La couverture corallienne de la grande barrière de corail reste supérieure à la moyenne à long terme

L’AIMS (Australian Institute of Marine Science) a publié le 6 août 2025 son rapport annuel de synthèse sur l’état des récifs coralliens en 2024/25. Le rapport complet en format .pdf peut être téléchargé ici.

Le rapport résume l’état (pourcentage de couverture corallienne) des récifs de la Grande Barrière de corail (GBR) nord, centrale et sud après l’épisode de blanchissement massif des coraux en 2024.

Le rapport met cet événement en perspective en rappelant que la couverture de coraux durs à l’échelle de la région a été relativement stable de 1985 à 2010, puis a diminué pour atteindre les niveaux les plus bas enregistrés en 2017. Il y a eu ensuite une période de forte reprise de 2017 à 2024, avec une couverture de coraux durs atteignant 39,8 %, soit le niveau le plus élevé depuis le début des relevés.

L’événement de blanchissement de 2024 a réduit la couverture corallienne qui reste cependant à un niveau proche de la moyenne à long terme dans les trois régions de la GBR.

Principaux résultats

Les coraux Acropora à croissance rapide, qui ont facilité la récupération rapide observée sur de nombreux récifs entre 2017 et 2024, ont été parmi les plus gravement touchés par l’événement de blanchissement.

Sur les 124 récifs étudiés en 2024, seuls deux présentaient une couverture corallienne dure inférieure à 10 %. La plupart des récifs (77) présentaient une couverture corallienne comprise entre 10 % et 30 %, 33 récifs entre 30 % et 50 %, 10 récifs entre 50 % et 75 %, et les deux autres récifs plus de 75 %.

En 2025, la couverture corallienne dure a considérablement diminué dans la Grande Baie. Les déclins régionaux ont varié de 14 % à 30 % par rapport aux niveaux de 2024, certains récifs enregistrant des déclins coralliens allant jusqu’à 70,8 %. Ces déclins sont principalement attribués à la mortalité corallienne due au blanchissement massif des coraux de 2024, aggravée par les impacts cumulés de deux cyclones en décembre 2023 et janvier 2024, des inondations d’eau douce et de l’activité de certaines étoiles de mer à couronne d’épines.

En 2025, 48 % des récifs étudiés ont connu une baisse de leur couverture corallienne, 42 % n’ont montré aucun changement net et seulement 10 % ont connu une augmentation. Les récifs présentant une couverture corallienne stable ou en augmentation étaient principalement situés dans la Grande Barrière de corail centrale.

La Grande Baie a ainsi connu son sixième épisode de blanchissement corallien massif depuis 2016. Cet épisode s’est principalement limité au nord de la Grande Baie et aux récifs du nord-ouest de l’Australie.

Etude par région

La carte ci-dessus montre la division de la grande barrière en 3 grande régions : nord, centre et sud (Source).

Dans la région nord , la couverture corallienne dure moyenne à l’échelle régionale a diminué, passant de 39,8 % (intervalles de crédibilité ; IC ; 34,8 % – 44,2 %) en 2024 à 30,0 % (IC ; 26,6 % – 33,8 %). Il s’agit d’une baisse de 24,8 % par rapport à 2024 et de la plus forte baisse annuelle enregistrée pour cette région depuis le début du suivi. Malgré cela, la couverture corallienne reste supérieure à la moyenne à long terme de 26,6 %.

Dans la région centrale, la couverture corallienne dure moyenne à l’échelle régionale a diminué à 28,6 % (IC 25,5 % – 31,7 %), contre un pic régional en 2024 (moyenne de 33,2 % ; IC 29,7 % – 37,1 %). Il s’agit d’une baisse relative de 13,9 %, mais elle reste supérieure à la moyenne à long terme de 19,8 %.

Dans le région sud, la couverture corallienne dure moyenne à l’échelle de la région a diminué à 26,9 % (IC 23,1 % – 30,9 %) contre 38,9 % (IC 33,9 % – 44,0 %) en 2024. Cela représente une baisse relative de 30,6 % des niveaux de 2024, la plus forte baisse annuelle à l’échelle de la région jamais enregistrée, qui a fait passer la couverture corallienne régionale en dessous de la moyenne à long terme de 29,3 %.

Les facteurs explicatifs

Température de l’eau de mer

La cause dominante du blanchissement reste les températures des eaux tropicales exceptionnellement élevées qui ont déclenché le blanchissement généralisé en 2024-2025.

Des températures de l’eau supérieures à la moyenne (c’est-à-dire des anomalies de température de surface de +1 °C à +2,5 °C) ont de nouveau été observées dans la Grande Baie durant l’été austral 2025, avec un pic en mars.

Les étoiles de mer à couronne d’épines (COTS)

Les étoiles de mer à couronne d’épines (COTS) constituent une perturbation cyclique majeure sur la GBR, leurs épidémies successives provoquant une mortalité importante des coraux. Ces épidémies prennent naissance dans le nord de la GBR et progressent vers le sud par vagues.

Les COTS ont été détectées sur 27 récifs étudiés en 2025. Un récif du sud de la GBR connaît une grave épidémie, tandis que trois récifs supplémentaires du sud de la GBR et deux du nord de la GBR ont connu des invasions de COTS

Le programme de contrôle des étoiles de mer de l’Autorité du parc marin de la Grande Barrière de corail gère activement l’épidémie actuelle en déployant des opérations de surveillance et d’abattage ciblées pour supprimer systématiquement le nombre d’étoiles de mer et protéger les coraux dans des centaines de récifs prioritaires.

Cyclones

Deux cyclones consécutifs (Jasper en décembre 2023 et Kirrily en janvier 2024 ont contribué à la crise corallienne actuelle.

Le cyclone Jasper a provoqué des inondations extrêmes dans le nord du Queensland, notamment à Cairns. Le cyclone Kirrily a traversé la côte du Queensland en tant que système de catégorie 3 juste au nord de Townsville a déversé plus d’un mètre de pluie, causant le chaos pendant le long week-end de la Fête de l’Australie.

Ces deux cyclones successifs ont fragilisé l’écosystème corallien en combinaison avec d’autres facteurs (stress thermique, apport d’eau douce, perturbations mécaniques), contribuant ainsi à réduire la résilience des coraux face au blanchissement massif qui a suivi en 2024.

Les cyclones affectent les coraux de plusieurs façons :

  • Apport d’eau douce : les cyclones fragilisent les coraux et les rendent beaucoup moins résilients face aux canicules marines ;
  • Stress mécanique : Les vents violents et les vagues peuvent endommager physiquement les structures coralliennes ;
  • Perturbation des conditions océaniques : Ils peuvent modifier temporairement les températures de l’eau et les courants.

Conclusions

Les impacts du blanchiment, des cyclones et des inondations d’eau douce ont entraîné la plus forte baisse annuelle régionale enregistrée depuis le début de la surveillance. Malgré ces impacts, la couverture corallienne est restée supérieure à la moyenne à long terme de 26,7 % (IC de 24,6 % à 28,9 %).

Les niveaux de blanchissement et de mortalité des coraux durant cet événement mondial en cours ont été plus importants dans d’autres régions du monde, comme dans les Caraïbes. La Grande Barrière de Corail s’en est relativement mieux tirée grâce à son niveau de couverture corallienne antérieur, à sa taille, à la diversité des habitats interconnectés et à la diversité des niveaux de stress thermique subis par les différentes régions.

Rappelons aussi que blanchissement ne signifie pas mortalité comme nous l’indiqions dans un article publié sur notre site en avril 2017 (La Grande Barrière de Corail : état des lieux) qui montrait les deux cartes ci-dessous qui comparent le blanchissement de 2016 avec le pourcentage effectif de mortalité une année plus tard.

blanchiment mortalité
Source : Centre of Excellence for Coral Reef Studies
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2 réflexions au sujet de « La couverture corallienne de la grande barrière de corail reste supérieure à la moyenne à long terme »

  1. Oui, bon, ça a l’air d’aller, comme ça, mais en fait, ça pourrait être pire! N’oublions pas que toute situation favorable cache une catastrophe potentielle et que le malheur est à notre porte. Donc cet optimisme de façade doit être tempéré par une culpabilité féconde

  2. Andqui@,
    « La (bonne) santé est un état précaire qui ne laisse présager rien de bon », disait Jules Romain ou l’hypocondrie élevée de nos jours au rang d’ultime argument politique : « c’est le confinement ou la mort pour tous » prophétisait Macron au moment du Covid, « c’est moi ou le FN » prêchait toujours le même après la dissolution, « c’est moi ou le chaos si vous ne votez pas la confiance » ratiocine notre boomer en chef, grand profiteur du système depuis des lustres qui veut culpabiliser les retraités et dédouaner les politiques (et lui en premier) de toute responsabilité (inouï de lâcheté politique et d’incompétence notoire), « c’est la transition énergétique ou la fin du monde » prédisent tous les prophètes de malheur (GIEC en tête et autres écolo-gauchistes) etc.
    Vous voyez, Andqui, n’ayez pas peur, de toute manière ça finira mal, ça finit toujours mal : pétez un grand coup dans le vent (désolé pour le CO2) et détendez-vous, c’est le meilleur conseil (à moins que vous ne soyez dans l’ironie de l’anti-phrase, bien sûr) !
    Finalement, la devise politique des rois, gravée sur les canons, avait plus de panache et présentait moins d’hypocrisie : au lieu du « Ayez peur mes frères (et faites ce que je vous dis surtout) », le plus sincère et direct « Ultima ratio regum » !

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