L’affaire climatique du siècle

D’après Lucas Bergkamp (*)

Article initialement publié sur le site de Judith Curry. Traduit en français par la rédaction.


Le 12 novembre 2024, la Cour d’appel de La Haye a statué dans le « cas climatique du siècle » que Milieudefensie (« FoE ») avait intenté contre Shell en 2019. FoE exigeait que Shell réduise ses émissions sur l’ensemble de sa chaîne de valeur d’au moins 45 % d’ici 2030. La fondation « Man & Environment » (M&E) s’est jointe à l’affaire pour représenter les intérêts des citoyens néerlandais.

La Cour d’appel ne s’est laissée impressionnée par la rhétorique de FoE qui consiste à « passer au vert ou disparaître » et a rejeté ses arguments. Néanmoins, la décision de la Cour d’appel laisse beaucoup à désirer et n’a pas éliminé la menace que représentent les ONG militantes qui lancent des poursuites motivées par le climat dans le but de provoquer un « changement de système », consistant à mettre à l’écart la démocratie, à prendre en otage les citoyens et à détruire l’économie.

La science du climat sous l’emprise du GIEC

Bien que M&M ait vigoureusement réfuté les arguments de FoE à l’aide de rapports d’experts, la Cour d’appel a adopté sans réserve de nombreuses déclarations factuelles de FoE sur l’urgence et la gravité du problème climatique. Pour cela, la Cour s’est appuyée sur l’autorité du GIEC et sur le prétendu « consensus » qui émergerait de ses rapports, en particulier les SPMs (« Rapports pour décideurs »).

La Cour a non seulement considéré les rapports du GIEC comme des preuves irréfutables, mais leur a également attribué une valeur normative. Elle a par exemple jugé que les climatologues avaient déterminé que la température moyenne sur Terre ne pouvait pas augmenter de plus de 1,5 degré. Ce faisant, la Cour, comme la Cour suprême néerlandaise, a ignoré que la science ne pouvait pas établir de normes et que les scientifiques n’étaient pas autorisés à établir des normes sociales. La propension Politico-scientifique de la justice néerlandaise est extrêmement inquiétante et n’augure rien de bon pour les futurs jugements liés au climat.

Un changement climatique réputé dangereux

La Cour en arrive à la conclusion alarmiste selon laquelle « le climat est le problème le plus grave de notre temps » et que le danger du changement climatique est immense, voire « mortel ». Sur la base de constatations de faits non avérés et de références aux accords de Paris sur le climat, des arrêts Urgenda et Klimaseniorinnen (prononcés par la Cour européenne des droits de l’homme), la Cour a confirmé le droit à la protection contre « les dangers du changement climatique ».

« La protection contre les dangers du changement climatique » est un droit de l’homme, affirme la Cour sans aucune réserve. De toute évidence, l’a mise en œuvre l’application de ce droit de l’homme se fera aux dépens de toutes sortes d’autres droits et intérêts pour l’humanité, par exemple, le droit à une énergie fiable et d’un coût abordable. Inévitablement, le droit à la protection contre les « les dangers du changement climatique » nuira à la réalisation d’autres « objectifs de développement durable ». Bien que M&E ait largement signalé ce type de contradictions, les juges n’ont pas jugés bon de traiter des implications de cette « morale climatique ».

Un appel du pied pour des actions futures

Ce nouveau droit de l’homme doit être respecté non seulement par les États, mais aussi par les grandes entreprises, a estimé la Cour. En droit de la responsabilité civile, cette obligation se traduit par un devoir de vigilance pour les entreprises. Selon la Cour, les accords de Paris exigent des mesures visant à réduire la demande en énergies fossiles et à limiter l’offre de ces énergies. Les entreprises pétrolières et gazières devraient donc tenir compte de « l’impact négatif sur la transition énergétique des investissements dans la production d’énergies fossiles ».

Ce jugement suggère que « sauver le climat » légitime l’expropriation rampante des compagnies pétrolières et gazières. Ce raisonnement n’a pas échappé à l’avocat de FoE, qui a fait allusion à d’autres procédures judiciaires visant à empêcher le développement, l’expansion et le financement de la production pétrolière et gazière, en faisant référence au prochain procès climatique contre ING, la plus grande banque néerlandaise, .

Catégorisation des émissions : « Scope » 1, 2 et 3

L’association FoE a perdu le procès en raison de deux moments de lucidité des juges. FoE avait exigé que Shell réduise ses émissions de « Scope » 1, 2 et 3. En ce qui concerne les Scope 1 et 2, la Cour d’appel a jugé que Shell s’était engagée à atteindre cet objectif et était en bonne voie pour l’atteindre, de sorte que cette demande a été rejetée.

En ce qui concerne les émissions de catégorie 3, la Cour d’appel a conclu que ni la loi ni la science climatique ne fixent de normes de réduction spécifiques pour une entreprise comme Shell. Les 45 % invoqués par FoE, a estimé la Cour, ne constituent qu’une « réduction mondiale moyenne dans tous les secteurs » qui ne s’applique pas à chaque pays et à chaque secteur d’activité individuellement. En effet, ce point avait été bien expliqué dans les observations de M&E à la Cour.

À cet égard, le jugement fait office de dialogue entre les tribunaux et le mouvement climatique. La science climatique sait donc ce qu’on attend d’elle : elle fixe des normes de réduction pour le secteur pétrolier et gazier et les tribunaux (du moins les tribunaux néerlandais) les feront respecter.

Une obligation de réduction imposée à une entreprise spécifique serait inefficace

La Cour d’appel a également affaibli la plainte de FoE en jugeant que l’ordonnance de réduction demandée par FoE serait inefficace. Cela aussi avait été expliqué en détail dans les avis d’experts de M&E. Comme l’a confirmé la Cour, il n’y a aucune raison de croire qu’une obligation de réduction imposée à une entreprise spécifique aura un effet positif : si Shell vend moins de pétrole et de gaz, d’autres fournisseurs prendront simplement sa place et tout « gain climatique » sera illusoire.

Le droit à la protection contre la dangerosité du changement climatique se concrétise lentement mais sûrement

En conformité avec la théorie la « réalisation progressive » des droits de l’homme, le droit à la protection contre les « dangers du changements climatique » établi par les tribunaux est en train de se concrétiser lentement mais sûrement. Deux pas en avant, un pas en arrière : d’abord les gouvernements, puis les entreprises, suivis d’un pourcentage spécifique de réduction, puis d’aucun pourcentage de ce type.

Cette semaine le tribunal de district a fait marche arrière, mais le verdict de première instance a déjà produit ses effets. Depuis, de nombreux autres procès ont été intentés et le mouvement pour le climat a réussi à convaincre l’Union européenne d’obliger les entreprises à mettre en œuvre un « plan de transition climatique » cohérent avec l’objectif de limitation de la température de 1,5 degré. Les juges ont rapidement appris à jouer au jeu de la politique du climat.

Une bataille a été gagnée, mais la guerre climatique continue

Il s’agit de la première décision de justice climatique aux Pays-Bas qui soit favorable aux citoyens qui souffrent de la hausse constante des prix de l’énergie et d’autres produits. L’intervention de M&E a eu son effet, car elle a démontré à la Cour que d’autres intérêts sont concernés par ce type d’affaires et que d’autres points de vue valables sur ces questions génèrent des conclusions radicalement différentes. De plus, comme les principales raisons du rejet des demandes de FoE sont plutôt de nature factuelle, il sera difficile de trouver un bon argument pour faire appel de la décision devant la Cour suprême, qui n’examine que les points de conformité au droit.

Une bataille a été gagnée, mais la guerre climatique va continuer. Les ONG militantes pourront tirer de la décision de la Cour de nouvelles bases juridiques pour de nouvelles affaires liées au climat.

Promouvoir les ONG sensibles aux intérêts des citoyens

Pour éviter que la démocratie ne soit mise à l’écart et que le peuple ne soit pris en otage par les militants écologistes soutenus par le pouvoir judiciaire, les interventions des ONG qui sont sensibles aux intérêts des citoyens seront essentielles. Cette idée suscite beaucoup d’enthousiasme, mais le financement de ces activités reste un grand défi.

Dans l’ensemble, la décision aura des répercussions sur de nombreuses autres affaires climatiques dans le monde et devrait amener l’UE à repenser l’obligation pour les entreprises de mettre en œuvre un plan de transition climatique compatible avec l’objectif de 1,5 °C.

En matière de climat, pour reprendre un proverbe chinois, « Un voyage de mille kilomètres commence toujours par un premier pas ».


(*) Lucas Bergkamp est titulaire d’un diplôme de médecine, ainsi que d’un diplôme de droit et d’un doctorat de l’Université d’Amsterdam et d’un Master of Laws (LL.M.) de la Yale Law School. Il a été professeur de droit international de la responsabilité environnementale à la faculté de droit de l’université Erasmus de Rotterdam et a enseigné dans le cadre du programme de maîtrise en droit de l’énergie, de l’environnement et du changement climatique de l’université de Louvain et de l’université de Malte. 

Lucas Bergkamp est reconnu comme un avocat de premier plan en matière de réglementation dans de nombreux répertoires juridiques et par de nombreuses organisations, notamment Chambers Europe et Legal 500.

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55 réflexions au sujet de « L’affaire climatique du siècle »

    • @Serge Ferry
      Ici science et politique sont intrinsèquement mêlés, pour le pire. Les assoç’ et les juges déjà politisés outre mesure, ont la prétention de dire la science alors qu’ils n’ont aucune compétence en la matière. Seuls des experts non politisés le pourraient, mais peut-on imaginer une seconde qu’un expert climatosceptique soit intervenu dans le procès dont il est question ???
      Une justice qui se mêle de tout juger à l’aune de la “sensibilité” du juge n’est plus une justice. Seul ce que prévoit la Loi devrait être appliqué, légèrement modulé d’éventuelles circonstances atténuantes ou aggravantes, et à condition que ces dernières soient clairement motivées dans le jugement.
      La récente condamnation à 600 € d’amende pour menaces de mort contre un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions, alors que la Loi prévoit 5 ans de prison et 45000 € d’amende est une forfaiture révoltante. Le juge devrait être révoqué.

    • Mais, Monsieur, en démocratie, c’est le peuple qui fait les lois – celles de la physique ne sauraient faire exception, sinon ce serait une dictature intolérable !
      Or le peuple, par le biais de ses représentants, a décidé que la théorie du réchauffement climatique d’origine anthropique était une vérité indiscutable.
      Par conséquent, puisque les magistrats jugent au nom du peuple, ils sont donc fondés à tout juger à l’aune cette théorie.

      • “””””””Or le peuple, par le biais de ses représentants, a décidé que la théorie du réchauffement climatique d’origine anthropique était une vérité indiscutable.”””””””
        Qu’estce que vous dites comme conneries

      • Où avez vous vu qu’en démocratie le peuple fait les lois, c’est faux. Peut être leurs représentants et encore juste pour des lois sans importance, quand c’est du sérieux, le top 20 des politiciens font leur sauce à leurs avantages comme en 2005 pour le référendum !
        Même à l’époque de la première démocratie en Grèce , une poignée de gros lard faisaient les lois sans consulter personne !

      • “Les juges jugent au nom du peuple” est une déclaration toute théorique.

        Les juges en France ne sont pas des élus (sauf dans les tribunaux commerciaux) mais sont des fonctionnaires sélectionnés par un concours fondé entièrement sur des matières judiciaires. La loi constitutionnelle de 1958 prévoit leur indépendance.
        Cette indépendance diffère selon qu’ils sont magistrats du Parquet (ceux qui requièrent les peines) et magistrats du Siège (ceux qui jugent).
        Les magistrats du Siège sont complètement indépendants, inamovibles, et même un avancement passe par leur consentement.
        Ils jugent certes selon les lois mais disposent d’un vaste libre arbitre pour appliquer ou non la Loi selon leurs sensibilités personnelles, ce dont ils ne se privent pas puisque les lois votés par nos députés sont régulièrement contournés et ignorés par eux.

        Parfois ces lois votées par les élus du peuple sont même “cassées” avant d’exister par le Conseil Constitutionnel, ce qui est une hérésie totale dans un pays se proclamant une démocratie, dans ce cas, une classe de hauts fonctionnaires décidant même “contre” la volonté populaire.

        Pour vraiment juger au nom du peuple, les juges devraient être élus pour un temps donné Cela rendrait le pouvoir aux citoyens, libres d’élire ou de réélire ou non un juge qui applique ou non les lois votés par les représentants du peuple.
        C’est le cas dans certains pays du monde, notamment dans certains états des Etats Unis.

        • Le Conseil Constitutionnel…
          Ajoutons-y tous ces offices périphériques qui permettent à l’Etat de se débarrasser des questions gênantes (c’est pas moi c’est eux). Mais aussi de caser les amis.
          Dans leur suppression, il y aurait un vrai gisement d’économies permettant d’éviter la banqueroute et surtout de réduire les impôts.
          Mais c’est hors sujet.

      • FM, Votre propos est un modèle du genre : celui d’une “logique” implacable poussée jusqu’à l’absurde, motivée par une volonté de puissance qui affleure à chacun de vos mots et qui a conduit à toutes les dictatures de l’Histoire, de la Terreur à la Révolution d’Octobre et au “Grand bond en avant” qui fut un effrayant saut dans le gouffre de l’horreur !
        Cette “logique” est évidemment une fausse logique, un paralogisme ou mieux un sophisme qu’aucun “mais”, “sinon”, “or”, “par conséquent”, “donc” autoritaire ne saurait rendre respectable ni juste car la prémisse est fausse : les “lois du peuple”, soumises à la décision d’une Majorité, n’ont rien à voir avec les “lois de la physique ou de la Nature”, soumises à la recherche de la Vérité qui ne se décrète pas, “par conséquent” (comme vous dites avec autorité) les magistrats ne sont absolument pas habilités à juger en droit une question d’ordre scientifique sous peine d’établir cette “dictature intolérable” dont vous parlez.
        Il y a là une dérive extrêmement préoccupante du pouvoir de la Justice que l’on retrouve à tous les niveaux, y compris dans les décisions politiques (cf. le Conseil Constitutionnel récemment), sociétales ou autres, qui fait craindre à terme une véritable dictature des juges, soumis au diktat des “ONG khmers vertes” ou au gauchisme international de manière plus générale (on connaît la couleur politique du Syndicat de la Magistrature en France que feu le Garde des Sceaux Jean Foyer avait su parfaitement dénoncer)…

  1. Pauvres pays européens qui, s’ils ont dominé le monde grâce à l’impression de la bible, sont en train de se suicider avec la « bénédiction » des États-Unis, en promouvant une idéologie dont ils ne tirent pas un seul bénéfice. Manifestement il existe en Europe d’autres murs des cons… La Cour Pénale internationale sise dans la même ville vient de le confirmer en lançant un mandat d’arrêt international contre le premier ministre d’une démocratie en guerre pour son existence.

    • Que dire de la CEDH qui interdit d’expulser des trafiquants de drogue d’un pays qui n’est pas le leur ?
      Je ne suis pas sûre qu’il existe dans l’histoire, une civilisation ayant couru au suicide à une telle vitesse que la civilisation européenne ou ce qui en reste.

  2. Toujours dans le hors sujet.
    Trump et Poutine sont deux dirigeants de première magnitude, qui en ont quelque part, sont prudents (mais si, mais si) et voient au-delà de l’horizon immédiat. Et qui de ce fait vont probablement sauver la planète de la nébuleuse de bonté dégoulinante (mais armée) dite woke. L’élection de Trump signifie surtout que le peuple américain en a ras la casquette des politiques vertes, qu’on va enfin revenir les pieds sur terre et appeler un chat un chat, en finir avec les COP. Là nous revenons dans le sujet.
    Sorry, je file.

    • C’est vrai, l’élection de Donald Trump a jeté un froid sur le réchauffement… 🙂
      Il suffit de lire les commentaires catastrophés qui fleurissent sur les sites écolos.

    • @serge
      “”””””Trump et Poutine sont deux dirigeants de première magnitude, qui en ont quelque part, sont prudents (mais si, mais si) et voient au-delà de l’horizon immédiat.””””””
      ——————–
      Je ne sais ce que vous entendez par “première magnitude”, ni ce que vous sous entendez par ” qui en ont quelque part” ; Concernant ‘l’horizon immédiat”, je pense qu’ils voient le leur et pas celui de leur pays Sinon je ne vois pas ces deux sauver la planète; je ne vois pas pourquoi l’un veut reprendre des terres à l’Ukraine et l’autre renvoyer tous les ouvriers sud americains qui vont travailler dans ses usines
      Après je pense que l’un comme l’autre n’en a rien à foutre de l’avenir climatique ou énergétique de la planète : l’un est prêt à nous revendre du gaz russe et l’autre à remettre à fond les gisements de gaz de schistes ; mais sur ces derniers points je suis d’accord avec eux ; parce qu’il faut ces énergies fossiles pour remettre en place les centrales nucléaires pour le futur

      • Frederic,
        magnitude : grandeur
        en avoir : cojones

        Ukraine : telle que dessinée, ce n’est après tout qu’une ancienne subdivision administrative de l’ex-URSS (un peu comme chez nous la région Grand-Est). Pas un pays, ni le territoire naturel d’une ethnie. Lorsque les bandéristes néonazis ont cornaqué la révolution de Maîdan et pris le pouvoir, aidés des anti-russes d’outre-Atlantique, ils ont voulu dérussifier l’est de cette ”Ukraine” peuplée surtout de russes. Avec les conséquences que l’on connaît. Poutine a longtemps hésité avant d’intervenir contre l’invasion de l’armée ukrainienne programmée, qui voulait mettre au pas les milices prorusses défendant leur identité. Le droit des peuples à défendre leur identité, cher à notre gauche, oublié. Pensez-donc, cet horrible dictateur de Poutine. Bref, une autre lecture de l’affaire. Désolé.

        Avenir climatique : qu’ils n’en aient rien à faire est tout à fait normal, étant donné que la crise climatique est un fantasme qui résiste de moins en moins aux faits mais qui en alimente un autre, mortel celui-là, l’urgence de la transition énergétique des décérébrés du blob gélatineux européen.
        Donc revenir les pieds sur terre est une mesure de salubrité publique. Nos pauvres, qui vont en baver avec les mesures débiles qui s’accumulent, ne diront pas le contraire. Alpin, je pense aux bergers qui vont devoir aller chercher les brebis égarées en 4×4 électrique dans les alpages sans chemins. C’est une image.
        Allez, bon dimanche,

        • Jean Jouzel y croit à la transition écologique ! C’est curieux cette façon de voir les choses : il y a une crise climatique qui va être désastreuse, mais avec beaucoup de bonnes volontés, on va pouvoir arriver, grâce à la transition, à beaucoup d’ éducation, à la neutralité carbone en 2050. Et on “sauve le climat” — si celà a un sens –. Il peut bien dire n’importe quoi, il ne sera plus en exercice en 2050 (à 103 ans), il n’aura plus à rendre des comptes !

          [ Jean Jouzel : «Ce qui est proposé par la transition écologique est plutôt attractif, en termes de mode de vie»

          Jean Jouzel, paléoclimatologue, et colauréat du prix Nobel de la paix 2007, quand il était vice-président du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), refuse de céder au pessimisme, même si «le climat est morose», entre une COP29 en négociations prolongées et la réélection de Donald Trump aux Etats-Unis. Il prône l’action, car «tout dixième de degré économisé compte», a-t-il expliqué devant l’auditoire du Climat Libé Tour à Dunkerque, vendredi soir.
          La COP29 s’est prolongée en Azerbaïdjan à cause des difficultés pour trouver un accord entre les pays présents. Est-ce que ces sommets internationaux sont encore utiles, selon vous ?
          Oui, ils le sont. Il y a une vingtaine d’années, dans le scénario business as usual, on était à une augmentation des températures de 5 degrés par rapport à l’ère préindustrielle. Maintenant, on est plutôt à 3 degrés, parce qu’il y a eu une prise de conscience dans les années 90. Un monde sans Giec et sans COP, on ne saurait pas très bien où il irait. Ce sont vraiment des conférences où tous les pays se retrouvent et ont le droit à la parole. C’est vrai, on pourrait s’occuper du climat seulement avec les pays émetteurs, mais les conséquences sont également dans les pays en développement. Cette solidarité internationale est importante. Si on n’aide pas financièrement un continent comme l’Afrique, il va se développer autour des combustibles fossiles et on aurait perdu au niveau du climat. L’Afrique est autonome énergétiquement avec ses réserves de gaz, de charbon, de pétrole. Son développement pourrait se faire avec des énergies renouvelables, mais seulement si on aide ces pays.
          En France, Michel Barnier n’a pas présenté de mesures concrètes en faveur du climat dans son discours de politique générale. Qu’en pensez-vous ?
          Il y a tout de même une planification écologique. Aux dernières nouvelles, ce secrétariat était maintenu. Mais en ce moment, on ne parle pas du tout du climat. C’est quelque chose qui est au second plan. J’étais plus optimiste il y a huit ans après l’accord de Paris [signé par 195 pays, il prévoit la réduction des gaz à effet de serre, ndlr]. La réalité, c’est que l’ambition est là, inscrite dans les textes, mais les mesures au jour le jour ne sont pas à la hauteur de l’ambition. Si on arrivait à la neutralité carbone à l’horizon 2050, ce serait merveilleux.
          Est-ce qu’à votre avis, le populisme menace la cause climatique ?
          Le populisme consiste à dire aux gens que tout va bien, qu’on va continuer comme ça. Non. L’écologie de bon sens, celle qui veut supprimer les éoliennes, n’a aucun sens. Soyons clair, ce qui s’est passé l’hiver dernier dans le Nord et le Pas-de-Calais, les rivières qui débordent, se reproduira. Il faut regarder les choses en face. La communauté scientifique est quand même relativement crédible pour qu’on lui accorde crédit sur ce qu’elle prévoit pour la deuxième moitié du siècle. Il faut prévenir, il faut alerter. A Valence, l’alerte n’a manifestement pas été à la hauteur.
          Comment faire pour lutter contre cette forme d’indifférence sur les changements climatiques ?
          La solution, pour moi, c’est beaucoup d’éducation, et montrer qu’on peut construire un modèle économique, comme avec les gigafactorys de batteries électriques qui s’installent ici, dans le Dunkerquois. Ce qui est proposé par la transition écologique est plutôt attractif, en termes de mode de vie : un peu de sobriété dans les transports aériens, la limitation de cette tendance à avoir des véhicules plus lourds, ce n’est pas un retour en arrière. Il n’y a pas de raisons fondamentales d’être contre des bâtiments bien construits, rénovés, qui créent de l’activité économique.
          Vous croyez donc à l’industrie verte ?
          Il faut continuer à innover, mais au service de la neutralité carbone. La sobriété est nécessaire, mais je ne veux pas d’une société figée : nous ne savons pas ce que connaîtront nos jeunes dans trente ans. Ce sera très différent de ce que nous vivons, avec par exemple l’émergence de l’intelligence artificielle. Le réchauffement climatique rajoute une couche à tout cela. Je suis persuadé qu’on peut construire une dynamique autour de la transition carbone. J’encourage à l’action. ]

          Article de Stéphanie Maurice à Libération
          Climatiquement vôtre. JEAN

        • Ouais, c’est curieux toutes ces petites tentes oranges qui ont fleuri en 2004 à Kiev, avec le kit de survie et le petit drapeau qui allaient avec, et au même moment un peu partout en Asie centrale sur les mêmes thèmes “fleuris” : Géorgie en 2003 (Révolution des Roses), Kirghizistan en 2005 (Révolution des Tulipes) à la suite directe de la guerre du Kosovo en 1999 pour laquelle Wesley Clark, commandant des forces de l’OTAN pour l’opération, a clairement déclaré que le secours aux Albanais du Kosovo était le dernier des objectifs : il s’agissait surtout de fermer le bec à Milosevic qui était devenu ingérable en Europe et était le petit caillou dans la chaussure de l’Europe de Bruxelles, c’est à dire de l’OTAN…
          Du OTPOR serbe au PORA ukrainien, tous deux financés et soutenus par la NED américaine, le chemin est direct : renseignez-vous et vous trouverez…
          Et si vous avez un peu plus de temps à perdre, creusez du côté du Plan “Fer à cheval” qui a permis à la Bulgarie de rentrer dans l’OTAN, comme par miracle, via l’Autriche et l’Allemagne… vous verrez la réalité est beaucoup plus passionnante qu’aucune fiction… mais vous devez déjà savoir…

    • Les pays qui comme l’Europe ont fonçé tête baissée dans le panneau du changement climatique d’origine humaine sont condamné à un déclin inéluctable. Pour preuve:
      – En 2004, part du PIB mondial: USA 25 % / Europe 31 %
      – En 2024, ” ” ” : USA 26% / Europe 17 %
      Et bien entendu, les politiques européoextrémistes nous expliquent doctement cette dégringolade parce qu’il n’y a pas assez d’Europe en Europe !
      Le Graal européen , le “Net Zéro” des écolos, sera le coup de grâce !

  3. Dans une retentissante tribune publiée dans les colonnes du Figaro intitulée ” Des juges contre la justice”, Jean Foyer, Professeur agrégé des facultés de droit, ancien Garde des Sceaux du Général de 1962 à 1967, et qui savait donc ce qu’il avançait, dénonça le Syndicat de la magistrature comme étant, je cite, “une organisation subversive gauchiste” ayant pour objectif la conquête du pouvoir au sein de l’institution judiciaire… rien moins que ça.
    Attaqué en diffamation par ledit Syndicat, il perdit en première instance, mais gagna en appel et en cassation… dont acte, comme disent les juristes…
    Bien entendu, on était en 1975…

    • Je connais l’oiseau derrière l’affaire, une bille en recherche mais qui sait manœuvrer dans les Instances, friandes de cette bassesse qu’est la communication. ceci d’autant plus que les facs sont dirigées dorénavant par de purs administratifs. Elles coulent, tout comme a coulé l’hôpital lorsque les médecins ont perdu la main.

      • Communicants = néosophistes, avec la dimension “marketing” en plus, puisque “le politique” n’est plus devenu que la gestion de “l’économique”, ce qu’il n’était évidemment pas dans l’antiquité…
        Mais comme disait le grand marchand de Cognac Jean Monnet, entièrement à la solde des Américains et agent double de Roosevelt : l’Europe est “un marché de 160 millions de consommateurs” (9 juin 1955). Le moyen de résister à un pareil argument, je vous le demande, à l’époque de Disneyland, d’Halloween ou du Black friday désormais uniques horizons culturels de nos concitoyens déculturés ? Évidemment, sa place était bien au Panthéon, pas de doute !
        Tout ça nous a conduits à Van der Leyen et son homologue, illustre inconnu, Charles Michel (qui connaît Charles Michel ?) : quel souffle cette Europe je vous le demande, que des technocrates administratifs bien repus, sans dimension ni charisme, vendeurs de pilules et de vaccins Pfizer, à la solde de l’Otan, de l’oncle Sam, de l’écologisme militant… et du wokisme !

    • La machine à désinformation et à propagande tourne à plein régime ! Et l’on parle de la Russie…
      Il me semblait aussi que l’écriture dite “inclusive” (et de fait “exclusive”) était interdite dans les documents officiels depuis au moins la circulaire Blanquer de 2021, mais l’université n’en a rien à faire apparemment : “Chacun fait, fait, fait, c’qu’il lui plait, plait, plait”…
      France, pays devenu ingouvernable, surtout si l’on n’est pas dans la mouvance “woke” (c’est-à-dire “endormie”) !

      • Je voulais dire : “…surtout si les directives officielles et gouvernementales ne vont pas dans le sens de l’idéologie Woke (eh oui, ça peut leur arriver…).”

    • (suite, écriture dite “inclusive”) Phrases copiées à partir du site :
      “Vous êtes étudiant.e à l’Université de Lorraine
      Vous souhaitez être conseillé·e dans la construction de votre projet”, etc.

  4. En dépit de 29 “COP” annuelles, la teneur en CO2 de l’atmosphère grimpe imperturbablement. Ce fut même le cas en 2020 lors du ralentissement général des émissions à cause du covid. A méditer.

  5. 3 degré ce matin , 10 à midi , 15 ce soir ; superbe , il fait plus chaud dehors que dans la maison ; j’ai ouvert toutes les portes et fenêtres ; et le CO2 n’a pas augmenté

  6. Serge Ferry25 novembre 2024 at 12 h 18 min
    “””” les facs sont dirigées dorénavant par de purs administratifs””””””
    Cela a commencé en 1989 quand le GIEC a été créé ; même mes collègues qui sont restés à la fac ont fini par couper les liens pour se ranger dans les absurdités climatiques ; du coup , j’ai coupé les ponts

    • Les “absurdités climatiques”… et celles de “genre”.
      Un professeur émérite de philosophie, spécialiste internationalement reconnu de philosophie allemande, m’expliquait déjà il y a plus de 10 ans qu’il quittait l’enseignement supérieur avec soulagement : il n’y était plus question que de “genre” (qui est éventuellement un concept sociologique, selon la façon dont il est abordé, et non philosophique) dans tous les départements : exit les hégéliens, les kantiens, les nietzschéens, les heideggerriens etc. regardés avec suspicion comme des êtres antédiluviens : du “genre”, du “genre” et encore du “genre”, et tout le monde en rang par deux et au pas, svp !
      “L’être n’est plus une question que l’on se pose en philosophie dorénavant, l’être ne pose plus problème”, me disait-il désolé en pensant aux étudiants gavés de slogans militants rebattus… il n’avait plus rien à faire dans une université qui n’est plus que le lieu de diffusion d’idéologies redoutablement efficaces dans leur simplisme grégaire, relayées avec force par tous les médias et les “zéros sociaux”, et surtout, plus grave encore, par les politiques et les élites (excusez le gros mot) qui ont déserté et trahi par démagogie, et ne sont plus capables de montrer aucun chemin qui permettrait à leurs concitoyens ou leurs administrés d’éviter des écueils mortels si grossiers…
      Le XXIème sera celui de la Grande Nuit…

  7. « La COP 29 est terminée et tout le monde s’en fout ».
    Les pays riches ne veulent pas que les pays en développement utilisent leurs ressources propres (pétrole, gaz, charbon) pour se développer, et ce, pour ne pas déséquilibrer le marché et pour faire durer l’usage des « fossiles » le plus longtemps possible. Dans cette affaire les écolos sont les idiots utiles des multinationales pétrolières. On donne donc aux Pays En Développement des colifichets tels que les panneaux solaires dont ils n’ont qu’un besoin limité. Les PED ont bien raison de prendre l’argent qu’on leur donne pour « sauver la planète » pourvu qu’ils en fassent ensuite un usage intelligent pour leur propre développement. Il serait moins hypocrite de rester dans le cadre classique de l’aide au développement, même si subsiste toujours la vieille méfiance : « la coopération c’est prendre l’argent des pauvres des pays riches pour la distribuer aux riches des pays pauvres ».

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