Oiseaux de nos campagnes, le pire n’est pas toujours certain

Deux récentes publications alertent sur  une inquiétante diminution de la population des oiseaux  en France. Ce constat est issu de deux réseaux de surveillance distincts : le programme STOC  (Suivi temporel des oiseaux communs), lancé en 1989 par le Museum National d’Histoire Naturelle, et la Zone Atelier « Plaine et Val de Sèvre » qui s’étend autour de l’Unité CNRS de Chizé.

STOC est un programme de science participative faisant appel sur tout le territoire français à plusieurs centaines d’ornithologues bénévoles pour recenser les oiseaux qu’ils voient et entendent au petit matin en ville, en forêt ou à la campagne selon un protocole [1] précis. Ce programme est coordonné par le Centre d’Écologie et de Sciences de la Conservation (CESCO) du Muséum national d’histoire naturelle.

Les espèces d’oiseaux observées par le programme STOC sont dites spécialistes, c’est à dire qu’elles sont inféodées à un type particulier d’habitat [2]. Elles sont regroupées selon leur spécialisation par rapport à trois grands types d’habitat :

  • les milieux agricoles (24 espèces [3])
  • les  milieux forestiers (23 espèces [4])
  • les  milieux bâtis (13 espèces [5])

A cela s’ajoutent 14 espèces [6] dites généralistes car ne relevant d’aucun type d’habitat particulier.

En tout, 74 espèces d’oiseaux nicheurs sont dans le champ de l’étude STOC, nombre à rapprocher de celui des 348 espèces d’oiseaux nicheurs répertoriées en France, et des 578 espèces tous statuts[7] confondus (nicheurs, hivernants et migrateurs).

La Zone Atelier Plaine et Val de Sèvre [8] est une zone de 450 km2 située dans une plaine céréalière près de Niort dans le département des Deux-Sèvres, dans laquelle des observations (écoutes de chants d’oiseaux) sont conduites par le CNRS depuis 1994.

Ces deux réseaux d’observation convergent pour constater entre 1989 et 2016 une chute marquée de la population des oiseaux, notamment des espèces spécialistes des plaines agricoles.

« Les oiseaux disparaissent des campagnes françaises à une vitesse vertigineuse » s’empresse de commenter Le Monde [9]

1.  Principaux résultats de STOC

 La population des oiseaux nichés a décliné de 15% entre 1989 et 2016

 Comme cela est montré sur le graphique ci-dessous, ce sont les oiseaux spécialistes des milieux agricoles qui auraient subi le plus fort déclin entre 1989 et 2016 (-33%), suivis des spécialistes des milieux bâtis (-30%). Les espèces forestières après avoir décliné, se redressent à partir de 2009 de sorte que leur population ne décline que de 5% sur la période. Les espèces généralistes sont en augmentation de 19%.

Toutes espèces confondues, le déclin serait de 15% entre 1989 et 2016.

STOC

indicateurs par habitat
Les valeurs sont arbitrairement fixées à 1 en 1989. Source Vigie Nature : http://vigienature.mnhn.fr/page/produire-des-indicateurs-partir-des-indices-des-especes-habitat

Un article publié par le Commissariat général au Développement durable [10] présente les mêmes données de façon différente. Le graphique ci-dessous, extrait de cet article, montre que prises dans leur ensemble, les trois espèces spécialisées accusent, sur la période 1989-2017, une baisse de 22% tandis que les espèces généralistes ont progressé en moyenne de 19% (progression qui aurait cessé à partir de 2006). Selon les auteurs de l’article, la progression des  espèces généralistes ne serait par une bonne nouvelle, illustrant un phénomène d’homogénéisation de la faune aviaire, les communautés s’uniformisant au profit d’espèces peu spécialisées et peu exigeantes.

STOC

Une situation corroborée (partiellement) par les données de l’IUCN

Un recoupement avec les données fournies par une publication [11] du comité français de l’IUCN (Union internationale pour la conservation de la nature) permet  de connaître le statut attribué par cet organisme aux 60 espèces spécialisées suivies par le programme STOC :

  • En danger (EN) : 3
  • Vulnérables (VU) : 11
  • Quasi-menacées (NT) : 12
  • Préoccupation mineure (LC) : 34

La signification des statuts UICN est selon le Museum National d’Histoire Naturelle [12] la suivante :

  • Les catégories en danger critique d’extinction (CR), en danger (EN) et vulnérable (VU) regroupent les espèces dites menacées, qui présentent un risque élevé d’extinction à l’état sauvage.
  • Pour les espèces dites non menacées : La catégorie quasi-menacée (NT) concerne des espèces qui ne remplissent aucun des cinq critères de menace, mais qui restent suffisamment proches des seuils définis. Ces espèces sont alors susceptibles de devenir menacées si des mesures de conservation ne sont pas envisagées.
  • Un classement en Préoccupation mineure (LC) informe que le risque de disparition est faible dans le territoire considéré.

Notons que parmi les espèces réputées en danger (EN) figure le Bruant Ortolan abusivement chassé en France (dans les Landes à des fins culinaires) jusqu’à son classement en espèce protégée par arrêté du 5 mars 1999.

Il s’agit d’un classement pour le territoire métropolitain français; le statut mondial des 60 espèces spécialisées suivies par STOC sont LC (préoccupation mineure) pour 54 espèces, NT (quasi-menacée) pour 2 espèces, 4 n’étant pas évaluées (NE).

On trouvera dans le tableau de l’Annexe 1 la listes des 60 espèces concernées avec indication de leur statut UICN (France et international).

Le document UICN permet également de connaître l’évolution des populations d’oiseaux en France. La population des 60 espèces d’oiseaux spécialisés observées par le programme STOC  est :

  • En augmentation pour 11 espèces
  • Stable pour 17 espèces
  • En déclin pour 30 espèces.

L’évolution est inconnue pour une espèce (Pipit rousseline).

On trouvera dans le tableau de l’Annexe 2 la listes des 60 espèces concernées avec indication de la tendance de l’évolution de leur population.

L’UICN confirme donc une évolution défavorable, mais permet d’en relativiser l’ampleur.

Quelle validité des données issues des sciences participatives ?

STOC s’inscrit dans le programme Vigie-Nature faisant appel à des observateurs bénévoles. Les responsables du programme admettent [13] que celui-ci ne permet pas de relever de manière exhaustive toutes les espèces présentes sur le territoire, ni de compter les effectifs absolus des populations animales.

D’autre part, ce programme qui existe depuis 1989, a été relancé en 2001 apparemment dans un nouveau cadre méthodologique, ce qui laisse planer un doute sur la permanence des méthodes d’évaluation. On remarque ainsi que dix espèces qui étaient suivies en 2009 [14] n’apparaissent plus dans le rapport 2017 [15].

Le tableau ci-dessous établi par G. Loïs (Directeur adjoint de Vigie-Nature) montre pour la période 2001-2009 une forte atténuation du déclin par rapport à la période initiale (1989-2001).

STOC 2009

Tendances des oiseaux communs par grands groupes d'espèces en France entre 1989 et 2001; puis entre 2001 et 2009 (source : G. Loïs, Natureparif et MNH-Vigie-Nature 2010(https://www.jardinsdefrance.org/wp-content/uploads/jdf-medias/images/JdF627/jdf627_les_oiseaux_dans_la_ville_indicateurs_de_biodiversite.pdf)

 

Le rapport 2009 indique d’autre part que la situation des espèces des milieux agricoles est très contrastée, avec des régions en augmentation et des régions en déclin, suggérant que les facteurs influant sur l’évolution des effectifs des espèces agricoles sont de caractère local.

Invité par France Inter [16] le 28 mars 2018, Grégoire Loïs admettait pourtant que le suivi STOC ayant le caractère de macro-études à grande échelle, sa résolution géographique est faible et ne permet pas de comparaison par région. Il indiquait en outre une situation qui se serait brutalement dégradée à partir des années 2008-2009, avec une nouvelle accélération en 2016-2017.

2. L’agriculture, victime expiatoire

La baisse des effectifs affecte plus particulièrement les espèces spécialisées agricoles : de là  à en rendre coupable l’agriculture, il n’y a qu’un pas que le Muséum National d’Histoire Naturelle[17] n’hésite pas à franchir :

« cette disparition massive observée à différentes échelles est concomitante avec l’intensification des pratiques agricoles ces 25 dernières années, plus particulièrement depuis 2008-2009 : une période qui correspond entre autres, à la fin des jachères imposées par la politique agricole commune, à la flambée des cours du blé, à la reprise du sur-amendement au nitrate permettant d’avoir du blé sur-protéiné et à la généralisation des néo nicotinoïdes ».

Aucune étude ne montre la responsabilité des produits phytosanitaires

« Les oiseaux, victimes directes des insecticides néonicotinoïdes » titrait Le Monde [18]du 20 mars 2018 se réclamant d’une étude [19] menée par des chercheurs de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage qui a cherché à évaluer l’hypothèse selon laquelle l’imidaclopride (le premier néonicotinoïde commercialisé), présenterait un risque direct (par ingestion) pour les oiseaux granivores. Tout en admettant que la preuve des effets directs sur le terrain fait défaut, les conclusions de cette étude se limitent à suggérer des effets létaux possibles lorsque l’enfouissement des graines n’est pas correctement effectué.

La responsabilité des néonicotinoïdes  avait également été évoquée à propos de la mortalité des abeilles, ce qui avait conduit le Président Obama à commander une étude spécifique sur le sujet. Or, la conclusion du rapport[20] rendu en septembre 2014 disculpe les néonicotinoïdes (page 20) : « les néonicotinoïdes ne présentent aucune menace pour les pollinisateurs lorsqu’ils sont utilisés conformément à la réglementation. Les études qui accusent les néonicotinoïdes d’avoir contribué à la détérioration de la santé des abeilles sont mal conçues et reposent sur  un échantillon d’abeilles ayant été exposées dans l’expérience à des doses excessives ne reflétant pas les conditions réelles ».

Tous les journalistes n’ont pas le tropisme du catastrophisme : lors de l’émission d’ Europe 1 « le vrai-faux de l’info[21] », à la question  « Les pesticides sont les premiers responsables du déclin des oiseaux » , la journaliste Géraldine Woessner répond : « le lien qui est fait dans un grand raccourci avec les pesticides, les chercheurs ne l’ont pas démontré, comme ils nous l’ont confirmé par écrit ».

La disparition des insectes, ou le syndrome du pare-brise

Comme il n’est pas possible d’établir un effet direct des néonicotinoïdes sur le déclin des oiseaux, des effets indirects possibles ont été recherchés, et notamment une supposée disparition des insectes dont se nourrissent certains oiseaux à certaines périodes de leur vie.

Une publication d’octobre 2017 [22] documente les résultats d’une étude menée en Allemagne depuis 1989 qui évalue le déclin des insectes volants à 76% en moyenne et jusqu’à 82% au milieu de l’été, et cela en seulement vingt-sept ans.  Cette chute de la population des insectes, popularisée dans la presse par l’expression  «  le syndrome du pare-brise [23] » expliquerait selon certains scientifiques la disparition des oiseaux : « Il n’y a quasiment plus d’insectes, c’est ça le problème numéro un », estime Vincent Bretagnolle [24], Directeur de recherche au CNRS. Ou encore Frédéric Jigué : « En période de reproduction, à part les pigeons et les tourterelles, tous les oiseaux granivores se nourrissent et alimentent leurs poussins avec des insectes…faute de nourriture, on a donc moins d’oisillons qui naissent. » CQFD.

Toujours péremptoire, Le Monde du 18 octobre 2017 rendait son verdict : « ce déclin catastrophique est dû à l’intensification des pratiques agricoles et au recours aux pesticides ». Mais les résultats alarmants de l’étude allemande pourraient n’être qu’un artefact des mesures comme le suggère au journal Die Welt le Professeur Walter Krämer, statisticien [25], critiquant la méthodologie de l’étude allemande. L’Institut Rothamsted [26], l’un des plus anciens centres de recherche agricole du monde (fondé en 1843) qui étudie les insectes volants depuis plus de trente ans dans un cadre méthodologique rigoureux (emplacements répartis dans toute l’Angleterre, situés en pleine campagne, avec des pièges toujours placés aux mêmes endroits) donne  pour l’Angleterre des résultats différents : la population d’insectes volants (mesurée par leur bio masse) diminue sur certains sites, reste inchangée ou en augmentation sur d’autres, de sorte que l’on ne peut déduire aucune tendance générale de ces résultats [27] (lire un résumé en français du rapport Rothamsted sur le site de Wackes Seppi [28]).

Détail intéressant : les taxons impliqués dans le déclin de la biomasse par le site de Hereford sont dominés par de gros diptères, en particulier Dilophus febrilis, une « très grosse mouche »  qui à l’évidence n’est pas le plat favori de nos oiseaux de campagne.

La perte des habitats, une piste plus intéressante

Accusés de tous les maux, les agriculteurs ne font en général que ce que la société leur a demandé de faire.

Ainsi le remembrement [29], encouragé en France depuis plus de cinquante ans, s’est accompagné d’arrachage de haies lors du regroupement des parcelles qui a entraîné une perte de la diversité de l’habitat dont de nombreux oiseaux ont besoin pour survivre : environ 15 millions d’hectares ont été remembrés à ce jour affectant notamment les paysages de bocages, supprimant près de 750 000 km de haies vives [30].  Cette pratique a été ensuite vivement critiquée pour cette raison et d’autres (érosion, banalisation du paysage etc.) et notablement corrigée depuis quelques décennies, mais la reconstitution des haies prend du temps.

De même, la suppression des jachères décidées en 2007 par la Commission Européenne, en raison du récent boom des biocarburants et de l’augmentation de la demande de céréales, a eu pour conséquence selon Bird Life International[31], la transformation de nombreuses jachères en cultures de maïs et de colza, réduisant davantage la disponibilité de l’habitat pour de nombreux oiseaux des terres agricole.

En 2013 encore, lors de la dernière réforme de la politique agricole commune, il a été décidé qu’après la moisson il fallait couvrir d’une culture intermédiaire (moutarde, phacélie) les champs de céréales moissonnés dans le but d’éviter l’érosion des sols. Or, les chaumes permettaient aux granivores de s’alimenter l’hiver grâce aux graines laissées au sol et aux plantes sauvages qui y poussaient. C’est un immense réservoir nourricier qui a disparu avec une mesure qui se voulait environnementale explique Frédéric Jigué [32], ornithologue et biologiste de la conservation au MNHN, responsable du programme STOC.

Ajoutons à cela, le remplacement des bâtiments anciens par des bâtiments modernes qui exclut les oiseaux nicheurs (et les chauves-souris).

D’autres facteurs pourraient avoir contribué à ce déclin

Le rôle des prédateurs  

Selon une enquête lancée par le Muséum National d’Histoire Naturelle et la LPO rapportée par France Inter [33], 75 millions d’oiseaux sont tués chaque année par les chats en France (500 millions aux Etats-Unis, 27 millions en Grande Bretagne).

Les destructions intentionnelles par l’homme

L’association Bird Life [34] estime à environ 25 millions le nombre d’oiseaux tués illégalement chaque année en Europe (dont 500 000 en France), ce qui expliquerait que des populations d’espèces qui étaient autrefois abondantes en Europe sont désormais en déclin : le pinson des arbres, les fauvettes, les cailles, ou les grives qui connaissent en effet des baisses énormes de leur nombre. Selon l’étude 4,6 millions de fauvettes meurent chaque année en Europe.

Eoliennes et oiseaux: le problème est plus sérieux qu’il n’en a l’air

La mortalité due aux éoliennes, estimée par la LPO [35](Ligue pour la protection des oiseaux) entre 0,3 et 18,3 oiseaux par éolienne et par an, est probablement sous estimées si l’on se réfère à certaines études réalisées, aux Etats Unis par le biologiste Dr. Shawn Smallwoodles, en Espagne par la Société ornithologique espagnole SEO-Birdlife (Sociedad Española de Ornitología) ou encore en Allemagne par l’ornithologue Bernd Koop. Pire, selon le rapport de la LPO, le nombre d’oiseaux retrouvés morts à la suite d’une collision avec des éoliennes, « extrêmement variable » d’un parc à l’autre, est deux fois plus important à proximité des ZPS (zones protégées spéciales) de type Natura 2000.

3. Les solutions existent

En dépit de cette situation inquiétante, différents exemples montrent que les actions de conservation menées sur le terrain et les avancées de la réglementation peuvent porter leurs fruits comme le reconnaît la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) dans un rapport[36].

La loi française de 1976

Selon un communiqué [37] du Muséum National d’Histoire naturelle,  la Loi du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature (qui a institué la notion d’espèce protégée et créé des réserves naturelles) a permis d’interdire progressivement la destruction de nombreuses espèces et de favoriser le développement d’espaces protégés. Les actions de protection des zones humides ont amélioré la situation de plusieurs échassiers, comme le Crabier chevelu ou la Spatule blanche. Grâce au succès de son programme de réintroduction, le Vautour moine niche à nouveau dans les Grands Causses, après avoir disparu de France pendant près d’un siècle. D’autres espèces, comme le Râle des genêts ou l’Aigle de Bonelli, font actuellement l’objet d’un plan national d’action pour tenter d’enrayer les menaces qui pèsent sur leurs populations, même si leur situation reste précaire.

Les infléchissements  de la politique agricole commune

Si la loi de 1976 a permis aux espèces rares menacées de recouvrer en partie leurs effectifs historiques, elle a eu peu d’effet sur les espèces communes, et notamment les passereaux. Les nouvelles règles de la PAC définies en juin 2013 pour la période 2014 – 2020 permettront-t-elles d’améliorer la situation ? Trente pour cent des aides directes sont désormais subordonnés au respect de bonnes pratiques agro-environnementales : la diversification des cultures ( selon la taille de son exploitation un agriculteur doit exploiter deux ou trois cultures), la préservation de 7% de « surfaces d’intérêt écologique (haies, murets, jachères, arbres isolés, bosquets, bandes enherbées). Après tant d’errements, acceptons en l’augure.

Le réseau Natura 2000

Lorsqu’elles sont correctement mises en œuvre, les Directives Européennes [38] permettent de réduire les pressions exercées sur la biodiversité, de ralentir le déclin des espèces et, avec le temps, de rétablir des habitats et des espèces. Des progrès considérables ont ainsi été effectués grâce au réseau Natura 2000 mis en œuvre dans le cadre des Directives Oiseaux (1979) et Habitat  (1992). ce réseau est constitué d’un ensemble de sites naturels, terrestres et marins, identifiés pour la rareté ou la fragilité des espèces de la flore et de la faune sauvage et des milieux naturels qu’ils abritent qui pourrait assurer la survie à long terme des espèces et des habitats particulièrement menacés en Europe. Des observations [39] conduites dans les réserves naturelles entre 2002 et 2011, pour un ensemble de 222 espèces d’oiseaux, montrent une tendance à l’augmentation de 13,7 % des effectifs.

Les oiseaux en milieu urbain se portent bien

Cela est moins connu, les oiseaux en milieu urbain se maintiennent bien comme l’indique un article[40] du Centre ornithologique d’Île-de-France (CORIF) . Notamment à Paris intra-muros où 60 espèces nicheurs ont été dénombrées en 2010. Les oiseaux développent en ville d’étonnants mécanismes d’adaptation. On a longtemps pensé que c’était l’éclairage urbain qui incitait le merle et le rouge gorge à chanter souvent très tôt, voire en pleine nuit. À présent, on explique de plus en plus que c’est pour profiter du silence… avant que la circulation ne sature l’ambiance sonore. Il est aussi démontré que la nécessité de se faire entendre en ville a poussé certaines espèces à chanter plus fort (Rossignol philomèle)  ou plus aigu (Mésange charbonnière).

Pour préoccupante que puisse paraître la situation française, il est abusif de prétendre comme le fait Le Monde que « Les oiseaux disparaissent des campagnes françaises à une vitesse vertigineuse ».

L’emploi de ce genre de formule exagérément alarmiste, habituel dans la grande presse, contribue au désintérêt du public. Esope nous déconseillait déjà de crier inconsidérément au loup.


[1] Le protocole est le suivant : un observateur désirant participer au programme se voit attribuer un carré de 2×2 kilomètres tiré au sort dans un rayon de 10 kilomètres autour d’un lieu de son choix, ainsi que d’un carré de remplacement au cas où le premier carré serait inaccessible. À l’intérieur de ce carré, l’observateur répartit 10 points de comptage de manière homogène et proportionnellement aux habitats présents, sur lesquels il effectue deux relevés de 5 minutes exactement (= EPS) chaque printemps, à au moins 4 semaines d’intervalle, avant et après la date charnière du 8 mai (http://vigienature.mnhn.fr/sites/vigienature.mnhn.fr/files/uploads/protocoleSTOC_EPS.pdf)

[2] Produire des indicateurs à partir des indices des espèces (habitat) http://vigienature.mnhn.fr/page/produire-des-indicateurs-partir-des-indices-des-especes-habitat)

[3] milieux agricoles : Vanneau huppé, Buse variable, Faucon crécerelle, Perdrix rouge, Perdrix grise, Caille des blés, Huppe fasciée, Alouette des champs, Alouette lulu, Cochevis huppé, Pipit farlouse, Pipit rousseline, Bergeronnette printanière, Fauvette grisette, Tarier pâtre, Tarier des prés, Traquet motteux, Pie-grièche écorcheur, Corbeau freux, Linotte mélodieuse, Bruant jaune, Bruant zizi, Bruant proyer, Bruant ortolan

[4] milieux forestiers : Pic épeiche, Pic mar, Pic cendré, Pic noir, Fauvette mélanocéphale, Pouillot de Bonelli, Pouillot siffleur, Pouillot véloce, Pouillot fitis, Roitelet huppé, Roitelet triple-bandeau, Sittelle torchepot, Grimpereau des jardins, Grimpereau des bois, Troglodyte mignon, Grive musicienne, Grive draine, Rouge-gorge familier, Mésange huppée, Mésange noire, Mésange nonnette, Mésange boréale, Grosbec casse-noyaux, Bouvreuil pivoine

[5] milieux bâtis : Tourterelle turque, Martinet noir, Hirondelle de fenêtre, Hirondelle rustique, Rougequeue noir, Rougequeue à front blanc, Choucas des tours, Pie bavarde, Chardonneret élégant, Verdier d’Europe, Serin cini, Moineau domestique, Moineau friquet

[6] espèces généralistes : Pigeon ramier, Coucou gris, Pic vert, Fauvette à tête noire, Hypolaïs polyglotte, Rossignol philomèle, Merle noir, Accenteur mouchet, Loriot d’Europe, Mésange charbonnière, Mésange bleue, Corneille noire, Geai des chênes, Pinson des arbres

[7] On distingue habituellement, pour un territoire donné les « oiseaux nicheurs »s’y reproduisant, des « oiseaux hivernants », ne s(y reproduisant pas mais y séjournant une partie de l’année en hiver, les « oiseaux de passage » ne s’y reproduisant pas mais n’y séjournant pas en hiver mais qui traverse le pays lors de leur migration.

[8] http://www.za.plainevalsevre.cnrs.fr/

[9] Stéphane Foucart, Le Monde 19 mars 2018 (https://www.lemonde.fr/biodiversite/article/2018/03/20/les-oiseaux-disparaissent-des-campagnes-francaises-a-une-vitesse-vertigineuse_5273420_1652692.html#t2FpvxxMch0j3baM.99)

[10] Observation et statistiques (http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/indicateurs-indices/f/1964/1115/evolution-labondance-oiseaux-communs.html

[11] La Liste rouge des espèces menacées en France métropolitaine (https://inpn.mnhn.fr/docs/LR_FCE/UICN-LR-Oiseaux-diffusion.pdf

[12] Listes rouges des espèces menacées et enjeux de conservation : Etude prospective pour la valorisation des Listes rouges régionales – Propositions méthodologiques (http://spn.mnhn.fr/spn_rapports/archivage_rapports/2016/SPN%202013%20-%203%20-%20SPN-2013-03_Rapport_LR_regionales-V2.pdf)

[13] Sciences participatives : fiabilité, intérêts et limites (http://bibliovigienature.mnhn.fr/Gourmand2012_Questions%20frequentes%20Vigie-Nature.pdf)

[14] Bilan STOC 2009 : http://vigienature.mnhn.fr/sites/vigienature.mnhn.fr/files/uploads/bilan2009_pdf.pdf

[15] Il s’agit des espèces suivantes : Milan royal, Busard des roseaux, Busard cendré, Courlis cendré, Traquet oreillard, Rousserolle turdoïde, Gobemouche gris, Pie-grièche méridionale, Linotte mélodieuse, Bouvreuil pivoine.

[16] Le Grand entretien 25 mars 2018 (https://www.franceinter.fr/personnes/gregoire-lois)

[17] Le Printemps 2018 s’annonce silencieux dans les campagnes françaises (http://www.mnhn.fr/fr/recherche-expertise/actualites/printemps-2018-s-annonce-silencieux-campagnes-francaises)

[18] Le Monde 20 mars 2018

[19] Field evidence of bird poisonings by imidacloprid-treated seeds: a review of incidents reported by the French SAGIR network from 1995 to 2014 (https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs11356-016-8272-y)

[20]  Is Varroa Destructor or Neonicotinoid Pesticides Responsible for Bee Health Decline?   (http://www.thecre.com/oira_pd/wp-content/uploads/2014/09/Bees-PollinatorTaskForceMemorandum.pdf-ff.pdf)

[21] Les pesticides sont-ils les premiers responsables du déclin des oiseaux ? (Emission du 28 mars 2018 ) (http://www.europe1.fr/emissions/le-vrai-faux-de-l-info2/les-pesticides-sont-ils-les-premiers-responsables-du-declin-des-oiseaux-3611324

[22] More than 75 percent decline over 27 years in total flying insect biomass in protected areas  (http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0185809)

[23] Théorie selon laquelle depuis quelques décennies, le nombre d’insectes s’écrasant sur les pare-brise des voitures semble en constante diminution. Alors que chaque arrêt à la pompe à essence exigeait autrefois un décrassage en bonne et due forme de la vitre avant du véhicule les trajets d’aujourd’hui s’achèvent avec des pare-brise immaculés ou presque.

[24] Où sont passés les oiseaux des champs? (https://lejournal.cnrs.fr/articles/ou-sont-passes-les-oiseaux-des-champs, ou encore https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/pesticides/disparition-des-insectes-en-europe-c-est-l-ensemble-de-la-biodiversite-qui-est-en-declin_2427369.html)

[25] Lire la critique du professeur Walter Krämer statisticien dans die Welt (https://www.welt.de/wissenschaft/article170679639/Expertenstreit-Wie-zaehlt-man-Insekten-richtig.html)

[26] Le centre de recherche de Rothamsted (en anglais Rothamsted Research, anciennement connu sous le nom Rothamsted Experimental Station puis Institute of Arable Crops Research), fondé en 1843, est un des plus anciens centres de recherche agricole du monde. Il est situé à Harpenden dans le comté du Hertfordshire.  (https://www.rothamsted.ac.uk/)

[27] Long-term changes in the abundance of flying insects (Plant and Invertebrate Ecology Department, Rothamsted Research, Harpenden, Hertfordshire, UK) https://farmlandbirds.net/sites/default/files/Decline%20flying%20insects.pdf

[28] Insectes anglais – 30 ans d’observation (http://seppi.over-blog.com/2018/06/insectes-anglais-30-ans-d-observation.html)

[29] De 1970 à 2010, la surface moyenne des exploitations agricoles françaises est passée de 21 à 55 hectares. (http://www.momagri.org/FR/chiffres-cles-de-l-agriculture/Les-exploitations-agricoles-francaises-ont-une-surface-moyenne-de-55-hectares_1070.html

[30] https://fr.wikipedia.org/wiki/Remembrement

[31] : State of the World’s birds 2018 (https://www.birdlife.org/sites/default/files/attachments/BL_ReportENG_V11_spreads.pdf)

[32] Au secours, les oiseaux disparaissent Le Pélerin 17 mai 2018  http://www.pelerin.com/A-la-une/Au-secours-les-oiseaux-disparaissent

[33] Cohabitation difficile entre les chats et les oiseaux (9 avril 2017 (https://www.franceinter.fr/emissions/curieux-de-nature/curieux-de-nature-09-avril-2017)

[34] The Killing  (http://www.birdlife.org/sites/default/files/attachments/01-28_low.pdf)

[35] Le parc éolien français et ses impacts sur l’avifaune : Etude des suivis de mortalité réalisés en France de 1997 à 2015 (https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-29243-eolien-avifaune-etude-LPO.pdfhttps://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-29243-eolien-avifaune-etude-LPO.pdf

[36] Liste rouge nationale des oiseaux nicheurs : la situation ne cesse de se dégrader ! (https://www.lpo.fr/actualites/liste-rouge-nationale-des-oiseaux-nicheurs-la-situation-ne-cesse-de-se-degrader-dp4)

[37] http://www.mnhn.fr/fr/communiques-presse-dossiers-presse/declin-oiseaux-nicheurs-se-poursuit-france-tiers-especes-aujourd-hui-menace

[38] Evaluation Study to support the Fitness Check of the Birds and Habitats Directives : Final report March 2016 (http://ec.europa.eu/environment/nature/legislation/fitness_check/docs/study_evaluation_support_fitness_check_nature_directives.pdf)

[39] Les populations d’oiseaux en « bon état » dans les réserves naturelles (http://www.espaces-naturels.info/populations-oiseaux-en-bon-etat-dans-reserves-naturelles

[40] L’urbanité des oiseaux, par Frédéric Malher et Jean-François Magne du Centre ornithologique d’Île-de-France (corif) https://www.cairn.info/revue-ethnologie-francaise-2010-4-page-657.htm


ANNEXE 1

Statut UICN (France et international) des 60 espèces avec habitat spécialisée observées par le programme STOC

EspècesMilieuStatut IUCN
  FranceInternational
 Bruant ortolanAgricoleENLC
Pic cendrébâtiENLC
 Moineau friquetForestierENLC
 Faucon crécerelleAgricoleVULC
 Bruant jauneAgricoleVULC
 Linotte mélodieuseAgricoleVULC
 Pipit farlouseAgricoleVUNT
 Tarier des présAgricoleVULC
Pic épeichebâtiVULC
Mésange boréalebâtiVULC
Bouvreuil pivoinebâtiVULC
 Chardonneret élégantForestierVULC
 Verdier d’EuropeForestierVULC
 Serin ciniForestierVULC
 Alouette des champsAgricoleNTLC
 Tarier pâtreAgricoleNTNE
 Traquet motteuxAgricoleNTLC
 Pie-grièche écorcheurAgricoleNTLC
Vanneau huppéAgricoleNTNT
Fauvette mélanocéphalebâtiNTLC
Pouillot siffleurbâtiNTLC
Pouillot fitisbâtiNTLC
Roitelet huppébâtiNTLC
 Martinet noirForestierNTLC
 Hirondelle de fenêtreForestierNTLC
 Hirondelle rustiqueForestierNTLC
 Buse variableAgricoleLCLC
 Alouette luluAgricoleLCLC
 Bergeronnette printanièreAgricoleLCLC
 Bruant proyerAgricoleLCLC
 Bruant ziziAgricoleLCLC
 Caille des blésAgricoleLCLC
 Cochevis huppéAgricoleLCLC
 Corbeau freuxAgricoleLCLC
 Fauvette grisetteAgricoleLCLC
 Huppe fasciéeAgricoleLCLC
 Perdrix griseAgricoleLCLC
 Perdrix rougeAgricoleLCLC
 Pipit rousselineAgricoleLCLC
Pic marbâtiLCLC
Pic noirbâtiLCLC
Pouillot de BonellibâtiLCNE
Pouillot vélocebâtiLCLC
Roitelet triple-bandeaubâtiLCLC
Sittelle torchepotbâtiLCLC
Grimpereau des jardinsbâtiLCLC
Troglodyte mignonbâtiLCLC
Grive musiciennebâtiLCLC
Grive drainebâtiLCLC
Rouge-gorge familierbâtiLCLC
Mésange huppéebâtiLCLC
Mésange noirebâtiLCLC
Mésange nonnettebâtiLCLC
Grosbec casse-noyauxbâtiLCLC
 Rougequeue noirForestierLCLC
 Rougequeue à front blancForestierLCLC
 Choucas des toursForestierLCLC
 Pie bavardeForestierLCLC
 Moineau domestiqueForestierLCNE
Tourterelle turqueForestierLCLC

 ANNEXE 2

Evolution selon UICN des populations des 60 espèces avec habitat spécialisée observées par le programme STOC

EspècesMilieuStatut IUCNEvolution de la population
FranceInternationalFrance
 Pipit rousselineAgricoleLCLC?
 Faucon crécerelleAgricoleVULCA
 Bergeronnette printanièreAgricoleLCLCA
 Huppe fasciéeAgricoleLCLCA
Pic marbâtiLCLCA
Pic noirbâtiLCLCA
Pouillot de BonellibâtiLCNEA
Sittelle torchepotbâtiLCLCA
Mésange nonnettebâtiLCLCA
Grosbec casse-noyauxbâtiLCLCA
 Rougequeue à front blancForestierLCLCA
 Choucas des toursForestierLCLCA
Pouillot siffleurbâtiNTLCS
 Buse variableAgricoleLCLCS
 Bruant proyerAgricoleLCLCS
 Bruant ziziAgricoleLCLCS
 Corbeau freuxAgricoleLCLCS
 Fauvette grisetteAgricoleLCLCS
Roitelet triple-bandeaubâtiLCLCS
Grimpereau des jardinsbâtiLCLCS
Grive musiciennebâtiLCLCS
Grive drainebâtiLCLCS
Rouge-gorge familierbâtiLCLCS
Mésange huppéebâtiLCLCS
Mésange noirebâtiLCLCS
 Rougequeue noirForestierLCLCS
 Pie bavardeForestierLCLCS
 Moineau domestiqueForestierLCNES
Tourterelle turqueForestierLCLCS
 Bruant ortolanAgricoleENLCD
Pic cendrébâtiENLCD
 Moineau friquetForestierENLCD
 Bruant jauneAgricoleVULCD
 Linotte mélodieuseAgricoleVULCD
 Pipit farlouseAgricoleVUNTD
 Tarier des présAgricoleVULCD
Pic épeichebâtiVULCD
Mésange boréalebâtiVULCD
Bouvreuil pivoinebâtiVULCD
 Chardonneret élégantForestierVULCD
 Verdier d’EuropeForestierVULCD
 Serin ciniForestierVULCD
 Alouette des champsAgricoleNTLCD
 Tarier pâtreAgricoleNTNED
 Traquet motteuxAgricoleNTLCD
 Pie-grièche écorcheurAgricoleNTLCD
Vanneau huppéAgricoleNTNTD
Fauvette mélanocéphalebâtiNTLCD
Pouillot fitisbâtiNTLCD
Roitelet huppébâtiNTLCD
 Martinet noirForestierNTLCD
 Hirondelle de fenêtreForestierNTLCD
 Hirondelle rustiqueForestierNTLCD
 Alouette luluAgricoleLCLCD
 Caille des blésAgricoleLCLCD
 Cochevis huppéAgricoleLCLCD
 Perdrix griseAgricoleLCLCD
 Perdrix rougeAgricoleLCLCD
Pouillot vélocebâtiLCLCD
Troglodyte mignonbâtiLCLCD

 

 

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