Le Net Zero est-il compatible avec une prospérité de masse ?

Lors de la conférence annuelle 2023 du GWPF le 25 mai, Lord Frost a prononcé un discours devant un public réuni dans le centre de Londres.

Traduction par Camille Veyres.


Je voudrais commencer cette conférence en rendant hommage à Lord Lawson, Nigel Lawson, qui est malheureusement décédé le mois dernier.   Il est frappant et à bien des égards plutôt déprimant de constater à quel point la politique a changé depuis l’époque où il était au gouvernement : son grand mémoire, “The View from No.11“, ne contient dans l’indexaucune entrée pour “réchauffement planétaire“, “changement climatique” ou même “environnement“.  Cela a changé très peu de temps après son départ et il s’est impliqué dans le débat avec enthousiasme, a créé la Global Warming Policy Foundation et a été l’un des rares hommes politiques – la plupart des autres sont présents dans cette salle – à vouloir soumettre à un véritable débat la réponse politique au changement climatique dite « de consensus » .

 Si nous sommes encore en mesure de débattre rationnellement de ces questions, c’est en grande partie grâce aux efforts déployés par Lord Lawson au cours des 30 dernières années.  Il nous manque beaucoup. 

C’est un honneur pour moi de prononcer ce soir la conférence annuelle du GWPF.  Je le fais dans la lignée de très nombreux prédécesseurs distingués et de véritables experts, Steven Koonin l’année dernière, Richard Lindzen, Matt Ridley, et bien d’autres encore. La mention de ces noms montre pourquoi, bien avant de devenir moi-même administrateur de la Fondation, j’étais un lecteur assidu de ces conférences, qui sont un phare de rationalité et de faits vrais dans un monde qui en semble si dépourvu. 

C’est donc avec appréhension que je me lance dans ce débat. Je suis toutefois encouragé par le fait que les scientifiques ne sont pas les seuls à s’être exprimés ici. Il existe une perspective plus large que nous devons entendre et que, par exemple, le cardinal George Pell – une autre triste perte de cette année – a apportée dans sa conférence de 2011.  La question du changement climatique ne peut être laissée aux scientifiques. La manière dont elle est traitée affecte l’ensemble de la société.  C’est là que j’interviens.

Je suis entré en politique tardivement par le Brexit, pas par le climat.  Mais 30 années passées à traiter avec l’UE vous donnent un très bon flair pour voir de mauvaises politiques économiques, le lobbying, la recherche de rentes, la pensée unique, le corporatisme et, en fait, de manière plus générale, la suspicion à l’égard du capitalisme et des marchés. 

Toutes ces choses me semblent également très caractéristiques de la manière dont nous – j’entends par là ce gouvernement, mais aussi plus largement l’Occident et ses alliés – gérons le défi du changement climatique.  C’est pourquoi cette question me tient tant à cœur.  Je me préoccupe du risque que nous nous imposions, par la législation, un déclin économique. 

C’est donc sur cet aspect, l’économie, que je me concentrerai principalement ce soir.

D’où le titre de ma conférence : ” La nuit n’est pas encore tombée, mais elle approche “.  C’est bien sûr tiré du morceau éponyme de Bob Dylan – une chanson qui est une réflexion sur sa propre mortalité et sur le déclin de ses pouvoirs en tant qu’être humain.  Je nous invite ce soir à faire la même réflexion sur notre société.  Il ne s’agit pas seulement de savoir si nous allons littéralement sombrer dans l’obscurité, car nous ne pouvons plus garder les lumières allumées, mais aussi de savoir si en Occident nous pouvons garder la confiance nécessaire pour affronter des défis et réussir à rester des économies et des sociétés de premier rang dans le monde, ou si au contraire nous nous dirigeons vers la misère, la décroissance et le déclin économique.

Ce soir, je parlerai donc principalement de la manière dont nous gérons les conséquences de certaines allégations scientifiques sur le climat, et non pas la question de savoir si ce point de vue est bien fondé au départ. Il n’en reste pas moins que tout intervenant sur ce sujet se doit d’exposer clairement son point de vue, ne serait-ce que pour se prémunir contre certaines accusations des plus farfelues qui ne manquent pas d’être lancées. Il me semble donc que la physique de l’effet de serre est extrêmement bien établie. La capacité à prédire ce que ça implique pour le climat l’est moins, mais il semble extrêmement probable que l’homme ait joué un rôle dans l’augmentation de la température mondiale au cours du siècle dernier ou plus.

Cela dit, comme le note Steve Koonin, éminent physicien et sous-secrétaire à la science de l’administration Obama, dans son livre “Unsettled“, “la science est insuffisante pour faire des projections utiles sur la façon dont le climat changera au cours des prochaines décennies, et encore moins sur l’effet que nos actions auront sur lui”[i].  Il décrit ensuite les “déclarations excessives sur l’urgence climatique” et la crise climatique” comme “de plus en plus éloignées de la science” [ii] – un point de vue qui me semble tout à fait raisonnable.

Dans l’ensemble, je considère qu’il est souhaitable de réduire la quantité de carbone que nous émettons, mais d’une manière qui soit proportionnelle à la menace, si menace il y a, et qui soutienne la prospérité et la croissance économiques. Le changement climatique est un problème, l’un des nombreux auxquels nous sommes confrontés : il n’est pas existentiel et ne signifie pas que l’extinction est imminente. 

La science est, à mon avis, distincte de l’objectif politique du “Net Zéro 2050“.  Il s’agit d’un objectif arbitraire conçu pour atteindre un autre objectif arbitraire, à savoir limiter l’augmentation de la température à 1,5 degré [NdT : par rapport à 1850, et donc à + 0,5°C par rapport à maintenant]. Le lien de cause à effet entre ces deux objectifs est largement sujet à débat, tout comme les compromis nécessaires et la méthodologie pour atteindre cet objectif. 

Je refuse d’accepter que puisse être ou doive être interdite la remise en question de l’objectif  “Net Zéro 2050“. En effet, seules des propositions qui se prêtent à débat sont dignes d’être prises au sérieux. 

Nous devons donc continuer à poser la question suivante : l’objectif “Net Zero 2050” est-il réalisable à un coût acceptable ?  Et nous y prenons-nous de la bonne manière ?

Ma réponse, qui n’est peut-être pas surprenante, est non. Je vais faire valoir

  • que la voie choisie pour atteindre l’objectif zéro conduit de façon inévitable  à des gaspillages et à des destructions ;
  • qu’il est totalement improbable qu’elle stimule la croissance et beaucoup plus probable qu’elle la réduise ;
  • qu’en conséquence, les gouvernements poursuivent des objectifs politiques et économiques totalement incompatibles, mais qu’ils ne seront pas en mesure de le faire éternellement ;
  • que lorsque la crise surviendra, les gouvernements pourraient bien redoubler les mesures économiquement dommageables pour atteindre cet objectif zéro;
  • et que donc, finalement, les gens comme moi doivent se préparer à ce moment où nous devrons essayer de nous engager sur une voie plus rationnelle en repensant les méthodes et, presque certainement, le calendrier de l’objectif “Zéro“.    

La voie que nous avons choisie pour parvenir à l’objectif “zéro émission” conduit de façon inévitable  à des gaspillages et à des destructions.

Une grande partie de la politique du Net Zéro vient de prédictions quant à l’avenir.  Ce qui est difficile.  Comme nous l’ont montré les efforts de l’Office for Budget Responsibility (OBR)  et du Fonds Monétaire International (IMF) l’année dernière : même les prévisions économiques à court terme dans des économies bien comprises sont sujettes à des erreurs énormes et très préjudiciables.

Cependant, les incertitudes auxquelles nous sommes confrontés en ce qui concerne le “Net Zero 2050” vont bien au-delà. Un très grand nombre de facteurs sont en jeu – non seulement l’imprévisibilité inhérente à toute économie moderne, mais aussi :

  • l’incertitude concernant les technologies : hydrogène, SMR (Small Modular Reactor, petits réacteurs nucléaires modulaires), CCS (Carbon Capture and Storage), et bien d’autres encore ;
  •  l’effet des décisions prises par le gouvernement et par les régulateurs et leurs interactions au niveau national et international ;
  • l’impact des différentes combinaisons de techniques de production d’électricité, l’effet des énergies renouvelables sur le réseau, et bien d’autres choses encore.

 À cela s’ajoutent une incertitude internationale massive et une géopolitique extrêmement dangereuse.  Il est donc presque certain que les prévisions sont et seront erronées. 

Pour s’en convaincre, il suffit de regarder en arrière et de comparer  les prévisions et la réalité, ce que les décideurs politiques font rarement.  Regardez ces prédictions faites dans le Livre Blanc sur l’énergie de 2003 du gouvernement travailliste [iii].  Il s’agit en fait d’un document assez sobre, à bien des égards beaucoup plus rationnel d’un point de vue économique que les productions plus récentes du gouvernement sur lesquelles je reviendrai.  L’environnement politique était relativement plus calme.  Il n’en reste pas moins qu’ils se sont trompés sur beaucoup de points.  Ils n’avaient évidemment pas prévu le gaz de schiste et le bouleversement des hypothèses sur les prix futurs.  Ils ont envisagé une énergie de la houle et une énergie marémotrice beaucoup plus importante.  Ils pensaient qu’il y aurait beaucoup plus de production locale à partir de ces ressources, mais aussi de la biomasse et des déchets.  Ils pensaient qu’il y aurait beaucoup plus de capacités de secours pour gérer l’intermittence des énergies renouvelables et ils pensaient que l’énergie nucléaire serait en voie de disparition. En conséquence, ils nous ont entraînés sur une voie qui, aujourd’hui, est clairement problématique. 

De nos jours, les gouvernements éprouvent exactement les mêmes difficultés à faire des prévisions, et pour les mêmes raisons. Depuis Hayek, il est bien connu que les connaissances sur l’économie sont dispersées et ne peuvent même pas, en principe, être connues des planificateurs.  Les incertitudes inhérentes à la situation actuelle signifient que les prévisions d’aujourd’hui sur les prix de l’énergie, les technologies, leurs effets économiques et scientifiques, et leur interaction avec le climat ne sont essentiellement que des suppositions.

On pourrait donc penser que la bonne chose à faire pour les gouvernements serait d’investir dans la recherche scientifique fondamentale et l’expérimentation, d’établir un régime simple de taxation de l’externalité des émissions de carbone, de mettre en place un régime de soutien pour la planification et l’infrastructure, et de se tenir à l’écart pour laisser le marché trouver la meilleure façon d’atteindre l’objectif politique, quelle que soit sa définition et son degré d’exigence. 

Bien entendu, les gouvernements n’ont rien fait de tel.  Ils ont tous, au contraire, choisi une voie très dirigiste vers le Net Zéro. En dépit de toutes les preuves accumulées, ils pensent qu’ils savent mieux que quiconque et qu’ils ont confiance dans des technologies qui nous permettront d’atteindre l’objectif.  Nous avons des objectifs pour presque tout : les voitures, les chaudières, l’hydrogène, l’énergie éolienne en mer, l’énergie solaire. Pour y parvenir, ils ont conçu des instruments politiques extrêmement complexes qui supposent qu’ils sont capables de calibrer exactement les bons montants de taxes et de subventions.  En conséquence, ils ont créé des systèmes si complexes que personne ne peut les comprendre. Il n’y a rien qui ressemble à un marché libre, mais il n’y a pas non plus de direction ou de centralisation claire de la part du gouvernement.  Les conséquences de ce système qui est imprévisible sont elles-mêmes imprévisibles, et les conséquences fâcheuses doivent être corrigées, comme nous le voyons actuellement avec la proposition de taxe pour l’hydrogène.   [NdT : https://www.h2-view.com/story/uk-hydrogen-levy-will-raise-energy-bills-by-118-per-year-says-thinktank/  Onward’s report calculated that supporting the government’s goal of establishing 10 GW of low-carbon hydrogen production by 2030 could cost £53bn ($65.8bn) over 20 years, which it says means financial support for the hydrogen industry would rise to £3.5bn ($4.3bn) per year from 2030.]

Comme l’a écrit Dieter Helm [référence iv ci-dessous] à propos du marché britannique de l’énergie dans son rapport de 2017 sur l’énergie :

“Le nombre d’interventions sur le marché britannique de l’énergie est si important que peu de participants aux marchés, voire aucun, peu de régulateurs, de ministres ou de fonctionnaires peuvent les avoir tous compris et appréhendés. L’incapacité des acteurs du marché à appréhender toutes ces interventions est en soi susceptible d’augmenter le coût de l’énergie. … Le résultat est qu’il n’est pas possible d’évaluer le rapport coût-efficacité de toutes ou presque ces politiques spécifiques”.

Cette situation s’est produite pour la même raison qu’à l’accoutumée : les gouvernements sont généralement composés de personnes intelligentes, et les personnes intelligentes ont tendance à penser qu’elles savent mieux que quiconque comment gérer les choses. C’est vrai en général – regardez en ce moment ces appels de tous les côtés du spectre politique pour une nouvelle stratégie industrielle – mais c’est peut-être particulièrement vrai dans le domaine spécifique de l’énergie et du climat, qui est plein de gens très instruits qui croient que leurs spécialités étroites, souvent péniblement acquises, les qualifient pour prédire l’avenir avec précision, et certainement les rendent souvent hargneux et dédaigneux envers les gens qui les remettent en question. 

Nous pouvons être sûrs d’une chose en évaluant cette approche dirigiste : elle sera extrêmement inefficace d’un point de vue économique.  Nous pouvons être sûrs que les régulateurs seront prisonniers de lobbys, que les situations de rente seront recherchées et que les mauvaises décisions seront prises et qu’en plus elles seront maintenues longtemps après qu’il sera devenu clair qu’elles sont irrationnelles.

En outre, nous investissons dans des technologies qui sont certainement moins efficaces pour produire de l’énergie que celles employées auparavant, moins fiables pour fournir de l’énergie quand on a en besoin, en espérant que quelque chose viendra nous aider, et en imposant ou en promettant en même temps des restrictions sur les choix de style de vie pour faire face aux conséquences de cette absence de fiabilité. 

Nous connaissons tous ces exemples.  En Grande-Bretagne, nous allons bientôt obliger les gens à acheter des chaudières de qualité inférieure et de plus en plus chères, et exclure de nombreuses personnes du marché des voitures neuves si elles ne sont pas prêtes à parier sur les véhicules électriques.  La construction de maisons est de plus en plus contrainte par des réglementations et les exigences en matière d’efficacité énergétique pèsent sur l’ensemble du marché de l’immobilier.  Plus grave encore, nous forçons l’investissement dans les moulins à vent, une percée technologique mentionnée pour la première fois à l’époque où Henri II [NdT : Henri II Plantagenet, né en 1133- roi en 1154-†1189] était sur le trône, mais manifestement peu adaptée à la fourniture d’énergie à la demande ; en effet nous n’avons jusqu’à présent trouvé aucune solution au problème de l’intermittence autre que le maintien d’un réseau de secours de centrales électriques au gaz et au charbon.  La technologie de stockage par batterie n’existe pas, le stockage hydraulique ne peut pas être développé à une échelle suffisante et l’hydrogène reste coûteux et n’a pas fait ses preuves.  En outre, il est évident que les énergies renouvelables avec les systèmes de secours seront plus coûteux que les seuls systèmes de secours.  Malgré tous ces problèmes, beaucoup semblent croire que la solution à nos problèmes est de continuer à construire des éoliennes jusqu’à ce que nous en ayons “assez“.    

Dans des circonstances normales, on pourrait s’attendre à ce que les partis politiques qui défendent cette vision d’une contrainte légale pour faire adopter une technologie défectueuse soient rapidement chassés du pouvoir et remplacés par ceux qui soutiennent la croissance économique et l’augmentation du niveau de vie.  Ce n’est pas le cas.  Cela s’explique en partie par le fait que le climat intellectuel est devenu très collectiviste. Comme nous l’avons découvert avec l’intermède Liz Truss, il semble que l’on comprenne mal le fonctionnement d’une économie moderne ou d’un marché libre, voire même le concept de “croissance” en tant que tel. Pratiquement personne ne pense que des résultats souhaitables peuvent être obtenus par le marché et presque tout le monde pense que si le gouvernement ne fait pas quelque chose, alors ça ne se fera pas.

 La tendance normale des intellectuels à ne rien comprendre l’économie a été renforcée, en Europe en tout cas, par cette conviction largement répandue que l’objectif de l’élaboration des politiques est de dompter les marchés et non de les libérer, et par l’idée que le krach de 2008 et les renflouements [NdT : des banques en faillite] ont été causés par le capitalisme de marché libre alors qu’ils l’ont été par une mauvaise réglementation et un mauvais processus décisionnel des banques centrales.  Il y a eu une dérive générale vers la gauche et, bien sûr, la gauche, y compris cette proportion importante de la gauche qui pense être à droite, a toujours aimé le contrôle et le dirigisme, un instinct qui explique pourquoi ils ont tant aimé le confinement avec couvre-feu et interdictions de se déplacer, ce qu’ils retrouvent et très renforcé dans le Net Zéro.  

Les gouvernements prétendent que les politiques du Net Zéro stimuleront la croissance, mais en fait elles la réduiront.

Mais il y a une autre raison pour laquelle les mécanismes politiques normaux ne fonctionnent pas.  C’est que les gouvernements affirment désormais, sans sourciller, que les politiques net zéro sont en fait bénéfiques pour l’économie.  C’est là une évolution relativement récente. 

Permettez-moi de revenir sur cette étude de 2003 sur l’énergie [NdT : un livre blanc du gouvernement britannique].  Elle suggérait que la lutte contre le changement climatique – sur la base d’un objectif beaucoup moins exigeant de réduction de 60 % d’ici 2050 – coûterait jusqu’à 2 % du PIB [v]. Ce chiffre était peut-être invraisemblablement bas, mais c’est tout de même d’un coût.  Cette année, dans sa réponse de mars à l’étude Skidmore sur l’énergie, le gouvernement a déclaré [vi] que “le Net Zéro est l’opportunité de croissance du 21ème siècle et pourrait offrir des opportunités économiques majeures au Royaume-Uni“.  L’étude Skidmore elle-même a déclaré [vii] : “Selon certaines estimations, le Royaume-Uni connaîtrait une croissance supplémentaire du PIB d’environ 2 %, grâce aux avantages produits par la  création d’emplois, par l’augmentation de l’activité économique, par  la réduction des importations de combustibles fossiles et par des baisses de coûts (par exemple, des factures moins élevées pour les ménages)“.  Ce chiffre de 2 % sort d’un rapport plutôt mince, daté de 2020, produit par Cambridge Econometrics, qui proclame qu’il y aura une croissance supplémentaire de 2 à 3 % d’ici 2050 si le sixième budget carbone et ses successeurs sont pleinement mis en œuvre. Tout ça n’est ni exhaustif ni solide.

En réalité, tout ce domaine est rempli de raisonnements économiques totalement faux.  Le rapport de Cambridge Econometrics n’est pas le seul : tous ces rapports et tous les commentaires font, les uns après les autres, les mêmes erreurs. En voici quelques-unes.

● Nous y voyons le fameux sophisme de la fenêtre brisée de Bastiat, exposé dans son essai “Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas“, cette opinion selon laquelle la destruction du capital est en fait bonne pour l’économie en raison de tout le travail qu’il faut pour la réparer, alors qu’une telle activité n’augmente pas le stock net de richesse et ne prend pas en compte le coût de la perte d’opportunité, c’est-à-dire que ces ressources auraient pu être utilisées pour quelque chose de plus productif.  Dans notre cas, une grande partie de l’investissement pour le Net Zéro remplace simplement du capital existant. Il ne l’améliore pas et ce qui nous restera sera pire que ce que nous avions avant, nous laissant avec un secteur énergétique moins productif et moins efficace que celui que nous avions.  En quoi cela ferait-il de nous une économie plus productive ?

● Nous constatons cette tendance persistante à décompter les avantages mais pas les coûts. Le rapport de Cambridge Econometrics dit explicitement que sa modélisation se fonde sur l’hypothèse que les impôts augmenteront pour financer l’investissement public supplémentaire nécessaire, qui, selon eux, ne représente que 1 % du PIB, alors qu’il sera presque certainement bien plus élevé – j’y reviendrai.  Cela n’affectera-t-il pas la croissance économique ? La croissance ne sera-t-elle pas affectée par un réseau électrique branlant basé sur les renouvelables, par ces investissements que les entreprises privées devront faire dans des générateurs privés dont elles auront besoin pour sécuriser leur approvisionnement et par l’effet général sur l’environnement des entreprises ?

● Nous constatons un biais d’optimisme.  Comme l’a écrit Dieter Helm (encore lui) le mois dernier [viii], ” il ne suffit pas de supposer que les coûts de toutes les ” bonnes ” choses baisseront nettement alors que les prix des combustibles fossiles seront volatils et toujours plus élevés“.  Le biais d’optimisme est une caractéristique particulière des jugements sur les coûts directs de la transition vers le Net Zéro, en opposition à son effet économique.  Cambridge Econometrics estime que ces coûts s’élèveront à 1 % du PIB par an. Skidmore parle de 1 à 2 % du PIB.  Des études indépendantes suggèrent qu’ils seront environ trois fois plus élevés – bien au-delà de tout coût imaginable d’adaptation à l’augmentation des températures. 

● Nous constatons une certitude illusoire et une confiance mal placée dans des prédictions. Le chiffre de 2 à 3 % de croissance supplémentaire avancé par Cambridge Econometrics se justifie en partie par la conviction que les prix de l’électricité seront plus bas d’ici 2050. Bonne chance !  Le chiffre de croissance lui-même pourrait bien sûr être exprimé comme une croissance supplémentaire de 0,06 % à 0,1 % pour chacune des 30 années à partir de 2020. C’est là essentiellement d’une erreur d’arrondi. Personne ne peut faire des prédictions d’une telle précision et j’affirme qu’une telle prédiction n’a pas de sens.

● Nous voyons aussi cette idée qu’il y aura des ressources toujours disponibles. Cambridge Econometrics fonde en partie son chiffre de croissance sur l’hypothèse qu’il existerait des ressources sans emploi qui peuvent être mobilisées par l’investissement public.  Dans ce monde [NdT : imaginaire] il y aurait beaucoup de capital qui attend d’être utilisé, nous aurions toujours assez de travailleurs, il n’y aurait pas ces complications liées à l’ordonnancement des investissements dans le temps, les étrangers seront toujours prêts à financer le Royaume-Uni, et les consommateurs britanniques seront toujours heureux d’épargner au lieu de consommer.  Des projets de grande envergure, tels que l’isolation de chaque maison du Royaume-Uni ou le doublement de la capacité du réseau électrique, peuvent être entrepris sans contraintes de ressources ni effets sur l’économie au sens large.  Ce n’est pas là une représentation réaliste du monde dans lequel nous vivons.

● Et enfin, nous voyons tous les sophismes et affirmations fausses qui sont toujours associés à une politique industrielle : que les perspectives des entreprises prises une à une seraient les mêmes que celles de l’économie, que certains types d’industrie auront des retombées précisément prévisibles sur l’économie au sens large et que ça vaut donc la peine de les soutenir avec de l’argent public, que la prospérité globale du pays peut être augmentée en injectant de l’argent public dans les industries des régions déprimées du pays, que les technologies à succès peuvent être prédites ex ante de manière fiable, ou – peut-être est-ce le sophisme le plus fréquemment entendu – que les nombreux emplois créés dans les industries vertes sont un avantage pour l’économie et non pas ce qu’ils sont en réalité, à savoir des coûts d’investissement dans des technologies moins bonnes que celles auxquelles on les substitue.  Il me semble tout à fait impossible, vu cette litanie de sophismes et de solécismes économiques, que l’actuel programme Net Zéro  stimule la croissance. Bien au contraire. 

Une grande partie de cet investissement sera en fait du gaspillage.  Et ce qui ne sera pas gaspillé nous donnera un système de production, de distribution et de consommation d’énergie plus coûteux, moins performant, moins robuste et moins efficace, comme on commence à bien le voir. 

Cela aura des effets tout à fait prévisibles et déjà visibles.

 Nous constatons des ruptures d’approvisionnement dans certaines régions des États-Unis, alors que le réseau est de plus en plus sollicité.  En Grande-Bretagne, nous constatons une baisse de la productivité dans l’ensemble de l’économie et un désinvestissement dans les industries relativement gourmandes en énergie.  C’est exactement ce à quoi on peut s’attendre. C’est aux partisans du Net Zéro de prouver, et pas seulement d’affirmer que les principes de base de l’économie seront différents à l’avenir.  Je ne pense pas qu’ils puissent le prouver.

Mais il est important de ne pas exagérer les conséquences et de ne pas devenir des catastrophistes comme le sont certains partisans du Net Zéro.  Les plans Net Zéro constituent un frein important, une ancre traînante, pour l’économie mais pas une crise. Les économies de marché sont très flexibles, comme nous l’avons appris ces dernières années. L’Europe a généralement réagi à la crise énergétique de l’année dernière bien mieux que beaucoup ne le croyaient possible, même si nous avons eu la chance d’avoir un hiver relativement chaud.  Même les cas bien plus extrêmes des sanctions contre le Qatar il y a quelques années, ou contre la Russie cette année, ont après une période d’ajustement eu en réalité remarquablement peu d’effet sur les économies concernées. L’économie sud-africaine s’accommode elle aussi, tant bien que mal, d’un secteur énergétique très problématique. Mais, comme le montre ce dernier exemple, l’ancre traînante a vraiment de l’importance et fait la différence.  Elle est d’autant plus importante que seuls certains pays, c’est-à-dire l’Occident, se l’imposent à eux-mêmes et que les mesures prévisibles semblent se durcir au lieu de s’assouplir. 

Les gouvernements poursuivent des objectifs contradictoires et commencent à avoir la frousse.

J’ai l’impression que notre propre gouvernement commence à se rendre compte que les aspects économiques sont plus douteux que ne le prétendent les partisans du Net Zéro. Si, comme le disent certains commentateurs, notre Premier ministre commence à s’inquiéter des coûts du Net Zéro, nous ne pouvons que nous en féliciter.  Il y a manifestement un débat au sein du gouvernement sur l’équilibre entre la sécurité de l’approvisionnement, le prix et la décarbonisation. Comme le souligne le Climate Change Committee [NdT : ce CCC est institution britannique statutairement indépendante établie par le Climate Change Act de 2008]  la politique du gouvernement britannique n’est déjà pas cohérente avec la politique déclarée de décarbonisation du réseau énergétique d’ici 2035. Je cite Dieter Helm pour la dernière fois : il commente [ix]  “Il y a très peu de chances que l’objectif de 2035 soit atteint, et aucune chance avec les politiques actuelles“.  Nous devons donc nous féliciter de la volonté apparente du gouvernement de s’opposer en douceur à l’idéologie du Net Zéro, par exemple avec le projet de mine de charbon de Cumbria, l’ouverture de nouvelles zones d’exploration en mer du Nord et le nouvel élan en faveur du nucléaire – même si, bien sûr, dans tous ces domaines, une politique plus large, par exemple la taxation du secteur de l’énergie, doit encore être mise en cohérence avec cette politique.

Nous pouvons également le constater dans la remise en question naissante des mesures Net Zéro à travers l’Europe.  L’UE hésite à abolir le moteur à combustion interne. Ici, au Royaume-Uni, la politique des pompes à chaleur et de l’électrification commence à se faire sentir.  Un sondage Ipsos Mori [x] réalisé l’année dernière montre que le soutien à la plupart des mesures particulières du Net Zéro est en baisse.  Les mesures les plus fortement soutenues sont celles dont la plupart des gens pensent qu’elles ne les affecteront probablement pas, comme les changements dans les règles d’investissement des fonds de pension et les taxes sur les grands voyageurs, alors tandis que le soutien à l’élimination progressive des chaudières à gaz a diminué de moitié et que le soutien aux subventions pour les véhicules électriques n’est plus que légèrement positif. 

Il reste cependant un long chemin à parcourir.  L’atmosphère « pensée de groupe » est extrêmement forte.  L’opinion publique penche fortement dans un sens, avec d’énormes majorités en faveur du principe Net Zéro, et se maintient facilement dans cette position en raison des limites imposées en pratique au libre débat.

L’opinion en faveur du Net Zéro a un statut élevé, son point de retournement est loin, et il ne fait aucun doute que de nombreuses personnes pensent que “tous ces gens intelligents ne peuvent pas se tromper complètement“.  

Même à droite de l’échiquier politique britannique, de nombreux partisans supposés de la liberté des marchés et de la rationalité économique semblent réticents à réfléchir sérieusement par eux-mêmes à la question du Net Zéro.  Dans l’ensemble, les hommes politiques et les faiseurs d’opinion semblent activement déterminés à ne pas examiner ces problèmes de trop près. C’est inquiétant. 

Comme l’a dit le grand Alfred Sherman [1919-2006, inspirateur de la politique économique de Margaret Thatcher qui a mis fin à des décennies de stagnation et d’interventions étatiques sur l’économie justifiées par la fariboles du « Keynésianisme »] “Vous pouvez réveiller un homme qui dort, mais vous ne pouvez pas réveiller un homme qui fait semblant de dormir“. 

En fait, j’ai l’impression que les membres des gouvernements occidentaux préfèrent activement vivre dans une complète dissonance cognitive plutôt que d’affronter ce qu’ils savent au fond d’eux-mêmes, à savoir qu’ils poursuivent des politiques irréalisables et contradictoires entre elles. 

Pour résumer la situation :

● Les gouvernements mettent en avant un ensemble de politiques économiques qu’ils disent essentielles pour sauver La Planète.

● Pourtant, ces politiques ne sont pas cohérentes avec l’objectif déclaré et ne sont pas assez rigoureuses pour l’atteindre.

● Néanmoins, ces politiques dégradent l’économie de façon très prévisible.

● Pourtant, les gouvernements disent à leurs électeurs que ces politiques sont bonnes pour eux.

● Mais ils les imposent néanmoins par la contrainte au lieu de permettre un libre choix.

● Et ils soutiennent et appuient un débat politique dans lequel il est très difficile pour quiconque, y compris pour eux-mêmes, d’explorer des alternatives.

Le moment critique approche.

Je ne pense pas que ça puisse durer indéfiniment. À moins que nous ne soyons sauvés par un bonus technologique imprévu, quelque chose, à un moment donné, va craquer. 

Il me semble qu’il y a deux directions possibles. 

Une première possibilité est que la résistance aux mesures Net Zéro augmente et que les gouvernements réagissent en abandonnant ou -plus probablement- en retardant l’objectif, ou en s’y prenant d’une manière économiquement plus rationnelle, comme je l’ai expliqué précédemment – même si cela rendra bien sûr les coûts encore plus visibles et évidents.  Cela pourrait se produire à mesure que les doutes sur la nature de la “crise” [climatique] grandissent et que les électeurs occidentaux se sentent frustrés par la lenteur persistante de la croissance et les restrictions croissantes apportées à leur mode de vie, alors que le reste du monde continue à vivre comme si de rien n’était.  Le succès du Parti des agriculteurs néerlandais est une goutte d’eau dans l’océan, mais pour avoir un impact réel, les principaux partis politiques, ici et dans toute l’Europe, doivent s’emparer du sujet, et il faudrait qu’une minorité persévérante fasse pression pour faire évoluer le débat.  Ce n’est pas impossible – nous l’avons vu aux États-Unis et au Royaume-Uni avec la politique de confinement pendant la pandémie.  Mais à l’heure actuelle, les conditions politiques semblent loin de permettre une telle évolution. 

Une deuxième possibilité est que les gouvernements reconnaissent qu’ils ne peuvent plus apporter de manière crédible une justification économique à leurs mesures, mais les habitudes politiques et la réticence à admettre leurs erreurs font que les gouvernements n’abandonneront pas l’objectif et s’efforceront encore de l’atteindre.  Alors nous aurons une intensification de la rhétorique sur le risque [climatique] catastrophique afin de justifier des mesures bien plus sévères avec le détournement d’environ 5 % du PIB par an, et peut-être plus, et avec des mesures énergiques pour contrôler la consommation et la demande.  Je crains que le climat général du débat économique et politique nous conduise dans cette direction.  L’accent mis sur le changement de mode de vie pour sauver la planète, la politisation des choix dans la vie de tous les jours, l’accent mis sur l’obligation de « vivre localement » et « durablement » au lieu d’être un fardeau pour La Planète, l’accent mis sur la réduction de la consommation d’énergie plutôt que de considérer une énergie abondante et bon marché pour ce qu’elle est en réalité, c’est-à-dire une nécessité absolue pour améliorer la vie humaine : tout cela prépare le terrain. 

Pire encore, la politique menée pendant la pandémie a montré combien il était difficile pour la plupart des gouvernements d’échapper aux opinions qu’ils ont créées, d’admettre leurs erreurs et de changer de cap. 

Tout cela est très alarmant. Si nous ne résistons pas maintenant à cette approche misérabiliste, qui se terminera par des restrictions au mode de vie et des rationnements, nous risquons, dès la prochaine décennie d’arriver à des niveaux d’irrationalité économique très gravement préjudiciables. Nous risquerions alors non seulement de sombrer dans l’obscurité en raison des pénuries d’électricité, mais aussi de mettre l’Occident en retrait  et de le rendre impuissant dans la compétition géopolitique des années qui viennent.  

Nous devons être prêts pour ce moment et nous préparer à plaider en faveur d’une voie plus rationnelle en repensant les méthodes et, de manière presque incertaine, le calendrier.

Le travail de ceux qui sont prêts à remettre en question la précipitation vers le Net Zéro est de voir venir ce moment critique et de commencer à y préparer les politiques.  

Nous devons montrer que la poursuite de l’objectif Net Zéro selon le calendrier et les méthodes actuels entraîne des coûts inacceptables pour l’économie et les individus. 

Nous devons constamment remettre en question le point de vue selon lequel les électeurs doivent se contenter de vivre avec ces coûts et adapter leur mode de vie en conséquence. 

Il ne s’agit pas de prétendre que l’objectif Net Zéro, ou quelque chose d’approchant, n’est pas souhaitable : la réduction des émissions de carbone vaut la peine d’être réalisée.

Il s’agit d’expliquer que nous avons choisi une méthode qui garantit le gaspillage, l’inefficacité, le copinage et le déclin économique, dont les coûts seront supportés par l’électeur moyen. 

En conséquence, nous devons repenser les méthodes et, presque certainement, le calendrier. Et nous devons le faire d’une manière qui puisse être facilement communiquée et qui trouve un écho dans l’opinion publique. 

Je suggère les points suivants .

● Premièrement, nous devons continuer à souligner qu’il n’y a pas seulement un problème, il y a une solution.  Il s’agit du passage du gaz au nucléaire, soutenu par des investissements dans la recherche fondamentale, en tirant parti des avancées technologiques.  Il n’est pas nécessaire de réinvestir massivement dans une nouvelle production d’énergie dont la valeur est douteuse.  Le gouvernement peut cesser de deviner les futurs gagnants et soutenir les investissements dans les technologies qui existent aujourd’hui et qui offrent le meilleur moyen, le plus rapide et le plus fiable, de réduire rapidement les émissions.   

● Deuxièmement nous devrions être plus méprisant vis-à-vis des actuelles technologies renouvelables qui sont à considérer comme une complication inutile. Nous devons trouver un moyen beaucoup plus clair d’expliquer pourquoi ces énergies renouvelables sont intrinsèquement plus coûteuses que les autres options et de communiquer ce point évident que si vous avez besoin d’énergies renouvelables avec une sauvegarde, pourquoi ne pas simplement avoir la sauvegarde et éviter tous les autres problèmes ? 

● Troisièmement, nous devons continuer à souligner les coûts pour l’électeur moyen – les totaux croissants des subventions aux énergies renouvelables, à la fois sur les factures et dans les impôts, les coûts supplémentaires des chaudières de mauvaise qualité et des voitures électriques, l’impact de l’isolation obligatoire et de l’efficacité énergétique, et bien d’autres choses encore.  En outre, nous pouvons souligner que, même à ce niveau, nous ne sommes pas sur la bonne voie pour atteindre le niveau zéro.  Toute cette souffrance ne permetttra même pas d’atteindre l’objectif.

● Quatrièmement, soulignez qui en profite : les riches qui peuvent s’offrir des compensations carbone douteuses, les entreprises d’énergie verte qui se gavent de subventions du contribuable, et bien d’autres encore.  Ils bénéficient des avantages et, pendant ce temps, les petites entreprises qui fabriquent des produits utiles sont écrasées par les charges.

● Cinquièmement, le confinement.  En 2020, l’interdiction de la plupart des contacts humains et des déplacements a entraîné une baisse des émissions britanniques de seulement 9 %.  Imaginez ce qu’il faudrait pour faire baisser ce chiffre de manière significative.  Les gens sont-ils prêts à vivre éternellement avec des restrictions beaucoup plus sévères ?

● Enfin, soyez positif.  Nous avons permis aux défenseurs du Net Zéro d’être associés à la positivité, à l’avenir vert et propre, alors qu’en fait ce qu’ils proposent est un avenir de rationnement, de restrictions et de misère.  Nous devons souligner sans cesse que nous croyons en l’avenir, que c’est nous qui avons la solution au problème de l’énergie rentable à grande échelle, et que c’est nous qui croyons que l’ingéniosité humaine résoudra le problème du changement climatique d’une manière qui nous rendra tous plus heureux.   

Pour conclure nous ne sommes pas encore dans le noir, mais nous risquons d’y arriver.  Pour l’instant, nous allons dans la mauvaise direction.

 Nous nous paralysons, nous appauvrissons nos populations, nous réduisons les opportunités et, par conséquent, nous limitons notre capacité économique, politique, de politique étrangère et de défense – notre capacité à obtenir ce que nous voulons dans le monde et à nous enrichir.

 Mais dans le même temps, les premiers signes de résistance des consommateurs aux conséquences pratiques de l’idéologie du Net Zéro apparaissent.  La crise est imminente.  Nous devons tout faire pour changer le débat et être prêts pour le moment où nous pourrons espérer faire avancer les choses dans une autre direction. 

L’avenir de nos sociétés en dépend


[i] Unsettled, Steven Koonin, p 4

[ii] Unsettled, Steven Koonin, p 5

[iii] https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/272061/5761.pdf

[iv] https://www.gov.uk/government/publications/cost-of-energy-independent-review, para 2 and 3 of the Review

[v] https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/272061/5761.pdf, para 1.13

[vi] https://www.gov.uk/government/publications/independent-review-of-net-zero-government-response

[vii] https://www.gov.uk/government/publications/review-of-net-zero

[viii] https://dieterhelm.co.uk/publications/the-net-zero-2035-target-for-electricity-is-not-credible/

[ix]  https://dieterhelm.co.uk/publications/the-net-zero-2035-target-for-electricity-is-not-credible/[x]https://www.ipsos.com/sites/default/files/ct/news/documents/2022-11/Net%20Zero%20Policies_October_2022.pdf

Partager

11 réflexions au sujet de « Le Net Zero est-il compatible avec une prospérité de masse ? »

  1. Cet exposé est assez terrifiant. Le sujet du climat n’est plus scientifique, mais politique et il est passé dans les mains de la gauche. Celle-ci a toujours eu un tropisme autoritaire et l’usage de moyens tels que la propagande, l’encadrement de la population, et la répression, lui sont naturels. Tant que les politiques de net zéro ne concerneront pas défavorablement le citoyen directement, cette histoire se poursuivra. (Réflexes identiques aux confinements, je perds ma liberté de mouvement mais je sauve ma peau). Jusqu’au moment ou la coupe est pleine, et ou le désir de liberté l’emporte (qui oserait mettre en place un nouveau confinement aujourd’hui ?). De plus l’économie et l’endettement en France notamment sont des motifs d’inquiétude. Faire payer les riches pour financer ces sottises (toujours un fantasme de gauche) a fait visiblement long feu. Tout individu normalement constitué peut comprendre que cette politique d’interdiction d’usage des énergies fossiles est absurde, le lavage de cerveau actuel (mon épouse a été contrainte par son employeur d’assister hier à la fresque du climat), va finir par l’expérience, l’intérêt, et la réflexion par retourner une grande partie de la population, en tout cas c’est plus que souhaitable, c’est vital.

  2. Long mais très bien argumenté… sauf qu’il n’existe pas la plus petite preuve de l’effet de l’activité humaine sur le climat, hormis localement. Et cela s’explique par l’immense écart entre l’énergie reçue du Soleil et celle produite par les activité humaines.

  3. Chirurgical. Rien à ajouter ni à retrancher…

    Si quand même:
    Pourquoi ne parle-t-il pas des necessaires investissements d’adaptation à la nouvelle donne climatique?
    Par exemple: nouvelle gestion de la ressource aquatique pour prévoir les pénuries locales (des bassines?), construction de digues (le long du Pô?) pour prévenir les inondations, nouveaux modes de culture et nouvelles productions agricoles (OGM? Recherche sur les engrais? reconstruction de haies? Nouveaux modes de pâturages? Adapter de nouvelles plantes?…), prévention des incendies (moyens aériens, débroussaillement, surveillance, moyens d’accès…).etc etc…
    Il me semble que les enjeux se situent davantage dans l’aménagement du territoire que dans le changement des modes de production industriels et des modes de mobilité…
    Et je pense enfin que le débat sur la pertinence de l’énergie nucléaire dans nos économies modernes est clos: le monde de demain sera nucléaire, pour le plus grand bien de tous…

  4. Effectivement, le Net Zéro n’est compatible qu’avec la prospérité de la caste des “élites” qui va le financer en restreignant les libertés de ceux qui n’en sont pas pour les forcer à se serrer la ceinture.

  5. L’économie et la course au profit d’une minorité mettent la pression sur la majorité qui va subir toujours plus les décisions des gouvernements pour la croissance du PIB. Le climat change personne ne peut le nier (c’est mesuré) mais la bio-diversité elle c’est sûr a un coup dans l’aile, entre la disparition de la faune, la pollution plastique et chimique.
    Est ce qu’on remettre en cause cette économie capitaliste ?
    https://lejustenecessaire.wordpress.com/2023/04/13/on-ne-freine-pas-on-accelere/
    Si le Monde s’asseyait pour réfléchir réellement à l’utilité de toutes nos agitations productrices de futurs déchets toujours non recyclés.

  6. Je crois pour ma part que pour que toutes ces mesures anti-CO² disparaissent et que les pays occidentaux s’engagent “sur une voie plus rationnelle” il nous faut faire comprendre aux gens que l’alarmisme climatique n’est aucunement justifié. Et pour cela Chat GPT peut nous y aider.

    Moi : Saviez-vous que durant le Moyen-Âge il était possible de faire pousser des légumes au Groenland et qu’on pouvait cultiver de la vigne au Danemark et en Écosse ?
    ChatGPT
    Oui, en effet, il est documenté que pendant le Moyen Âge, il y a eu une période relativement chaude appelée l’Optimum médiéval (ou l’Optimum climatique médiéval). Cette période s’est étendue approximativement du Xe au XIVe siècle et a été caractérisée par des températures plus élevées que la normale dans certaines régions de l’Europe et de l’Atlantique Nord.
    Pendant cette période, il y a eu des cas où la culture de légumes était possible au Groenland, une île qui est généralement connue pour son climat froid. Les sagas islandaises et les recherches archéologiques ont révélé que les colons nordiques scandinaves ont établi des colonies agricoles sur la côte sud-ouest du Groenland, où ils cultivaient du blé, de l’orge et d’autres cultures. Cependant, lorsque le climat s’est refroidi à partir du XIVe siècle, ces colonies ont décliné et finalement disparu.
    En ce qui concerne la culture de la vigne, des vignobles étaient en effet présents au Danemark et en Écosse pendant le Moyen Âge, grâce aux températures plus chaudes de l’Optimum médiéval. Des vignobles ont été établis en Angleterre également, et des vins y ont été produits. Cependant, lorsque le climat s’est refroidi pendant la période connue sous le nom de “Petit Âge glaciaire” à partir du XVe siècle, ces régions septentrionales ont perdu leur capacité à cultiver des raisins et à produire du vin.
    Ces exemples mettent en évidence les variations climatiques et les changements qui ont eu lieu au cours de l’histoire, influençant les possibilités agricoles dans différentes régions. Il est fascinant de constater comment les conditions climatiques peuvent avoir un impact significatif sur les pratiques agricoles et les cultures qui peuvent être cultivées dans un endroit donné.

    Moi : Etes-vous en train de dire que le climat était relativement plus doux qu’à l’heure actuelle dans ces différentes régions ?
    ChatGPT
    Oui, l’Optimum médiéval, également connu sous le nom de “Période chaude médiévale”, était généralement considéré comme une période où les températures étaient relativement plus élevées que celles observées aux époques antérieures et ultérieures, du moins dans certaines régions. Cependant, il est important de noter que l’ampleur et la portée de cette période chaude variaient d’une région à l’autre.
    Il existe des preuves historiques, archéologiques et scientifiques qui suggèrent que certaines parties de l’Europe et de l’Atlantique Nord ont connu des températures plus clémentes pendant l’Optimum médiéval. Cela a rendu possible la culture de certaines plantes, comme les légumes au Groenland et les vignes dans des régions plus septentrionales comme le Danemark, l’Écosse et l’Angleterre.

    Cependant, il est également important de noter que le climat est un système complexe et variable, soumis à de nombreux facteurs, tels que les cycles naturels, les interactions océan-atmosphère, les éruptions volcaniques, entre autres. Il y a toujours eu des fluctuations climatiques à différentes échelles de temps, et il est difficile de comparer directement les conditions climatiques médiévales avec celles de l’époque moderne. De plus, les températures globales moyennes de l’ensemble de la planète étaient probablement (donc on est pas vraiment sûr) plus basses pendant l’Optimum médiéval que pendant l’époque contemporaine.

    Bon et bien voilà qui, je l’espère, viendra diminuer l’éco-anxiété de certains.

    Ceci dit Chat GPT est encore loin de posséder la science infuse, celui-ci s’étant sentis obligé pour conclure de nous rappeler la doxa médiatico-politique au sujet du réchauffement climatique :

    ChatGPT
    Il convient de souligner (afin de rester climatiquement correct) que le climat actuel est influencé par des changements anthropogéniques, notamment l’augmentation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère due aux activités humaines. Ces changements ont conduit à un réchauffement global plus rapide et à des conséquences importantes sur les modèles climatiques actuels.

    • L’optimum médiéval à été mis en avant par les écrits de l’historien français Emmanuel LEROY-LADURIE dans sa monumentale “Histoire du climat depuis l’an mil”, écrite en 1967.

      Attention de ne pas fonder le scepticisme climatique (“le climat à toujours varié, il a existé dans un passé récent des périodes chaudes qui permettaient en particulier des cultures quasi exotiques dans des territoires improbables…”) sur les écrits d’un historien qui a par ailleurs clairement exprimé ses doutes sur la période actuelle: je cite:
      “Par ailleurs, si je suis personnellement convaincu du rôle joué par le CO2 dans le réchauffement, j’estime que l’on n’a pas à exiger de quelqu’un qui s’intéresse à l’histoire du climat qu’il partage cette conviction ; je veux pouvoir éventuellement côtoyer des climato-sceptiques de façon à ce qu’il y ait un débat assez large.”

      • L’Optimum Climatique Médiéval n’est plus contestable. Il a été confirmé depuis par de nombreuses études:
        – Nazarova et al., 2021 (full) East Russia 1.5°C warmer than present during Medieval Warm Period (750-1250 AD)
        – Yudawati-Cahyarini et al., 2021 Indian Ocean “warmer than today” during Medieval Warm Period
        -Richter et al., 2021 North Iceland 2-3°C warmer during Medieval Warm Period (1000s to 1200s AD)
        – Gebbie, 2020 Modern global ocean heat 1/3rd of what’s required to reach Medieval levels
        Etc…
        Les carottages effectués au dôme Law en Antarctique par le World Data Center for Paleoclimatology américain et la NOAA en collaboration avec le Laboratoire de Glaciologie et Géophysique de l’Environnement ont permis de publier une longue série d’analyses du taux de CO2 dans l’atmosphère depuis l’an mille jusqu’à nos jours:
        https://www.ncei.noaa.gov/pub/data/paleo/icecore/antarctica/law/law_co2.txt
        On peut constater la remarquable stabilité de cette concentration aux environs de 280 ppm à +/- 3 ou 4 ppm sur près de 8 siècles, depuis l’an mille jusqu’à la fin du 18e siècle où cette concentration a commencé à croitre inexorablement jusqu’à aujourd’hui
        On a pu établir qu’un changement climatique majeur s’est produit sur ce long intervalle puisqu’on est passé de l’Optimum climatique médiéval qui a culminé vers l’an mille, au plus fort du Petit Age Glaciaire, fin 18e s., universellement réputé comme la période la plus froide connue par la Terre depuis la dernière glaciation. Les estimations les plus raisonnables donnent un écart de température d’environ 3°C entre les moyennes de l’an mille et celles de la fin 18e s.
        Un tel écart est totalement incohérent avec des concentrations en CO2 bloquées sur 280 ppm. Manifestement le CO2 ne commande PAS le climat.

      • Merci pour cet information, il est en effet étonnant qu’une personne ayant étudié l’histoire du climat du dernier millénaire, ne nourrisse pas de sérieux doute quand au bien-fondé de la thèse réchauffiste.
        En revanche, je crois que c’est justement une bonne chose que ce monsieur y croit, car ainsi l’on ne peut pas vraiment l’accuser de malhonnêteté intellectuelle et d’avoir trafiqué les données pour que que celles-ci viennent conforter ou accréditer la thèse qu’il soutien.

        L’intérêt des travaux de Le Roy Ladurie, réside pour moi surtout dans le fait qu’il permettent de mieux se rendre compte de l’effet des variations du climat sur les récoltes.
        Voyez-vous à choisir, je crois que nos climato-alarmistes auraient sans doute préféré vivre en France du temps de la colonisation du Groenland par les Viking que durant le Petit Âge glaciaire. “Emmanuel Le Roy Ladurie estime que 1 800 000 personnes seraient mortes en 1709-1710, près de 8 % de la population de la France de l’époque : 600 000 personnes mortes de froid durant ce terrible hiver et 600 000 autres périrent de ses suites, malades et affamées”. Pour rappel le nombre de français morts au front durant la Grande Guerre (14-18) est de 1,4 million.

        • Cette période du Petit Age Glaciaire fut certainement terrible pour l’humanité puisqu’elle a touché l’ensemble du Globe et pendant plus d’un siècle, à cheval sur les 17e et 18e siècle, pour ne parler que de son paroxysme, mais elle n’est historiquement bien documentée qu’en Europe pour d’évidentes raisons
          Cependant il faut rester humbles, contrairement à nos réchauffistes éclairés et binaires, puisque cette période très froide fut paradoxalement accompagnée, du moins en Europe, d’années caniculaires comme celles de 1718/1719 qui firent plus de 700000 morts rien qu’en France et de sécheresses remarquables, comme celle de 1731 qui accabla le Sud de la France.
          Une interview de E. Leroy-Ladurie sur ce sujet:
          http://www.liberation.fr/france/2003/08/14/700-000-morts-lors-des-canicules-de-1718-1719_442098/

  7. Dans notre pays, une frange de plus en plus importante de la population vise très clairement la destruction de l’économie : LFI et extrêmes gauche et droite convergent parfaitement dans ce dessein socialiste plus ou moins national, avec des motivations somme toute très similaires, “sociales” et “écologiques”. Cette frange néglige les faits : une richesse qui n’est pas créée ne peut pas être distribuée et un pays pauvre ne peut pas assurer une protection efficace de l’environnement.
    Elle est relayée très efficacement par une partie active de l’administration (bien aidée par sa considérable partie passive, voire inutile), notamment aux ministères en charge de l’environnement (DGEC, DGPR…), de l’agriculture (DGAL…), de la santé (DGS) et de nombre d’institutions qui y sont rattachées, dont respectivement ADEME, INRAE et ANSES.
    Le résultat est la rapide destruction en France de toute activité productive compétitive en agriculture et dans l’industrie, notamment agro-alimentaire. Et ceci malgré l’agitation pathétique du gouvernement avec sa prétention à “réindustrialiser” et à “verdir” l’économie.
    C’est bien triste.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

captcha