Les modèles climatiques surestiment le rôle des gaz à effet de serre dans le réchauffement climatique

Une étude publiée le 28 mai 2021 dans la revue Science advances suggère que les modèles climatiques surestiment le rôle des gaz à effet de serre dans le réchauffement climatique. L’étude intitulée « Improved estimates of preindustrial biomass burning reduce the magnitude of aerosol climate forcing in the Southern Hemisphere » a été menée par le groupe de modélisation de la chimie atmosphérique de l’université d’Harvard, que co-dirigé Loretta Mickley, l’auteure principale de l’article.


Résumé de l’article

Le feu joue un rôle central dans la formation des écosystèmes terrestres et dans la composition chimique de l’atmosphère influençant ainsi le climat de la Terre. La tendance et l’ampleur de l’activité des incendies au cours des derniers siècles sont controversées, ce qui entrave la compréhension du forçage radiatif des aérosols de l’époque préindustrielle à nos jours. À partir des enregistrements de 14 carottes de glace de l’Antarctique et d’une carotte de glace des Andes centrales nous présentons ici des preuves que l’activité historique des incendies dans l’hémisphère Sud (SH) a dépassé les niveaux actuels. Pour comprendre cette observation, nous utilisons un modèle de feu global montrant que les émissions globales de feu de l’hémisphère Sud pourraient avoir diminué de 30% au cours du 20ème siècle, probablement en raison de l’expansion rapide de l’utilisation des terres pour l’agriculture et l’élevage aux latitudes moyennes à élevées.


Les chercheurs ont déterminé qu’il y avait quatre fois plus de suie dans l’atmosphère de l’hémisphère sud préindustriel qu’on ne le pensait auparavant. Ces résultats signifient que les modèles climatiques peuvent avoir surestimé l’impact des gaz à effet de serre sur le climat. 

L’un des plus grands défis dans la prévision des impacts du changement climatique est de prévoir comment les températures de surface augmenteront en fonction de l’augmentation des gaz à effet de serre. Alors que les gaz à effet de serre emprisonnent la chaleur et réchauffent la surface de la planète, les particules d’aérosol provenant des volcans, des incendies et d’autres formes de combustion ont un effet rafraîchissant car elles bloquent la lumière du soleil ou la couverture nuageuse. 

Comprendre comment ces facteurs interagissent est essentiel pour comprendre les effets du changement climatique. Alors que de nombreux modèles climatiques actuels reposent sur des données quantifiant les niveaux passés de gaz à effet de serre, les données équivalentes pour les aérosols de fumée d’avant la révolution industrielle étaient largement inconnues jusqu’à présent. 

Pour obtenir des données sur les niveaux d’aérosols, les chercheurs ont analysé 14 carottes de glace prélevées dans tout l’Antarctique, indiquant des quantités de fumée provenant d’incendies dans l’hémisphère sud. À l’intérieur de ces noyaux, ils ont mesuré les niveaux de suie, un composant clé de la fumée. Ce faisant, ils ont trouvé des résultats inattendus : 

Les carottes de glace contenaient quatre fois plus de suie que prévu, suggérant un passé beaucoup plus tumultueux qu’on ne le pensait auparavant. Les chercheurs ont ensuite vérifié leurs résultats avec des simulations informatiques prenant en compte ces niveaux de fumée provenant d’incendies de forêt et les pratiques de brûlage des peuples autochtones. 

Les résultats des simulations correspondaient à ceux des carottes de glace. Ils ont également suggéré qu’à mesure que les changements dans l’utilisation des terres ont entraîné une diminution de l’activité des incendies, les émissions de l’industrie ont augmenté. Cela signifie que les niveaux de suie sont restés relativement constants avant le début de l’ère industrielle jusqu’au 20e siècle. 

Les résultats suggèrent que jusqu’à présent, les scientifiques ont pu sous-estimer l’effet de refroidissement des particules de fumée dans le monde préindustriel. Cela signifie inversement que les modèles climatiques ont surestimé l’effet de réchauffement du dioxyde de carbone et d’autres gaz à effet de serre pour expliquer les augmentations observées des températures de surface. 

Il est clair que le monde se réchauffe, mais la question clé est de savoir à quelle vitesse il se réchauffera alors que les émissions de gaz à effet de serre continueront d’augmenter. Cette recherche nous permet d’affiner nos prévisions pour l’avenir

Loretta Mickley, auteure principale de l’article.

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5 réflexions au sujet de « Les modèles climatiques surestiment le rôle des gaz à effet de serre dans le réchauffement climatique »

  1. La solution ne viendrait-elle pas justement dans la géo-ingénierie ? En réinjectant des poussières dans la haute atmosphère pour compenser la baisse survenue depuis le début du 20e siècle que cette étude a mise en évidence.

  2. À propos de l’article “Contre l’opacité de l’AFP et du GIEC” sous lequel on ne peut apparemment pas réagir, ce petit bijou de catastrophisme du journal Ouest-France, aujourd’hui : https://www.ouest-france.fr/economie/entreprises/point-de-vue-les-entreprises-en-premiere-ligne-de-l-action-climatique-baeb98de-d2a4-11eb-b287-e5b3d464e856 , qui commence par une prédiction digne des plus grands films-catastrophe hollywoodiens :
    “Flash d’actualité du 17 juillet 2027 : La forêt de Fontainebleau, autrefois épargnée par les incendies estivaux, brûle depuis une semaine. La canicule qui frappe l’Europe depuis près de 30 jours n’offre aucun répit. Le record de décès de l’épisode caniculaire de 2003 est explosé avec 580 000 personnes emportées. La perte des récoltes de céréales est de 80 %, faisant s’envoler les prix des denrées alimentaires de base pour la troisième année consécutive…”
    Qui dit mieux ? Les enchères sont ouvertes… l’escroc Al Gore a de dignes successeurs.

    • Pour l’instant, ce qui fait monter le prix des fruits et légumes, c’est la vague de gel tardif qui a frappé la France début avril .
      On pourrait faire remarquer à Ouest France que les surfaces brûlées par les incendies de forêts dans le midi ont bien diminué ces dernière décennies par rapport aux spectaculaires sinistres de l’après-guerre où les Canadairs et hélicos n’existaient pas, où les stratégies employées dans la lutte anti-incendie étaient rudimentaires et l’utilisation de retardants de l’ordre de la science-fiction.
      La forêt provençale n’a jamais été aussi importante que ces dernières années.
      Au 19e siècle, les rapports dans les archives en témoignent, les incendies s’arrêtaient quand le vent cessait de souffler et faute de combustible. Des surface énormes de forêt partaient en fumée dans des incendies actifs pendant des semaines.

  3. Les incendies de forêt, aussi désolants soient-ils ont toujours existé sur notre planète, bien avant que les hommes ne découvrent le feu. Ils étaient en général déclenchés soit par une fermentation au sein d’accumulations de matières organiques, soit par la foudre ou encore par des chutes de météorites.

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