Des corrections aux données satellitaires augmentent de 140% le réchauffement : le commentaire de Roy Spencer

Le site carbonbrief  a publié le 30 juin 2017 un article sous le titre : « Des corrections majeures aux données satellitaires augmentent de 140% le réchauffement depuis 1998[1] »

Précisons d’abord que Les satellites ne mesurent pas directement la température. Ils sont équipés de capteurs sensibles à la luminance de l’atmosphère et de la mer dans le spectre des infrarouges.  Pour en dériver  la température, des traitements informatiques sur les données brutes sont nécessaires.

Ces traitements sont effectués par deux organismes :

  • l’université d’Alabama à Huntsville (UAH satellite temperature dataset), à laquelle appartient Roy Spencer
  • la compagnie Remote Sensing Systems qui vient de procéder à l’ajustement dont fait état le site carbonbrief.

Venons en au commentaire de Roy Spencer. Nous précisons que n’avons pas traduit l’intégralité de son article mais des extraits qui suffisent à la compréhension de ce qui est en jeu.

Mettons les choses en perspective : l’estimations UAH du réchauffement pour la basse troposphère  (LT) est aujourd’hui  de +0.12 C par décennie. Après réajustement l’estimation RSS est d’environ +0.17 C  par décennie. Qu’elles émanent d’UAH ou de RSS ces tendances sont donc bien inférieures à celle des modèles climatiques (0,27 C par décennie).

Le titre de l’article Carbon Brief est trompeur, car le réchauffement des données RSS (LT ) après 1998 était proche de zéro : une augmentation de 140% appliquée à une valeur très faible donne une valeur qui reste très faible reste.

Les satellites qui embarquent les capteurs MSU ne sont pas propulsés par des moteurs ; au fil des années leurs orbites ont tendance à s’affaisser en raison d’une très faible résistance atmosphérique . Les satellites perdent ainsi lentement de l’altitude et leurs orbites ne sont plus synchronisées avec le soleil.

Or il y a un cycle de température jour-nuit et la modification d’orbite provoque au fil des années une dérive de la température observée, dérive qui varie avec la saison, la latitude et la région (selon l’altitude, l’humidité du sol la végétation).

Comme les modèles climatiques ne représentent pas le cycle diurne avec la précision requise pour les ajustements satellitaires, nous (UAH) avions décidé depuis longtemps de mesurer la dérive de façon empirique par comparaison avec les données fournies par les satellites ne présentant pas (ou presque pas) de dérive d’orbite.

RSS de son côté s’appuie sur les estimations des modèles du cycle diurne. Nous savions depuis longtemps qu’il y avait des différences entre les données RSS et UAH dues aux ajustements de dérive diurne. Nous estimions (UAH) que les corrections apportées aux données RSS étaient “exagérées” : ces corrections généraient plus de réchauffement que nos estimations UAH avant 2002 (mais moins après 2002) : c’est pourquoi la communauté sceptique préféraient les données RSS aux nôtres , puisque celles-ci montraient un certain réchauffement après 1997, alors que celles de RSS ne comportait aucun réchauffement  après cette date. (ce qui accentuait l’effet «pause»).

L’ajustement introduit par RSS dans sa version V4 réchauffe maintenant la période postérieure à 2002, mais ne diminue pas le réchauffement de la période antérieure à 2002. C’est pourquoi, la série chronologique RSS V4 montre plus de réchauffement qu’auparavant.

D’une façon générale il nous est difficile de tracer la chaîne des corrections journalières apportées aux données RSS. L’utilisation d’un modèle climatique pour effectuer des ajustements sur les ajustements nous paraît quelque peu complexe.

D’autre part, RSS a utilisé jusqu’en 2004 un seul satellite (NOAA-14) qui présente des différences importantes avec le satellite NOAA-15. Nous pensons qu’il y a là  une source d’écarts potentiels importants , mais dont nous ne savons pas quantifier l’ampleur ni ce qu’ils représentent par rapport aux ajustements de la dérive diurne.


[1] Major correction to satellite data shows 140% faster warming since 1998

 

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