour s’assurer de l’absence d’amiante dans la mine : « une première étape consisterait à faire un trou à travers le mur qui obstrue l’entrée, à y passer une sonde pour capter l’air ambiant et à l’envoyer à l’analyse dans un cabinet spécialisé et parfaitement indépendant. Si ce premier examen était négatif, l’étape suivante autoriserait à entrer de quelques mètres supplémentaires avec les protections nécessaires, scaphandre et masque anti-poussière, et à réitérer un prélèvement à analyser et ainsi de suite ». Ces précautions sont pusillanimes puisque la galerie principale de la mine qui se trouve juste derrière la porte d’entrée de la mine est inondée d’eau sur 30 à 50 cm et que compte tenu du degré hygrométrique ambiant, il était évident qu’aucune poussière ne pouvait exister dans la partie basse de la mine.

En décembre 2017 le maire de Couflens exhume un arrêté municipal de 1992 [6] interdisant l’accès à tout véhicule à la seule route d’accès au carreau de la mine.

La visite du 22 février 2018 a donné lieu à un  communiqué de presse de la préfecture (rapporté par La Dépêche) indiquant que « Les résultats des prélèvements d’air ambiant et des poussières sur les transformateurs rencontrés (…) ne font pas apparaître de trace d’amiante…dès lors, aucun équipement spécifique “amiante” ne sera à ce stade nécessaire pour garantir la sécurité des personnels qui entreront dans la mine pour procéder à des visites complémentaires d’expertise ».

En revanche, le communiqué de presse de la préfecture relève que cette visite du 22 février « a  permis de constater la présence d’au moins un ancien transformateur électrique plein d’un liquide isolant susceptible d’être du PCB. Après analyse du contenu, si la présence de pyralène est confirmée, l’Etat mettra en demeure les actionnaires de l’ancienne société exploitante (BNP Paribas et le BRGM) de dépolluer le site ».

Incidemment, dans la nuit du 25 au 26 avril 2018, plusieurs bâtiments du site minier sont incendiés.

Lors d’une nouvelle réunion de la CLICS, le 13 juin 2018 (rapportée par La Dépêche) « la société BRGM SA, s’est engagée, à la suite de la demande formulée par l’État, à procéder à la dépollution complète de ces transformateurs (huit) ainsi que des fûts qui pourraient demeurer dans la mine ».

Enfin, le 14 septembre 2018, un nouvel arrêté de la préfecture donne acte à la société Variscan Mines de sa déclaration d’ouverture de travaux miniers pour la réalisation des travaux de mise en sécurité de la mine en ces termes :

« Ces travaux sont destinés à réduire les risques que présente la mine du point de vue des éboulements, des chutes de pierre, de l’aérage, comme mentionné dans la convention du 14 mars 2017 susvisée. Les travaux portent sur le restitution des conditions d’aérage, la dépose d’anciens matériels de la mine, la réfection des soutènements, la fermeture des accès à la zone des travaux déclarés, le gestion des eaux de ruissellement de la mine dans la zone de travaux et l’achèvement de la pose des moyens de communication et de secours ».

A la suite d’une intervention en référé de la mairie de Couflens et de l’association Henri Pézerat, arguant de la « la non prise en compte des risques liés à l’amiante et au radon [7] pour les travailleurs », le Tribunal administratif de Toulouse suspend l’exécution de l’arrêté préfectoral autorisant la société Variscan Mines à ouvrir une campagne de travaux de mise en sécurité de la mine (audience du 3 octobre 2018).

Le 19 octobre 2018, à nouveau saisi par la commune de Couflens et l’association Comité écologique ariégeois en procédure d’urgence, le tribunal administratif de Toulouse suspend l’arrêté de la préfecture autorisant Variscan Mines à survoler la zone par hélicoptère pour des relevés géophysiques. Dans ces attendus le tribunal a relevé « l’absence d’évaluation préalable des incidences des survols par hélicoptère sur la zone concernée, classée Natura 2000 en raison de la présence de plusieurs espèces d’avifaune protégées, et notamment du gypaète barbu ». Le juge des référés a également estimé que cet arrêté violait la directive européenne « Habitats » (rapporté par le journal en ligne Toutleco).

Y a t-il de l’amiante dans la mine de Salau ?

La visite de sécurité effectuée le 22 février 2018 a déjà permis de confirmer l’absence d’amiante dans l’air ambiant. Mais la vraie question est de savoir si la roche contient de l’amiante et dans l’affirmative, si la mine pourrait être exploitée dans le respect d’une réglementation qui s’est considérablement durcie [8] depuis la fermeture de la mine en 1986.

Dans le cadre de la convention tri-partite du 14 mars 2017, la CLICS a désigné deux experts (Maxime Misseri  et Marie-Annick Billon-Galland) chargés de statuer sur cette question en tant que tiers-experts indépendants. Mais les experts n’ont pas encore pu livrer leurs conclusions puisque l’accès à la mine qui n’est pas encore sécurisée reste impossible.

En attendant le verdict de Maxime Misseri  et Marie-Annick Billon-Galland, nous disposons d’autres rapports d’expert :

En Septembre 2015, Annie Thébaud-Mony, Directrice de recherche honoraire à l’Inserm (mais aussi présidente de l’association Stop Mine de Salau), a produit un rapport [9] exposant les problèmes de santé identifiés parmi les mineurs avant et après la fermeture de la mine. Ce rapport indique qu’en mai 1986, au moment de la fermeture de la mine, il y aurait eu en instance une dizaine de dossiers de maladie professionnelle dues à l’amiante en cours d’instruction à la Caisse de secours Minière de Saint-Gaudens. Ce chiffre est à rapporter aux 700 salariés employés par la société minière d’Anglade dont 595 mineurs de fond exposés durant un temps plus ou moins long au risque de l’empoussièrement. Sauf pour le cas d’un seul mineur ariégeois qui n’a jamais travaillé ailleurs qu’à la mine de Salau (mais qui pendant de nombreuses années avait exploité une carrière d’ardoise), les autres titulaires d’une rente avaient précédemment travaillé durant plusieurs années dans d’autres mines. Dans ces conditions, il n’est pas possible d’attribuer ces maladies professionnelles à une exposition des ouvriers dans la mine de Salau.

Dans une lettre du 15 avril 2015 [10] adressée à M. Bonnemaison, Directeur Général de Variscan Mine, Eric Marcoux, Professeur de géologie (Classe Exceptionnelle) à l’université d’Orléans  écrit :

« L’amiante n’existe que dans des roches bien particulières parfaitement répertoriées, au premier rang desquelles figure la serpentinite, totalement absente de Salau. Le gisement de Salau a fait l’objet de nombreuses études minéralogiques de la part de laboratoires français et étrangers de niveau international, dont plusieurs thèses de Doctorat et un inventaire minéralogique du BRGM en 1983. “Jamais mentionnée dans les travaux scientifiques, invraisemblable étant donné le contexte géologique, la présence d’amiante à Salau serait extrêmement surprenante ».

Philippe d’ARCO, professeur l’UPMC, chercheur CNRS au laboratoire de l’institut des sciences de la Terre de Paris a déclaré dans une lettre du 15 avril 2015 adressée à M. Bonnemaison [11] :

« Si certaines personnes ont fait courir le bruit de la présence d’amiante dans le gisement de Salau, ce point de vue n’est fondé sur aucun élément factuel ou objectif. Dans les différents travaux (doctorat d’état de C. Derré en 1983, thèses de docteur-Ingénieur de P. Soler à l’Ecole des mines de Paris en 1977 et J-L Kaelin à l’Ecole des mines de Saint-Etienne en 1982, et thèses de doctorat de troisième cycle à l’université de Paris VI : P. Toulhoat en 1978 et R. Le Guyader en 1982) portant sur la pétrologie des roches menées par le groupe du professeur Michel Fonteilles, à l’époque directeur du laboratoire de géologie appliquée de l’Université Pierre et Marie Curie (UMPC ou P-VI) aucun indice d’amiante n’a été détecté. Le BRGM a produit en 1983 un rapport minéralogique très complet sur le gisement de Salau, il ne fait pas mention d’amiante. … les différentes variétés d’amiante ne se forment que dans des roches ou contextes chimiques très particuliers que l’on  n’a pas rencontrés à Salau…si des précautions sont toujours à prendre, la présence naturelle d’amiante à Salau est très invraisemblable ».

Ces rapports n’ont qu’une valeur indicative. Ce sont les conclusions des experts désignés par la CLICS qui trancheront cette question une fois que les explorations auront démarré selon un plan établi par la Société des Mines du Salat en concertation avec la DREAL et après approbation de la préfecture de l’Ariège.

Mais contrairement à ce qui est dit ici et dans la presse, M. Misséri n’a jamais déclaré ou insinué que la mine ne pourrait pas être ré-ouverte du fait de la présence d’amiante. Interviewé par la La Dépêche à la suite de la de la CLICS du 13 juin 2018 à laquelle il participait, il a déclaré :

« De l’amiante, évidemment il y en a. C’est un minéral naturel. La vraie question, c’est où et en quelle quantité. C’est aussi de savoir si les travaux de recherches peuvent se faire sans danger.. Depuis 2012, la norme est de 10 fibres d’amiante par litre d’air…Et de nos jours, on peut avoir une activité qui émet zéro fibre par litre d’air, en travaillant avec de l’eau par exemple…Mon rôle, c’est de voir quel processus sera utilisé. En France, on a la réglementation la plus stricte au monde depuis le scandale de Jussieu en 1995...Mon souci n’est pas la réouverture ou la fermeture de la mine, c’est de pouvoir travailler sans risque…Les pros comme les anti-mine se lancent des arguments qui datent d’une autre époque, où l’on travaillait sans prendre en compte le risque amiante. Les processus industriels n’étaient pas corrects, on ne ferait plus cela maintenant. Les processus de demain n’ont rien à voir avec ceux d’il y a 40 ans ».

Hugo Schumann, directeur exécutif Apollo Minerals et président de Variscan SAS déclarait  à La Dépêche le 25 octobre 2018 : « La convention tripartite que nous avons signée est très claire : nous devons analyser les risques potentiels sur la présence de gaz dans la mine, des chutes de pierre et le risque amiante. Les résultats de la première étude ont été communiqués à la CLICS : pas de gaz, et pas d’amiante dans l’air. La deuxième phase porte sur la présence d’amiante dans les roches. Et s’il devait y en avoir, serait-il possible de faire l’exploration sans risque pour la santé de notre équipe. L’étude est menée par un tiers expert. Elle commencera après les travaux de mise en sécurité. Aujourd’hui, je ne peux pas dire s’il y a de l’amiante ou pas. C’est l’étude par un tiers expert qui le dira …».

On ne peut pas être plus clair.

Conclusion : le vrai scandale environnemental n’est pas celui que l’on croit.

Le site minier de Salau situé en zone Natura 2000, inclus dans le Parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises et dans une ZNIEFF (zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique) a été fermé en 1986-1987 dans des conditions catastrophiques dont il reste de nombreuses traces visibles comme le montre ce reportage photo publié sur le blog d’un touriste.

Dans son numéro spécial consacré à la mine, L’Ariégeois décrit ainsi la situation : « Les gabions censés retenir le terril issu de plusieurs années d’exploitation minière, apparaissent pour la plupart éclatés sous l’effet des intempéries et des différences de températures, libérant leur contenu dans la pente. Cinq transformateurs ayant contenu du PCB (pyralène) partiellement vidés mais non décontaminés, ainsi que celle d’autres transformateurs encore pleins sont présents dans la mine. Les études réalisées récemment par Géodéris auraient montré des traces de PCB dans l’eau du Cougnet (le torrent qui draine l’entrée de la mine). Cette contamination est confirmée par l’étude halieutique commandée par Mines du Salat qui révèle la présence de PCB dans la chair des truites du torrent. En dehors du matériel roulant (locomotives, Dumper, Scoup…) et de quelques machines (tapis-roulant, concasseur et broyeurs, perforateur hydraulique, câble du blondin…) seuls actifs négociables, aucun autre élément de la mine n’a été évacué : ferrailles, tuyauterie de distribution d’eau ou de ventilation, rails, wagonnets, ascenseur du plan incliné et transformateurs électriques, bidons, se trouvent encore dans les galeries. Il persiste même les anciennes armoires des vestiaires du personnel, les tableaux et les compteurs électriques qui jonchent le sol, les bureaux, les armoires de rangement, jusqu’aux postes téléphoniques qui demeurent dans les bureaux ».

Des écologistes responsables auraient du d’une part se montrer scandalisés par l’état dans lequel le site a été laissé après la fermeture, d’autre part n’avoir de cesse que la mine soit mise en sécurité et dépolluée dès l’attribution du PERM, ce qui à l’évidence n’a pas été le cas.

Dans un communiqué publié dans La Dépêche le 24 janvier 2018, la Fédération de l’Ariège du PCF (qui soutient ce projet) a déclaré :

« Que le projet exclusif de recherche minière soit mis en œuvre ou qu’il ne le soit pas, la priorité est donc de dépolluer et de nettoyer, c’est une question de salubrité publique et environnementale. Il convient de nettoyer l’intérieur de la mine laissé encombré de façon scandaleuse, analyser et pomper l’eau qui a noyé les galeries, stabiliser les terrils, arrêter les pollutions et permettre l’accès du site aux différents intervenants ».

La mine a cessé son activité le 24 décembre 1986. Quelques salariés sont restés après cette date sous l’autorité de Henri Richl (actuel maire de Couflens) pour effectuer le nettoyage complet des installations. L’opposition systématique de la municipalité de la ville de Couflens aux travaux de dépollution du site est donc particulièrement suspecte. Jérôme Azéma, référent de La République en Marche pour l’Ariège, n’hésite pas à mettre en cause le maire de Couflens :

« Il est vrai que le dit maire est un ancien salarié et cadre de la Société des Mines d’Anglade, en charge notamment des mesures de fermeture de la mine de Salau. A ce titre, il a été le dernier salarié des mines de Salau. C’est sans doute pour se dédouaner de sa carence, que, se drapant dans sa toge de premier magistrat de la commune, il prétend aujourd’hui, avec beaucoup de solennité, comme l’indique l’Ariégeois, que ” La mine de Salau présente de terribles dangers relatifs à l’inhalation de poussières d’amiante” ».

Comme le dit l’Ariégeois en conclusion de son dossier :

« La mine de Salau doit être réouverte, et c’est de manière urgente qu’il faut le faire, ne serait-ce que pour nettoyer la plaie purulente de ses entrailles; le pansement ne tiendra plus longtemps ».


[1] La Commission locale de concertation, d’information et de suivi (CLICS) est une structure d’information et de concertation obligatoirement mise en place pour certaines installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE). Les CLICS ont une mission générale d’information du public en matière de sûreté et de suivi de l’impact des activités de l’installation classée sur les personnes et l’environnement.

[2] La Chine qui par ailleurs contrôle 80 % de la production de terres rares, de graphite et de Vanadium, l’Afrique du Sud maîtrisant 50 % de la production de chrome, de platine et de ruthénium, le Brésil domine à 90 % le niobium, la RDC possède 50 % du cobalt.

[3] Guillaume Pitron Interviewé par 20 minutes.fr

[4] Lire à ce sujet la déclaration de Hugo Schumann, président de Varisan SAS à La Dépêche

[5] Le concept de « mine responsable » Parangonnage des initiatives mondiales (Collection « La mine en France » Tome 9 ) http://www.mineralinfo.fr/sites/default/files/upload/tome_09_parangonnage_final24032017.pdf

[6] La Préfète de l’Ariège, Marie LAJUS, a saisi la Justice en référé pour « détournement de pouvoir » et « application discriminatoire d’un arrêté municipal », contre le maire de Couflens. Mais le Tribunal Administratif a rejeté cette requête de la préfecture. (Cf.  La Dépêche du 19 décembre 2017).

[7] Le radon est un gaz radioactif d’origine naturelle. Il est issu de la désintégration de l’uranium et du radium présents dans la croûte terrestre. Certains types de roches, notamment le granit, en contiennent davantage (https://www.irsn.fr/FR/connaissances/Environnement/expertises-radioactivite-naturelle/radon/Pages/2-D-ou-vient-le-radon.aspx#.W_F6YehKjIU

[8] Jusqu’au 1er juillet 2015, la valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP) aux fibres d’amiante était fixée à une concentration en fibres d’amiante dans l’air inhalé de cent fibres par litre évaluée sur une moyenne de huit heures de travail. La VLEP maximale a donc été abaissée à 10 fibres par litres depuis le 1er juillet 2015.( https://www.universamiante.com/2018/01/19/mesurage-empoussierement-amiante-vlep/)

[9] Rapport concernant les risques sanitaires de l’ancienne mine de Tungstène Salau ( Ariège) https://www.naturemp.org/IMG/pdf/-119.pdf

[10] Rapport d’expertise sur la présence éventuelle d’amiante sur le site de l’ancienne mine de Tungstène de Salau (Ariège). (https://drive.google.com/file/d/0B9jCIDjl9shqQUtWQUhGb1VVTW8/view)

[11] Lettre du 15 avril 2015 adressée à M. Bonnemaison (https://drive.google.com/file/d/0B9jCIDjl9shqXzlOVEJQN1FrU1E/view)

 

 

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