L’offensive contre la science du climat

Rémy Prud’homme, professeur des universités (émérite)

On assiste à une offensive systématique contre la science du climat, et la science en général. Elle est marquée, entre autres, par l’initiative récente de trois sénateurs, qui s’appuyant explicitement sur l’officine Quotaclimat, veulent des lois pour : « sanctionner les médias qui diffusent des propos de négation du changement climatique et de son origine anthropique, assorties de pénalités de formation obligatoires ». Vous avez bien lu : sanctions pour les médias, et formations obligatoires pour les mal-pensants.

Il y a en réalité deux sciences du climat : celle de l’ignorante Greta Thunberg, l’adolescente suédoise qui a quitté l’école à 15 ans et qui ignore tout de la physique de l’atmosphère[1]; et celle du savant John Clauser, prix Nobel de physique en 2022.  La première de ces deux sciences est de loin la plus officielle, la plus répandue, la plus influente. Cette « science » est symbolisée par la jeune suédoise devenue son porte-parole, et écoutée religieusement par le pape François, le Secrétaire Général des Nations-Unies, le GIEC, les PDG de Davos, et le président de la République française. La seconde de ces deux sciences est plus confidentielle ; aucun des illustres auditeurs-admirateurs de Greta ne connait le nom de Clauser, pas plus que ceux des professeurs Lintzen (MIT) ou Happer (Princeton) qui pensent à peu près comme lui. Pour les adeptes de Greta, la science du climat est « settled », c’est-à-dire arrêtée, établie, figée (la formule, qui date de 2007, et qui fait rigoler tous les scientifiques, est d’Al Gore, vice-président des Etats-Unis). Pour Clauser, la science du climat est en devenir, comme toutes les sciences. Pour faire bref, disons (en parodiant un mot célèbre de Clémenceau) que la science officielle est à la science ce que la musique militaire est à la musique.

L’offensive politique engagée vise cependant à défendre la science de Greta contre les menaces de la science de Clauser. Elle présente au moins quatre caractéristiques importantes.

Tout d’abord, elle est menée par des non-scientifiques. L’un de nos sénateurs se décrit comme « commerçant et assimilé », l’autre comme « profession libérale ». Ces occupations n’ont bien entendu rien de méprisable, mais rien non plus de très scientifique. Quotaclimat, la source principale de nos sénateurs, a été créée et est dirigée par deux anciennes « collaboratrices parlementaires » et une « étudiante à Sciences Po ». Gageons que la question de la fréquence des radiations infrarouges du CO2 ne leur est pas très familière.

Ensuite, la guerre contre la science de Clauser est très bien financée et fort bien relayée. Quotaclimat cite ses contributeurs financiers : le gouvernement français, l’ADEME, la Fondation de France, Mirova (une fondation internationale), ENOWE, Domorrow (des fondations françaises). Comme Quotaclimat ne vend rien, l’argent de ces généreux contributeurs s’appelle subventions. Merci à eux. Quant aux relais, Quotaclimat les cite (par ordre d’importance ?): France-Info, France Inter, Libération, Agence France Presse, Le Nouvel Observateur.

Troisièmement l’offensive engagée ne l’est pas du tout sur le plan scientifique, mais uniquement sur le plan médiatique. Elle ne vise pas à défendre directement la science de Greta, ni encore moins à démolir celle de Clauser.  Elle vise à établir une situation de monopole. A interdire toute référence aux travaux de Clauser en punissant financièrement les médias qui oseraient les citer. Et subsidiairement de rééduquer les auteurs et les journalistes récalcitrants (avec « des pénalités de formation obligatoires »). Imaginez Clauser obligé de suivre des cours professés par Greta ! Déjà, l’ARCOM, au nom de la pluralité, a infligé des amendes aux rares médias qui ont présenté des conclusions de Clauser sans contradictions grétiennes – sans jamais s’émouvoir des centaines de milliers d’émissions et d’articles qui ont présenté des conclusions de Greta sans la moindre contradiction clauserienne. Cette application de la notion de pluralité fait explicitement l’admiration de nos guerriers, qui se battent pour la durcir et la généraliser. Leurs livres de chevet sont davantage les romans d’Orwell que les manuels de physique.

Cette offensive, enfin, est un changement de stratégie. Jusqu’ici, les admirateurs de Greta ignoraient les arguments des Clausers. Maintenant, ils s’organisent pour les combattre, ces arguments, ou plus exactement pour les étouffer, pour qu’ils ne soient pas exprimés. C’est qu’ils les craignent. Nos guerriers voient, ou sentent, que ces arguments gagnent du terrain. Ils ont des intérêts politiques ou financiers à défendre. Ils pensent à ce qui s’est passé pour l’électricité nucléaire. Au cours des vingt dernières années, elle a été présentée (en particulier par ceux qui aujourd’hui admirent Greta) comme diabolique, et rejetée, condamnée. Et puis, au cours des deux ou trois années passées, l’opinion s’est assez largement transformée. Une partie des politiciens (y compris parmi ceux qui avaient combattu le nucléaire) ont retourné leurs vestes, et proposent de construire à nouveau des centrales nucléaires. Horresco referens ! Mais nos sénateurs et leurs soutiens sont vigilants. Ils sont prêts à tout faire – vraiment tout – pour éviter un scénario similaire en matière de climat.


[1] Pour être précis, on notera que, depuis un an ou deux, Greta Thunberg s’est un peu éloignée du climat au profit de l’antisémitisme ; pour elle, l’ennemi public n°1 à éliminer à tout prix n’est plus le CO2, mais le juif.

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4 réflexions au sujet de « L’offensive contre la science du climat »

  1. Excellent article, dommage toutefois que vous assimiliez la critique – éminemment justifiée – d’un État génocidaire à de la haine gratuite (<>). Par là vous vous exposez paradoxalement à la critique que vous formulez avec raison à la science Greta, mais dans le domaine du conflit israélo-palestinien…

    • Augustin Cochin ? comme le grand historien contre-révolutionnaire qui sut mettre en relief les techniques subversives du Jacobinisme militant de 1792, celui de la Terreur, dont s’inspirèrent toutes les « révolutions populaires » par la suite dans le monde entier, conduites par des minorités hyperactivistes : du bolchévisme (prétendument « majoritaire ») et du maoisme jusqu’au « wokisme » et à l’écoterrorisme actuels, en passant par le polpotisme et même l’hitlerisme…
      Mais il est vrai qu’il s’agit là de « complotisme », n’est-ce pas… de même que tout « antisionisme » est forcément de « l’antisémitisme » et donc que rien ni personne ne peut s’opposer légitimement et politiquement au terrorisme de l’Etat israélien (je parle bien du gouvernement, non de la population israélienne qui condamne la politique génocidaire menée à plus de 70%, à l’instar de l’opinion publique mondiale et bientôt peut-être de l’Union Européenne, à la suite de l’Espagne et de l’Irlande) !
      Concernant Greta, je comprends mieux maintenant pourquoi les medias mainstream, complètement soumis au narratif israélien officiel, ont lâché leur égérie et ne la mettent plus en haut de l’affiche : black-out total, la roue tourne…

  2. je suis admiratif. Quelle belle religion! il fait plus chaud , changement climatique, il fait plus froid, encore une preuve. Un manque de pluie, trop d’eau, pas de vent, trop de vent, encore des preuves. je me souviens dans les années 2000, la frequence des cyclones dans le golf du Mexique devait augmenter en nombre et en puissance. boff. Je me rappelle dans les années 70, l’Homme serait sur Mars en 2000. en 2025, il n’a pas encore son billet aller. Et pour conclure, un véhicule automobile électrique de 1500 kg consomme moins qu’un véhicule thermique d’une tonne sur le meme parcours et a la meme vitesse. l’électricité est produite par les prieres et les psaumes. C’est une nouvelle LOI qui si elle n’est pas physique est climatiquement mediatique

  3. On parle beaucoup de la pompe à chaleur. Pourquoi ne les installe-t-on pas sur les navires ? On pompe de l’eau de mer à 15, 20, 25 °C et on la rejette à 0°C, son point de congélation . L’énergie ainsi récupérée fait avancer le bateau, sans voile ni chaudière à mazout. Génial, n’est-ce pas ?

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