Les faiblesses scientifiques du rapport du GIEC sur les conséquences d’un réchauffement de 1,5°C

Sous le titre évocateur Deficiencies, Le GWPF a mis en ligne un article du  professeur Ray Bates qui démontre les faiblesses scientifiques du rapport du GIEC d’octobre 2018 sur les conséquences d’un réchauffement de 1,5°C (versus 2°C), dit rapport SR1.5. Nous en proposons ci-dessous une traduction.

Ce document est une critique factuelle de certaines conclusions centrales du récent rapport spécial sur le réchauffement de la planète de 1,5 ° C (SR1.5) publié par le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.

L’auteur est le professeur Ray Bates,  un éminent scientifique justifiant d’ une longue expérience internationale dans la recherche sur le climat au MIT,  à la NASA et comme professeur de météorologie à l’Institut Niels Bohr de Copenhague et à l’University College de Dublin.

Le rapport postule que les aspects essentiels de la science climatique étant établis, ce qui importe aujourd’hui est la nécessaire réponse politique à donner aux questions éthiques de développement durable, d’éradication de la pauvreté et de réduction des inégalités.

Le rapport appelle à des changements radicaux dans l’économie mondiale pour atteindre “zéro émission de carbone” d’ici le milieu du siècle. Étant donné les changements extrêmement coûteux et extrêmement disruptifs que cette action entraînerait, la rigueur du dossier scientifique sous-jacent devrait être irréprochable. Certains aspects centraux du rapport RS 1.5 sont examinés ici afin de déterminer si le rapport présente un niveau de rigueur scientifique à la mesure de l’ampleur du plan d’action prescrit; notre conclusion est que ce n’est pas le cas.

Pour l’élaboration du SR1.5, les trois groupes de travail du GIEC ont été fusionnés pour produire un rapport généraliste qui n’est pas centré sur une analyse purement scientifique.

Dans la cinquième rapport d’évaluation, la déclaration centrale du groupe de travail n°1 était la suivante

” Il est extrêmement probable que plus de la moitié de l’augmentation de la température moyenne observée à la surface de la planète entre 1951 et 2010 est due à l’augmentation de la concentrations des gaz à effet de serre due aux activités humaines et à l’ensemble des autres forçages anthropiques.”

Cette déclaration n’attribuait donc pas nécessairement tout le réchauffement observé après 1950 aux effets anthropiques, pas plus que le réchauffement substantiel du début du 20ème siècle (1910-1945). Contrairement à prudence, le SR1.5 attribue tout le réchauffement climatique observé depuis la fin du 19ème siècle aux activités humaines (voir Figure 1). Cette divergence majeure avec le cinquième rapport d’évaluation n’est  pas rigoureusement justifiée..

L’expression « éléments de preuve » très utilisée par le GIEC traduit la reconnaissance implicite qu’il existe dans la science du climat des notions qui ne sont pas connues avec certitude et qui peut-être ne le seront jamais. On sait avec certitude que les concentrations de dioxyde de carbone et d’autres gaz à effet de serre  qui emprisonnent le rayonnement thermique infrarouge dans l’atmosphère augmentent sous l’effet des activités humaines. En contrepartie, il est également établi que le gaz à effet de serre dominant dans l’atmosphère est la vapeur d’eau d’origine naturelle, qui est beaucoup plus abondante que les gaz à l’état de traces. Lorsque l’air monte et se refroidit, la vapeur d’eau qu’il contient se condense en nuages, ce qui influe de manière importante sur les propriétés de l’effet de serre de l’atmosphère. Quantifier les effets radiatifs des nuages ​​avec précision dépasse toutefois les capacités de la science du climat actuelle. Tant que cela restera le cas, la modélisation de la réaction du système climatique à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre demeurera entachée d’incertitudes.

Si l’on examine les observations des températures moyennes de surface ( Global Mean Surface Temperature , GMST) antérieures à 1960, on voit qu’il ne s’agit d’un réchauffement accéléré. Par exemple, les relevés de GMST de trois centres de données pour la période 1850-2017 sont illustrés à la figure 3. On peut constater qu’un refroidissement global a eu lieu au cours de la période 1945-1970. Avant cela, entre 1910 et 1945, il y a eu une période de réchauffement climatique important. Ce réchauffement du début du XXe siècle a eu lieu avant que les GES anthropiques aient une influence majeure. Antérieurement, il y avait une autre période de refroidissement multi décennale. La figure 3 montre clairement l’existence d’une variabilité naturelle des températures moyennes de surface substantielle indépendante des émissions de GES.

Le fait que le rapport SR1.5 ne présente que les données la figure 2 sur l’évolution observée des températures moyennes de surface dans son résumé à l’intention des décideurs montre de façon évidente que ce rapport n’est pas scientifiquement impartial.

Évolution de la température atmosphérique observée par satellite

L’accélération marquée du réchauffement de la surface au cours des dernières années, suggérée par les figures 1 et 2, n’apparaît pas dans les mesures par satellite des températures de la basse troposphère (à quelques kilomètres du sol), un exemple de ceci est montré à la figure 4.

En fait, les températures des satellites, bien que mettant en évidence une tendance au réchauffement de 0,13 ° C par décennie sur l’ensemble de la période d’observation 1979-2018, ne montrent que très peu de réchauffement depuis l’année 2000.  Scafetta et al. ont effectué une analyse statistique dans laquelle ils neutralisent dans les températures relevées par satellite pour la période 2000-2016 le signal El Niño ne laissant subsister pour cette période, qu’une tendance au réchauffement résiduelle  de l’ordre de 0,04° C par décennie .

Le rapport SR1.5 n’analyse pas la tendance des température observées par satellite et n’aborde pas la raison pour laquelle elles diffèrent si nettement des températures moyennes de surface. Il s’agit là d’un grave lacune, car il existe de bonnes raisons de croire que les températures des satellites sont des indicateurs plus fiables du taux de réchauffement de la planète que températures moyennes de surface ; les mesures de température par satellites ont une couverture presque globale, tandis que les mesures de température de surface sont rares et irrégulièrement réparties.

Outre la question de la couverture, les températures des satellites ont l’avantage supplémentaire de ne pas être influencées par les îlots de chaleur urbaine et les effets de changement d’utilisation des sols. L’urbanisation entraîne actuellement des changements rapides de température dans de nombreuses villes du monde par rapport aux zones rurales environnantes. Des recherches récentes comparant les tendances de la température en zones urbaines et rurales sur différents continents ont montré que les effets des îlots de chaleur urbaine avaient déjà été sous-estimés et que la chaleur relative de la période chaude du milieu du XXe siècle dans les stations d’observation rurales était comparable à celle de la récente période chaude.

Ce résultat est cohérent avec les récentes conclusions indépendantes concernant la température globale de la surface de la mer .

Observations sur le réchauffement des océans

Les graphiques de température des figures 1 à 4 ne distinguent pas entre les composantes terrestres et océaniques. La figure 5 montre un exemple de courbe où ces composantes sont séparées. En examinant la période 1900-1980 (aucun commentaire ne sera fait ici sur la période creuse de données de 1850-1900), on voit que les températures de surface terrestre et maritime (SST) ont augmenté et diminué au même rythme sur plusieurs décennies. A partir de 1980, une forte divergence apparaît, la température des terres augmentant beaucoup plus rapidement que les températures de surface maritimes. Si l’on ne tient pas compte des effets d’îlot de chaleur urbaine et des modifications dans l’utilisation des sols mentionnés ci-dessus, les températures terrestres au cours de cette période semblent présenter un signal induit par les gaz à effet de serre qui a dépassé de beaucoup les limites de la variabilité naturelle.

Une telle assertion ne peut être faite avec le même degré de confiance en ce qui concerne les températures à la surface de la mer (SST). Les données brutes de température de surface de la mer pour la période 2000-2014 (avant le début du récent El Niño) font apparaître que celles-ci n’était que de 0,36°C supérieure à celles de la période 1936-1950. À la lumière du graphique complet couvrant le période 1850–2018, on constate que ce faible réchauffement de la SST, bien que cohérent avec le réchauffement induit par les gaz à effet de serre avec une faible sensibilité climatique, sans ambiguïtés ne dépasse pas les limites de la variabilité naturelle.

Récemment, les résultats d’une étude approfondie sur les données océanographiques réalisée par le Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme  (ECMWF) ont été publiés. Cette étude consistait à récupérer plus de deux millions de mesures par jour de données de surface et à les importer dans le plus récent système d’assimilation de données. Les résultats du contenu calorifique de la couche supérieure de la mer (300 m supérieurs) pour la période 1900–2010 sont présentés à la figure 6. Cette figure montre que le contenu calorifique des couche supérieure de la  mer dans la période 1935-  1955 étaient  supérieurs à celui de la période 2000-2010. Ces résultats suggèrent clairement la possibilité que la variabilité naturelle de la SST globale soit supérieure à celle estimée précédemment.

Ces résultats ne sont pas mentionnés dans le rapport SR1.5, bien que le très important article de  Laloyaux et al. ait été accepté pour publication bien avant la date limite pour son inclusion dans le SR1.5.

Éléments de preuve connexes : modélisation

Comme indiqué ci-dessus (cf.figure 2)  le rapport SR1.5 utilise l’accord entre l’évolution des températures modélisées et des températures observées au cours de la période 1960-2017, comme preuve que le réchauffement observé au cours de cette période est entièrement induit par les GES.

Cependant, deux publications  très importantes depuis le cinquième rapport d’évaluation (dont aucun n’est mentionné dans la question SR1.5) permettent de remettre sérieusement en cause le raisonnement ci-dessus. Il s’agit des publications suivantes :

  • « Les scientifiques du climat ouvrent leurs boîtes noires pour investigation», par Paul Voosen
  • «L’art et la science du réglage des modèles climatiques», par Hourdin et al.7

Ces publications soulignent que des modifications relativement minimes apportées aux paramètres représentatifs des processus physiques se situant à une échelle inférieure à celle des modèles globaux du climat peuvent entraîner des changements importants dans le taux de réchauffement induits par une augmentation des GES. L’article de Voosen donne un exemple dans lequel la modification d’un paramètre (mal déterminé) contrôlant la vitesse à laquelle l’air frais se mélange aux nuages ​​a augmenté la sensibilité climatique du dit modèle la faisant passer de 3,5 à 7°C.

L’article de Hourdin et al. montre clairement que la pratique des modélisateurs consistent à ajuster leurs modèles de manière empirique afin de reproduire le réchauffement observé au XXe siècle, tout en donnant à la sensibilité climatique à l’équilibre une valeur qui se situe dans «la plage acceptable attendue». Il est en outre bien connu qu’il n’existe pas un réglage unique qui donne un résultat particulier souhaité.

Les réglages qui ont permis aux modèles de reproduire avec succès le réchauffement de la fin du 20e siècle ne leur ont pas permis de reproduire le réchauffement marqué du début du 20e siècle ni le récent ralentissement du réchauffement troposphérique. Des exemples de modèles déficients montrés par la figure 7 pour la SST (Sea surface temperature), à la figure 8 pour le GMST (Global Mean Surface Temperature), et à la figure 9 pour les températures troposphériques.

L’article de Hourdin et al.  mentionné ci-dessus résulte d’un atelier de l’OMM (Organisation météorologique mondiale) sur le réglage des modèles. Ses quatorze auteurs représentent un large spectre de modélisateurs internationaux. Le document souligne que la stratégie de réglage utilisée dans les modèles dont les projections climatiques ont été utilisées dans le cinquième rapport d’évaluation du (et à nouveau dans le SR1.5) ne faisait pas partie de la documentation requise par le GIEC. Les auteurs évoquent explicitement un « manque de transparence ».

Il est clair que la concordance (comme dans la figure 2) entre le réchauffement observé au cours d’une période donnée et le réchauffement estimé par un modèle qui a été ajusté pour s’accorder avec les observations de cette période ne constitue pas une preuve que le réchauffement observé est induit par les GES.

Quelques estimations indépendantes récentes de la sensibilité au climat

Comme mentionné ci-dessus, la sensibilité climatique à l’équilibre (ECS) est le réchauffement éventuel qui aurait lieu si la teneur en dioxyde de carbone de l’atmosphère était supposément doublée puis stabilisée. L’ECS est la métrique la plus importante en climatologie. C’est un indicateur de la quantité de réchauffement produite par toute augmentation réelle de CO2.

La vraie valeur de l’ECS est inconnue. Le GIEC indique que sa valeur est probablement comprise entre 1,5 et 4,5 ° C, aucune meilleure estimation n’étant possible en raison d’un « manque d’accord entre les sources de données ». Cette fourchette, basée principalement sur les résultats de modèles climatiques globaux, reste inchangée par rapport à celle donnée dans le Premier rapport d’évaluation du GIEC en 1990. Compte tenu de nos connaissances actuelles en matière de réglage empirique des modèles climatiques pour obtenir les résultats souhaités, il est clair que les estimations de l’ECS à partir de ces modèles ne doivent pas être considérés comme représentant un résultat de la physique de base.

Une méthode indépendante d’estimation de l’ECS consiste à utiliser un modèle simple de bilan énergétique global, associé à l’observation des valeurs moyennes globales du forçage radiatif, de l’absorption de chaleur par les océans et du changement de température sur une période de base et une période finale. Un exemple récent de cette méthode, cité dans le rapport SR1.5 est fourni par l’étude récente de Lewis et Curry. Ils ont trouvé une valeur ECS de 1,5 ° C avec une plage d’incertitude estimée de (1,05 à 2,45) °C. Cependant, bien que SR1.5 ait fait référence à cette étude, elle n’a pas été jugée suffisamment probante pour réviser la limite inférieure de la plage estimée du GIEC dans son rapport cinquième rapport AR5.

Des éléments de preuve distincts indiquant que la valeur de l’ECS se situe en dessous de la limite inférieure de la plage estimée du GIEC proviennent d’études qui utilisent des observations satellitaires récentes du coefficient de réponse radiative de la Terre (modification du rayonnement sortant du haut de l’atmosphère en réponse à une unité de température de surface) en conjonction avec des modèles de bilan énergétique à deux zones (tropicale / extratropicale). On trouvera des exemples dans les articles de Lindzen et Choi21 et Bates ; le document de Bates utilise des estimations observationnelles du coefficient de réponse radiative tropicale à ondes longues tropicales de Lindzen et Choi et du plus récent article de Mauritsen et Stevens. Les études de Bates suggèrent une valeur pour l’ECS d’environ 1 ° C ou même moins. Le rapport SR1.5 ne fait référence à aucune de ces études.

Il y a pourtant de bonnes raisons pour lesquelles ces études auraient dû être acceptées comme fournissant une source de données valable. En premier lieu, les insuffisances qu’ils soulignent dans la représentation par les modèles de circulation générale du coefficient de la réponse radiative de la Terre aux ondes tropicales sont très marquées, comme le montre la figure 10.

Cette figure montre clairement à quel point les modèles de circulation générale sous-estiment sérieusement la réponse radiative de la Terre aux ondes longues aux variations de température de surface sous les tropiques. Les modèles à deux zones indiquent qu’une telle sous-estimation conduit à une surestimation substantielle de l’ECS. En second lieu, la faible sensibilité au climat indiquée par les modèles de bilan énergétique à deux zones est cohérente avec les observations observationnelles récentes selon lesquelles les températures mondiales actuelles (GMST et SST) sont à peine plus chaudes qu’elles ne l’ont été au milieu du siècle dernier.

Conclusions

Le rapport SR1.5 constitue un bond en avant dans l’alarmisme climatique par rapport aux rapports précédents du GIEC, et notamment par rapport à la cinquième évaluation. Aucune justification rigoureuse de ce bond en avant n’a été fournie.

En réalité, depuis le cinquième rapport d’évaluation, de nombreuses preuves ont été accumulées, suggérant que le réchauffement de la planète constituait davantage une menace à long terme qu’une urgence planétaire immédiate. Ces preuves consistent principalement en des résultats d’observation suggérant une plus faible sensibilité au climat (c’est-à-dire un réchauffement moindre en réponse à une augmentation donnée des concentrations de gaz à effet de serre) et des résultats indiquant une plus grande contribution de la variabilité naturelle à l’explication des tendances observées de la température mondiale. Le GIEC n’a pas transmis ces preuves aux décideurs politiques dans son rapport SR1.5.

Le rapport n’a pas non plus transmis aux décideurs politiques des informations très importantes publiées par les modélisateurs du climat depuis le dernier rapport d’évaluation du GIEC concernant le réglage empirique des modèles climatiques en vue d’atteindre les résultats souhaités. L’incapacité des rapports antérieurs du GIEC à documenter les procédures de réglage des modèles a été décrite par ces modélisateurs comme un «manque de transparence». Les projections du réchauffement futur publiées par le GIEC dépendent entièrement de la fiabilité de ces modèles.

Compte tenu de ces lacunes, le rapport du RS1.5 ne mérite pas d’être considéré par les décideurs comme un document scientifiquement rigoureux. Il existe de nombreuses preuves scientifiques récentes, non mentionnées dans le rapport, appuyant une stratégie d’atténuation plus réfléchie que les mesures extrêmes proposées dans le rapport.

Dans le même temps, les objectifs louables évoqués dans le rapport, tels que le développement durable, l’élimination de la pauvreté et la réduction des inégalités, devraient être poursuivis indépendamment et ne devraient pas dépendre d’une science du climat qui n’est pas encore établie.

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