On ne peut pas compter sur les renouvelables

Par Rémy Prud’homme

Tous ceux qui s’intéressent à la production d’électricité, dans les faits et pas seulement dans les rêves, le savent bien : on ne peut pas compter sur les renouvelables intermittents les soirs d’hiver. Le cas du 4 décembre 2019 l’illustre une fois de plus. Ce jour là, il a fait froid, le ciel était couvert, et le vent rare. La demande d’électricité était forte, l’offre de solaire et d’éolien fut faible. Heureusement que nous avions des centrales nucléaires.

Soyons plus précis. Allons sur le site eco2mix de RTE. A 19 heures, le moment auquel la consommation a été maximale, les éoliennes ont fourni 1,5% de la puissance électrique demandée et, bien entendu, les panneaux solaires 0%. On n’était pas très loin de la grande panne. Les centrales nucléaires que l’on vilipende et l’hydraulique que l’on veut privatiser ont assuré 70%. Mais on a du racler les fonds de tiroir et faire appel au gaz (12%), aux maudites centrales à charbon (3%) et même à des centrales au fioul que l’on croyait disparues (2%). Cela n’a pas suffi, et il a fallu importer beaucoup d’électricité (8% de notre consommation) d’Allemagne et d’Espagne. Ce jour là, notre électricité a été particulièrement émettrice de CO2. Les données pour l’ensemble de la journée ne sont pas encore disponibles, mais elles ne seront pas très différentes, et de toutes façon le risque de rupture se pose principalement pour l’heure de pointe.

Il faut mettre en perspective ces 1,5% de tout notre « renouvelable ». C’est beaucoup moins que ce qu’ont contribué au même moment les deux centrales de Fessenheim que l’on va fermer sans raison, ou encore les centrales à charbon résiduelles condamnées à mort. Il faut bien voir aussi que multiplier par trois les parcs solaires et éoliens – comme l’ont décidé le gouvernement, le Parlement et tous les bien-pensants – portera à 4,5% la contribution des renouvelables à la consommation d’électricité un soir comparable de décembre 2030.

Il faut aussi, même si cela fait paysan mal élevé, parler argent. Ces dérisoires 1,5% sont le résultat d’investissements dont le montant s’élève à environ 60 milliards d’euros (44 milliards pour les seules années 2012-18), et qui ont déjà bénéficié de subventions d’au moins 30 milliards. C’est cher payé. L’EPR de Flamanville, un indiscutable fiasco industriel, coûte cinq fois moins cher et garantit une puissance bien supérieure à celle que tous nos parcs solaires et éoliens ont offert le 4 décembre 2019 à 19 heures.

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