COP24 : ce que la liste des participants dit de la science climatique

Par Rémy Prud’Homme, Professeur des Universités

La COP est une conférence internationale qui depuis 24 ans tient chaque année la réunion de la dernière chance pour sauver la planète. Vous croyez peut-être que la planète avait été sauvée lors de la COP21 à Paris. Erreur. Tout reste à faire. C’est ce qui justifie la COP24, qui se tient cette année en Pologne. Le secrétariat de la COP24 publie en ligne la liste de ses participants, sur près de 1100 pages.

Plus de 21 000 participants. Sans compter les 1500 journalistes accrédités, qui sont rémunérés par leurs médias, pas par les contribuables. Ces 21 000 participants sont pour 14000 des délégués des gouvernements, et pour 6000 des représentants d’ONGs prétendument intéressées et compétentes. (Le solde est composé de membres d’organisations du système des Nations-Unies).

Le coût de la fête est élevé. Les seuls frais de déplacement et de séjour pour cette COP de 15 jours s’élèvent sans doute (sur la base de 10000 € par participant) à plus de 200 millions d’euros. On pourrait y ajouter le coût du temps passé par les participants. S’ils y passent en moyenne une semaine, cela fait 21000 semaines, soit environ 500 personnes-années. A 50000 euros/an, 25 millions d’euros, qui s’ajoutent aux frais de déplacement. C’est de quoi doubler le niveau de vie annuel de 2 ou 3 millions d’enfants au Malawi.

Les participants à la COP24 ne sont que la partie émergée de l’iceberg des activistes du climat. Derrière chacun des chefs de service ou des dirigeants d’ONG qui font le voyage de Katowice, combien de fonctionnaires ou de militants, également financés par des contribuables au nom de la lutte pour le climat ? Cela varie beaucoup. Comme on va le voir, certaine ONGs sont bidons, et n’existent guère au-delà des membres en voyage. Si l’on compte en moyenne 10 personnes au « travail » pour un participant, cela fait quelques 200 000 personnes. On ne peut pas accuser la lutte contre le climat de ne pas créer d’emplois.

La distribution par pays n’est disponible que pour les représentants des parties, dans un autre document officiel, et seulement pour 8000 personnes. Elle sous-estime donc, en moyenne, le nombre de ces représentants, et les chiffres sont de ce fait à prendre avec précaution. Trois observations s’imposent. Les pays les mieux – ou les plus – représentés sont des pays africains pauvres : La Guinée (404 délégués) et la République Démocratique du Congo (237) viennent en tête du tableau. Dans les vingt plus grosses délégations, on compte 9 pays africains. Cela s’explique sans doute par le fait que la COP15, en 2009, avait promis aux pays pauvres 100 milliards par an. La France (188 délégués) est de loin le pays européen le plus représenté. On a les records que l’on peut. Enfin, pour autant qu’on puisse en juger d’après les fonctions occupées, il n’y a que peu ou pas de scientifiques parmi ces délégués. Des diplomates, des bureaucrates, des activistes, et des touristes.

Des touristes, on en trouve également parmi les ONGs. Certaines semblent assez éloignées du climat. On citera par exemple l’Association congolaise d’éducation et de prévention contre les maladies et la drogue (8 participants) qui joue certainement un rôle très respectable dans son domaine ; ou l’association poétiquement appelée « Chant du guépard dans le désert » (3 participants); ou l’association des « femmes Bladi pour le développement et le tourisme » (16 participants – dont 8 hommes). Les gros bataillons sont constitués par les activistes des grands lobbies comme WWF ou le Climate Action Network (plus de 200 représentants chacun). Dans tout cela, peu ou pas de scientifiques. Il y a bien quelques groupes universitaires d’une dizaine de participants (State University de New York, Cadiff, Institut Polytechnique de Grenoble, etc.) mais ce sont des groupes d’étudiants, au mieux encadrés par un jeune maitre de conférence. L’expertise de ces 6000 participants n’est ni technique ni économique : elle est politique et médiatique.

Bien entendu, cette grande foire ne peut, ni ne veut, rien faire pour le climat. La très grande majorité de ces 21000 personnes sont réunies pour se congratuler, chanter et danser – aux frais de la princesse. Une poignée de diplomates vont passer de longues heures à négocier des textes vidés de toute substance par les directives contradictoires de leurs gouvernements respectifs. On ne se mettra d’accord que sur la date de la prochaine foire. S’il vous plait, cachez cette note aux gilets jaunes : elle attiserait leur colère.

 

Partager