Le syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles (en anglais, CCD pour « Colony Collapse Disorder ») est un phénomène de mortalité anormale et récurrente des colonies d’abeilles domestiques.
Le phénomène est apparu en 1998 en Europe et à partir de l’hiver 2006-2007 aux États-Unis. Il se manifeste par des ruches subitement vidées de presque toutes leurs abeilles, généralement à la sortie de l’hiver, plus rarement en pleine saison de butinage. Certaines années 30 % des colonies peuvent disparaître.
Les apiculteurs et les ONG environnementalistes ont désigné les pesticides systémiques et notamment les néonicotinoïdes comme les principaux responsables du phénomène. La controverse n’a pas tardé à s’idéologiser, puis à se politiser.
Après 20 ans de débats, la France a interdit l’utilisation des néonicotinoïdes à partir du 1er septembre 2018. Elle les a de nouveau autorisés en février 2021 sous forme d’une dérogation temporaire accordée aux betteraviers qui avaient été particulièrement touchés en 2020 par une épidémie de virus de la jaunisse. L’autorisation a été renouvelée en janvier 2022.
L’Union européenne de son côté légifère à tour de bras. Le 27 avril 2018, elle décide d’interdire trois produits de la famille des néonicotinoïdes (clothianidine, imidaclopride, thiaméthoxame) jugés « dangereux pour les abeilles sur toutes les cultures de plein air ». Le 28 juin 2021, les États membres ont accepté la proposition de la Commission européenne de fixer à 10% le taux de mortalité acceptable causés par les pesticides aux colonies d’abeilles domestiques. Le 22 juin 2022, dans le cadre du Pacte vert, la Commission européenne a adopté des propositions pour réduire de 50% l’utilisation des pesticides d’ici à 2030 pour « Inverser le déclin des populations de pollinisateurs d’ici à 2030 puis accroître leurs populations ».
Cette inflation législative chaotique est la marque des pressions exercées par les ONG environnementales sur les décideurs politiques. Cet article a pour objectif de clarifier un débat rendu confus par le mélange des genres (idéologie, science et politique)
Une production de miel globalement en augmentation
Au plan mondial
La production mondiale de miel s’élevait en 1961 à 449 140 Tonnes. Elle était en 2018 de 1 798 501 Tonnes. Entre 1961 et 2018 la production de la Chine a été multiplié par 8,6 pour atteindre 457 203 tonnes de miel soit le
quart de la production mondiale de miel, loin devant la Turquie (2ème producteur mondial) dont la production a été multipliée par 14 entre 1961 et 2018. (Source : AgriData 22 septembre 2020).
Le graphique ci-dessous montre l’évolution de la production de la Chine et celle des autres régions du monde productrices au cours de la dernière décennie.
La stagnation des stocks d’abeilles mellifères domestiquées en Europe occidentale et aux États-Unis au cours du XXe siècle a été plus que compensée par de fortes augmentations en Europe orientale, en Asie, en Amérique latine et en Afrique. On estime que le nombre de ruches d’abeilles gérées dans le monde a augmenté d’environ 45 % au cours des cinq dernières décennies.
En France
La France qui était le 13ème producteur mondial en 1961 a régressé au 27ème rang mondial (Source : AgriData 22 septembre 2020).
Le tableau ci-dessous montre l’évolution de la production française depuis 2004. On note une très grande variabilité annuelle, due aux conditions climatiques. L’année 2020 a été est une année record de miel avec une production de 31 791 tonnes. Cette hausse s’explique par une augmentation du nombre de ruches (71 273 apiculteurs déclarés en 2020, soit une augmentation de près de 14 % par rapport à 2019), et surtout par une augmentation des rendements par ruche (23,3 kg/ruche en 2020, soit 30 % de plus qu’en 2019).
Après une bonne année en 2020, la saison 2021 a été mauvaise (entre 7 et 9 000 tonnes), à cause de conditions climatiques défavorables au printemps et en été qui n’ont pas permis aux abeilles de bénéficier des floraisons.
Les données françaises montrent une grande variabilité annuelle mais non un effondrement.
Mortalité hivernale : une grande variabilité temporelle et géographique.
Selon le rapport du programme européen EPILOBEE 2012-2014 (créé pour évaluer les pertes de colonies d’abeilles mellifères dans les États membres participants) le taux de mortalité pour l’hiver 2013-2014 se situait dans une fourchette (2,4% à 15,4%), contre (3.2% à 32.4%) pendant l’hiver 2012-2013.
La diminution des taux de mortalité des colonies entre ces deux années est notable.
Pour l’année 2015-2016, le programme COLOSS qui a étudié 29 pays européens trouvait un taux global de mortalité hivernale de 12,0 %, et pour l’année 2018-19 (35 pays étudiés dont 31 en Europe) un taux global de perte hivernale de colonies de 16,7 %. Les taux de perte varient considérablement d’un pays à l’autre, de 5,8 % à 32,0 %.
Les néonicotinoïdes sont-ils des tueurs d’abeilles ?
Les néonicotinoïdes sont des insecticides utilisés depuis la fin des années 1990. Ils représentent un tiers des ventes de pesticides dans le monde. Leur particularité est que contrairement aux insecticides « classiques » qui sont directement pulvérisés sur les cultures, les néonicotinoïdes utilisent la technique de l’enrobage. Le produit est donc appliqué sur la graine avant même que celle-ci n’ait germé. De cette manière, le produit circule dans tout le système vasculaire de la plante, des racines jusqu’aux feuilles pour rendre sa protection persistante, d’où son appellation de « systémiques ».
Pas d’effet direct sur la mortalité des abeilles
Les abeilles peuvent entrer en contact avec les néonicotinoïdes par contact avec les poussières de néonicotinoïdes dans l’air lors de la plantation des semences traitées, ou bien par absorption du pollen du nectar ou de la sève de plantes cultivées à partir de semences traitées.
Il est en général admis que les produits phytosanitaires ne sont pas une menace directe pour la vie des abeilles, sauf lorsque les recommandations d’utilisation ne sont pas respectées. Les quelques dommages rapportés sur la santé des abeilles dus à ces produits sont liés à de rares cas d’utilisation inappropriée du produit par les agriculteurs, notamment lors d’une exposition aiguë aux poussières de néonicotinoïdes générées lors de la plantation de semences de maïs enrobées.
À l’exception de ces cas bien documentés, les données de surveillance recueillies dans des pays gros utilisateurs (États-Unis, Canada, Australie) n’indiquent pas d’effets néfastes aux doses auxquelles les pollinisateurs sont exposés sur le terrain.
Quels effets potentiels à long terme ?
Certaines recherches scientifiques récentes suggèrent que des effets à long terme sur les pollinisateurs pourraient résulter de niveaux d’exposition sublétale. Les niveaux d’exposition sublétale sont des niveaux d’exposition plus faibles, qui n’entraînent pas de mortalité immédiate mais qui modifieraient le comportement des abeilles et les rendraient plus sensibles à d’autres facteurs de stress dans l’environnement.
Les expérimentations qui ont été faites pour prouver l’effet nocif des néonicotinoïdes sur les abeilles (notamment celle de Henry et al. etcelle de Scheinder et al (2012) ont consisté à équiper des abeilles de micropuces RFID (Radio frequency identification) permettant de surveiller leurs entrées et sorties de la ruche. L’évolution démographique des colonies d’abeilles a été ensuite simulé à l’aide de modèles mathématiques. Ces expérimentations concluent que les abeilles intoxiquées par les néonicotinoïdes perdent leur sens de l’orientation et ne retrouvent plus le chemin de la ruche.
La méthodologie de ces expérimentations a été contestée, notamment par :
- L’Agence Européenne EFSA (European food safety Authority) selon laquelle les concentrations de pesticides ayant été testées dans les études sont plus élevées que les plus hauts niveaux enregistrés de résidus de néonicotinoïdes présents dans le nectar. Les abeilles avaient consommé la quantité totale de substance active dans un intervalle de temps relativement court plutôt que sur une période plus longue et plus proche des conditions de terrain réelles. (Cf l’article « L’EFSA examine des études concernant certains pesticides et la santé des abeilles » ;
- L’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) qui estime que les doses administrées aux butineuses étaient bien plus importantes que celles auxquelles les abeilles sont exposées en conditions réelles ;
- Une étude australienne de juin 2013 (David Guez) qui conclut que « les projections des modèle utilisées sont erronées et ne peuvent pas être utilisées comme une évaluation réaliste de l’impact potentiel de l’exposition alimentaire au thiaméthoxame sur les abeilles butineuses »
- L’Agence canadienne (ARLA) qui a fait en 2014 une évaluation des possibles effets à long terme sur les pollinisateurs estime que les études ont généralement été menées dans des conditions de laboratoire ou sur le terrain, avec une exposition à des doses plus élevées que celles qui sont normalement mesurées dans l’environnement. Une mise à jour du rapport de l’ARLA a été publiée en décembre 2017.
- André Fougeroux (membre correspondant de l’Académie d’Agriculture). Il indique dans un article publié en juillet 2018 par le journal en ligne Atlantico : « La plupart des études de plein-champ ne montrent pas d’effet négatif des protections de semences par NNIC sur les colonies d’abeilles. Les anti-NNIC mettent en avant des études de laboratoire avec des doses excessives qui ne correspondent pas à la pratique agricole pour montrer qu’il y a un risque inacceptable ».
L’exemple d’autres pays qui ont maintenu les néonicotinoïdes
Les produits phytosanitaires, y compris ceux à base de néonicotinoïdes sont utilisés depuis de nombreuses années, sur des millions d’hectares dans de nombreux pays comme les USA, l’Australie, l’Ukraine, la Turquie, la Chine qui ont maintenu les néonicotinoïdes et dont l’état du cheptel apicole est bon, ces pays faisant partie des plus gros producteurs de miel.
L’Agence canadienne de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) indique dans un rapport de 2014 que « bien que les pesticides de la classe des néonicotinoïdes soient actuellement couramment utilisés sur bon nombre de cultures au Canada, la seule situation au cours de laquelle une mortalité élevée des abeilles a été directement liée à ces pesticides est celle d’une exposition à la poussière libérée par certains types de semoirs durant la mise en terre de semences de maïs et de soja traitées aux néonicotinoïdes ».
Un rapport de Février 2014 de l’APVMA (Australian Pesticides and Veterinary Medicines Authority), indique qu’en Australie, pays utilisateur des néonicotinoïdes à grande échelle (mais complètement à l’abri du Varoa en raison de sa stricte politique sanitaire), les colonies d’abeilles ne sont pas en déclin.
Aux États-Unis, un rapport qui avait été demandé Barak Obama en septembre 2014 conclut que « Les pesticides néonicotinoïdes ne posent aucune menace lorsque les produits sont utilisés conformément aux exigences réglementaires. Les études qui accusent les néonicotinoïdes de contribuer au déclin de la santé des abeilles sont mal conçues et reposent sur un surdosage massif de populations d’échantillons d’abeilles. »
Dans un article intitulé « Abeilles et pesticides : quelques rappels à l’histoire » publié par la revue Alternatives économiques le 2 février 2013, l’agronome Alain Godard indiquait :
« Si les abeilles avaient dû disparaitre à cause des pesticides, c’est la décennie 70 que cela aurait dû avoir lieu. A l’époque, les agriculteurs pulvérisaient sur leurs cultures du lindane, un produit reconnu extrêmement toxique sur les abeilles et responsable de la pollution des sols et des eaux. Ces produits étaient de plus appliqués sans aucune précaution en pleine période de floraison sur les vergers et les champs de colza, y compris pour ces derniers par les hélicoptères de traitement qui faisaient leur apparition. Or, il n’y a eu à cette époque aucune observation scientifique ou pratique sur une quelconque réduction des colonies d’abeilles. »
La surmortalité des colonies d’abeilles, un phénomène complexe aux causes multiples
En dehors des facteurs climatiques qui sont évidemment déterminants, et des effets potentiels des néonicotinoïdes, les causes de la surmortalité des abeilles peuvent être regroupées en quatre catégories :
- Les acariens et parasites porteur de maladies bactériennes contagieuses ;
- L’appauvrissement des sources d’alimentation ;
- Les facteurs génétiques ;
- Les mauvaises pratiques apicoles.
Ces différentes causes interagissent et peuvent avoir des effets cumulatifs.
Les acariens et autres parasites porteurs de maladies bactériennes contagieuses.
Trois acariens suceurs de « sang » sont particulièrement préoccupants et touchent actuellement les abeilles dans le monde entier : Varroa, Acarapis et Tropilaelaps (ce dernier n’étant pas encore arrivé en France).
Le varroa destructor est le plus destructeur. C’est un acarien arrivé d’Asie dans les années 1950 qui a envahi l’Europe. Le varroa est toléré par l’apis cerana (l’abeille asiatique). En 1952 le varroa qui avait jusqu’alors toujours vécu avec l’apis cerana s’installe avec l’apis mellifera, notre abeille européenne. C’est en 1982 qu’on l’aperçoit pour la première fois en France. Le monde est progressivement envahi par cet acarien à l’exception de l’Australie et de la Nouvelle Zélande. Le varroa destructor tue aussi bien les adultes que les larves, et transmet également un certain nombre de virus très hostiles aux abeilles. Selon une étude américaine la prévalence chronique du virus de la paralysie des abeilles a doublé chaque année depuis 2010.
Depuis 2004, il faut ajouter à cela la prédation du frelon asiatique qui pénètre dans les ruches et se nourrit tant du miel que des larves et des ouvrières. Contrairement à leurs consœurs d’Asie, les abeilles européennes n’ont pas développé de défenses contre le frelon asiatique.
L’appauvrissement des sources d’alimentation
Pour couvrir leurs besoins, les abeilles doivent avoir accès à un pollen de qualité issu d’une flore diversifiée (source de protéines) et à du nectar afin de produire le miel qui est stocké au cours de la saison apicole. Toutes les ressources alimentaires ne sont pas de qualité équivalente. En effet, certains pollens, plus riches en nutriments, sont choisis de façon préférentielle par les abeilles. La diminution de la biodiversité, liée notamment à la monoculture, a pour conséquence une réduction du nombre d’espèces de plantes disponibles ainsi qu’à un raccourcissement de de la période pendant laquelle diverses plantes mellifères en fleurs sont disponibles. Le manque de pollen, l’absence de réserves suffisantes, un manque de diversité ou de qualité dans ces apports peuvent affecter la bonne santé des colonies d’abeilles.
Les facteurs génétiques
Cela est moins connu mais l’une des principales raisons de ce syndrome d’effondrement des colonies pourrait résider dans l’affaiblissement de la base génétique des abeilles, un phénomène dû à l’importation massive de souches d’abeilles (de reines en particulier), venues généralement du Sud de l’Europe, et non adaptables à la flore et au climat du pays d’importation.
Les abeilles importées créent un métissage incontrôlable des abeilles endémiques, comme Apis mellifera mellifera, l’abeille noire endémique d’Europe de l’Ouest, aujourd’hui menacée.
Les abeilles domestiques peuvent alors souffrir d’un manque de variabilité génétique, ce qui augmente le risque de maladies héréditaires, diminue la vitalité et la vigueur des individus et conduit à une plus grande vulnérabilité aux maladies infectieuses.
De plus, ce grand brassage international favorise l’introduction et la diffusion à grande échelle de ravageurs et de nouvelles maladies qui contribue à l’affaiblissement des abeilles.
Les mauvaises pratiques apicoles
Les mauvaises pratiques apicoles sont une donnée centrale dans l’explication de la surmortalité des abeilles, aujourd’hui prises en compte par les études scientifiques et les expertises. On observe des différences dans les pratiques entre les apiculteurs touchés par la surmortalité et ceux qui ne le sont pas. Sur une même zone, certaines exploitations sont régulièrement touchées (30 à 50 % de pertes), alors que les exploitations adjacentes ne le sont que dans des proportions normales (3 à 8 % de pertes). Ces distorsions sont dues à des pratiques apicoles différentes, dans le processus de mise en hivernage, le traitement du Varroa, ou encore le changement des reines.
NB : En France, 80 % des apiculteurs français sont des amateurs généralement peu formés, ne réagissant pas de façon appropriée aux différents problèmes rencontrés par les abeilles.
Quelques pistes de réflexion
Il n’est pas possible d’être conclusif sur un sujet aussi complexe. Aussi, nous nous contenterons de suggérer quelques pistes de réflexion.
Les néonicotinoïde sont un progrès considérable au regard des anciennes familles d’insecticide employées auparavant
Comme l’a écrit l’ingénieur agronome André Fougeroux dans l’article déjà cité (Atantico juillet 2018), « les néonicotinoïdes ont constitué un progrès considérable au regard des anciennes familles employées auparavant. Très peu de substance active nécessaire pour une bonne efficacité, une possibilité de localiser le produit sur les semences au lieu de pulvériser les cultures, des classements toxicologiques très favorables et globalement plus de bénéfices que de risques ».
L’abandon des néonicotinoïdes entraînerait une baisse du rendement de cultures comme le maïs, le colza, le blé, l’orge et la betterave à sucre dans des proportions difficiles à évaluer mais qui pourraient se situer entre 20 et 40%.
Et comme il n’existe pas d’alternative efficace aux néonicotinoïdes, il faudrait pour compenser ces pertes de récoltes, cultiver des millions d’hectares supplémentaires de terres agricoles en dehors de l’Union européenne.
D’autant que le lien avec la mortalité des abeilles est ténu. L’ANSES le reconnaît implicitement en indiquant dans un rapport du 12 janvier 2016 que « malgré des efforts de recherche considérables, il manque toujours des connaissances importantes concernant l’impact des néonicotinoïdes sur les abeilles ». Le rapport admet également « le caractère multifactoriel des causes de mortalité des colonies d’abeilles ».
Les recherches sur les effets à long terme des néonicotinoïdes sur les polinisateurs doivent évidemment être poursuivies, mais le travail des scientifiques devrait être exempt de pré supposés idéologiques ou soumis aux pressions des ONG environnementales. Les décideurs devraient pouvoir baser leurs décisions sur des études non biaisées, ce qui n’est pas le cas actuellement.
De même que les causes sont multi factorielles, les solutions devraient l’être aussi
Il faut pour enrayer le déclin des abeilles agir sur plusieurs leviers, et non pas sur les seuls effets des pesticides. Syngenta et Bayer avait proposé en mars 2013 de lancer un vaste plan d’action pour aider l’Union européenne à sortir de l’impasse concernant l’état sanitaire des abeilles. Ce plan d’action s’articule autour des cinq axes suivants :
- Augmentation dans toute l’UE la création de bordures de champs fleuris ;
- Mise en place d’un programme de surveillance de la santé des abeilles ;
- Mise en place de mesures strictes pour atténuer les risques lors de l’utilisation de semences traitées ;
- Mise en place de nouvelles technologies pour réduire les poussières lors de l’utilisation de semences traitées ;
- Recherche de nouvelles solutions pour lutter contre les raisons principales qui affectent la santé des abeilles, comme les parasites.
L’aspect sanitaire est aussi fondamental. Cela est reconnu par l’ANSES qui dans un rapport d’avril 2012 faisait la recommandation suivante :
« En raison du caractère multifactoriel des affaiblissements des populations d’abeilles, une bonne gestion sanitaire des ruchers constitue la base de la lutte contre ce phénomène… Des actions préventives efficaces peuvent être entreprises par les apiculteurs. »
Vous oublier un aspect : la qualité gustative et sanitaire du miel d’abeilles contaminées par un insecticide quel qu’il soit et également l’insecte parasite des colonies le varroa…
Vu les espèces de plantes introduites et ensauvagées en France depuis une 50aine d’années, dans certaines régions, il y a bien plus à craindre des miels toxiques naturellement (par butinage de fleurs toxiques pour l’humain) que d’une quelconque contamination par des pesticides. Cet aspect est bien connu des historiens (ce fut une arme de guerre dans l’Antiquité) et des scientifiques, mais absolument inconnu du grand public, et soigneusement tenu sous silence dans le monde apicole.
Quand à la qualité gustative des miels contaminés par un insecticide, si vous êtes capable d’identifier une telle contamination, il faut vous faire embaucher comme testeur, c’est tout simplement prodigieux.
Les abeilles se portent à merveille chez les professionnels de l’apiculture, qui les soignent quand elles sont malades, les protègent des prédateurs, les abreuvent s’il fait sec, les nourrissent si la nourriture manque, les protègent d’un froid tardif. Les abeilles se portent très mal chez les guignols apiculteurs amateurs, adorateurs de la nature, qui refusent d’intervenir pour s’occuper de leurs élevages, au nom du « laisser faire la nature » et qui les perdent faute de soins. Autre point sensible, les professionnels travaillent en général en collaboration avec des arboriculteurs ou des agriculteurs, ou encore des semenciers, voir des forestiers ou possèdent eux mêmes des terres en superficie suffisante. Les professionnels produisent donc un miel clairement identifiable quand aux zones de butinage et espèces de plantes butinées, ce qui limite drastiquement les risques de contamination par des plantes toxiques. L’apiculteur amateur installe en général ses ruches dans un bout de terrain possédé ou prêté au gré de ce qu’il peut trouver, mais ses abeilles n’évoluent pas au centre d’une zone définie. elles vont où elles peuvent n’importe où, chez autrui. Le type de fleurs butinées n’est donc absolument connu et contrôlé par l’apiculteur amateur d’où des risques supérieurs de contamination par plantes toxiques. Heureusement la production par les amateurs est faible.
La science, la rationnalité, la raison en opposition à l’idéologie écologiste.
Merci pour cet éclairage pertinent dont j’ignorais tout.
Je suis un guignol apiculteur amateur. Il est faux de dire que les guignols ne prennent pas soin de leurs abeilles, tout simplement parce que si vous ne vous en occupez pas, vous n’avez plus de ruches au bout de quelques années.
Je suis en contact avec d’autres apiculteurs plus professionnels qui perdent régulièrement un bon pourcentage de ruches.
Contrairement à ce qui est dit dans l’article, le frelon asiatique ne rentre pas dans la ruche (trop gros). Il se met en vol stationnaire devant la ruche et dévore tout ce qui sort.
Les amateurs n’ont pas besoin d’en vivre, les “plus professionnels” comme vous dites, non plus, les “vrais professionnels” si, ils ont un bilan et leurs finances quotidiennes en dépendent, donc ils sont très très pro et leurs pertes bien rares. J’ai hébergé dans un de mes vergers un de ces amateurs pendant quelques années. Il a passé ses années à aller racheter des essaims car il perdaient la moitié de ses effectifs tous les ans. Abeilles non traitées, il pensait qu’en laissant faire la nature, elles se renforceraient toutes seules contre le varroa en 2-3 ans, abeilles non nourries (bonjour les dégâts sur les pruniers quand les abeilles n’ont pas de sirop de nourrissement sur un été sec, merci à ce guignol pour les dégats), abeilles non abreuvées (j’amenais de l’eau quand je le pouvais, cela ne servait à rien de lui dire). Il a fini par perdre toutes ses ruches sur le grand froid de printemps 2021. Je l’avais sensibilisé plusieurs fois à la nécessité de prévoir des couvertures thermiques. Je ne connaissais jusqu’alors que des pro, et j’avais voulu aider un “jeune amateur”, je ne recommencerais jamais, cela m’a révolté.
Les apiculteurs professionnels déplacent leurs ruches au grès des floraisons et ne les laissent pas sur des terrains inappropriés. Les fortes chaleurs durant l’été impactent fortement la mortalité des abeilles si elle ne sont pas abreuvées. Cette pratique n’est pas nouvelle mais peut-être contraignante il faut abreuver et nettoyer régulièrement pour éviter la prolifération de moustique ou autre durant les vacances d’été.
Le goût du miel est totalement subjectif et ne dépends pas uniquement du butinage, il y a aussi un travail de l’apiculteur lors de l’extraction du miel, de la filtration, de la maturation … Ici c’est plus la propreté des locaux, du personnel et le contrôle de la température et de l’humidité qui joue un rôle prépondérant… Il y a trente ans les agriculteurs utilisaient bien plus de pesticide et d’intran que de nos jours, les normes sont de plus en plus contraignantes.
Très juste, un commentaire de “vrai” pro…
Bonjour,
Votre article me sort par les trous de nez littéralement car tellement contraire à la réalité. Je ne suis pas professionnel de l’apiculture moi même mais j’ai plusieurs professionnels dans mon entourage très proche. Leur observations sur le terrain sont totalement contraires à ce qui est dit dans l’article, mais alors totalement. Prétendre qu’un essaim ne peut pas prospérer sans neocotinoides, (invention récente à l’echelle de l’histoire de l’apiculture) est absolument faux, experiences de PROFESSIONNELS à l’appui. En fait, montrer les limites des études montrant la dangerosité des neocotinoides ne prouvent en aucun cas leur innocuité. (d’autant que vous ne parler pas du financement des études cherchant à montrer l’innocuité des neocotinoides, en réalité ces études sont toutes financées directement par les entreprises phyto ou pire encore par le contribuable par le biais corruption des “élites” par les lobbies phyto)
En revanche, attribué tous les problèmes liés aux pertes d’essaims aux neocotinoides seraient ridicules. Exposition aux ondes electro, autres pesticides, mauvaises pratiques,.. il existe bien d’autres explications.
Une mascarade similaire a lieu sur le sujet du “rechauffement” climatique qui serait entièrement dûe au CO2/methane: une recherche publique au service d’intérêts privés.
Je pense qu’il faudrait que vous visitiez davantage d’apicultures qui n’utilisent aucun intrant chimiques, de toute façon les mots n’y changeront rien, seule la réalité pourra peut être vous faire changer d’avis.
Quand je disais “plus professionnel” (que moi), je parlais d’un ami qui gère une cinquantaine de ruches, formateur au CIVAM, association qui promeut l’apiculture. Il connait son sujet.
Je ne suis pas scientifique, mais je ne comprends pas comment on peut s’imaginer utiliser des pesticides (il faudrait dire insecticides) sans répercussions sur les abeilles (et sur les hommes aussi d’ailleurs; voir le documentaire de “complément d’enquête” sur la qualité de l’eau passé dernièrement sur france2 je crois.
Quant à savoir s’il est préférable d’utiliser moins de pesticides en quantité mais plus efficaces (c’est à dire nocifs), je laisse ça aux spécialistes…
Mais vous m’avez l’air d’être bien sûr de vous, et un peu méprisant.
D’habitude je vous suis volontiers concernant le climat mais cet article équivoque et les commentaires insultants digne d’un troll sont tellement contraires à la réalité constatée sur le terrain qu’un doute me vient sur la crédibilité du reste du site.
Ceux qui perdent subitement leurs essaims seraient donc tous des guignols ignorant des bases du métier, même après des dizaines d’années de pratique ? Un peu court, jeune homme, d’autant que ce sont justement les professionnels qui témoignent et alertent.
Un prochain article va-t-il nous expliquer « scientifiquement » que les néonicotinoïdes sont bénéfiques à la santé humaine comme à celles des abeilles ? Combien de cuillères par jour ?
Tout ça est loin d’être convaincant et, pour vous le dire sincèrement, introduit une suspicion sur le sérieux de vos méthodes, de votre documentation, des intervenants et sur l’objectivité de vos intentions.
Bonjour,
je suis de l’avis de Paul. Attention, à ne pas confondre réchauffement climatique et pratiques agricoles dont l’usage des pesticides en très grande quantité est un business qui fait tourner ceux qui gravitent autour des exploitations agricoles depuis plus de 70 ans. On devrait lire le livre “les plantes malades des pesticides” de Francis Chaboussou (chercheur INRA) des années 60-70 qui éclaire très bien sur le sujet dont on passe sous silence depuis tant d’années.
J’ai un ami professionnel (400 ruches) que je connais depuis 25 ans et qui fait le constat (avec ses collègues pro) que dans les 80 et début 90, certaines ruches produisaient jusqu’à 100 kg de miel (exceptionnel mais pas rare) quand tout était réuni (météo, fleurs, essaim en bonne santé et imposante soit 8-10 kg d’abeilles = 1kg équivaut à 10 000 abeilles…) pour une production moyenne de 30-40 kg / ruche au moins. Aujourd’hui, quand on fait 20 kg / ruche de moyenne sur une année c’est bien et bien sûr les 100 kg ne se voient plus depuis bien longtemps. on va me dire que ce n’est pas que les pesticides, mais la génétique des abeilles, le sanitaire, les cultures… Oui c’est vrai car multifactoriel mais les insecticides sont la cause première. C’est aussi pour cela qu’il est passé de 300 à 400 ruches afin de garantir une rentabilité économique de son activité. Donc, non les abeilles ne se portent pas à merveille chez les apiculteurs pro !!!
Par exemple, le gaucho dans les 90, début 2000 a été la cause pour mon ami de l’arrêt de la transhumance en Vendée pour du miel de tournesol traité avec ce produit (semence). Pourquoi ? 80-90% des essaims mourraient au pied des ruches en 3-4 mois et le frelon asiatique n’était pas présent (avant l’utilisation de cet insecticide, les récoltes de miel étaient bonnes !). C’était des pertes économiques colossales, pertes qu’il n’a pas à 100 km au nord (Bretagne) pour ces autres miels. Bizarre non ? Les exemples et les études dans le secteur apicole et d’en d’autres démontrent de plus en plus la dangerosité. Le monde agricole est globalement capable de s’en passer (si si, sous notre climat tempéré, c’est possible) et les producteurs biologiques de plus en plus nombreux depuis plusieurs décennies, le prouvent sur le plan français, européen et mondial. Des progrès considérables en Bio sont encore possible grâce à la science, les observations terrains des agriculteurs
Je travaille dans l’agriculture en ayant la chance de côtoyer des agris tous les jours et de travailler avec beaucoup de chercheurs institutionnels et indépendants, sans parler aussi de la médecine humaine. Les pesticides sont un vrai problème de santé publique même si on essaie par beaucoup de moyens financiers et de communication de l’étouffer. Les intérêts (emploi, chiffres d’affaires de coop, de laboratoires,…) sont immenses et remettraient le modèle agricole dominant.
Au fait, la production de miel qui augmente ? oui c’est indéniable et tant mieux pour l’être humain mais attention car c’est un des produits (sinon le 1er) qui est le plus trafiqué par du sirop, notamment en Chine. Demander au douanes…