Les ours polaires se portent bien

Résumé : La journée internationale de l’ours polaire du 27 février 2017 a été l’occasion pour la Fondation GWPF d’appeler à une réévaluation du statut des ours polaires déclarés « espèce vulnérable » depuis 2006. La population des ours polaires est stable, voire en augmentation comme le montre la biologiste Susan Crockford ici. Les menaces qui pèsent sur l’avenir de cette espèce sont liées aux projections de réduction de la banquise arctique issues des modèles du GIEC.

 La population des ours polaires est globalement stable, voire en augmentation

Le PBSG (Polar Bear Specialist Group) estime la population globale entre 20 000 et 25 000 ours (données 2005). Ce nombre semble relativement stable, le dernier recensement de 1999 donnait une évaluation semblable.

La marge d’incertitude (5 000 ours) est due au fait qu’on ne dispose d’estimations rigoureuses que pour quatorze[1] des dix-neuf sous-populations recensées, représentant 18 349 ours.

En revanche, il n’y a pas de données fiables pour cinq sous populations [2] : ainsi, le nombre d’ours varie de plusieurs centaines à quelques milliers dans les sous-populations de Chukchi, Kara, Laptev et de l’Est Groenland.

La biologiste Susan Crockford [3] estime que le nombre d’ours polaire est sous-évalué : elle va même jusqu’à affirmer qu’ils sont plus nombreux aujourd’hui qu’il y a 40 ans ; selon Susan Crockford :

  • Une première estimation de la population de la mer de Kara achevée à la fin de 2014 par des biologistes russes pourrait ajouter 3 200 ours au total mondial ;
  • Il n’existe toujours pas d’estimation officielle de la population pour la mer de Chukchi : officiellement indiquée comme étant nulle, on l’estime à environ 2000 individus ;
  • Selon un sondage préliminaire mené par le US Fish & Wildlife Service, le nombre d’ours du sud de Beaufort était plus élevé en 2012 qu’au cours des dix dernières années ;
  • Enfin dans le bassin de Foxe et dans le détroit de Davis méridional les ours polaires seraient si nombreux qu’ils risquent de décimer certaines colonies d’oiseaux de mer qui nichent dans cette région.

Le biologiste Mitchell Taylor [4] qui est l’un des grands spécialistes mondiaux des ours polaires, affirme que leur nombre est beaucoup plus élevé qu’il y a 30 ans. Sur les dix-neuf sous-populations, dix-sept augmentent ou sont à des niveaux optimaux, deux ont légèrement décliné pour des raisons locales .

Enfin, une publication de 2013 montre que les sous-populations canadiennes d’ours polaires étaient stables ou en croissance, une seule en déclin (bassin de Kane). Les chercheurs estiment que les ours polaires du Canada ne sont pas en situation de crise climatique et recommande que le suivi des impacts du déclin de la banquise sur les sous-populations d’ours polaires soit poursuivi et amélioré.

Les ours polaires figurent indûment sur la liste rouge de l’IUCN

Pourtant les Ours polaires sont sur la liste rouge de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), en tant qu’espèce vulnérable (critère A3c) depuis 2006.

L’Ours blanc en danger : une prévision issue de modèles informatiques

Le « consensus » est que la régression estivale de la banquise serait la principale menace qui pèse sur l’évolution des ours blancs. En effet, l’ours polaire a besoin de la banquise pour chasser les phoques. Il est incapable de saisir un phoque dans l’eau, il faut que les phoques soient au repos sur la glace pour qu’il puisse les approcher. Sans banquise, plus d’ours.

A l’aide de modèles informatiques, le PNSG a tenté d’évaluer la réponse potentielle de la population d’ours blanc à la régression prévue de la banquise sur une période de 35-40 ans.

Sans surprises cette analyse conclut que le risque d’une réduction de la population d’ours blanc est élevé ( si la perte de la banquise se poursuivait ).

Ces risques sont exprimés en termes de probabilité :

  • La probabilité d’une réduction supérieure à 30% est de 0,71 (intervalle de confiance : 0,20-0,95) ;
  • La probabilité d’une réduction supérieure à 50% est de 0,07 (intervalle de confiance : 0-0,35) ;
  • La probabilité d’une réduction supérieure à 80% est négligeable.

Le PNSG admet néanmoins une grande incertitude dans les projections statistiques due à l’incertitude des données.

Les ours ne sont pas affectés par la réduction de la banquise

Susan Crawford note que la régression spectaculaire de la banquise septembre 2012 n’a apparemment pas eu d’effet sur les ours polaires de la mer de Beaufort. Les scientifiques sur le terrain n’ont signalé aucun ours affamé durant l’été 2012 ou au printemps 2013. Mieux, des comptages aériens menés à l’automne 2012 ont rapporté des chiffres plus élevés qu’ils ne l’avaient été depuis une décennie.

Susan Crawford affirme que l’étendue de la banquise du début de l’été à la fin de l’automne a peu d’influence sur les ours polaires.

Elle explique que les ours polaires mangent peu de phoques en été et au début de l’automne : c’est le printemps qui est la saison la plus importante pour leur alimentation (et leur reproduction). La graisse qu’ils accumulent au printemps et au début de l’été est cruciale pour leur survie pendant le reste de l’année. Les ours polaires survivent ainsi facilement à un jeûne terrestre de quatre mois ou plus à partir de la fin de l’été ou au début de l’automne : de fait ils mangeraient très peu même s’il y avait de la glace.

Le déclin de la banquise est marginal entre mars et juin pendant la période critique d’alimentation printanière où les ours ont besoin de la glace comme plate-forme de chasse. Les ours polaires consomment deux tiers ou plus de leur apport alimentaire annuel pendant cette période: ils mangent généralement peu en été, que ce soit sur terre ou sur la glace. L’alimentation reprend à l’automne, mais diminue au cours de l’hiver, expliquant pourquoi les ours polaires sont partout plus maigres à la fin de l’hiver.


[1] (Baffin Bay, Barents Sea, Davis Strait, Foxe Basin, Gulf of Boothia, Kane Basin, Lancaster Sound, M’Clintock Channel, Northern Beaufort Sea, Norwegian Bay, Southern Beaufort Sea, Southern Hudson Bay, Viscount Melville Sound, and Western Hudson Bay).

[2] Arctic Basin, Arctic Basin, Chukchi Sea, East Greenland, Kara Sea, Lancaster Sound, Laptev Sea, Norwegian Bay, Viscount Melville Sound.

[3] Susan Crockford est biologiste évolutionniste et travaille depuis 35 ans en archéozoologie, en paléozoologie et en zoologie médico-légale. Elle est professeure adjointe à l’Université de Victoria, en Colombie-Britannique mais travaille à temps plein pour une société de conseil privée dont elle est la copropriétaire (Pacific Identifications Inc).

[4] Mitchell Taylor, biologiste, a étudié les ours polaires pendant 30 ans, d’abord comme universitaire, puis au Département de l’Environnement du Nunavut (le plus grand des territoires du nord Canada). Il est l’auteur d’une cinquantaine de publications sur les ours. Mais il est aussi l’un des 500 scientifiques signataires de la Déclaration de Manhattan selon laquelle le réchauffement climatique n’est pas dû aux activités humaines. Aussi les organisateurs de la réunion de Copenhague en 2010 sur les ours polaires (Polar Bear Specialist Group) ont refusé l’admission du Docteur Mitchell Taylor.

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