Retour sur la Contre-COP24 des climato-réalistes

Par Benoît Rittaud, Président de l’association 

L’édition 2018 de la Contre-COP a probablement battu un record d’affluence, bien que certains aient dû annuler leur venue suite à une grève de la SNCF. Environ deux cents personnes ont assisté à cette journée, où la qualité des exposés a montré une fois de plus l’importance de ces rendez-vous.

L’intervention de Claude Gatignol en introduction était presque trop courte. Membre honoraire du Parlement (cinq mandats de député au compteur, quand même), il est de ces (anciens) élus qui montrent qu’on ne doit pas désespérer de notre personnel politique. Non, nos dirigeants ne sont pas tous incompétents : en fait de production d’énergie, l’ancien député de la Manche connaît son affaire. Il est rassurant de voir que dans un département où l’on trouve à la fois Flamanville et La Hague, des décideurs avisés et travailleurs ont été (et, on l’espère, sont toujours) à l’œuvre. Qu’une personnalité comme lui ait été si enthousiaste à venir nous dire quelques mots est un grand encouragement pour notre combat.

Deux interventions ont porté sur le climat proprement dit, celles de François Gervais et de Brigitte Van Vliet-Lanoë. Le premier a parlé en physicien, la seconde en géologue. Les deux ont montré à leur manière comment questionner intelligemment la doxa carbocentriste. François questionne la sensibilité climatique et observe combien, selon les propres graphiques du GIEC, la défense de l’alarmisme climatique est fragile. (J’ai d’ailleurs oublié de signaler ici son dernier livre, pourtant paru dans la collection « Grandeur Nature » que je dirige aux éditions de l’Artilleur – comme quoi il y a encore du chemin avant qu’on devienne aussi pros que le prétend Médiapart). Brigitte, elle, compare la situation climatique actuelle à un épisode voisin qui s’est produit à l’Éémien, et en conclut qu’il n’y a pas grand chose à signaler actuellement : nous ne vivons pas un épisode climatique particulier. (Brigitte a publié ses idées ici-même il y a quelques mois.)

Il a beaucoup été question d’énergie durant cette journée. Merci notamment à Robert Diethrich de nous avoir fait un point complet sur ce qui se passe en Allemagne. Les revirements et hypocrisies sur le nucléaire, les coûts pharaoniques, les protestations qui montent… nous avons bien des choses à envier à nos voisins, mais certainement pas leur Energiewende.

Les exposés de Samuele Furfari, François Lucas et de Jean-Louis Butré avaient en commun de parler du terrain et d’être remplis de bon sens. Mégapoles contre reste du monde, agriculture, implantations autoritaires d’éoliennes : chacun à sa manière ces exposés ont montré combien la lutte venue des territoires est cruciale pour ne pas laisser un écologisme idéologique détruire la richesse de la ruralité française dans ses dimensions agricole et paysagière. Voilà des termes qui ne font pas très « premier de cordée » il est vrai, mais qui correspondent à une réalité quotidiennement vécue par des milliers de gens dont seuls les Gilets Jaunes nous ont permis de nous souvenir qu’ils existaient. Rémy Prud’homme, bien connu des lecteurs de ce blog, a enfoncé le clou en nous présentant son analyse économique inédite qui montre de manière implacable combien les coûts de la « politique climatique » française sont principalement supportés par ce monde oublié.

Les présentations de Bertrand Alliot et de Philippe Charlez ont apporté une réflexion générale bienvenue sur l’énergie, sur la croissance et la question du local et du global. Évidemment, la dialectique du fini et de l’infini m’a bien plu, cet élément fondamental de nos représentations collectives que j’ai abordé aussi, sous un autre angle, dans La Peur exponentielle.

Henri Masson s’est intéressé aux techniques de communication employées par nos adversaires, posant la question de les utiliser aussi à notre profit. L’exposé a suscité des réactions qui montrent toute la difficulté de notre combat : comment être efficaces sans nous abaisser au niveau de certaines pratiques de nos adversaires (au hasard : ici…). Le débat est éternel, car chacun ne met pas le curseur au même endroit, ce qui nous place sur une ligne de crête qui nous imposera toujours une attention particulière.

Comme d’habitude, la journée était trop courte. Lors de la table ronde finale, Christian Buson nous a parlé de l’ICREI, un Think tank sur l’environnement dont il s’apprête à prendre la présidence (excellente idée). Dans ma boule de cristal, je lis déjà le crachat de Médiapart qui offrira une médaille à Christian en le présentant comme le « nouveau représentant des lobbys », le « partisan du néolibéralisme débridé » qui se propose de « faire entrer en France le cheval de Troie de la régression écologique »… (Notez, Médiapart, notez, c’est cadeau. Ces clichés sont tout à fait de votre niveau.) Jacky Ruste a eu un petit moment pour nous parler des déchets nucléaires, d’une manière très professionnelle et dépassionnée.

Nous allons réfléchir à quelques changements possibles pour la prochaine édition, vos idées et suggestions sont les bienvenues. Une possibilité serait d’organiser l’événement plutôt un samedi, histoire de permettre à d’autres personnes de venir aussi. Nous nous disons aussi qu’organiser plusieurs demi-journées dans l’année, et pas seulement à Paris, serait une alternative intéressante (mais il faudra des relais locaux : avis aux motivés). Vos suggestions sont les bienvenues.

Avec votre aide et votre soutien à tous, continuons le travail et haut les cœurs !

PS : oui, les vidéos seront mises en ligne (ainsi que celle de Richard Lindzen, qui a du retard).

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