A propos du cri d’alarme de quinze mille scientifiques sur l’état de la planète

Plus de 15 000 scientifiques de 184 pays ont récemment publié dans la revue BioScience un manifeste alertant sur l’état de la planète.

« Il sera bientôt trop tard pour dévier de notre trajectoire vouée à l’échec, et le temps presse » résume Le Monde .

Une présentation spécieuse

A l’appui de ce cri d’alarme l’article présente neuf courbes dont celle relative à la déforestation entre 1992 et 2015 reproduite ci-dessous :

deforestationOn remarque d’abord que le choix de l’échelle des ordonnées donne une impression de chute vertigineuse. La planète comptait 3 999 millions d’hectares de forêt en 2015, contre 4 128 millions en 1990 : la réduction sur 25 ans est donc de 3,13%, ce qui est sans doute encore trop mais n’est pas l’effondrement suggéré par la courbe.

Une présentation moins tendancieuse des mêmes données (avec un choix d’échelles moins arbitraire) aurait pu prendre la forme suivante (proposée par Benoît Rittaud) :

forets vraie echelle

Les données de la FAO permettent de dresser un tableau plus optimiste

Les données fournies par le rapport de la FAO dans son rapport (Évaluation des ressources forestières mondiales 2015) permet de dresser un tableau moins sombre que celui suggéré par  les signataires du manifeste.

D’une part les forêts occupent encore en 2015 30,6% de la superficie terrestre mondiale (contre 31,6 % en 1990). Ensuite la déforestation mondiale ralentit : au cours des 25 dernières années le taux de déforestation net mondial a diminué de plus de 50%. Enfin la superficie forestière nette a augmenté dans les pays tempérés, notamment en Europe dont la superficie forestière n’a cessé de croître entre 1990 et 2010, la forêt française gagnant quant à elle 82 000 hectares chaque année. Message d’espoir, la FAO indique dans cet article que « la gestion des forêts s’est considérablement améliorée au cours des 25 dernières années ».

La déforestation au nom de la lutte contre le réchauffement climatique

Une part non négligeable de la déforestation est due à la mise en culture de plantes destinées à produire des biocarburants.

En particulier en Indonésie (qui est avec le Brésil l’un des deux grands pays destructeurs de forêts) où comme le rappelle Le Monde  la forêt primaire est détruite pour faire place aux plantations de palmiers à huile destinés à produire du biodiesel. Selon une étude publiée dans la revue ecologyandsociety  la superficie des plantations de palmiers à huile en Indonésie était en 2010 d’environ 7,2 millions d’hectares (46% de la production mondiale d’huile de palme).

En Europe selon un rapport de l’Université de Vienne cité par Euractiv, l’utilisation de biocarburants pourrait entraîner la destruction de 11 millions d’hectares d’espaces naturels d’ici 2030.

La situation est carrément ubuesque aux Etats Unis obligés d’importer massivement du biodiesel pour respecter les quotas d’utilisation prescrits par la législation comme le rappelle cet article .

Conclusion

Il ne s’agit pas de dire ici qu’il n’existe pas de problèmes environnementaux. Nous affirmons simplement que le souci d’une bonne gestion des ressources de la planète pourrait parfaitement être mise en œuvre sans recours à l’alarmisme qui diffuse dans l’opinion une inquiétude, sinon une angoisse tétanisante.

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