Une fébrilité climatique injustifiée

La fondation CLINTEL et le groupe du Parlement européen European Conservatives and Reformists Group ont publié en commun un essai intitulé Undue climate haste qui traite de l’opportunité, de la faisabilité et du coût de la politique climatique européenne. Le texte intégral de cet essai est accessible ici (en anglais).

Le texte qui suit est la traduction du communiqué de presse publié par CLINTEL le 21 avril 2021.


Pourquoi l’Union Européenne a-t-elle invité la jeune militante suédoise Greta Thunberg à prendre la parole à Bruxelles et non l’économiste William Nordhaus spécialiste de la question climatique et lauréat du prix Nobel d’économie 2018 ? L’essai intitulé Undue Climate Haste publié par la fondation CLINTEL répond à cette question. Sa principale conclusion est la suivante :

« Le message principal de cet essai est que nous ne sommes pas pressés et que la panique est injustifiée. Le changement climatique est un sujet qui retiendra toujours notre attention. Mais l’idée que nous devrions tout de suite chambouler notre système d’approvisionnement énergétique est guidée par l’émotion et non par la raison. »

L’Union Européenne a décidé qu’il fallait atteindre la « neutralité carbone » d’ici 2050. Si elle y parvient, l’Europe deviendrait le premier continent « climatiquement neutre ». Les médias ont majoritairement salué cette ambition. Les politiciens affirment qu’une telle politique comporte de nombreux avantages en renforçant l’économie et en créant des emplois. Cette affirmation est-elle justifiée ? Est-elle par exemple étayée par une analyse coûts-avantages ?

Il n’en est rien comme le montre l’essai Undue Climate Haste. Il convient d’abord de remarquer que l’économiste spécialiste du climat William Nordhaus, lauréat du prix Nobel (2018), a montré qu’un réchauffement de 3,5 degrés Celsius en 2100 représentait un « optimum économique » de la politique climatique. Sur le plan économique, il vaut mieux accepter un certain niveau de dommages climatiques de façon à limiter le coût de l’atténuation. Inversement une politique trop ambitieuse visant à rester en dessous de 2 degrés voire 1,5 degrés s’avérerait extrêmement coûteuse.

Une politique irréalisable

Non seulement les objectifs climatiques de l’Union Européenne sont très coûteux, mais ils sont de plus irréalisables dans la pratique. Un simple calcul montre que pour atteindre l’objectif zéro émission nette en 2050, l’UE devrait mettre en service une nouvelle centrale nucléaire chaque semaine, d’ici à 2050, soit un total de 1650 nouvelles centrales pendant cette période. Or aujourd’hui, 60 ans après la mise en route du premier plan électronucléaire, il n’y a que 450 centrales nucléaires en service dans le monde.

L’Union Européenne affiche sa préférence marquée pour les sources d’énergie « renouvelables », telles que l’éolien et le solaire, au détriment du nucléaire. Pour atteindre l’objectif « zéro émission net » avec l’éolien, il faudrait installer 450 nouvelles turbines de 2,5 MW tous les deux jours jusqu’en 2050 : 82 000 « moulins à vent » par an ! Mais où donc allons-nous les implanter?

Une politique Inutile

La dernière partie de l’essai explique pourquoi la hâte fébrile de l’Union Européenne à atteindre son objectif climatique est totalement inutile. La plupart des données importantes connues indique que le changement climatique est un phénomène gérable. Nous disposons aujourd’hui de la technologie et des ressources pour y faire face.

Le nombre de victimes d’événements météorologiques extrêmes a diminué au cours du siècle dernier de plus de 95%. Les dommages causés par de tels phénomènes, corrigés de la croissance de l’économie, ont également légèrement diminué. Le niveau de la mer monte, mais très lentement et les enregistrements de longue période fournis par les marégraphes n’indiquent aucune accélération.

En revanche, il semble que les modèles climatiques sur lesquels se basent les politiques climatiques « surchauffent », suggérant que la sensibilité du climat réel au CO2 est plus faible que celle sur laquelle s’appuient les modèles climatiques. Cela signifie qu’il y aura moins de réchauffement futur et que les politiques de réduction de CO2 visant l’objectif de 2 degrés de réchauffement sont inutilement agressives. Même si les émissions restent au-dessus du niveau atteint en 2020 pour le reste du siècle, l’objectif de 2 degrés resterait réalisable. Malheureusement, la communauté scientifique n’informe que rarement les décideurs politiques de ces réalités, préférant leur présenter les scénarios basés sur les modèles climatiques.


La fondation Climate Intelligence (CLINTEL) est une fondation indépendante qui agit dans les domaines du changement climatique et des politiques climatiques qui sont menées. CLINTEL a été fondée en 2019 par le professeur émérite de géophysique Guus Berkhout et le journaliste scientifique Marcel Crok. L’objectif principal de CLINTEL est de produire des connaissances et d’atteindre le meilleur niveau de compréhension possible des causes et des effets du changement climatique ainsi que des conséquences des politiques climatiques.

Pour plus d’informations, contactez Marcel Crok, marcel.crok@clintel.org
Voir ici la Vidéo du journaliste scientifique Marcel Crok.

Partager