Les coûts de la transition écologique : 250 milliards en 2030

Rémy Prud’homme

La première priorité de la politique économique de la France n’est pas la lutte contre le chômage, ni la promotion de la croissance, ni le souci d’un endettement pharamineux, ni les trous de la sécurité sociale, ni la réduction du déficit de la balance commerciale, ni les crises du logement ou de l’agriculture, ou de l’enseignement, c’est la « planification écologique », définie comme la réduction des rejets de CO2 – de 40% d’ici 2030, et de 100% d’ici 2050. Pas moins de deux ministères, coordonnés par un Secrétariat général à la planification écologique (SGPE), travaillent d’arrache-pied à définir les obligations, interdictions, taxes, et subventions nécessaires pour atteindre ces objectifs. Ces fonctionnaires sont sans doute une bonne partie des 250 participants français à la COP de Daubai : craignons qu’ils n’en rapportent des idées d’interventions supplémentaires.

La question de savoir combien tout cela va coûter aux Français n’est, elle, pas prioritaire du tout. Quand on aime, on ne compte pas. On dispose de deux chiffres relatifs aux coûts en 2030 : 40 milliards en dépenses publiques supplémentaires, selon le ministère des Finances ; 70 milliards en investissements supplémentaires, selon un rapport de M. Pisani-Ferry. Ces chiffres, qui sont élevés, sont cependant très partiels. Beaucoup, en fait la plupart, des mesures décidées par le SGPE n’impliquent en effet ni dépenses publiques ni investissements. C’est par exemple le cas de la réduction voulue de 20% de la production agricole, ou la diminution programmée de 30% du trafic automobile, qui entraîneront pourtant des pertes d’utilité ou d’efficacité – des coûts – considérables pour l’économie ou la société françaises.

C’est pourquoi on a cherché à produire une estimation plus réaliste en utilisant une notion de coût moins restrictive : celle qui est utilisée dans les analyses coûts-bénéfices classiques. Cette notion n’a rien d’ésotérique. Son usage est même en France prescrit par une loi (la LOTI) pour tous les grands projets ou décisions publiques. En principe au moins, on ne construit pas une ligne TGV sans avoir vérifié que les bénéfices qu’elle va entraîner (principalement des gains de temps, évalués avec une valeur du temps officielle) sont plus élevés que les coûts qu’elle va entraîner (principalement les dépenses d’investissement). On a appliqué cette notion à une dizaine de décisions officielles prises par le SGPE qui visent 2030 (sauf une qui vise 2035, et une qui vise 2050). Elles sont suffisamment précises et chiffrées pour rendre possibles des évaluations de coût :

  • La diminution de 30% du trafic automobile ;
  • L’augmentation de 30% du trafic des déplacements en transport public ;
  • La diminution de 20% de la mobilité ;
  • L’interdiction de la vente de véhicules thermiques (à partir de 2035)
  • La diminution de 20% de la production agricole, causée par la réduction de 18% du bétail et l’augmentation du bio ;
  • L’élimination de 5 millions de passoires thermiques ;
  • L’installation d’un million de pompes à chaleur ;
  • Les zones ZAN (Zéro artificialisation nette) (à l’horizon 2050) ;
  • La multiplication par trois de la production d’électricité renouvelable intermittente, soit une augmentation de 93 TWh (et une diminution de 20 TWh de la production d’électricité nucléaire).

L’addition des coûts économiques et sociaux engendrés par chacune de ces mesures s’élève à environ 250 milliards pour l’année 2030. En supposant une progression linéaire de la mise en œuvre, on estime un coût cumulé sur la période 2024-2030 de 1000 milliards d’euros.

Ces chiffres élevés sont pourtant une sous-estimation des coûts prévisibles de la planification écologique pour deux raisons. Ils ne concernent que le coût des 9 mesures considérées, qui sont probablement les plus importantes, mais certainement pas les seules mesures contraignantes prévues. Certaines conséquences des mesures analysées, comme par exemple les impacts sur la productivité ou la compétitivité, étaient trop difficiles à évaluer et ne l’ont pas été. Bien entendu, le coût socio-économique de ces mesures va continuer à être payé au-delà de 2030. Pour certaines d’entre elles, comme l’électrification obligatoire des véhicules automobiles ou la ZAN (zéro artificialisation nette), ce coût va considérablement augmenter.

Ces estimations de coûts supposent que cette planification écologique officiellement décidée sera effectivement mise en œuvre. L’énormité des coûts suggère évidemment que cela ne sera pas le cas. Même si la moitié seulement de cette planification était réalisée, elle entrainerait sur les sept années à venir un coût socio-économique cumulé de plus de 500 milliards d’euros, ce qui est beaucoup pour un pays aussi affaibli que la France.

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24 réflexions au sujet de « Les coûts de la transition écologique : 250 milliards en 2030 »

  1. Je vais encore me faire insulter et menacer d’excommunication pour propos subversifs,…mais M.Prudhomme: D’où diable sortez vous ces chiffres ?
    – 30 % du trafic automobile, – 20% de la mobilité ?, – 20% de la production agricole (Ah bon ?), – 5 millions de passoires thermique (c’est plutôt 3, mais c’est plutôt une bonne idée, non ? ), – 20 TWh de la production d’électricité nucléaire (alors que 6 à 14 EPR sont prévus)….?

    Tenez, pour ceux qui auraient la saine curiosité d’aller vérifier, voici le document du SGPE https://www.gouvernement.fr/upload/media/content/0001/07/dc29785bc6c40139f4b49ee2ac75c2a154856323.pdf

    • Mais, Marie Laure A, ce qui vient de l’Etat est en partie mensonger.
      C’est curieux, si on interroge les gens, ils disent que les politicards mentent ; mais ils sont prêts à croire les salades climatiques que l’on nous assène à longueur de journée.
      D’ailleurs, pourquoi on tape sur le pétrole et pas sur internet ? Il pollue tout autant. Donc si vous souhaitez être plus vertueuse, prenez une plume et du papier, pas le clavier et un écran !
      Bonne journée…

    • Encore un troll (quelle belle référence le SGPE !)
      Vous ne nous convaincrez pas, nous ne vous convaincrons pas, alors Eloi/Brionne/MLA/ML Alveirola arrêtez de nous emmerder.

    • Je vous suis complètement :
      ” ” ” ” ” C’est pourquoi on a cherché à produire une estimation plus réaliste ” ” ” ” ” ” dit l’auteur.
      Qui est ce “on” et comment ces estimations ont-elle été obtenues à partir des données du SGPE ou d’autres. Tout cela est mystérieux et non scientifique.

        • Votre idéologie vous aveugle et vous fait dire n’importe quoi pour essayer de décribiliser les auteurs des articles du site. Les chiffres donnés par Rémy Prud’homme correspondent exactement à ce que propose le SGPE dans le cadre de la planification écologique, bien évidemment aucun chiffrage réaliste des couts engendrés et des mesures hors sol.
          Une nouvelle fois arrêtez de troller, vous saoulez tout le monde.

          • Ah bon ? Vous êtes sûr ?
            Et bien dans ce cas, vous devriez facilement pouvoir me citer la page et la ligne du document du SGPE est il écrit, par exemple -20% de production agricole, ou encore -20 TWh de production nucléaire, comme le prétend M.Prudhomme, et comme vous semblez le confirmer ?
            Moi, j’ai bien regardé, je n’ai pas trouvé.

    • Dès la 2e page, on rigole déjà :
      Le plan doit permettre “de maintenir et développer notre qualité de vie
      (bien-être, emploi, pouvoir d’achat, souveraineté…).”
      Emploi, les gens ne veulent plus bosser, il y a des postes non pourvus partout.
      Pouvoir d’achat, ça se casse la gueule mois après mois, je suis sûr qu’on pourrait le corréler avec l’augmentation des émissions de CO2
      Souveraineté, alors là c’est le pompon, on a perdu notre souveraineté énergique au nom d’une idéologie anti-nucléaire.

      Donc on commence déjà à la Barnum. Cest McKinsay qui a fait le rapport ?

      Objectif de -55% sur un total d’émissions de moins de 1%.
      Comme d’habitude, la France se veut vertueuse, mais même si elle fait -100%, ça ne changera rien, ni aux émissions mondiales de CO2 à cause de la Chine ou de l’Inde, et encore moins au climat.

      Et je passe sur le foutage de gueule de la voiture électrique, parce que l’électricité aujourd’hui, elle vient d’où? Pas du parc nucléaire.

      Et pas un mot sur le numérique (mails, streaming,…) qui ont une part non négligeable dans les émissions de CO2, et c’est toujours croissant.

      Bon, c’est du blablabla, des courbes, ça fait joli. De la poudre aux yeux.

  2. Quand les chiffres de M. Prud’homme « parlent », il n’y a rien à redire.
    Mes amis, avez-vous remarqué ?
    A chaque COP, ils nous font le coup : prolongation pour ultimes négociations (histoire de faire croire qu’ils ne sont pas allés là-bas pour rien, avec des avions bien polluants – ce qu’ils dénoncent).
    Puis, à l’issue d’une nuit blanche avec cocktails à gogo, hourra !, il y a un accord. Mince, certes, mais un accord.
    Un accord aussi crédible que novembre et décembre 2023, qui devaient être secs en France, selon les prévisions en septembre. Je pourrais me baigner dans la piscine artificielle qu’à creusée la pluie depuis deux mois ! Mais rassurons-nous, ils savent quel temps il fera dans 50 ans.
    Et chacun de repartir avec la promesse que, oui, il faut arrêter les énergies fossiles.
    90 % de la planète continuera à les exploiter pour se développer comme l’Occident-donneur-de-leçon l’a fait au XXe siècle, et ce même Occident dira que l’on va droit dans le mur, qu’il faut développer les énergies renouvelables pour limiter le réchauffement à 1,5°. Je ne savais pas que la Terre était dotée d’un interrupteur « climat » que l’on actionne à sa guise.
    « La maison brûle, et nous regardons ailleurs », disait J. Chirac.
    Le seul truc qui brûle actuellement chez moi, ce sont les bûches de la cheminée !

  3. Marie-Laure
    J’ai pris la peine d’examiner le document édité par le SGPE.
    On s’aperçoit très vite que ce document, au demeurant très bien réalisé, est un chef d’oeuvre de propagande, de constructivisme et d’idéologie écologiste.
    Rien n’est réellement chiffré, tout est très évasif avec des photos orientées :
    Energie ? on montre des panneaux solaires dont on sait fort bien qu’ils sont incapables de fournir ce dont on a besoin à savoir une énergie abondante stable et bon marché. C’est même exactement l’inverse !
    Transport ? on nous parle de véhicules électriques légers alors que les modèles proposés sont des monstres de plus de 2 tonnes à l’autonomie ridicule et aux prix délirants !!!
    Sinon, il vous reste le vélo et les transports en commun (chez moi il n’y en a pas et en région parisienne ils sont notoirement insuffisants quand ils fonctionnent …)
    Enfin, le document met l’accent sur la défense de la nature avec une jolie photo d’arbres mais qui est contre la nature ?

    J’arrête là mais pour réellement décortiquer le document il faudrait des heures !
    Cordialement

  4. La France va donc dépenser 1000 milliards s’ajoutant à une dette déjà accumulée de plus de 3000 milliards afin de baisser nos émissions de CO2 pour que le monde ne dépasse pas une hausse de 1,5 °C à un horizon de quelques années au risque de terribles catastrophes de fin du monde par le feu, l’eau bouillante ou la noyade. Pour votre repentir, achetez votre indulgence salvatrice à l’église réchauffiste, vils émetteurs de CO2 !

    Mais voilà que nous avons subrepticement dépassé en 2023, non pas 1,5, mais 2 °C à la suite d’une hausse naturelle spectaculaire de +1 °C en quelques mois et que, bien évidemment, pas la moindre catastrophe ne s’est produite, nulle part. Tout juste avons-nous remarqué qu’il faisait un peu plus chaud de temps à autre, jusqu’à ce que l’Europe batte un record de froid et de couverture neigeuse ces dernières semaines, une neige que selon les meilleurs experts du climat on ne devait plus voir à compter des années 2000, puis 2010, puis 2020, ah ben non finalement ce sera 2030…

    Il faudrait passer le message aux derniers politiciens honnêtes et cortiqués, s’il en reste, que les objectifs du GIEC sont déjà largement obsolètes, qu’il ne s’est produit aucun drame climatique et qu’en conséquence, leurs plus beaux plans de transition énergétique ne servent plus à rien. La transition énergétique est désormais vidée de tout sens, l’objectif réchauffiste ayant été franchi dans l’indifférence mondiale.

    La seule catastrophe que cette histoire délirante risque de provoquer sera politique si on persiste dans cette impasse, plus personne ne pouvant ignorer que la transition énergétique n’a plus de fondement, ni scientifique, ni économique, ni politique.

  5. Même si les chiffres sont exagérés (je n’en sais rien personnellement), ce que m’évoque la fourchette se situe entre 40 et 500 milliards n’est pas tant la ruine de l’économie française, qui certes va en prendre un coup mais certains sauront aussi surfer sur la vague verte pour faire du business, c’est la substitution effarante des causes sociales, humanistes, au profit de cette idéologie nihiliste, en moins de trente ans.
    Dans le monde, des enfants meurent encore par centaines de milliers, d’abord par manque d’un accès facile à une énergie, qu’ils n’ont pas les moyens de se payer ou qui n’est simplement pas disponible. Tous ces milliards dédiés à une pure idéologie, c’est criminel.
    Même si nous nous plaçons dans une perspective plus égoïste, en France, plus généralement en Europe, nous pouvons être choqués par les milliards d’euros de financements publics dépensés pour quelque chose qui est voué à l’échec — cf la COP 28 : personne ne suit dans le monde, pas même les USA et le Canada qui poursuivent leur utilisation et leurs investissements dans les énergies fossiles — alors qu’il y a toujours des gens précaires, des maladies rares où les programmes sont abandonnés au moment où des essais cliniques prouvent leur efficacité, par manque de rentabilité, des bâtiments et transports inaccessibles aux personnes en fauteuil, des zones où les moyens dédiés à l’instruction des enfants sont dérisoires. Il y a aussi des causes écologiques (réelles) ignorées par manque de moyens aussi ; je peux prendre l’exemple de l’état de certaines forêts du massif central qui ne sont plus entretenues faute de subventions.

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