Bassines, distinguer le vrai du faux

Nous empruntons ce titre à un article publié le 22 mars 2023 par le syndicat agricole La Coordination rurale. Une blogueuse en conversion en Agriculture Biologique, concernée par ses ces réserves de substitution, en avait parlé, mieux que quiconque sur son blog il y a quelques temps.

Historique

Samedi 25 mars 2023, une nouvelle manifestation a été organisée à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) pour protester contre le projet des « méga-bassines » de stockage de l’eau. Interdite par la préfecture, la manifestation a donné lieu à des scènes de guerre faisant, selon Le Monde, 200 blessés (dont 40 grièvement) chez les manifestants, et 47 chez les gendarmes.

Cette manifestation fait suite à celle du week-end du 29 au 30 octobre 2022, à Sainte-Soline qui avait dégénéré et causé 61 blessés parmi les forces de l’ordre et une trentaine parmi les manifestants.

Pour les organisateurs, notamment les collectifs Les Soulèvements de la Terre et Bassines non merci et la Confédération paysanne, ces bassines accaparent la ressource au profit de l’agro-industrie. Pour les porteurs du projet, un groupement de 400 agriculteurs réunis dans la « Coop de l’eau », il s’agit d’améliorer la gestion de l’eau pour adapter l’agriculture aux sécheresses.

Le projet se déploie sur trois bassins (Thouet, Sèvre Niortaise Marais Poitevin, Boutonne), situés dans les Deux-Sèvres. La réserve de Sainte-Soline d’une capacité de 720 000 m3 est la deuxième de seize réserves de substitution qui doivent voir le jour. Le projet vise à baisser de 70 % les prélèvements en été dans cette région qui a connu d’importantes restrictions d’irrigation après la sécheresse de l’été dernier.

Le projet a été redimensionné plusieurs fois depuis 2011. Après de multiples recours, une décision ultime du tribunal administratif de Poitiers du 27 mai 2021 a autorisé la construction de 16 réserves (contre 19 initialement) pour un volume global prélevé de 6,9 millions de m3 (contre 9 millions de m3 initialement). Le coût total du projet est estimé à 60 millions d’euros. Le financement est assuré à 70% par l’Agence de l’Eau Loire Bretagne et des fonds européens Feader, le solde étant pris en charge par les agriculteurs concernés.

Le protocole signé en 2018 par les agriculteurs, les élus, et les associations conditionnait l’accès à l’eau à des changements de pratiques (réduction des pesticides, plantation de haies, conversion à l’agroécologie). Par exemple, les agriculteurs se sont engagés à diminuer de moitié l’utilisation de produits phytosanitaires d’ici 2025 et à planter 100 kilomètres de haies dans les trois prochaines années.

Dans le département voisin de la Vienne des réserves sont également prévues. Le Préfet a signé dans le 3 novembre 2022, un protocole pour la construction d’une trentaine de réserves de substitution dans le bassin du Clain avec les élus et partenaires favorables au projet. Les travaux doivent débuter en 2023.

Qu’est-ce qu’une « bassine » ?

De leur vraie appellation « réserves de substitution, les bassines sont des cratères à ciel ouvert, recouverts d’une bâche en plastique qui sont remplis l’hiver grâce au pompage de l’eau des nappes phréatiques superficielles et utilisés pour l’irrigation l’été, quand les précipitations se font plus rares. Le remplissage s’effectue en pompant dans la nappe au moment où celle-ci déborde, et où de grandes quantités d’eau partent à la mer faute de place sous terre.

Ce stockage permet de moins puiser dans les cours d’eau en plein été. Chaque « méga-bassines » fait la taille de sept à dix terrains de foot (environ 10 hectares) et peut contenir environ 240 000 m3. Ces installations peuvent être subventionnées jusqu’à 70 % par les agences de bassin, les départements et régions et l’Union européenne.

Une bassine adopte le même principe que les barrages ou les retenues d’eau collinaires (réserve alimentée par le ruissellement) : stocker l’eau à un endroit pour contrôler son flux et/ou pouvoir la distribuer selon les besoins à n’importe quelle période de l’année. La différence est que les bassines ne s’appuient pas sur des reliefs. Elles sont construites dans des régions plates, là où les lacs et rivières sont peu nombreux, le manque de relief rendant impossible l’accumulation gravitaire de l’eau.

Les conclusions favorables de l’étude d’impact du BRGM

La « Coop de l’eau », qui mène ce projet collectif a demandé au BRGM (Bureau de recherche géologiques et minières), d’évaluer l’impact des seize réserves d’eau sur le milieu.

Le BRGM utilise un modèle hydrogéologique (« Jurassique ») permettant de simuler des scénarios de prélèvements hivernaux pour le remplissage et des économies d’eau au printemps et en été.

Le rapport final de (17 juin 2022) conclut que le remplissage des bassines améliorerait le niveau des nappes et le débit des rivières :

  • En période d’étiage, on pourrait observer une augmentation du débit entrant dans le Marais poitevin de + 200 l/s à + 300 l/s via les cours d’eau, soit + 5 % à + 6% du débit initial, indique le rapport du BRGM, dont le modèle prend en référence la période 2000-2011. Il est probable que la hausse attendue des piézométries en été avec le projet de la Coopérative conduise également à un meilleur soutien des niveaux d’eau du Marais poitevin en période d’étiage.
  • En période hivernale, sur le bassin du Mignon et de la Courance, les rabattements piézométriques dus aux pompages hivernaux du projet 2021 de la Coopérative dépassent souvent 50 cm sur la nappe libre du Jurassique supérieur (de 5 % à 10 % de l’amplitude du battement de nappe) par rapport à la simulation de référence. Le débit entrant dans le Marais poitevin serait diminué de -200 l/s à -300 l/s entre la simulation 2021 et la simulation de référence, soit – 1% des 25 m3/s à 30 m3/s observés en moyenne en janvier sur la période 2000-2011.

Les maraîchers ne sont pas défavorisés

Soutenus par la Confédération paysanne, les maraîchers remettent en cause leur cotisation à la Coop de l’eau 79, alors qu’ils ne sont raccordés à aucune réserve de substitution et s’indignent qu’une partie de leur versement serve à financer le projet de réserves de substitution que, par ailleurs, ils ne soutiennent pas.

À ces critiques, le président de la Coop de l’eau Thierry Boudaud répond : «La gouvernance de l’eau est une gouvernance de territoire qui met le maraîchage prioritaire pour l’obtention des volumes d’eau. La Coopérative de l’Eau n’attribue pas les volumes d’eau, c’est le rôle de l’organisme unique de gestion collective qui est dans le cas présent un organisme d’État, l’Établissement Public du Marais Poitevin. » Par ailleurs « le maraîchage est prioritaire pour l’obtention de dérogations en cas de restrictions ou de coupures d’eau, ce qui a été le cas au cours de l’été 2022 ».

Concernant les aspects financiers, le président de la Coop de l’eau rappelle que « la Coopérative de l’eau repose sur un principe de coopération et de mutualisation, à savoir que chaque m3 d’eau participe au financement du projet (de réserves de substitution). Ainsi, le plus gros consommateur paie la plus importante contribution. A l’inverse, le plus petit consommateur paie la plus petite ».

Ajoutons que les agriculteurs ne décident pas quand et combien ils prélèvent. Les DREAL (Direction Régionales de l’Environnement, de l’aménagement et du logement) contrôlent en permanence les débits et les niveaux des nappes phréatiques et des cours d’eau. Des seuils ont été établis au-dessus desquels des volumes de prélèvements sont possibles. Ces niveaux respectent non seulement la faune et la flore sauvage, mais aussi les débits d’étiage et les besoins des autres acteurs.

Le maïs est injustement diabolisé

L’un des arguments des opposants au projet est que ces réserves d’eau sont majoritairement destinées à la culture du maïs. Le maïs est en effet la deuxième production végétale française derrière le blé tendre, cultivée essentiellement dans le Sud-ouest et en Alsace. Il faut cesser de diaboliser le maïs qui sert de nombreux secteurs de l’économie, 60 % pour l’alimentation animale, 30 % pour l’industrie, 10 % pour l’alimentation humaine.

D’autre part comme l’indique le syndicat agricole la Coordination Rurale, Il est faux d’amalgamer irrigation et agriculture productiviste, car « tous types de cultures en profitent : des plantes porte-graines à la production de fourrages destinés aux animaux, que ce soit en agriculture conventionnelle ou en bio. L’irrigation fait partie intégrante de l’agroécologie et facilite la diversification des cultures ».

Or depuis plusieurs années, l’Europe, et particulièrement la France, ont des surfaces cultivées en maïs en réduction, alors que les besoins européens ne cessent de croître. En 2019-2020, l’Union européenne est devenue le premier importateur mondial de maïs avec environ 19 millions de tonnes. L’été chaud et sec a été dévastateur pour la culture du maïs dont la production a chuté de 20 % par rapport à 2021, la récolte en France, premier producteur européen, sera inférieure à 11 millions de tonnes.

Même s’il est vrai que le maïs est très consommateur d’eau (un quart de l’eau consommée), il existe d’ importantes perspectives d’amélioration par le remplacement de l’aspersion par le goutte-à-goutte : en dix ans, on a amélioré le rendement de l’eau agricole de 30 %.

Sauf à interdire l’élevage, la réduction de la culture du maïs au motif que cette plante a besoin d’eau se traduirait mécaniquement par une augmentation de nos importations de pays dont les normes environnementales sont beaucoup moins sévères que les nôtres.

La France ne manque pas d’eau

« La France n’a jamais manqué d’eau, mais elle n’a pas conscience de l’importance de gérer la ressource », a déclaré Guillaume Benoît, membre de l’Académie d’agriculture qui préside le groupe « Eaux, sols, agroécologie et sécurité alimentaire ».

D’après les statistiques du Ministère de la transition énergétique publiées fin 2020, nous recevons en moyenne chaque année sous forme de précipitations environ 510 milliards de m3 d’eau sur le territoire métropolitain (correspondant à environ 900 mm de pluie par an). Seulement 40 % de ce total, soit 210 milliards de m3, vont vers les nappes souterraines ou les cours d’eau, le reste retournant dans l’atmosphère du fait de l’évapotranspiration. Nous n’utilisons qu’une petite partie de ce volume, soit environ 32 à 35 milliards de m3 d’eau, mais avec un besoin de mobilisation de l’eau en hausse durant l’été, au moment où les précipitations sont réduites. L’indice global d’exploitation des ressources en eau de la France, c’est-à-dire le rapport entre les prélèvements et les apports des pluies exprimé en pourcentage des ressources en eau douce renouvelables (eaux souterraines et eaux de surface) est de 6,14% en France (des valeurs supérieures à 20 % sont considérées comme une indication de la rareté de l’eau). Seulement 4,7% du flux annuel d’eau est stocké en France, contre 50% en Espagne

La France reste un des pays qui irrigue le moins en Europe (6,8 % seulement de la surface agricole utile, contre 20 % en Italie, 15% en Espagne, 13 % en Allemagne, 11 % aux Pays-Bas).

Ajoutons que la réutilisation des eaux usées est très peu développée en France, où moins de 1 % des eaux récupérées en sortie des stations d’épuration sont exploitées, à l’inverse de l’Italie, l’Espagne ou encore Israël, où le taux de réutilisation atteint respectivement 8 %, 15 % et 90 %. Enfin, 20% de l’eau potable perdue en France à cause des fuites des canalisations.

Conclusion

Laissons conclure Carole Zakine-Hernandez, consultante spécialisée en droit de l’eau :

« Tous les sujets liés à l’eau sont polémiques, épidermiques. Le simple mot « gestion » met les écologistes radicaux en catatonie : « Il ne faut pas, c’est un dogme, perturber le cours de l’eau, sous aucun prétexte. Les projets de retenues sont systématiquement attaqués, les études d’impact devenues infaisables. Les juges administratifs retoquent tous les projets. On ne peut pas planifier sereinement un stockage de l’eau »

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25 réflexions au sujet de « Bassines, distinguer le vrai du faux »

  1. ”Le remplissage s’effectue en pompant dans la nappe au moment où celle-ci déborde, et où de grandes quantités d’eau partent à la mer faute de place sous terre.”
    C’est bien là un peu le noeud du problème. Car stocker en surface de l’eau souterraine, via pompages préventifs, aboutit à en perdre par évaporation.
    A-t-on estimé la ”perte vers la mer” (c’est à dire écoulement dans la nappe, vaguement citée dans le texte) entre l’hiver et l’été ? Quelle est l’ampleur de la baisse de la surface piézométrique donc la perte de volume ? La question est donc de savoir si garder l’eau dans la nappe (ce qui évite l’évaporation) et la puiser en été n’est pas aussi économique ? Ou bien, l’irrigation est-elle faite à partir du pompage dans les rivières et non par forages ? Pas très clair tout ça dans cette polémique. Il manque des chiffres précis comparatifs. Je suppose qu’ils sont dans les rapports de l’administration (études d’impact).

    • Le problème est à mon humble avis purement technique. La solution des ”bassines” est bonne ou non pour la gestion de la ressource en eau.
      Au lieu de ça, on a eu droit au spectacle de bandes d’abrutis guerroyant dans les près. Il ya même un écolo suédois prônant l’action violente qui s’est déplacé. Ce type sait-il que la guerre c’est dangereux ? Il y a des morts à la guerre.

    • L’évaporation de l’eau de surface correspond à une ETP (évapo transpiration) d’un champ, ce qui n’a rien d’extraordinaire.
      Pour éviter cette ETP, pomper dans les nappes phréatiques en été est tout sauf une bonne idée.
      Justement, l’eau pompée en hiver est de l’eau excédentaire qui s’en va de toute manière, à la mer.
      Les études du BRGM sur les bassines du sud Vendée ont montré qu’elles avaient un impact positif sur le niveau des nappes en été.
      https://www.ouest-france.fr/nouvelle-aquitaine/niort-79000/l-impact-des-bassines-sur-les-cours-d-eau-et-les-nappes-passe-au-crible-dans-les-deux-sevres-7fafed08-fea7-11ec-881f-755fcc32b9da

      • Précisément, la modélisation du BRGM (car c’est une modélisation, du calcul, pas des relevés de piézomètres, du réel) m’interpelle. Comment une bassine, dont la surface au sol est ridicule par rapport au bassin versant, pourrait-elle ”protéger” la nappe phréatique ? Ceci d’autant plus que la bassine est sur une bâche en plastique qui empêche toute communication avec ladite nappe phréatique en dessous. Franchement, je m’interroge sur ces calculs. Si ces calculs sont de la même eau (sans jeu de mot) que les modélisations du GIEC, alors là…

      • Entièrement d’accord.
        Mettre des panneaux solaires flottants sur les bassines serait un plus “écologique” en réduisant l’évapotranspiration et fournirait en plus de l’énergie.

  2. Les extrémistes refusent toute construction d’origine humaine, tout progrès, fantasmant sur une nature immaculée qui n’a jamais existé ailleurs que dans leurs rêves de petits bourgeois occidentaux bien nourris et bien chauffés l’hiver.

    Entre autres, le véganisme est un caprice qu’ils ne pourraient pas s’offrir dans une nature non confectionnée et organisée par l’homme.

  3. Pourquoi le barrage de Serre-Ponçon n’a-t-il pas déclenché de controverses aussi violentes dans les années 60 et sa construction a-t-elle pu être menée à terme pour la plus grande satisfaction de millions de personnes ?
    Parce que les écoloidéologues et leurs lubies n’existaient pas. Ces gens sont dangereux parce qu’ils s’opposent au progrès
    Mais finalement les progrès qu’ont pu en tirer les locaux et toute la région littorale (dont l’agglomération marseillaise) et l’arrière pays provençal Ouest dépassent infiniment en bénéfices la rancoeur de 2 villages engloutis et des quelques centaines d’habitants qu’il a fallu exproprier.

    • @Jack : Pour plusieurs raisons, dont la plus évidente est que les deux projets n’ont strictement rien en commun. D’un côté un barrage alpin, la fameuse retenue collinaire selon la définition des agences de l’eau contre laquelle les scientifiques ne sont pas opposés, de l’autre une réserve de substitution dont l’alimentation serait assurée par le pompage des nappes souterraines en hiver. Avec un deuxième hiver successif sec, il serait peut-être temps de se poser la question de la pertinence de ce type de dispositif.

      De plus nous sommes à la fin des années 50, et il n’y a bien évidemment pas d’études d’impact. D’ailleurs les locaux ont tellement apprécié de se faire déposséder de leurs terres qu’il sont nombreux à avoir quitté la commune, pourtant reconstruite au lendemain des travaux. Et pourtant ils sont, comme vous, le fruit de cette époque : le consensus à ce moment est la nécessaire modernisation de la France et l’acceptation du sacrifice au nom de cet idéal (je ne reprends que le mots de Virginie Bodon https://www.cairn.info/revue-annales-historiques-de-l-electricite-2005-1-page-35.htm).

  4. Il n’y a pas à ma connaissance d’évaluation du % d’évaporation de l’eau stockée dans les bassines des Deux-Sevres. Difficile de conclure dans ces conditions. Les solutions de couvertures de surface pour l’empécher ne me semblent pas encore connues et exploités non plus: billes flottantes, photovoltaique…

    • Une étude récente (https://theses.hal.science/tel-01661489/document) sur les étangs de la région a conclu que la perte par évaporation des étangs était à peu près identique à la perte par évapotranspiration d’une chênaie. Cela signifie deux choses :
      1) les nappes phréatiques ne sont pas du tout “étanches” mais perdent une bonne partie de leur eau par évapotranspiration, ce qui n’est pas évident pour tout le monde. En effet, d’où vient l’eau évapotranspirée par les chênes si ce n’est de la nappe ?
      2) Pour limiter les pertes, il vaut bien mieux stocker l’eau dans une bassine que de la laisser dans la nappe, puisque la perte est donc proportionnelle à la surface au sol. (Du moins tant que la surface totale du sol ne sera pas occupée par des bassines…)

  5. Bonjour à tous

    encore des sujets à débat très intéressants.

    Travaillant le sujet avec des agriculteurs conventionnels et des bios depuis longtemps (plus de 20 ans), il y a du vrai dans chaque position mais la violence ne devrait pas avoir sa place tant dans es manifs, que dans les réunions que dans les paroles. La violence entraine la violence, la division, la haine… la guerre.

    Perso, je suis contre ses réserves pour soutenir une agriculture industrielle qui fait de l’agroécologie politique (un peu de haies plantées, un peu de bandes fleuries, un peu de prairies…) mais qui ne veut pas changer de modèle en profondeur (sans parler forcément de bio !). Regarder les bassines en Espagne et dans d’autres pays depuis des décennies. Elle sont à sec et cela accentue la “guerre de l’eau” sans changement agricole et de comportement des citoyens de ces pays (comme on le serait en France). Quand je lis les pays où s’est déjà mieux gérer, ce sont des pays chauds, très chauds avec un climat continental et pas océanique comme en France sur au moins les 2/3 du pays. L’impact des étés secs et chauds se voyaient moins et ce avec une abondance de pluie comme il a été écrit dans cet article.

    Ce qui serait peut être plus juste, c’est que les agriculteurs qui gèrent ces projets (coop de l’eau) financent totalement ses bassines. Quand un agri fait un puits de surface ou artésien, tout vient de sa poche. Pourquoi là l’Etat donne des sous ? Si c’est vraiment rentable, ces dits agris peuvent se débrouiller, non ?

    Concernant le maïs, cela baisse en France. Tant mieux car maïs sur maïs pendant des années et des décennies n’est pas très favorable au stockage de l’eau par humus des sols ! Et cela est une des graves conséquences agronomiques de ces modèles productivistes depuis 70 ans.

    Mais vous savez comme moi (pour ceux qui s’intéressent à l’agriculture) que les méthanisations qui se développent comme des champignons sont très friands de cette plante. Combien de m3 de ces méga-bassines serviront au final à faire du gaz ? Est-ce normal ?

    Pourquoi ne pas stocker les eaux usées qui peuvent être réutilisées plutôt que de l’eau (presque ) potable des nappes ? Très peu de monde serait contre je pense.

    Pourquoi ne pas implanter des plantes moins gourmandes en eau comme la luzerne (plante pérenne en plus vs plante annuelle) et avoir une vraie stratégie agricole sur l’autonomie protéique ? Il est vrai que l’on fait moins de lait qu’avec le maïs/soja mais l’idéologie de la productivité à outrance comme celle du retour à la cueillette avec des projets “forestiers” sont deux extrêmes à éviter non ?

    Bonne continuation

    • “Perso, je suis contre ses réserves pour soutenir une agriculture industrielle”
      Quels sont les critères d’une “agriculture industrielle”?
      Parler des réserves espagnoles, mais l’Espagne est un climat semi aride (sauf pour la partie nord ouest), et la gestion de l’eau est un problème récurrent et ils ne s’en sortent finalement pas trop mal. Comparer l’Espagne aux Deux Sèvres est un non sens.
      Financement des réserves? Effectivement, ce serait mieux si l’État ne s’en mêlait pas mais il veut surtout garder la main pour imposer ses choix techniques et faire pression au cas où. Les agriculteurs préféreraient sans doute se passer de ces aides.
      Méthanisation: là encore, ce sont les choix politiques sur l’énergie qui conduise à cette étrangeté (déjà constatée en Allemagne), mais ce n’est certainement pas la faute aux agriculteurs.

      Et merci de nous éviter le couplet de la “productivité à outrance” qui sent sent bon l’anticapitalisme primaire. Dans votre profession, vous ne recherchez pas une meilleure productivité?

      • @ oli
        “Perso, je suis contre ses réserves pour soutenir une agriculture industrielle”
        “idéologie de la productivité à outrance”

        Je partagerais bien votre point de vue, au moins partiellement, sauf que…

        Ce sont les mêmes militants écologauchocatastrophistes qui veulent imposer également une immigration massive et incontrôlée. Va bien falloir les nourrir, tous ces gens…
        Il est vrai qu’ils ont saccagé une cimenterie alors qu’il va falloir des millions de tonnes de béton pour planter de stupides éoliennes.

        Tout cela ressemble fort à des caprices de gosses idiots, désoeuvrés et trop gâtés.

        Faut-il rappeler que l’eau qui s’évapore ne s’échappe pas dans l’espace, mais finit simplement par retomber.

        • …”Des millions de tonnes de béton pour planter de stupides éoliennes.”
          Et aussi pour construire des centaines de milliers de logements pour héberger toute la misère du monde dont l’idéologie dominante en France se refuse à limiter voire au moins temporairement interdire l’accès à notre territoire, bien qu’un forte majorité de l’opinion y soit favorable.
          L’emploi de l’hydrogène “vert” (produit par électrolyse) pour remplacer le charbon ou le fioul dans la fabrication du ciment n’est pour l’instant qu’un doux rêve et de toutes façons le rendement énergétique médiocre de la production de cet hydrogène va renchérir le coût de la construction immobilière dans des proportions considérables.
          Même observation pour l’acier, lui aussi indispensable dans la construction: Sa production doit aussi être “décarbonée” et là aussi l’hydrogène vert sera impliqué avec une envolée des coûts conséquente.
          Les années qui viennent vont être passionnantes…

    • toujours les mêmes blabla pour éviter de reconnaître que l’on a eu tort comme sur tous les sujets ou la mouvance verte sévit
      pourtant les explications sont claires limpides, et toutes vos arguties n’ont aucune utilité sinon de vouloir imposer ses vues

    • Si l’agriculture industrielle a permis d’éviter des millions de morts par famine, je suis pour. Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas travailler pour réduire son impact environnemental.
      Si l’explication du recul des famines n’est pas l’agriculture intensive alors la seule crédible est l’augmentation du CO2. Probablement un peu des deux.

      • “Si l’agriculture industrielle a permis d’éviter des millions de morts par famine, je suis pour. ”
        Et bien pas moi, car en vérité je suis plutôt du genre malthusien.
        Famines, guerres, maladies tout cela servait autrefois à réguler la population.

        Les pratiques agricoles de ses dernières décennies (labour profond, pesticides, engrais chimiques) ont certes permis d’éviter de nombreuses famines, mais ont également contribuer à polluer et à appauvrir nos sols.
        Il s’agit peut-être là d’un bon calcul sur le court et moyen terme, mais d’un assez mauvais mauvais calcul sur le long terme.

        Car en effet, comment nourrir une population de plus en plus nombreuses avec des sols de moins en riches, mais aussi de moins en moins nombreux (un problème qui ne semblent d’ailleurs visiblement pas trop inquiéter nos soi-disant écolos qui aiment à planter des éoliennes un peu partout sur le territoire).

        Qui plus est si vous comptez en valeur absolu, il y a aujourd’hui davantage d’être humains sur la planète souffrant de sous-nutrition chronique qu’il ne pouvait y en avoir avant la révolution industrielle et la mécanisation de l’agriculture.

        En bon malthusien que je suis, je ne pouvais enfin manquer de terminer cette démonstration sans dire quelques mots au sujet des politiques d’aides au développement qui, loin d’avoir rendu service aux habitants des pays dit du Tiers-monde, ont surtout permis à certains de se faire du beurre sur la misère d’autrui et contribué a augmenté le nombre de crève-la-faim sur terre ; l’enfer étant souvent pavés de bonnes intentions.

        • Et si je vous disais qu’un sol n’est qu’un support?
          Un sol n’apporte presque rien aux plantes, d’un pont de vue nutritionnel.
          Dans le passé, les sols “riches” étaient situés aux pieds des volcans car riches en éléments minéraux.
          Un bon sol est un sol aux propriétés physiques qui permet d’avoir une bonne réserve utile en eau, qui se draine bien, aéré, ce qui lui permet d’avoir une bonne activité microbienne etc…
          Un sol mort est un épouvantail agité sans cesse.
          La “mort” d’un sol n’est pas irréversible, c’est à dire qu’il n’est pas mort.
          Au passage, on pouvait considérer les sols de la Champagne “pouilleuse” comme morts jadis, vu la très faible productivité. Aujourd’hui, nous y avons les meilleurs rendements de France. Idem pour nombre de “landes” en Bretagne où il ne poussait que des ajoncs, qui sont également devenues productives avec des rendements en blé qui dépassent les 100 quintaux /ha.

        • Commencez par vous même si vous pensez que nous sommes trop nombreux et laissez les bébés découvrir le.monde à votre place. Les théories malthusiennes s’appliquent toujours aux autres, c’est assez révélateur d’un dogme de bourgeois privilégié n’ayant même plus la notion de ce que la souffrance individuelle peut être.

          La seule façon de réduire l’exposition démographique est d’augmenter le niveau de vie des populations. Le niveau de vie des populations dépend de leur accès à une énergie abondante et bon marché.
          Ceci étant dit, les démographes s’accordent à dire que la population mondiale se stabilisera à 12 milliards quoiqu’il advienne.

          Enfin, concernant les aides aux pays en voie de développement, en effet, la croissance du niveau de vie (régulant mécaniquement la natalité) va avec la croissance économique et donc le commerce, la technologie, l’énergie. L’inverse de la politique d’arrosage des diasporas présentée lors de la dernière COP pour faire passer la pilule du “ne faites pas comme nous”.(à traduire par : restez pauvres). Du pur colonialisme bien abject.

          • C’est peut-être comme vous le dîtes les propos d’un “bourgeois privilégié” qui n’a pas connu ce qu’était la guerre ou la famine, mais c’est aussi et avant tout celui de quelqu’un qui abhorre la société de consommation totalement aliénantes est destructrice de la Nature et de l’environnement voulue et plébiscitée par les boomers et qui est plutôt partisan d’une “sobriété heureuse” (pour reprendre le titre d’un livre de Pierre Rabhi qui fut l’un des principaux promoteur de l’agro-écologie).

            Me suicider pour contribuer à régler le problème de la surpopulation ?
            Et bien je dirais que ceux qui devraient en premier lieu donner l’exemple sont ceux qui ont mènent un grand train de vie, ce qui est loin d’être mon cas.

            Vous semblez dire que je manque quelque peu de compassion ou d’empathie, mais en avez-vous pour tous ces millions d’animaux élevés en batteries qu’on gave d’antibiotiques pour nourrir une population qui croit à un rythme effrénée ?

            L’être humain serait-il si exceptionnellement supérieur aux poules, vaches, cochons ou lapins pour les exploiter de la sorte ?
            Pour ma part je ne le crois pas et ne vois pas ce qu’il y a de mal à le dire.

            12 milliards d’êtres humains ? Et combien vivrons en bonne santé ?

      • Aucune contestation possible: L’Inde connaissait de nombreuses famines jusque dans les années 60. Depuis cette époque, sa population a été multipliée par 3 et grâce à une forte mécanisation, à l’emploi d’engrais synthétiques et surtout à la hausse du taux de CO2 dans l’air, non seulement l’Inde nourrit sa population mais est devenu exportateur net de denrées agricoles !
        Lisez cet article provocateur “Gratitude for CO2: It Continues to Feed the World !”
        https://www.realclearmarkets.com/articles/2021/08/04/gratitude_for_c02_it_continues_to_feed_the_world_788506.html

  6. Une blogueuse “éleveuse de poules” en conversion en AB, concernée par ses réserves de substitution, en avait parlé, mieux que quiconque sur son blog il y a quelques temps, c’est ici https://lesjoliesrousses.home.blog/

    S’agissant de la sécheresse en Espagne, rien de nouveau sous le soleil si l’on peut dire. Pour faire face aux longues sécheresses, les conquérants musulmans en Espagne avaient mis en place des systèmes de barrages et retenues et un réseau sophistiqué et dense de canaux d’irrigation qui se doublait d’une gestion d’une grande sophistication juridique. Ce sont eux les premiers qui ont fait d’El Andalous un paradis agricole dont les rendements n’ont pas eu d’équivalent avant de longs siècles nulle part ailleurs en Europe.

    Je suis un peu fatiguée d’entendre parler des haies et des bandes fleuries comme la solution à tout.
    Les haies et les bandes fleuries, je les aime beaucoup en tant que passionnée de faune et de flore, mais on ne les mange pas.

    Il existe aujourd’hui une véritable mythologie de la haie qui a été développé par le monde écologiste.
    Notre France du passé aurait été un vaste bocage ! Que nenni.
    Le bocage tire son heure de gloire de la révolution française et de la fin des rotations imposées des pays d’Openfield qui concernait environ la moitié de la France, notamment centre, BP et nord avant la révolution.
    Openfield, cela veut dire champs ouverts, le parcellaire était effectivement extrêmement fragmenté, ce qui était un sacré souci pour tourner en labour à boeufs mais les parcelles n’étaient pas entourées de haies pour ne pas perdre de sol, on en avait pas les moyens ! et parce qu’à la suite des récoltes, la vaine pâture sur ces terres était le droit de tous, donc il ne fallait pas d’obstacles.
    Les haies se limitaient aux zones des jardins autour des villages, seules parcelles où les cultures n’étaient pas réglementées ou aux grands domaines seigneuriaux, cléricaux ou bourgeois qui parviennaient à se soustraire aux obligations de l’Openfield.
    Lorsque la révolution française rend la liberté de culture à chacun sur son sol et met fin aux vaines pâtures, alors la haie qui clôt la propriété se développe, mais là on est au XIXème siècle.
    Bref, la plupart des paysages de haies que l’on a arraché ces dernières années datent historiquement du XIXème voir du début du XXème siècle. Ce qui ne veut pas dire qu’il faut tout arracher, mais remettons juste les pendules à l’heure.
    Même le bocage normand est assez récent. Après avoir été une région forestière, la Normandie est aux siècles les plus chauds du moyen âge, une vaste terre à céréales.
    Le bocage normand date des XV-XVIème siècle, et se développe sans doute à la fois parce qu’il pleut davantage et parce que l’attraction du marché parisien en plein développement pousse la Normandie à se spécialiser dans l’élevage pour la viande et les produits animaux, fromages, beurre, oeufs. Du coup, on clôt les parcelles et avec des haies, parce que le fil électrique bien sûr n’existe pas et que le fil barbelé attendra la fin XIXème. On “plisse ou plesse” les haies soigneusement en fendant partiellement au pied les espèces soigneusement sélectionnées pour les entrecroiser au fil des ans de sorte à faire de parfaits enclos à bestiaux.

    Pour ce qui est des bandes fleuries, personnellement, je ne vois pas très bien ce qu’elles apportent à part aux apiculteurs qui en ont besoin. Et arrêtons de délirer avec les abeilles, nous n’en dépendons qu’à 10 ou 15% pour nos cultures contrairement aux intox qu’on lit ici et là.
    La plupart des céréales (blé, riz, orge, avoine) un certain nombre de légumineuses sont autogames et même parfois cléistogames, c’est à dire qu’elles s’autofécondent avant même que la fleur ne s’ouvre, alors exit les abeilles !

    Pour ce qui nécessite une pollinisation croisée, traditionnellement par des insectes qui ne sont pas forcément des abeilles, des solutions existent également.
    Elles peuvent être mécanique comme la récolte industrielle du pollen suivi de sa pulvérisation. C’est parfaitement au point pour les dattiers et les kiwis et en cours d’expérimentation pour les amandiers aux USA.
    D’autres solutions sont génétiques en modifiant les plantes, que l’on ait travaillé misérablement à l’ancienne comme on le fait en Europe, du fait des interdictions relatives aux plantes OGM, ou que l’on opéré en utilisant les technologies de pointe. Par exemple, bien que les concombres nécessitent théoriquement une fécondation croisée par des insectes, les fleurs mâles et femelles étant distinctes sur le même plant, tous les concombres aujourd’hui cultivés en serre en Europe résultent de nouvelles variétés aux fleurs hermaphrodites et autofécondantes. Qui vous le dira ?

    Arrêtons d’avoir peur du progrès, et arrêtons de s’imaginer que c’était mieux avant.
    Avant, c’était tout simplement épouvantable, que ce soit en terme d’espérance de vie que de qualité de vie… Faites de l’histoire, pas celle des traités ou des batailles, mais celle de la vie quotidienne.

    • L’intérêt des haies ou des bandes fleuries n’est pas seulement d’attirer les abeilles, mais tous les insectes susceptibles d’aider l’agriculteur appelés communément auxiliaires, tels que les coccinelles ou les carabes (une sorte de scarabée) par exemple. Sans quoi c’est open bar pour tous les insectes ravageurs.

      Peut-être que le rôle des abeilles est quelque peu surestimé, mais le fait est que celles-ci nous rendent bien des services. Si demain les pollinisateurs venaient à disparaître la diversité des légumes que l’on retrouverait dans nos assiettes serait considérablement réduite.

      Alors oui vous pouvez certes miser sur les OGM pour nourrir l’Humanité et faire fi du principe de précaution comme le firent d’ailleurs nos dirigeants et les autorité de santé durant la dite pandémie de covid, mais avec le recul que l’on a aujourd’hui on peut désormais affirmer sans prendre le risque de trop se tromper qu’il aurait été plus judicieux de suivre les conseils de personnes telles qu’Alexandra Henrion-Caude ou Didier Raoult. Bien des drames et des tragédies auraient pu alors être évités.

      • A quelqu’un qui cite Alexandra Henrion Caude, une ex généticienne “re” convertie au christianisme, devenue une fanatique de la parole de Dieu, style “born again” des américains, des gens totalement obscurantistes, il y a rien à répondre.

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