La Cour des comptes recommande de réduire le cheptel des vaches

par Jean-Louis Legrand.

L’actualité économique et politique de mai 2023 aura été marquée par le retour des vieux démons.

L’économiste Jean-Pisani Ferry publie un rapport à la Première Ministre. Avec le plus grand sérieux, ce rapport nous dit que les énergies renouvelables représentent aujourd’hui 13,5 % de l’offre mondiale d’énergie primaire et qu’elles seront « archi-dominantes » au milieu du siècle, dans moins de 30 ans. « Archi-dominantes » en gaspillage d’investissements et en corruption, peut-être. « Archi-dominantes » en satisfaction des besoins, certainement pas.

Toujours avec le plus grand sérieux, le même rapport nous explique qu’en France, à l’horizon 2040, la décarbonation se traduira par un accroissement de la dette publique aux alentours de 25 points du PIB. La transition climatique reste fidèle à son étymologie, aller (ire) au-delà (trans), c’est-à-dire agoniser. Mais heureusement, la bonne vieille recette, faire payer les riches, va nous ressusciter des morts. Or un économiste devrait savoir que c’est la population aisée qui est en proue de la transformation. Ses petits bataillons sont formés par les primo adoptants des technologies vertes (voiture électrique, installation photovoltaïque sur le toit d’une villa, etc.), ceux qui permettent de démocratiser leur usage auprès des classes moyennes à un coût moindre.                                                                          

La Cour des Comptes se met à développer, elle aussi, la doxa ambiante. Désormais, elle compte les bouses de vache. Sa grande compétence dans ce domaine nous recommande de réduire leur cheptel pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. « L’élevage bovin compte pour 11,8 % des émissions du pays. Un bilan plombé par les émissions de méthane, un gaz au pouvoir très réchauffant issu de la digestion des ruminants et de leurs déjections. » 

D’une part, une telle affirmation sous-estime l’intérêt d’une technique alternative comme celle de l’élevage régénératif, qui permet d’optimiser la gestion des pâturages. L’herbe, ses racines et le sol de la prairie capturent le CO2 de l’atmosphère. En mangeant l’herbe, les vaches en restituent une part à la terre. D’après l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA), le bilan carbone de l’exploitation s’avère positif. Chaque année, un hectare de prairie capture l’équivalent en CO2 de quatre allers-retours Paris-New York pour un passager tandis qu’une vache rejette l’équivalent de deux allers-retours. 

D’autre part et surtout, l’impact réel du méthane est faible. Dans l’atmosphère, sa concentration est aujourd’hui de 1,8 ppm (CO2 : 410). Son accroissement naturel et humain (anthropique) est de 0,0076 ppm par an (CO2 : 2,3). Donc sa concentration doublera en 240 ans (CO2 : 180). 

Le gaz carbonique fait monter la moyenne des températures de 1°C par siècle (ou de 1,8°C en 180 ans). Pour chaque molécule de méthane qui est émise, 300 molécules de gaz carbonique sont émises. Certes, la molécule de méthane est 30 fois plus nocive, en termes d’effet de serre, que celle de gaz carbonique. Mais, lorsque la quantité de méthane aura doublé, elle n’induira que 30/300, soit un dixième du réchauffement climatique induit par le doublement de la quantité de gaz carbonique. Ce qui fait 0,18°C en 240 ans. Donc il faudra plus de 1300 ans au méthane pour fait monter la moyenne des températures de 1°C. 

C’est la vache qui rit, de tant d’âneries.

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15 réflexions au sujet de « La Cour des comptes recommande de réduire le cheptel des vaches »

  1. On ne peut même plus parler d’ignorance à ce niveau là, c’est carrément de la débilité mentale !
    Alors que les mêmes veulent limiter, voire interdire l’utilisation des engrais chimiques, comment vont faire nos agriculteurs s’ils ne trouvent pas de fumier pour fertiliser leurs sols ?
    Il faut se rendre à l’évidence : si nous ne réformons pas radicalement la formation de nos élites, notre pays est foutu !
    Les pets de nos vaches sont certainement moins nocifs que les masturbations intellectuelles de nos technocrates !

    • Il va sans dire que pour moi, il n’y a que deux possibilités. Ou ces gens sont vraiment nuls en sciences naturelles (ou en sciences tout simplement) ou ils se servent de cette “crise climatique” pour mettre en place une dystopie orwellienne. Je pencherais plutôt pour la seconde hypothèse.

  2. Supprimer la Cour des Comptes, environ 1800 fonctionnaires, serait très bon pour la planète. Outre les flatulences émises par tous ces gens, il faut aussi considérer l’inutilité de leur travail puisque les recommandations de cette Cour ne sont jamais suivies d’effet: Leur empreinte carbone serait donc certainement beaucoup plus basse s’ils étaient mis au chômage, renvoyés chez eux et payés à ne rien faire, et la C des C dissoute.

    • Effet d’entrainement collectif. Le pic de la konnerie occidentale (et là, l’Europe est vraiment gratinée, dans tous les domaines) devrait atteindre son maximum. Attendons que le pendule reparte dans l’autre sens et cela ne va sans doute pas tarder. Pour l’instant, le contrôle social interdit de dire que le roi est nu.

  3. “L’élevage bovin compte pour 11,8 %” : pas 11,7% pas 11,9%, mais bien 11,8%… Quelle précision !!!! Aucune chance que ce calcul soit juste…. Mais cela fait son petit effet médiatique !

  4. Je vais souvent sur Copernicus le site satellitaire européen et les cartes quotidiennes sur les émissions de gaz dit à effet de serre me laissent perplexes.
    Celles des émissions de méthane sont particulièrement intéressantes.
    On a le méthane des zones tropicales humides avec leurs rizières qui battent des records, le méthane des sites industriels ou d’exploitation gazière ou pétrolière, le méthane des zones humides par temps chaud comme le nord de la Scandinavie ou la Sibérie en été.
    Allez regarder régulièrement le méthane émis par les vaches françaises est particulièrement intéressant.
    Figurez vous que pendant l’été dernier, lors de la sécheresse, les vaches françaises étaient parties en vacances, peut-être dans le nord de la Scandinavie car on n’émettait plus de méthane depuis les sols français, donc forcément les vaches n’étaient plus là, puisque c’est les vaches…
    Réellement méthane des vaches ou méthane des zones humides par temps chaud ?
    Faites vous vous même votre opinion : https://atmosphere.copernicus.eu/charts/packages/cams/products/methane-forecasts?base_time=202305270000&layer_name=composition_ch4_totalcolumn&projection=classical_global&valid_time=202305280000

    • Cette carte montre surtout que la surface des océans où aucun agriculteur n’élève de vaches présentent des concentrations de méthane du même ordre, voire plus élevées dans le Pacifique que le territoire français.
      Même observation pour une bonne partie de l’Afrique du Nord dont des surfaces énormes sont désertiques.
      Le Sud Est asiatique est manifestement le plus gros contributeur de la planète

  5. Que la “cour des miracles des comptes” s’occupe des mauvais comptes!
    Généralement, aucunes de ses recommandations ne sont suivies de faits… mais pour cette étude diligenter par l’Elysée donc par l’U.E., il y aura sans doute une exception!
    Prochaine étape, la même réflexion avec les êtres humains?

  6. Alors adieu veaux, vaches, cochons, couvées…

    Je propose que l’on éradique purement et simplement toute forme de vie sur Terre.
    Comme ça, plus le moindre échange gazeux, et le climat sera sauvé.

    ????

    Ah oui, zut, j’oubliais… assèchons les lacs, les marais, les fleuves, et les océans, et éteignons les volcans.
    Ouf ! enfin tranquilles (et morts…), la planète est sauvée !

    • Une autre solution qui a ma faveur : éradiquons purement et simplement les “écologistes”…

      Nous on aura la paix, et ces abrutis foutreront la paix à la planète et aux animaux !
      Bref, tout le monde sera content 🙂

  7. Lorsque William Cody a zigouillé presque tous les bisons (qui sont des ruminants comme les vaches), a-t-on vu un quelconque changement climatique suite à la diminution (forcément !) du méthane des rots desdits bisons ?
    La Cour des Comptes en est-elle consciente avant de prononcer ses recommandations ? A-ton affaire à des adultes ou à des gamins sans cervelle ?

  8. Il faut qu’on explique pourquoi la Cour des comptes s’interroge sur le cheptel des vaches et surtout sur le problème de leurs pets.
    C’est typiquement un sujet qui n’est pas dans ses attributions.

    • Tout est de la compétence de la Cour des comptes car elle est omnisciente.
      Et si c’est recommandations ne sont jamais suivi, c’est qu’Elle est tellement plus compétentes que les autres, que ceux-ci ne comprennent pas ce qu’Elle demande (le lot des génies).

  9. Franchement, quand je me marre d’avance quand je commence à lire vos articles.
    Allons-y sur l’impact positif des prairies.

    Chaque année, soit-disant et admettons, un hectare d’herbe, vaches comprises, absorbe l’équivalent de deux aller-retour en avions Paris-New York.
    L’impact carbone d’un aller-retour peut être estimé à 1 tonne de CO2. (En remarque, nous voyons l’aller retour Paris New York promu comme une unité de mesure alors que c’est une estimation … élastique. Comme si les choses n’étaient pas déjà assez compliquées, vous en rajoutez une couche. )
    Donc un hectare de prairie avec ses vaches permettrait d’absorber 2 tonnes de CO2 par an.
    Bingo ? Non.
    Si vous remplacez cet hectare par une forêt jeune, vous capturez 10 tonnes de CO2 par an.
    Voilà, ça c’est bingo. Et à mon avis en mettant les biologistes et les botanistes sur le coup, on devrait faire beaucoup mieux.

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