Jean Jouzel à Janzé

Dans la série « connais ton adversaire » initiée par l’article de Jean-Marc Legrand, voici le compte-rendu d’une conférence récente de Jean Jouzel par les membres de notre antenne bretonne.

par Philippe Catier et Christian Buson.

Jean Jouzel a été l’invité de la rédaction Ouest-France à l’occasion de la sortie du livre d’entretiens paru aux Editions Ouest-France (auteur : Paul Goupil). L’événement s’est tenu à Janzé (35) le 2 mai.

Vingt ans après la fameuse formule de Jacques Chirac « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs », nul ne peut, ne devrait, douter du dérèglement et des changements en cours. Mais on est encore loin des mesures généralisées auxquelles les experts appellent depuis des années. Comment passer du discours aux actes, sortir de l’inertie, vaincre certains lobbies ?

Lors de cette rencontre, Jean Jouzel a évoqué son « combat inlassable » de transmission aux jeunes générations. Un dixième de degré, ça compte… Nous allons griller à petit feu si nous ne bougeons pas.

Dans son intervention, Jean Jouzel a pris pour acquises les actions recommandées pour lutter contre le « dérèglement » climatique. Les raisons qui incriminent essentiellement les émissions de CO2 n’ont pas été indiquées. Il a surtout insisté sur les « actions indispensables à mener » pour corriger les perturbations climatiques.

Encore actuellement salarié au CEA, Jean Jouzel s’est déclaré ne pas être hostile à l’énergie nucléaire, dont l’intérêt a connu un rebond ces derniers mois, mais il a rappelé le nécessaire développement des énergies renouvelables (éolien et photovoltaïque) pour que la France puisse faire face à ses engagements. Il n’a aucunement précisé comment la société pourrait faire face
aux intermittences inévitables de ces énergies dites renouvelables, quand le vent est faible et le soleil absent (la nuit), sachant que le stockage de l’électricité est encore à l’état de projet… La question de l’adéquation entre les besoins et la production d’énergie, n’a jamais été abordée.

Quand nous l’avons interrogé sur le silence entretenu par le GIEC sur le rôle majeur de la vapeur d’eau dans l’effet de serre, il a répondu que la vapeur d’eau était bien prise en compte dans les modèles et que celle-ci jouait un rôle d’amplificateur (×2) de l’effet dû au CO2. Ceci illustre la mission du GIEC, qui cherche essentiellement à insister sur le rôle néfaste de l’homme vis à vis des « dérèglements » du climat, plutôt que de chercher à comprendre le climat lui-même.

Jean Jouzel n’est donc pas intervenu en tant que scientifique, qui explique les raisons des actions auxquelles il appelle, mais en tant que « lanceur d’alerte », pour qui l’essentiel est de s’engager. Propos immédiatement illustré par la peur de la montée des eaux liée à la fonte des glaces qu’il évalue à 4 mm par an.

Jean Jouzel a évoqué les nécessaires « chasse aux lobbies » et « modification radicale de notre économie », sans que les contours en soient précisés, ni justifiés. Le propos n’était donc pas technique et tout le monde a pu se sentir directement interpelé…

Des témoignages d’acteurs concernés par ce combat sont venus illustrer son propos.

L’intrusion de la politique dans la science était illustrée par la présence du député européen Pierre Larrouturou qui a développé les avantages de la taxe qu’il souhaite voir instituée sur toutes les transactions financières, à l’instar de l’ex taxe Tobin. Cette taxe permettrait une collecte annuelle de près de 60 milliards d’euros. Cette ressource contribuerait au développement des transports en commun et réduirait les besoins de déplacements dans les zones rurales. Il a également plaidé pour une réduction du temps de travail avec la semaine de quatre jours. Plus de taxes, moins de travail…

Quant à Thierry Restif, maire de Retiers et vice-président en charge de la transition énergétique de Roche-aux-Fées communauté, il a rappelé les engagements de la collectivité et de ses habitants dans la transition énergétique.

Nous étions donc entre gens de bonne compagnie qui célébraient le héros local, celui-ci exprimant ses certitudes, sans chercher à les justifier : le doute n’était pas permis et l’urgence, en revanche, absolue. L’argument de la peur climatique permettait de soumettre les esprits qui ne demandaient que cela. Bien sûr, à la question sur les « climatosceptiques », il n’a pas manqué d’exprimer un certain mépris quant à leurs compétences en la matière stigmatisant le fait qu’ils croyaient à l’optimum médiéval, ce qui était faux, un mensonge grossier. Les arguments d’autorité ont fusé, sans explication scientifique et sous les applaudissements de l’assistance quasiment toute entière acquise à sa cause.

On ne peut que sortir frustrés de ne pouvoir engager une vraie confrontation. Nous, climato-réalistes, avons pu mesurer le chemin qu’il reste à parcourir pour renverser la vapeur. En attendant que le climat s’en charge, il nous semble important d’assister à ce genre de réunions, moins pour convaincre que pour manifester notre existence et apporter à l’auditoire quelques éléments de réflexion.

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15 réflexions au sujet de « Jean Jouzel à Janzé »

  1. Il n’y avait rien à attendre de plus d’un Prix Nobel quart de place qui ne connait pas grand chose au climat et qui toujours méprisé ses interlocuteurs.
    Le temps travaille pour nous et les caprices du chaos remettront ces imprudents à leur place; lire dans le marc de
    café est aujourd’hui plus raisonable que d’écouter un climatologue autoproclamé !

  2. “””””Il a également plaidé pour une réduction du temps de travail avec la semaine de quatre jours. “”””
    La semaine de 4 jours et la retraite à 64 ans ; bientôt la semaine à 3 jours ( pour éviter le chômage) et la retraite à 4 vingt

  3. Jouzelito et Larouturouille , il faut être maso pour aller les écouter
    Mais merci pour ce commentaire ; je suis ravi d’apprendre que l’optimum médiéval est une invention des climato sceptiques ; Peut-on dire la même chose de la glaciation de Würm de Jouzel ?

  4. Nous parlons bien du Jouzel qui dans les années 70 alertait les populations contre la venue imminente d’un cycle de glaciation. Je me rappelle l’avoir vu débarque médiocrement contre des climato réalistes, à l’époque ou des confrontations étaient encore possibles dans les médias. Maintenant il vient parader devant des journalistes (qui ne font pas la différence entre le dioxyde et le monoxyde de carbone) et qui le prennent pour une rock star. Quant à nier l’optimum médiéval, cette science devient une sorte de wokisme, qui réécrit le passé en fonction des obsessions du présent. On pourrait en rire si tout cela n’était pas si dramatique.

  5. “Œuvrons tous ensemble en faveur de la transition écologique” pas mal comme slogan de campagne, nan ?
    “Remplaçons des énergies peu chers et efficaces par des énergies coûteuses et intermittentes” ça sonne tout de suite un peu moins bien, nan vous ne trouvez pas ?

    Et moi qui croyait que Les Lumières allaient sortir l’Humanité des Ténèbres où elles étaient, nous dit-on, jusqu’alors plongée. Que les siècles où la conduite des hommes était régie par des peurs et des croyances irrationnelles étaient derrières nous. Que désormais la raison servirait de guide pour l’Humanité.
    Mais en lisant ce compte rendu de l’antenne bretonne de l’ACR je me dit que j’ai dû manifestement manqué un épisode. Le français moyen d’aujourd’hui, à qui l’on a pourtant appris à lire et à compter, ne me semblent hélas guère beaucoup plus intelligent et éclairé que ne pouvait l’être un pauvre quidam du XVIème siècle.

    Merci en tout cas aux membres de l’ACR de tenter de faire avancer ici et là le débat autour de la question du réchauffement climatique. Face à la montée croissante du fanatisme et de l’obscurantisme en nos sociétés dites “modernes” prétendument ouvertes au débat et à la discussion, il devient plus urgent que jamais de remettre la Science et les chiffres au cœur du débat.

  6. Après l’épisode du ministre du Tuvalu, lui et son pupitre dans l’eau du lagon, réclamant une action internationale énergique pour lutter contre l’ennnoyage sûr et certain des îles du Pacifique, cause réchauffement climatique et fonte des glaces (alors que la superficie de son île a en fait augmenté selon une étude scientifique … !), voici les Caraïbes qui s’y mettent.
    Lu dans le Point : jeudi, sept habitants de l’île néerlandaise de Bonaire ont lancé, avec l’aide de Greenpeace (of course !, ça c’est de moi), une action en justice contre l’Etat des Pays-bas qu’ils accusent de ”négligence dans la protection de l’île contre la crise climatique” et de ”violation des droits de l’homme” (pas moinsse, ça aussi, c’est de bibi).
    La question qu’on se pose : ces gens sont-ils fous ou simplement intéressés par récupérer du pognon ? Le scam climatique charrie un sacré paquet de merde. Merci Jouzel (entre autres) !

  7. Viens donc faire un tour à Janzé
    Y a du chouchen à volonté

    Il en faut une dose respectable pour réussir à gober les sornettes climatiques de Jouzel.

  8. Serge

    “”””” ces gens sont-ils fous ou simplement intéressés par récupérer du pognon ? “”””
    Les deux mon général

  9. Le Stradalus, vaisseau d’exploration interstellaire, placé en orbite basse, dissimulé par ses boucliers occultants, nous a observé avec attention il y a quelques jours. Grâce au super calculateur quantique de bord, les scientifiques extraterrestres ont modélisé en quelques heures, avec précision, tous les paramètres biochimiques, physiques, géopolitiques et dynamiques de la planète.

    Un peu par hasard, leurs scanners sont tombés sur une conférence se tenant à Janzé, France, le 2 mai dernier. L’équipage tout entier a litéralement failli mourir de rire. L’ordinateur de bord a immédiatement déclenché la procédure d’urgence appropriée et il n’y a eu heureusement aucune victime à déplorer.

    Le Stradalus fonce actuellement vers Proxima Centauri, date d’arrivée prévue autour du 15 juin prochain, selon notre référence temporelle. Occasion manquée pour nous.

    Dommage, dommage…

    • Tout à fait. Si vous regardez les courbes isotopiques des cycles glaciaire-interglaciaire du dernier million d’années vous voyez que les interglaciaires débutent brusquement (débâcles fluviatiles associées et mise en place des dépôts qui deviendront un peu plus tard des terrasses fluviatiles en surplomb par suite de l’enfoncement du réseau hydrographique) et que le reste de l’interglaciaire est en pente légèrement décroissante vers le refroidissement. Refroidissement qui finit par accélérer vers le glaciaire suivant. Notre interglaciaire dure depuis une dizaine de milliers d’années, il est aussi en pente décroissante moyenne vers le froid (avec les petits épisodes plus chauds que sont les optima (romain, médiéval, récent). Si la théorie de Milankovitch est correcte, il n’y a aucune raison que le refroidissement ne s’accentue pas assez rapidement vers le prochain glaciaire. Ou alors la théorie est fausse. On ne peut incriminer le CO2 qui ralentirait le refroidissement pour la raison que j’ai déjà exprimée : + 0,01% pour une déglaciation, quasi-rien du tout pour les 0,01% supplémentaires rajoutés par l’activité humaine depuis un siècle.
      Mais ça, Jouzel y est totalement imperméable d’où son titre usurpé de glaciologue. Je le rangerais plutôt dans la catégorie des journalistes menteurs avec qui il s’acoquine.

      • Un petit complément pour couper court au coup d’adrénaline possible de certains.
        Dire que justement l’ajout de 0,01% de CO2 aurait pu interrompre la chute vers le glaciaire suivant n’est pas très vraisemblable car (1) un siècle c’est trop court, cela se fait sur plutôt un millénaire voire davantage (et avec des à-coups) et (2) il faudrait le prouver. Alors là, on risque de rester longtemps dans le domaine de la conjecture. On peut traduire conjecture par guerre de religions.

  10. Claude Allègre qui était une pointure intellectuelle (quoique parfaitement imbuvable) réduisait le ”climatologue” Jouzel au rang de géochimiste de la glace (comprendre un besogneux).
    Bon, j’arrête.

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