Suite à des pressions, l’article de Pascal Richet n’est plus accessible !

Copernicus, l’éditeur de la revue qui a publié récemment l’article de Pascal Richet qui questionne l’influence du CO2 sur la température, vient de suspendre (temporairement, pour l’instant) l’accès à cet article. Les raisons invoquées sont un mélange de gêne et de mauvaise foi. Pascal Richet n’étant pas exactement du genre à se laisser faire, il se pourrait fort qu’un scandale explose à brève échéance. Bientôt un « climategate français » ?

La déclaration de l’éditeur justifiant sa décision est disponible ici. « Il a été porté à notre attention » dit-elle, que l’article de Pascal Richet n’aurait pas suivi un processus de relecture par les pairs correct, et qu’il convenait donc de suspendre sa mise en ligne. L’éditeur n’a même pas eu le courage d’informer Pascal Richet de cette décision, que ce dernier n’a découverte que par hasard. Il n’a donc pas eu la possibilité de se défendre, un empêchement qui fleure le procès stalinien et non une procédure éditoriale normale.

Des fautes manifestes auraient-elles été identifiées dans l’article ? Non.
Pascal Richet a-t-il essayé d’interférer dans le processus de relecture ? Heu… non plus, comme la revue le reconnaît elle-même. Le problème mis en exergue est bel et bien à la qualité, supposée déficiente, du peer-reviewing (c’est-à-dire du processus de relecture par les pairs).

Il s’agit d’un scandale scientifique, dont on doit espérer qu’il fera du bruit, nonobstant ce qu’en diront les médias comme Le Monde si l’affaire ne parvenait pas à être étouffée.

Le premier motif de scandale, c’est que retirer même « temporairement » un article revenant à infliger une grosse claque à son auteur, ce ne peut pas être une décision prise à la légère, ou sous la pression. Un tel retrait s’accompagne facilement d’une publicité négative (que ne subit pas l’auteur d’un simple article d’emblée refusé pour publication). Le calme et une procédure loyale sont donc requis.

Même si Pascal Richet est de ceux qui peuvent se considérer au-dessus d’une telle mauvaise manière, cette attitude porte atteinte à la sérénité de la recherche en général. Pas seulement pour les auteurs de publications scientifiques, d’ailleurs : qui peut accepter sans broncher de relire un article (tâche ingrate s’il en est) pour une revue scientifique s’il doit craindre que son profil soit jeté en pâture sur internet sur la base d’insinuations ? Parce que là, les peer-reviewers en prennent pour leur grade, à l’évidence sans avoir pu davantage se défendre que Pascal Richet : ils auraient bâclé leur boulot, n’y connaîtraient rien et, cerise sur le gâteau, seraient « tous connus pour être en lien avec une industrie qui bénéficie des conclusions du manuscrit« .

On aimerait savoir laquelle, d’industrie, d’ailleurs. On suppose qu’il ne s’agit pas du pétrole, bien sûr : puisque tous les pétroliers aujourd’hui clament leur engagement pour le climat, comme Total, par exemple…

La déclaration contient une section sur les « aspects académiques », scientifiquement fort limitée mais qui contient la plus belle perle. Celle-ci montre bien jusqu’où un certaine climatologie est en train de sombrer :

L’auteur ne dispose pas d’une liste de publications en sciences du climat, géochimie des carottes de glace, ou sciences de l’atmosphère, et aucun lien avec les principaux groupes (français) de recherche (comme l’IPSL ou le CNRM).

Outre qu’on apprend avec intérêt que pour publier dans un domaine il faut déjà avoir publié avant. (exercice : à l’aide d’une démonstration par récurrence, démontrer qu’à moyen terme plus aucune publication ne sera possible), il est donc désormais affiché ouvertement qu’un Français qui souhaite publier en climatologie doit préalablement se faire connaître de l’antenne carbocentriste nationale. Certes, ceux qui savent bien que la climatologie carbocentriste n’est qu’une religion n’en seront pas surpris : jadis, pour pouvoir publier, ne fallait-il pas que l’évêque local délivrât son imprimatur ? L’Église de Climatologie n’a rien inventé.

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11 réflexions au sujet de « Suite à des pressions, l’article de Pascal Richet n’est plus accessible ! »

  1. Voici la traduction de l’avis en anglais de Copernicus justifiant le retrait (temporaire disent-ils) de l’article de Richet :
    « Copernicus Publications s’engage à assurer une discussion équitable, transparente et impartiale des résultats scientifiques dans toutes ses revues. Cet engagement se manifeste par nos activités de sensibilisation, par le fait que nous défendons depuis dix ans un processus public d’examen par les pairs et par le fait que nos rédacteurs agissent indépendamment de tout intérêt financier ou autre que Copernicus Publications pourrait avoir en tant qu’éditeur.
    Cet arrangement ne peut fonctionner que sur la base de la confiance accordée à nos rédacteurs en chef et à leurs comités de rédaction, ainsi qu’à leur engagement en faveur d’une évaluation par les pairs équitable et impartiale. Nous croyons passionnément à cette approche de l’édition universitaire et nous en sommes confortés par les nombreux manuscrits de grande qualité que nous publions chaque jour. Copernicus Publications – et donc toutes nos revues – sont membres du COPE, le Committee on Publication Ethics, et souscrivent explicitement au code de conduite du COPE pour les rédacteurs en chef de revues et au guide pour les évaluateurs par les pairs.
    Il a été porté à notre attention que l’article “The temperature-CO2 climate connection : an epistemological reappraisal of ice-core messages” de Pascal Richet (Hist. Geo Space. Sci., 12, 97-110, 2021) pourrait ne pas avoir satisfait aux normes d’une évaluation par les pairs équitable et impartiale, préoccupations que nous prenons très au sérieux. Toute décision que nous prenons concernant cet article est motivée uniquement par notre engagement envers l’éthique de la publication et le discours scientifique. Dans un souci de transparence, nous résumons les aspects pertinents de l’affaire dans la déclaration de Copernicus sur le processus d’examen du manuscrit HGSS-2021-1.
    À la lumière des aspects mentionnés dans notre déclaration et après s’être entretenu avec l’auteur, le comité éditorial de HGSS et des experts du domaine, Copernicus Publications a pris la décision d’interdire temporairement l’accès à l’article et de procéder à un examen post-publication, comme le recommande le COPE dans de tels cas. Les rapports et les résultats de cette révision seront publiés, et l’article sera traité en conséquence. Quel que soit le résultat, Copernicus Publications examinera attentivement les pratiques éditoriales et le processus d’examen par les pairs de HGSS. »
    Traduit avec http://www.DeepL.com/Translator (version gratuite) et verifié pour éviter tout contresens.
    C’est beau et vertueux, comme dans un livre.

    Que va-t-il se passer maintenant ?
    A la suite de protestations, Copernicus, sans doute bien embêté, va relancer une série de relecteurs dont il est à prévoir que beaucoup botteront en touche pour éviter d’impacter leur carrière ou bien, réchaufistes convaincus, assassineront l’article qui passera par conséquent à la trappe. Les éditeurs de revue se bornent à faire la somme des plus et des moins. Si c’est négatif, plouf, rejeté. Cela s’appelle de la science à l’applaudimètre. Mais, la main sur le coeur, on vous dira avec des trémolos dans la voix que, juré, c’est le résultat d’un processus objectif, vertueux et tout le toutim. Dans le domaine du climat, du CO2 et de la transition énergétique – qu’elle est obligatoire qu’on vous dit -, on n’est plus dans la science objective mais dans une ambiance dreyfusarde, jusques’y compris chez les scientifiques avec pignon sur rue.
    L’institut de physique du globe de Paris comporte des têtes brûlées (Courtillot, Richet) qu’il faudrait réduire au silence. Dans son article, qui est un article de revue critique, Richet fait simplement etat d’observations “dérangeantes”, notamment du décalage, lors de la dernière déglaciation, entre l’augmentation de température qui précède de plusieurs siècles l’augmentation du CO2, prouvant de facto que le CO2 peut être une conséquence du réchauffement et non sa cause. Mais ceci est intolérable pour certains.

  2. Le plus délicieusement cocasse de l’affaire est que la maison d’édition s’appelle précisément “Copernicus” : on imagine aisément de quel côté elle se serait placée lors du procès de Galilée (je pense que le nom de “Torquemada” aurait été plus approprié) !
    Monsieur Rittaud parle avec raison de l'”Imprimatur”… qui était surmonté du “Nihil obstat” : verrouillage total de la pensée.
    Comme le disait (dans l’esprit) Michel Foucault : là où il y a conflit de savoir, il y a conflit de pouvoir.
    A l’autre bout de l’échiquier politique, Carl Schmitt retenait la désignation de l’ennemi comme critère indubitable du politique : on voit par là que la position des “réchauffistes” est éminemment une position… politique.

    • Il faut distinguer les données de la fois catholique avec celles de la science. On ne peut soutenir que l’une “évolue” ou doit le faire comme l’autre

  3. L’article de Pascal Richet est sans intérêt. Il convoque Aristote pour montrer que la hausse des températures provoque une augmentation de la concentration de CO2, ce que personne ne remet en cause.
    Par contre ce là ne contredit en aucune façon le fait qu’une augmentation de la concentration de CO2 induit une augmentation de la température moyenne par l’effet de serre.
    Le deux grandeurs sont couplées, la variation de l’une entraîne la variation de l’autre.
    On a la même chose en électromagnétisme par exemple. La variation du champs magnétique entraîne la variation du champs électrique, et vice versa.

    • Le fait que les variations de deux grandeurs soient corrélées n’entraine pas nécessairement que l’une soit la cause de l’autre, les deux peuvent avoir une ou plusieurs causes extérieures. L’exemple de l’électromagnétisme ne me paraît pas pertinent, justement à cause de sa réciprocité.

    • La physique des champs électromagnétiques, que je connais bien, se suffit à elle-même.
      La variation d’un courant électrique entraîne une variation du champs d’induction. C’est tout “simple”.
      Grâce à ça, on fait tourner des moteurs, par exemple.
      Ramener les fluctuations du climat terrestre à une seule variable, (le CO2) est tout de même un peu simpliste, scientifiquement parlant.

      A moins que cela ne soit qu’ idéologique… ?
      Dans ce cas, invoquer les lois de la physique pour argumenter relève de l’imposture.

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