Rapport 2020 de l’assureur AON sur les désastres naturels

La société d’assurance AON vient de publier son rapport 2020 sur les désastres naturels. Nous avons déjà sur ce site commenté ses quatre précédents rapports (2016, 2017 2018 et 2019).

Il faut noter que depuis la publication de son rapport 2018, AON utilise un nouvel ensemble de données historiques issu d’un « processus de recherche très détaillé et continu – plus communément appelé “réanalyse” » visant à « combler les lacunes de la collecte de données dans de nombreuses régions du monde ». L’appréciation de l’évolution dans le temps du nombre et des conséquences de ces événements doit donc être faite avec prudence.

Nous avons résumé les aspects les plus significatifs de ce rapport, à savoir :

  • le nombre total d’évènements ;
  • La mortalité induite par ces événements ;
  • l’activité cyclonique ;
  • les incendies.

En revanche nous n’avons pas examiné l’évolution des pertes économiques liées à ces événements qui doit être mise en relation avec l’augmentation de la population mondiale et celle de l’urbanisation et de l’exposition aux risques.

Nombre total d’événements

Un événement doit répondre à au moins l’un des critères suivants pour être classé comme catastrophe naturelle :

  • Perte économique: 50 millions USD
  • Dommages assurés: 25 millions USD
  • Victimes: 10
  • Blessés : 50
  • Maisons et structures endommagées ou réclamations déposées: 2 000

Sur la base de ces critères, il y aurait eu 416 catastrophes naturelles en 2020 (dont 18 tremblements de terre), un nombre supérieur à la moyenne de la période 2000-2020 (384) et à la médiane (390).

Evolution du nombre total d’événements (2000-2020). Source AON

Le tableau ci-dessous ventile le nombre d’évènements par type et les compare à la moyenne 2000-2019. On notera que les événements les plus difficiles à caractériser représentent la moitié du nombre total des événements : 118 « temps sévères » (severe weather), 25 « temps d’hiver »(winter weather), 21 «tempêtes de vents européennes » (EU windstorm).

Ventilation du nombre total d’événements 2020 par type. Source AON

Nombre de décès

Pour la dixième année consécutive, le nombre de décès dus aux désastres naturels est bien en dessous de la moyenne des 20 dernières années. Avec 8 0000 décès, l’année 2020 se classe ainsi parmi les 14 années les moins coûteuses en vies humaines depuis 1950.

Nombre de décès 2000-2020. Source AON

Les cyclones

L’activité cyclonique est mesurée avec précision par l’ACE (Accumulated Cyclonic Energy) un indicateur qui permet d’analyser l’intensité et la longévité d’un événement particulier ou d’une saison spécifique. AON note que la « tendance générale est restée stable depuis 1990, même une légère baisse de 15%. Cela suggère que les saisons n’ont montré aucun changement statistiquement significatif. Cela confirme également que la fréquence globale des tempêtes n’a pas beaucoup changé au fil du temps.»

Energie cyclonique accumulée (ACE). Source AON

Les feux de forêt

Le rapport AON ne détaille pas cet année les feux en Australie auquel nous avons consacré en janvier 2020 un article intitulé « Les feux de brousse qui ravagent l’Australie ne sont pas dus au réchauffement climatique ».

Feux de forêt aux États-Unis

Les incendies de forêt on augmenté en fréquence et en intensité sur la période. Toutefois l’attribution de cette aggravation au réchauffement climatique fait débat. Nous avons consacré à cette question deux articles (ici et ) montrant qu’en Californie, une gestion forestière défectueuse aggrave les conséquences des incendies.

Etats-Unis : Surfaces brûlées totales (noir) et surfaces moyennes par feu (rouge) 1960-2020. Source AON

Feux de forêt en Europe

Le diagramme suivant issu du rapport AON montre une légère diminution des surfaces brulées par les incendies de forêt en Europe.

Europe : Surfaces brûlées 1980-2020 . Source AON

Cette évolution est confirmée par le rapport annuel de l’EFFIS (European Forest Fire Information System) qui fournit les statistiques pour 40 pays (dont les 25 de l’Union Européenne). Nous avons dans cet article analysé les données relatives aux 5 pays Européens les plus exposés aux feux (Portugal, Espagne, France, Italie, Grèce) qui montrent une diminution constante des surfaces annuelles brûlées.

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2 réflexions au sujet de « Rapport 2020 de l’assureur AON sur les désastres naturels »

  1. Estimer les catastrophes par l’ampleur des pertes humaines et financières et les comparer avec des événements similaires s’étant produits il y a un siècle ou même un demi siècle provoque des reflexions pertinentes:
    – Pertes humaines. Deux catastrophes d’intensité identique au même endroit à des décennies de distance auront des conséquences humaines bien différentes, beaucoup plus graves pour la plus récente du simple fait de l’augmentation de la population multipliée par 4 en l’espace d’un siècle à l’échelon mondial. Ainsi, la ville de Beira au Mozambique, 500000 âmes environ, touchée par un cyclone il y a quelques années a dénombré des centaines de victimes. Cette même ville n’était qu’un modeste village de 7000 habitants début 20e siècle.
    – Pertes financieres. La Floride était presque inhabitée dans les années 1900, quelques tribus indiennes vivant sous des tentes. Elle dépasse maintenant les 20 millions d’habitants qui ont pour la plupart un niveau de vie très supérieur à la moyenne américaine, avec des infrastructures territoriales et domestiques particulièrement sophistiquées et coûteuses. Un simple cyclone suffit à créer des dégâts se chiffrant par dizaines de milliards de dollars même si le nombrede victimes est faible.
    Voilà deux raisons de penser que ce ne sont pas l’accroissement de la violence ou de la fréquence des catastrophes qui expliqueraient la hausse continue des indemnisations constatée par les assureurs.

  2. Merci mille fois pour ces données. Néanmoins, il y a un problème: vous montrez une hausse des feux de forêts aux US et indiquez qu’elle pourrait être due à une mauvaise gestion de la forêt (c’est très possible, ou d’autres causes: dans mon enfance, bcp de feux étaient d’origine criminelle en Provence). Néanmoins, plus bas, pour l’Europe, vous ne retranchez la réponse apportée à ces mêmes causes de la baisse tendancielle (ex: France, plutôt moins de feux, mais pas parce qu’il fait plus froid sans doute!). C’est le problème d’analyser un phénomène multi-causes en établissant une corrélation apparente (on pourra peut-être faire un lien entre la consommation de poisson et le nombre de depression, cela ne veut pas dire que manger du poisson entraine la dépression): d’ailleurs typique de ces études Américaines, par milliers, sur tous les sujets, et qui donnent surtout l’impression de vouloir faire parler de leurs auteurs (que ce soit dans un sens alarmiste ou dans l’autre, concernant le climat, et d’autres sujets).

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