Par MD
Introduction.
Les plastiques ont universellement remplacé les matériaux traditionnels dans la plupart des usages courants. Beaucoup des objets ainsi manufacturés (à partir surtout du pétrole ou du gaz) ont une durée d’utilisation réduite, soit par destination dans le cas des emballages et des usages uniques, soit du fait de leur fragilité ou de leur obsolescence. Il en résulte une présence envahissante de déchets dans les milieux terrestres, aquatiques et marins. Cette question préoccupe depuis longtemps la communauté internationale. Elle a donné lieu à une multitude de publications. Au début de 2022, l’UNEP (UN Environment Program) avait tenu une conférence internationale à Nairobi (Kenya, où se trouve son siège), et publié son troisième « Global Commitment 2021». De son côté, l’OCDE avait publié le 22 février 2022 un Global plastics outlook (02-22), puis le 3 juin un nouveau et bref Global plastics outlook (06-22). Ce dernier vient d’attirer l’attention des médias en raison d’une mise en garde solennelle : l’utilisation des plastiques et la production corrélative de déchets pourraient « presque tripler en 2060 » (sic) si les tendances actuelles se poursuivaient. Plus sérieusement, on donne ici quelques échantillons de l’important corpus de valeurs numériques élaboré et publié par l’OCDE.
Les données de l’OCDE.
Il faut bien garder à l’esprit que les séries de chiffres utilisées par l’OCDE ne sont pas des mesures directes mais des rétropolations et extrapolations modélisées (FNV-linkage model) comme l’explique de façon détaillée le rapport Outlook 02-22 dans son annexe A (Modelling approaches used to compose the OECD Global plastics outlook database).
Les chiffres peuvent être téléchargés en utilisant les liens suivants : « Compare your contry », « Global plastics outlook » ou encore la feuille thématique « plastic ». Les séries couvrent la période 1990-2019, avec des données plus détaillées pour l’année 2019 (qui sont elles-mêmes des extrapolations). D’autres séries plus longues (1950-2021) figurent dans Outlook 02-22. Le découpage géographique (par continents, sous-continents ou grands pays) précise si les entités appartiennent ou non à l’OCDE. L’OCDE distingue usages (use) et déchets (waste). Les entités géographiques sont celles où les objets en plastiques sont utilisés puis rejetés, et non ceux où ils sont produits ou transformés. L’unité de mesure est le million de tonnes (Mt).
On s’en tiendra à quelques graphiques significatifs.
Évolution annuelle de l’usage des plastiques dans le monde entier.
Ce graphique montre l’évolution annuelle de l’usage des plastiques (depuis 1960) et celle des émissions de déchets (1990-2019).
Et avec distinction entre les pays de l’OCDE et les autres pays.
Les esprits curieux pourraient éventuellement comparer les courbes précédentes à l’évolution du produit intérieur brut des deux groupes de pays (PIB exprimés en parité de pouvoir d’achat, valeur 2017).
Évolution des usages du plastique par grandes régions.
Ce graphique montre l’évolution des usages des plastiques sur plus longue durée (1960-2021) avec un découpage différent (source : Outlook 02-22 fig.2.2).
On note là encore le contraste des évolutions entre les pays appartenant à l’OCDE et les autres, notamment le sud-est asiatique.
Usages du plastique par secteurs économiques en 2019.
En 2019, le monde aurait utilisé 460 Mt de plastiques, répartis entre les différents secteurs économiques comme indiqué ci-dessous.
Déchets plastiques par secteurs économiques en 2019.
En 2019, le monde aurait rejeté 353 Mt de plastiques, issus des différents secteurs économiques comme indiqué ci-dessous.
Les deux diagrammes présentent des analogies ; les différences principales concernent respectivement les emballages et les composants du BTP. Le diagramme ci-dessous pourrait donner une image de la durée de vie des produits par la disproportion entre usages et déchets : par exemple de l’ordre de moins d’une année pour les emballages.
Destinée des déchets plastiques en fin de vie en 2019.
Les trois graphiques suivants indiquent ce qui est advenu des plastiques hors d’usage, respectivement dans le monde entier, dans l’OCDE et hors OCDE. La rubrique « mauvaise gestion » désigne les fuites (leakage) sans contrôle dans les milieux naturels (décharges sauvages, déversement dans les cours d’eau, etc.)
La situation est très contrastée entre les pays « développés » et le reste du monde, sauf pour le recyclage qui ne concerne encore qu’environ 10% des déchets, sans distinction entre les deux groupes de pays.
Rejets de plastiques dans les milieux aquatiques.
Cet aspect de la question est souvent évoqué comme constituant une menace pour l’intégrité des océans. Au total, en 2019 le monde aurait rejeté 6,1 millions de tonnes de déchets dans les cours d’eau (4,4 Mt) et les océans (1,7 Mt), en grande majorité du fait des pays hors OCDE.Le graphique ci-dessous retrace l’évolution du cumul des rejets depuis l’origine (attention il s’agit ici d’accumulation et non de rejets annuels comme dans les graphiques précédents).
On aboutirait ainsi en 2019 à une accumulation de 110 millions de tonnes dans les fleuves, rivières et lacs et 30 millions de tonnes dans les océans.
Autres aspects.
Les bases de données comportent d’autres séries concernant la nature des polymères, la distinction entre macro et micro plastiques, les émissions de gaz à effet de serre associées, etc. On ne les détaillera pas.
Conclusions.
Ces quelques graphiques donnent une idée du corpus de données de l’OCDE sur l’utilisation et la mise au rebut des matières plastiques. Cet ensemble apparaît complet et cohérent et semble avoir été élaboré avec sérieux. Les ordres de grandeur sont plausibles au vu des indicateurs disponibles. Il faut se rappeler qu’il s’agit d’artefacts et que les quantités réelles en jeu et leurs évolutions sont en réalité mal connues surtout dans les zones rurales et dans les pays à faibles revenus. Le corpus de l’OCDE est utile en tant que cadre conceptuel et guide pour les actions à mener. On pourra le comparer aux données réelles au fur et à mesure de l’amélioration des inventaires et des dénombrements, et le corriger en conséquence. Mais les extrapolations, surtout à des horizons lointains, ne sont que des exercices de pensée hasardeux sans autre intérêt que de faire les gros titres.
Cela étant, l’accumulation des déchets plastiques est en effet un problème qui doit être abordé sérieusement, sans tomber immédiatement dans l’hyperbole. L’OCDE nous promet un nouveau rapport dans les prochaines semaines. Le moment venu, les quelques éléments retracés dans le présent article en faciliteront peut-être la compréhension et la lecture critique.
Recension de le Banque mondiale.
De son côté, la Banque mondiale avait établi une recension exhaustive des déchets de toutes natures chez tous les État du monde dans un rapport de 2018 : « What a Waste 2.0 » accompagné de bases de données. Le champ est différent de celui de l’OCDE : il ne concerne que les déchets « municipaux » (« municipal waste ») à l’exclusion des déchets de type professionnel. Il en résulte que le monde entier émet « actuellement » environ 2 000 Mt de déchets municipaux par an dont environ 230 Mt de déchets plastiques (que l’on pourrait comparer aux 353 Mt de l’OCDE pour l’ensemble des secteurs), soit # 12% du tonnage total. Cette base comporte des lacunes et des invraisemblances dues à la difficulté d’un recueil de données complètes et fiables de la part d’un ensemble disparate de plus de 200 États ou territoires et de 350 grandes villes. Mais son intérêt réside dans le fait qu’il ne s’agit pas cette fois de modélisations mais de données brutes. La base de la Banque mondiale fait d’ailleurs partie des sources utilisées par l’OCDE dans ses modèles.
Je pense qu’il est important de souligner que le plastique dans les océans constitue un vrai problème, la surpêche également, contrairement aux chimères des conséquences de l’acidification des océans (=epsilon) ou de la montée des eaux (=presque epsilon).
Un détail: je trouve assez malvenu d”utiliser des graphiques de type “pie” en 3D. Par exemple, la troisième figure sur la “destinée des déchets plastiques” donne visuellement l’illusion que la zone jaune est plus grande que la zone grise, alors que la part est significativement inférieure (38 versus 42). Je pense que s’il on s”insurge — à juste titre — contre les cartes de France rouge sombre avec des flammes autour au moindre pic de chaleur, dans la presse (à des fins de propagande), il est préférable d’utiliser des types de graphiques non biaisés pour diffuser des informations faciles à lire. Dans ce cas précis, un barplot en deux dimensions serait plus adapté.
On peut s’insurger avec raison contre les déchets macroscopiques de matières plastiques qui encombrent nos décharges, l’environnement terrestre et marin autant sur les rivages côtiers qu’en haute mer.
D’autres s’alarment de la pollution par les microparticules de plastiques en général peu discernables à l’oeil nu , dont une partie se retrouve aussi dans l’environnement et même jusqu’à l’intérieur du corps humain. Il faut savoir raison garder: Les matières plastiques, pour la plupart d’entre elles, sont neutres chimiquement. Leur emploi généralisé depuis presque un siècle fait qu’elles font partie de notre environnement tout comme les matériaux naturels, bois, résidus végétaux, pollens, spores, roches, sables, poussières minérales, etc…
Il est donc tout à fait normal qu’on les retrouve dans nos organismes comme ces derniers sous formes de microparticules, ingérées ou inhalées en quantités variables. Leur neutralité chimique n’en fait pas un risque grave pour la santé, en tout cas quand on les compare à certaines substances naturelles comme l’amiante ou la silice pouvant déclencher de graves syndromes (asbestose, silicose) bien connus. Bien au contraire, certaines matières plastiques sont mêmes employées sous formes de prothèses insérées dans le corps humains parfois pour la durée d’une vie entière, sans que leurs porteurs aient à s’en plaindre.
En effet, ce sont bien les déchets plastique visibles qui posent problème. Certains ont une durée de vie très longue. Je pense qu’il y a moyen d’agir sans affecter le niveau de vie des gens. Il est possible de diminuer drastiquement l’usage du plastique et autres matériaux peu recyclables ou non biodégradables lorsqu’il existe des alternatives. On peut utiliser des sacs en papier ou en tissus, ce n’est pas la mer à boire. On ne fabriquera des pneus en caoutchouc, en revanche.
Ceci étant dit, il faut être logique aussi : si les états financent généreusement l’implantation d’éoliennes
polluantes par milliers, en sachant pertinemment qu’elles sont quasi inutiles une fois leur rendement et leur dépendance aux aléas de la météo pris en compte, alors les mesures sur les déchets plastiques, aussi pertinentes soient-elles, auront plus de mal à avoir un impact concret sur la population.
Il est temps que les gouvernements évaluent les sujets de manière rationnelle, autrement dit qu’ils comprennent l’immense supercherie de l’exploitation des causes écologiques dans un but anticapitaliste, souvent extrémiste et révolutionnaire. Je pense qu’Aurélien Barrau ou Sandrine Rousseau se moquent bien de la planète. La catastrophe écologique annoncée est juste un bon filon pour faire renaître une idéologie que des dictatures sanguinaires — et les millions de morts qu’elles ont causé — avaient sérieusement mis à mal à la fin du siècle dernier. Plastique, CO2, eau, OGM, nourriture carnée, avions, tout est bon à prendre pour manipuler la jeunesse et provoquer le chaos tant espéré.
L’exemple des pneus est assez malvenu puisque les composants ajoutés au caoutchouc sont essentiellement minéraux. Mais l”idée est de ne pas designer le plastique comme le diable mais de le supprimer partout où il existe des alternatives raisonnables et de le conserver lorsqu’il n’y a pas d’alternative.
Fort heureusement, la toute puissante Europe a fait interdire… les pailles en plastique !