L’image d’un ours blanc affamé n’est pas la preuve du réchauffement climatique

Un ours polaire moribond : le poids des mots, le choc des photos

Une vidéo postée par le National Geographic Magazine  a battu tous les records d’audience sur les réseaux sociaux : elle montre un ours blanc agonisant fouillant dans les poubelles avant d’aller mourir dans la neige.  Les images ont été prises par le photographe Paul Nicklen co-fondateur de SeaLegacy, une organisation de défense des océans qui se propose d’utiliser la puissance des images et du récit (story telling) pour sensibiliser l’opinion aux questions environnementales. « C’est une scène déchirante qui me hante encore…la vérité est celle-ci : si la Terre continue de se réchauffer, nous perdrons des ours et des écosystèmes polaires entier » a déclaré Paul Nicklen. La vidéo a été prise en été dans l’île de Baffin, au nord-est du Canada, normalement libre de glaces à cette période de l’année. Selon le biologiste Jeff Higdon l’ours n’était pas affamé à cause de la glace qui aurait soudainement disparu l’empêchant de chasser les phoques mais  plus probablement en raison de problèmes de santé. « Il est donc incorrect de considérer que la situation de l’ours puisse être représentative du reste de la population », a t-il indiqué.

La population des ours polaires est globalement stable, voire en augmentation notamment sur L’île de Baffin

Un article récemment publié sur le site des climato-réalistes montre que les ours polaires se portent plutôt bien avec une population officiellement estimée à 25 000 individus. Selon certains spécialistes leur nombre serait même sous-estimé : ainsi les biologistes Susan Crockford et Mitchell Taylor affirment que les ours polaires sont plus nombreux aujourd’hui qu’il y a 40 ans.

Une étude de 2013 publiée dans la revue Ecologie et évolution a cartographié la localisation des sous-populations canadiennes d’ours polaires qui (sauf dans le bassin de Kane) sont stables ou en croissance, notamment sur L’île de Baffin (BB sur la carte ci-dessous) où a été photographié l’ours affamé.

Carte ours polaire

Population des ours polaires au Canada en 2013.

Le gouvernement canadien estime que sur l’île de Baffin la population d’ours est globalement stable et a enregistré même une hausse probable sur sa côte sud-est.

L’Ours blanc en danger : une prévision issue de modèles informatiques

Le « consensus » est que la régression estivale de la banquise serait la principale menace qui pèse sur l’évolution des ours blancs.  En effet, l’ours polaire a besoin de la banquise pour chasser les phoques. Il est incapable de saisir un phoque dans l’eau, il faut que les phoques soient au repos sur la glace pour qu’il puisse les approcher. Sans banquise, plus d’ours. A l’aide de modèles informatiques, le PNSG (Polar Bear Specialist Group) a ainsi tenté d’évaluer la réponse potentielle de la population d’ours blanc à la régression prévue de la banquise sur une période de 35-40 ans et conclut sans surprises à une probabilité élevée de réduction de la population d’ours blanc si la perte de la banquise se poursuivait. Le PNSG admet néanmoins une grande incertitude dans les projections d’évolution de la banquise arctique sur une aussi longue période.

L’hybridation des ours polaires 

D’autre part les ours polaires peuvent s’adapter et même évoluer. Jean Claude Pont (membre du comité scientifique de notre association), estime que si les territoires de chasse se réduisent, l’ours polaire peut en changer pour trouver de nouvelles proies ou même s’hybrider en se reproduisant  avec des ours bruns. Cette dernière hypothèse est loin d’être farfelue. L’hybridation des ours polaires a été étudiée par le biologiste français Hervé Le Guyader professeur de biologie évolutive à l’Université Pierre-et-Marie-Curie : le génome complet des ours blanc montre que celui-ci descend d’un hybride entre l’ours brun et l’ours blanc (Pizzly),  hybridation qui s’est produite lors de la dernière période inter glaciaire il y a plus de 100 000 ans.

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