L’IPBES et le GIEC, même combat : l’alarmisme

Lors de sa sixième session plénière, du 17 au 24 mars à Medellin (Colombie), l’IPBES  a rendu publique son analyse sur l’état de la biodiversité et de la dégradation des sols. Cinq rapports de 800 à 1000 pages, dont les résumés pour décideurs (en anglais et en espagnol) sont accessibles en suivant  ce lien. Une synthèse (en français) des rapports sur la bio diversité a été réalisée par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB).

L’IPBES, (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques), a été créée en 2012 sous la tutelle des Nations Unies. Rassemblant aujourd’hui 129 Etats, cette structure a pour mission d’établir régulièrement la synthèse des connaissances disponibles sur la biodiversité et sur les pistes d’action possibles pour la préserver.

Toute ressemblance avec la GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) n’est pas fortuite : même formalisme, même parti pris d’alarmisme, même mélange des genres entre science et politique. Son président, Robert Watson a d’ailleurs été président du GIEC de 1997 à 2002.

Vers une 6e extinction massive du vivant

De la même façon que le GIEC nous prédit des évènements climatiques apocalyptiques, l’IPBES annonce la 6ème extinction de l’espèce (la  dernière extinction est celle qui a fait disparaître les dinosaures il y a 66 millions d’années). Celle qui est annoncée par l’IPBES serait d’un genre inédit car elle serait due aux activités humaines.

Voici, extraites du communiqué de presse de l’IPBES quelques unes des conséquences des activités humaines sur l’état de la planète :

  • La dégradation des terres due aux activités humaines mine le bien-être d’au moins 3,2 milliards de personnes et pousse la planète vers une sixième extinction massive des espèces ;
  • En 2050, moins de 10% de la surface de la Terre restera exempte d’impacts humains importants, principalement située dans les déserts, les régions montagneuses, la toundra et les régions polaires impropres à l’habitation ;
  • La dégradation des terres et le changement climatique, en provoquant la baisse des rendements agricoles et l’instabilité socio-économique, pourrait  pousser entre 50 et 700 millions de personnes à migrer d’ici le milieu du siècle.

Réchauffement climatique et biodiversité : mêmes causes, mêmes effets

Les effets délétères du réchauffement climatique s’exercent sur toutes les régions du monde :

 Aux Amériques , « les changements climatiques causés par l’homme, qui affectent la température, les précipitations et provoquent des événements extrêmes, entraînent de plus en plus la perte de biodiversité…. si nous poursuivons ainsi, le changement climatique causera les effets négatifs les plus importants sur la biodiversité d’ici 2050, devenant comparable aux pressions imposées par le changement d’utilisation des terres. »

L’Afrique « est extrêmement vulnérable aux impacts du changement climatique et d’ici 2100, le changement climatique pourrait également entraîner la perte de plus de la moitié de certaines espèces d’oiseaux et de mammifères africains, une baisse de 20 à 30% de la productivité des lacs africains et une perte importante d’espèces végétales africaines. »

En Asie, « La biodiversité de la région est confrontée à des menaces sans précédent, telles que des phénomènes météorologiques extrêmes et l’élévation du niveau de la mer…les changements climatiques et les phénomènes extrêmes associés constituent de graves menaces, en particulier pour les écosystèmes côtiers, les zones côtières de faible altitude et les îles. Le changement climatique a également un impact sur la répartition des espèces, la taille de leurs populations et leur reproduction et migration. »

Robert Watson, le président de l’IPBES, en conclut « la dégradation des terres, la perte de biodiversité et le changement climatique sont trois visages différents du même défi central:  l’impact de plus en plus dangereux de nos choix sur la santé de notre environnement naturel. »

Le bluff de la 6e extinction

 De la même manière que nous ne croyons pas à l’apocalypse climatique provoquée par les émissions de gaz à effet de serre, nous récusons la notion de 6ème extinction, qui comme l’écrit le biologiste Stewart Brand, « n’est pas seulement fausse, c’est une recette pour la panique et la paralysie ».

L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a recensé environ 1000 espèces de plantes et d’animaux, éteintes au cours des quatre derniers siècles alors que dans le même temps les biologistes découvrent et décrivent en moyenne 18 000 nouvelles espèces par an, qui s’ajoutent aux deux millions déjà connues (données rappelées par le Museum National d’Histoire Naturelle).

La liste rouge de l’UICN recense  1,3 % d’extinctions chez les mammifères et les oiseaux. Ce chiffre reflète, certes la crise de la biodiversité (ce chiffre serait en effet 100 à 200 fois supérieur au bruit de fond de l’extinction naturelle (celle qui aurait lieu, du fait de l’évolution, même en l’absence de l’Homme), mais reflète aussi le succès des actions de conservation : créations de réserves et aires protégées, plans de reproduction en captivité dont bénéficient la plupart des oiseaux et bon nombre de mammifères.

Le développement économique est la solution et non pas le problème

Selon l’IPBES, les causes sous-jacentes de la situation sont « les modes de vie à forte consommation dans les économies les plus développées, combinés à une consommation croissante dans les économies en développement et émergentes amplifiés par la croissance démographique continue dans de nombreuses régions du monde ».

Il aurait été honnête de la part d’une organisation onusienne de reconnaître que la croissance économique mondiale a permis de sortir de la misère près d’un milliard de personnes entre 1990 et 2012 comme le montrent les statistiques de la Banque Mondiale[2].

Le développement économique n’est pas le problème mais la solution: les préoccupations écologiques augmentent avec le niveau de développement. Le lien entre croissance et environnement a été étudié par les économistes Grossman et Krueger (1994) qui ont montré que ce n’est que lorsque les besoins primaires sont pourvus que les préoccupations environnementales apparaissent et sont pris en charge par les sociétés qui disposent alors des moyens de les résoudre.


[1] Nombre de personnes sous le seuil de 1,9 $ par jour : 1,9 milliards en 1990, 902 millions en 2012, 702 millions estimées en 2015 (Banque Mondiale : Table 1 Global poverty )

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