La diminution des aérosols, principale cause du réchauffement hivernal en Europe

Une étude publiée le 3 février dans la revue Nature a quantifié l’effet de la réduction des aérosols anthropiques sur les conditions météorologiques hivernales de l’hémisphère Nord au cours de la période 1970-2005.

Selon cette étude (commentée en français par Futura), la réduction des aérosols en Europe a provoqué un réchauffement et une diminution significative des événements extrêmes sur le nord de l’Eurasie.

Les aérosols ont un impact encore plus important que les gaz à effet de serre sur le climat hivernal

En réfléchissant et en absorbant la lumière du soleil, les aérosols ( particules de suie, de sulfates ou d’autres composés) modifient le bilan radiatif terrestre provoquant un refroidissement estimé par le GIEC à environ -0,8 W/m2 au niveau mondial.

L’Europe a connu ces dernières décennies une augmentation importante du rayonnement solaire reçu par la surface terrestre, un phénomène « d’éclaircissement » qui a succédé à une période marquée par l’effet inverse « d’assombrissement ». Les variations de nébulosité ne pouvant à elles seules expliquer un tel phénomène, celui-ci étant également observé en l’absence de couverture nuageuse, les scientifiques conjecturaient que les aérosols sulfatés en constituaient la cause probable.

Or les émissions d’aérosols anthropiques ont fortement diminué ces 50 dernières années en Europe. Les chercheurs ont analysé la fréquence et l’intensité des épisodes de froid en Europe et en Russie sur la période 1970-2005 et révélé « la signature indéniable » de la diminution des aérosols sur la raréfaction des hivers froids.

 « En ce qui concerne le climat hivernal, les aérosols ont un impact encore plus important que les gaz à effet de serre sur le réchauffement » a indiqué Jonathan Jiang, l’un des coauteurs de l’article.

23 % du réchauffement en Europe attribué à la baisse des particules

En Europe, les émissions d’aérosols, surtout celle des aérosols sulfatés, ont fortement diminué grâce aux politiques de réduction de la pollution. D’après une étude de 2014 du Centre national de recherches météorologiques français, l’éclaircissement expliquerait 23 % de l’augmentation de température en surface en Europe entre 1980 et 2012, « contribuant de manière notable au réchauffement climatique régional ».

Le déplacement du jet polaire vers le pôle diminue la fréquence des vagues de froid

Le forçage radiatif a lui-même engendré un autre phénomène climatique qui a accentué davantage la diminution des vagues de froid : le réchauffement en Europe entraîne un plus fort gradient de température entre l’Europe et le pôle Nord, ce qui contribue à verrouiller le courant-jet polaire dans une position stable. Ce courant-jet de haute altitude (plus communément appelé jet-stream) qui circule d’ouest en est, délimite les zones d’air froid au nord et les zones d’air chaud au sud. En temps normal, il fluctue entre les basses et les hautes altitudes, laissant ainsi l’air froid monter ou descendre. L’expansion tropicale de la cellule de Hadley qui redistribue la chaleur accumulée à l’équateur vers les plus hautes latitudes, a contribué à déplacer le courant-jet vers le pôle Nord, affaiblissant ainsi les possibilités de descente d’air froid.

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