Le militant écologiste Michael Shellenberger jette une bombe dans les milieux de l’environnementalisme

La Lettre d’information n° 14 de Jean Claude Pont (*)

(*) Jean-Claude Pont est mathématicien et historien des sciences, ancien titulaire de la chaire Histoire et Philosophie à l’université de Genève (professeur émérite). Il est membre du comité scientifique de l’association des climato-réalistes. Sa lettre d’information n° 14 est consacrée au livre « Apocalypse Never » écrit par le militant écologiste américain Michael Shellenberger. Pour toute question relative à cet article, contacter Jean-Claude Pont (jean-claude.pont@bluewin.ch).


Un militant de l’environnementalisme s’excuse pour la peur climatique que lui et les siens ont créée, à tort, au cours de ces 30 dernières années

« L’abattement des nations européennes est frappant alors que nous bénéficions encore d’une douceur de vivre sans pareil : partout la culture de la plainte prédomine. (…) On y retrouve [dans l’écologie devenue une idéologie globale] tous les travers du marxisme appliqués à l’environnement : le scientisme omniprésent, les visions effroyables de la réalité, l’admonestation aux hommes coupables de ne pas comprendre ceux qui leur veulent du bien. Toutes les sottises du bolchevisme, du maoïsme, du trotskisme sont en quelque sorte reformulées au carré, au nom du salut de la planète. »

(Pascal Bruckner) [1]

J’avais annoncé, en fin de la Lettre 13, un complément à l’affaire « Sandoz/Groupe des onze ». Les imprévus de l’actualité m’ont conduit à différer cette publication. Le livre de Michael Shellenberger, Apocalypse Never [2], dont traite la présente Lettre, constitue en effet un événement majeur dans l’histoire des relations entre la climatologie et son impact sociétal.

La confession d’un militant environnementaliste repenti

Un livre de plus de 400 pages, dont cent vingt de notes rigoureuses et de références précises. Un livre dont Tom Wigley, climatologue (Université d’Adelaïde), ex-chercheur au National Center for Atmospheric Research et membre de l’American Association for the Advancement of Science[3], dit ceci :

« Le livre pondéré et revigorant de Michael Shellenberger traite en profondeur un éventail de questions environnementales et expose les falsifications des scientifiques, les distorsions partisanes d’organisations environnementales et les biais suscités par des intérêts financiers. Ses conclusions s’appuient sur des exemples, des arguments convaincants et de poids, des faits et des sources documentés. Apocalypse Never pourrait bien être le plus important livre sur l’environnement jamais écrit. » (Revue de presse Amazon) [4]

Le livre de Michael Shellenberger est la confession d’un repenti, celui d’un homme qui s’excuse, et non seulement pour lui, mais pour nombre d’environnementalistes partout dans le monde :

« Au nom d’environnementalistes du monde entier, je voudrais m’excuser formellement pour la peur climatique que nous avons créée au cours de ces trente dernières années. Un changement climatique se produit. Ce n’est pas la fin du monde. Ce n’est même pas notre plus sérieux problème environnemental. »[5]

« Et ainsi mes excuses formelles pour avoir répandu la crainte ont pris la forme d’un nouveau livre, Apocalypse jamais : pourquoi l’alarmisme environnemental nous fait du mal à tous. Il est basé sur deux décennies de recherche et trois décennies d’activisme environnemental ».

Avant de larguer sa bombe, Shellenberger l’annonce au travers de deux articles. But de l’opération : avertir les gens dont il va dénoncer l’attitude alarmiste, leur donner l’occasion de corriger, voire de contester ce qu’il va divulguer. Résultat : zéro contestation, mais des remerciements !

« En novembre et décembre 2019, j’ai publié deux longs articles critiquant l’alarmisme climatique et traitant de choses semblables à ce que j’ai écrit ci-avant [i.e. dans Apocalypse jamais ]. Je l’ai fait en partie parce que je souhaitais offrir aux scientifiques et activistes, y compris à ceux que je critiquais, une chance de répondre ou de corriger les erreurs que j’aurais pu commettre dans mon rapport, avant de publier ce livre. Les deux articles furent largement lus, et je me suis assuré que les scientifiques et les activistes que je mentionnais voient mes articles. Pas une seule personne ne demanda une correction. En lieu et place, j’ai reçu nombre d’e-mails de la part de scientifiques, et d’activistes aussi, qui me remerciaient pour avoir clarifié la science. »[6]

Qui est Michael Shellenberger ?

Michael Shellenberger est un militant écologiste américain très actif, démocrate, né en 1971. On trouve dans son article du 28 juin 2020[7] quelques informations sur ses actions au service de l’écologie et du climat :

« À l’âge de 17 ans, je suis parti au Nicaragua pour me montrer solidaire de la révolution socialiste des Sandinistes. À 23 ans, j’ai collecté des fonds en faveur des coopératives de femmes au Guatemala. Au début de la vingtaine, j’ai vécu dans l’Amazonie subtropicale, entreprenant des recherches avec des petits fermiers pour combattre les invasions des terres. À 26 ans, j’ai contribué à exposer les conditions précaires dans les fabriques Nike en Asie.

Je suis devenu environnementaliste à l’âge de 16 ans quand j’ai lancé une collecte de fonds en faveur de Rainforest Action Network. À 27 ans, j’ai contribué à la protection des derniers anciens séquoias non protégés en Californie. Dans la trentaine, j’ai fait la promotion du renouvelable et j’ai contribué avec succès à persuader l’administration Obama d’y investir 90 billions de dollars. »

Michael Shellenberger est le fondateur de l’Environmental Progress, une organisation de recherche et de politique, qui lutte pour une énergie propre et une justice énergétique afin de réaliser la prospérité pour tous. Il est aussi fondateur du think tank Breakthrough Institute, qui est un centre de recherche visant à identifier et à promouvoir des solutions technologiques aux défis environnementaux et au développement humain. Il a publié plusieurs ouvrages et articles.

Shellenberger a été désigné (voir note 6) « Hero of the Environment » du Time Magazine ; lauréat 2008 du Green Book Award du Stevens Institute of Technology’s Center for Science Writings. Il a écrit sur l’énergie et l’environnement pour le New York Times, le Washington Post, le Wall Street Journal, Nature Energy, ainsi que d’autres publications depuis deux décennies.

Michael Shellenberger a été expert en énergie sollicité par le Congrès pour fournir une expertise objective, et invité par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) comme Expert Reviewer de son prochain Assessment Report.

Années de silence et sortie du bois

Vient naturellement la double question : pourquoi ce pesant silence durant toutes ces années, et pourquoi cette soudaine sortie du bois ? Réponse à la première question (voir note 5) :

« Mais surtout, j’avais peur. Je suis resté silencieux au sujet de la campagne de désinformation climatique parce que je craignais de perdre des amis et des crédits. Les rares fois où j’ai eu le courage de défendre la science du climat contre ceux qui la dénaturent, j’ai subi des conséquences sévères. Et donc je n’ai rien fait alors que mes collègues écologistes terrifiaient le public. Je n’ai même pas réagi lorsque des gens à la Maison Blanche et beaucoup d’autres dans les médias ont essayé de détruire la réputation et la carrière d’un scientifique exceptionnel, un homme bien, et ami à moi, Roger Pielke Jr., démocrate, progressiste de longue date et écologiste qui militait pour la réglementation du carbone. Pourquoi ont-ils fait ça ? Parce que ses recherches prouvaient que les catastrophes naturelles ne s’aggravaient pas. »

Du courage il en fallait, dans une telle atmosphère et avec un tel passé, pour reconnaître sa culpabilité, au lieu de colporter des fake news, à l’image de la plupart de ses camarades !

Ainsi, un auteur connu a peur de s’exprimer à cause de représailles des siens ; un autre a vu sa réputation détruite par des médias du fait de ses idées scientifiques, en l’occurrence parce que ses travaux « prouvaient que les catastrophes naturelles ne s’aggravaient pas ». C’est du propre! Une science véritable doit-elle recourir à la terreur pour faire admettre ses idées ? Nous rejoignons ici le système de pensée que nous avons rencontré dans les attaques des onze professeurs d’université contre Madame Suzette Sandoz (voir ma Lettre 13), et sur laquelle je reviendrai longuement dans les lettres futures. Pourquoi cette soudaine sortie du bois ? Shellenberger nous l’explique plus loin (voir note 5). En substance, le silence n’était plus de mise devant l’explosion des déclarations catastrophistes, qui s’étaient multipliées au-delà de toute proportion dans la presse et dans les milieux de la climatologie.  

Shellenberger d’en citer quelques-unes.

« La conséquence de ces dérapages incontrôlés, dénonce Michael Shellenberger, est que « la moitié des personnes interrogées dans le monde l’année dernière ont déclaré qu’elles pensaient que le changement climatique ferait disparaître l’humanité. Et en janvier, un enfant britannique sur cinq disait aux sondeurs qu’il faisait des cauchemars à cause du changement climatique. (…) J’avoue que je devais être sensibilisé à cette question étant le père d’une fille adolescente. Après que nous en avons parlé de façon scientifique, elle s’est sentie rassurée. Mais ses amis sont profondément désinformés et donc, naturellement, effrayés.[8] J’ai donc essayé de m’exprimer. (…) Il fallait un livre pour exposer proprement toutes les preuves. »

Des déclarations cruciales

Voici un florilège de déclarations cruciales de Shellenberger.

1. Dans sa tribune au journal Le Point, Shellenberger propose le précepte suivant :

« Les journalistes et les militants ont l’obligation de décrire les problèmes environnementaux avec honnêteté et précision, même s’ils craignent que cela réduise la valeur de ces nouvelles ou leur impact sur le public. Il y a des preuves concordantes du fait que l’approche catastrophiste du changement climatique est autodestructrice, car elle détourne et polarise de nombreuses personnes

2. Dans la même Tribune du Point :

« Ce qui me dérange pour partie dans la rhétorique apocalyptique des activistes du climat, c’est qu’elle s’accompagne souvent d’exigences visant à refuser aux pays pauvres les sources d’énergie bon marché dont ils ont besoin pour se développer. J’ai constaté que de nombreux scientifiques partagent mes préoccupations. »

3. A la question de savoir si les scientifiques et les militants n’ont pas besoin d’exagérer pour attirer l’attention du public, question que Shellenberger pose à Wigley, celui-ci répond :

« Je me souviens de ce que disait Steve Schneider, un climatologue de l’Université de Stanford, répondit Wigley. “Il avait l’habitude de dire qu’en tant que scientifique, nous ne devons pas vraiment nous préoccuper de la façon dont nous présentons les choses dans nos communications avec les gens de la rue qui ont besoin d’un petit coup de pouce pour réaliser que le problème est grave.” Steve n’avait aucun scrupule à parler de cette façon biaisée. Je ne suis pas tout à fait d’accord avec ça. » (voir note 7)

4. Le propos qui suit appartient de plein droit à notre credo. Il faudrait l’écrire au fronton des écoles, au fronton des livres d’économie, à l’ouverture de chaque traité de climatologie :

« Il y a des preuves accablantes que notre civilisation à forte densité en énergie est meilleure pour les populations et la nature que la civilisation à faible énergie prônées par les alarmistes. » (voir note 5)

Matière à penser

Que devons-nous penser, devant un homme avec un tel passé, qui nous dit se sentir « dans l’obligation de s’excuser pour le degré de gravité avec lequel, nous environnementalistes, avons trompé le public » ? Aurait-il été acheté par les puissances pétrolières, comme ne manqueront pas de l’insinuer les pompiers de service dépêchés par l’obédience giécienne ? Souffrirait-il d’un manque de notoriété l’incitant à se faire remarquer, ainsi que l’affirmait Naomie Oreskes, grande prêtresse des milieux réchauffistes, à propos de scientifiques importants tels que Freeman Dyson et Claude Allègre ?

Peut-on continuer à tolérer cette incessante chasse aux sorcières mise en œuvre pour empêcher les gens de parler ? Peut-on continuer à dire que le problème est clos, que la science a dit son dernier mot, à la manière de ces climato-idéologues qui se sont déchaînés récemment contre une femme politique et professeure d’université, qui avait osé une question jugée hérétique par des commissaires du peuple ? Peut-on continuer à dilapider des milliards dans un combat absurde contre une prétendue apocalypse, une affaire montée de toutes pièces ? Faudra-t-il continuer à tolérer que des chercheurs sérieux puissent perdre leur job pour ne pas avoir cru aux thèses officielles sur les changements climatiques ? Admettrons-nous encore longtemps qu’un enseignant soit traîné dans la boue et voué aux gémonies par une presse complice, pour avoir répondu à une question d’élève sur le climato-réalisme ?

Erreurs corrigées et fake news dénoncées

Apocalypse Never fait pièce aux fake news et autres désinformations relevées dans les écrits de la propagande centrée sur le climat. Voici un extrait des corrections apportées par Shellenberger dans les divers chapitres de son ouvrage :

  • « Les humains ne sont pas la cause d’une “sixième extinction de masse” ;
  • L’Amazonie n’est pas “le poumon du monde” ;
  • Le changement climatique n’aggrave pas les catastrophes naturelles ;
  • Les incendies ont diminué de 25% dans le monde depuis 2003 ; (…)
  • Ce sont l’accumulation de bois et la proximité des habitations des forêts, et non le changement climatique, qui expliquent pourquoi il y a davantage d’incendies, et plus dangereux, en Australie et en Californie ;  (…)
  • En s’adaptant à la vie en dessous du niveau de la mer, les Pays-Bas sont devenus plus riches et non pas plus pauvres ;
  • Nous produisons 25% de nourriture en plus de ce dont nous avons besoin et les excédents alimentaires continueront à augmenter à mesure que le monde deviendra plus chaud ;
  • La perte d’habitat et l’abattage direct d’animaux sauvages sont des menaces plus grandes pour les espèces que le changement climatique (…). »

Et Shellenberger de préciser au sujet de ces correctifs (voir note 5) :

« En réalité, les faits ci-dessus proviennent des meilleures études scientifiques disponibles, y compris celles conduites ou acceptées par le GIEC, la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et d’autres organismes scientifiques de premier plan. »

Dans l’article du journal Le Point, Shellenberger offre une autre série de correctifs sur des fake news ou de la désinformation.

« Je tiens également à rétablir l’exactitude des faits et de la science et j’ai, ces derniers mois, corrigé la couverture médiatique inexacte et apocalyptique des incendies en Amazonie et en Californie, qui ont été présentés à tort comme principalement attribuables aux changements climatiques. »[9]

Les citations qui suivent sont tirées de l’article du Point :

« (…) mais il est également vrai que le développement économique nous a rendus moins vulnérables, ce qui explique pourquoi le nombre de victimes de catastrophes naturelles a diminué de 99,7%[10] depuis son point culminant de 1931. Cette année-là, 3,7 millions de personnes sont mortes des suites de catastrophes naturelles. En 2018, 11 000 seulement. Et cette baisse s’est produite au cours d’une période où la population mondiale a quadruplé. »

« Qu’en est-il de l’élévation du niveau de la mer ? Le GIEC estime que le niveau de la mer pourrait monter de deux pieds (0,6 mètre) d’ici à 2100. Est-ce que cela semble apocalyptique ou même « ingérable » ? Considérons qu’un tiers des Pays-Bas se trouve sous le niveau de la mer et que certaines régions se trouvent à 7 mètres sous le niveau de la mer. »

« Qu’en est-il des allégations de mauvaises récoltes, de famine et de mortalité massive ? C’est de la science-fiction, pas de la science. Aujourd’hui, les humains produisent suffisamment de nourriture pour 10 milliards de personnes, soit 25% de plus que ce dont nous avons besoin, et les organismes scientifiques prédisent une augmentation de cette tendance, et non une baisse. »

« Les rendements du blé ont augmenté de 100 à 300% dans le monde entier depuis les années 1960. »

« Les pertes dues aux feux de brousses peuvent s’expliquer par l’exposition croissante des habitations aux broussailles sujettes au feu. Aucune autre influence n’a besoin d’être invoquée. Donc, même si le changement climatique avait joué un petit rôle dans l’occurrence des feux de brousses récents, et nous ne pouvons l’exclure, le changement d’exposition des biens aux risques est un facteur largement prééminent. »[11]

« J’ai demandé au climatologue australien Tom Wigley (voir note 3) ce qu’il pensait de l’affirmation selon laquelle le changement climatique menace la civilisation. « Ça me dérange vraiment parce que c’est faux », a-t-il dit. « Tous ces jeunes ont été mal informés. » 

Les causes de l’alarmisme selon Shellenberger : « financières, politiques et idéologiques »

Quel peut bien être le système causal responsable de la mise en place d’un phénomène de société tel que celui constitué par l’alarmisme évoqué plus haut, de sa propagation planétaire ? Un tel phénomène peut-il être l’expression d’un système causal rationnel ? L’incessant et unilatéral matraquage médiatique qui le supporte peut-il se justifier à partir d’éléments objectifs ? Le système causal dont nous parlons, Shellenberger le ramène sans le nommer au financier, au politique et à l’idéologique. Pour ce qui est de la composante idéologique du trio, je l’ai souvent évoquée dans mes publications[12] et le point de vue exprimé par Shellenberger sur la question ne fait que de corroborer ce que je pense. Il y a belle lurette que la science a quitté les travées de la climatologie officielle pour céder sa place à l’idéologie.[13]

Shellenberger nous rappelle que (c’était pour moi la confirmation de ce que je savais déjà) « les mouvements environnementaux ont accepté des centaines de millions de dollars provenant de l’industrie des combustibles fossiles. » Il ajoute : « Des groupes motivés par des croyances antihumanistes ont forcé la Banque mondiale à cesser leurs efforts pour mettre fin à la pauvreté en tentant de rendre la pauvreté « soutenable ».[14]

Accueil et destin du livre

Les premiers lecteurs du livre, personnalités hautement respectables, lui ont réservé un accueil chaleureux, pour ne pas dire enthousiaste. Écoutons certains d’entre eux.[15]

Tom Wigley

« Ce pourrait bien être le livre le plus important jamais écrit sur l’environnement. »

Emanuel Kerry [16]

« (…) dans ce texte stimulant et bien documenté, Michael Shellenberger expose l’hypocrisie avec laquelle le mouvement environnementaliste dépeint le changement climatique en termes apocalyptiques (…). »

Richard Rhodes[17]

« Apocalypse Never est un livre extrêmement important. »

Steve McCormick[18]

« Nous, les environnementalistes, accusons ceux qui ont des opinions opposées d’ignorer la science et d’être victimes de biais de confirmation. Mais bien souvent, nous sommes coupables de semblables manquements. En proposant une remise en question des orthodoxies enracinées et des idéologies rigides et autodestructrices, Shellenberger applique le principe “qui aime bien châtie bien”. Apocalypse Never présente des points de vue parfois cinglants, mais toujours soigneusement pensés et étayés par des faits, et qui nous aideront à acquérir la fermeté d’esprit nécessaire pour imaginer et définir un avenir non seulement prometteur, mais aussi réalisable. »

Shellenberger, qui connaît de l’intérieur la mentalité et le peu de scrupules des milieux qui mènent la danse dans la diffusion du catastrophisme et dans les affaires climatiques en général, n’est guère optimiste en ce qui concerne les changements que son livre pourrait apporter. Même si les milieux dirigeants du GIEC et le Congrès l’ont encore invité, après des publications qu’il avait faites sur l’alarmisme climatique… À l’instar de ceux qui ont étudié en détail le comportement des médias dans cette vaste fresque apocalyptique, Michael Shellenberger pense qu’ils ont fait trop de déclarations tonitruantes dans le sillage des activistes et des idéologues du climat, pour retrouver une sérénité propre à une « revisite » de l’ensemble du dossier. Pour lui, « la spirale est devenue incontrôlable ».

Les conséquences de la désinformation, selon Michael Shellenberger

Shellenberger présente quelques conséquences de la campagne de désinformation qu’il vient de dénoncer, et à laquelle il reconnaît s’être associé jusqu’alors. Parmi elles, le fait que « les institutions scientifiques, dont l’OMS et le GIEC, ont sapé leur crédibilité en politisant la science de façon répétée. Leur future existence et leur utilité exigent un nouveau leadership et une réforme sérieuse. » (voir note 5)

« Des déclarations apocalyptiques comme celles-ci [énumérées ci-avant][19] ont des répercussions dans le monde réel. En septembre, un groupe de psychologues britanniques a déclaré que les enfants souffrent de plus en plus de l’anxiété causée par le discours effrayant sur le changement climatique. »[20]

Je l’ai indiqué plus haut, Shellenberger a manifesté un certain pessimisme à l’endroit de la portée de son livre. Mais il voit une lueur d’espoir dans les réseaux sociaux, qui « permettent à des voix nouvelles et indépendantes de s’opposer à celle des journalistes écologistes alarmistes, écrivant dans les publications mainstream. » (voir note 5)

Quelques mots pour conclure

L’aveu d’un homme du sérail, avec un impeccable passé de militant, vient s’ajouter à l’analyse de milliers de scientifiques qui se sont exprimés dans des sens voisins. Des scientifiques qui pour nombre d’entre eux ont quitté le GIEC ou son obédience pour des raisons voisines et convergentes.

Cette brèche ouverte dans l’impénétrable monolithisme des théories climatologiques officielles fera-t-elle école ? La vérité retrouvera-t-elle ses droits ? La lumière percera-t-elle sous deux décennies d’obscurantisme idéologico-politique ? Le mur de Berlin a bien fini par tomber…

Annexe

Voici la lettre que Judith Curry a reçue d’une jeune fille du Royaume-Uni. Judith Curry est une climatologue de réputation internationale, qui a quitté le GIEC parce qu’elle était en désaccord avec ses méthodes, sa politisation et ses prédictions (voir plus bas).

Lettre d’une jeune adulte anxieuse du Royaume-Uni[21]

« J’ignore s’il s’agit bien de votre adresse courriel exacte, mais je l’ai trouvée et je me suis dit que j’allais tenter ma chance. Je m’appelle XXX, j’ai 20 ans et je viens du Royaume-Uni. Comment le dire, je souffre car j’ai vraiment peur que le changement climatique me tue, moi et toute ma famille ; je ne plaisante pas, c’est ce que je pense à chaque seconde depuis 9 mois. Ça me donne des maux d’estomac, je ne mange ni ne dors et je vis des attaques de panique quotidiennes. Il est actuellement 1 heure du matin et je ne peux pas dormir tant je suis tétanisée. J’ai tenté de mener mes propres recherches, j’ai tout essayé. Je ne suis pas stupide, je suis quelqu’un d’assez rationnel mais en ce moment, parfois, je voudrais carrément ne pas être née, je suis si malheureuse et tétanisée. Récemment, je me suis familiarisée avec vos travaux et je vous serais très reconnaissante pour toute découverte dont vous pourriez me faire part, ou pour tout espoir ou conseil par courriel. Je suis déjà végétarienne et je recycle tout, donc j’essaye vraiment. Aidez-moi s’il vous plaît. De n’importe quelle manière. Je suis à bout de nerfs. »

Judith Curry a été professeure à l’école des sciences de la terre et de l’atmosphère au Georgia Institute of Technology. Décorée par l’American Meteorological Society, elle fait partie du sous-comité Sciences de la Terre, du comité Sciences du Conseil consultatif de la NASA (NASA Advisory Council Science Committee, Earth Science Subcommittee). Elle a été membre du groupe de travail Climat du NOAA  (NOAA Climate Working Group), du National Academy Space Studies Board  et du National Academies Climate Research Committee. On lui doit plusieurs livres qui font autorité. Elle a publié plus de 150 articles scientifiques.

Devant le Sénat des USA, elle a émis haut et fort les plus grandes réserves sur la capacité prédictive des modèles utilisés en climatologie, sur les prédictions apocalyptiques diffusées quotidiennement par la presse et par les milieux de la climatologie officielle.

Elle affirme que « presque la moitié du réchauffement constaté au XXe siècle s’est produite lors de sa première moitié, avant le développement mondial ». Pour elle, « la climatologie est devenue un parti politique de tendance totalitaire », « une science douteuse au profit d’un projet politique ».[22]

Plus de détails sur Judith Curry.[23]


Avec mes remerciements à mes amis de l’Association des climato-réalistes pour leur assistance technique. Remerciements aussi à mon ami Gérard Chabbey, correcteur et metteur en page de ces lettres et de mon livre.                                                 


[1] Le fanatisme de l’apocalypse, Grasset, 2001 (pp. 31 et 38).

[2] Apocalypse Never : Why Environmental Alarmism Hurts Us All (Harper, 2020). (« Apocalypse jamais »).

[3] Wigley a aussi créé l’un des premiers modèles climatiques (MAGICC) en 1987, lequel reste l’un des principaux modèles climatiques aujourd’hui.

[4] Dans cette Lettre, toutes les mises en gras sont de JCP.

[5] « On behalf of environmentalists everywhere, I would like to formally apologize for the climate scare we created over the last 30 years », « Energy », 28 juin 2020. Forbes Media LLC.
https://environmentalprogress.org/big-news/2020/6/29/on-behalf-of-environmentalists-i-apologize-for-the-climate-scare

   Les traductions utilisées ici sont celles de l’Association des climato-réalistes.

[6] Jaquette du livre Apocalypse Never : Why Environmental Alarmism Hurts Us All, Harper.

[7] Voir note 5.

[8] Je donne en annexe copie d’une lettre adressée par une jeune adulte effrayée à la grande climatologue Judith Curry. 

[9] Aug 26, 2019, 01:39am EDT Michael Shellenberger (Contributor), « Why Everything They Say About The Amazon, Including That It’s The ‘Lungs Of The World,’ Is Wrong ». Energy. Forbes. https://environmentalprogress.org/big-news/2020/6/29/on-behalf-of-environmentalists-i-apologize-for-the-climate-scare

[10] Voir https://ourworldindata.org/natural-disasters.

[11] Voir https://theconversation.com/climate-change-and-bushfires-youre-missing-the-point-19649

[12] Par exemple dans mes Lettres 7 à 13, dans mon livre, pp. 21, 31, 33, 37, 57, 67, 82, 115, 123, 138, 146, 153, 193, 196, 212, 215.

[13] Cette affirmation ne concerne bien sûr pas les chercheurs « laïcs », qui s’occupent du climat sans égard pour les préoccupations idéologiques ou politiques. On leur reprochera juste le manque de sens critique pour ce qu’on fait de leurs travaux.

[14] Voir note 5.

[15] Ces informations, et d’autres, se trouvent sur la jaquette et les pages de couverture du livre de Shellenberger. Voir aussi la promotion du livre sur Amazon.

[16] Emanuel Kerry, professeur en science de l’atmosphère au MIT (Massachusetts Institute of Technology).

[17] Richard Rhodes, Prix Pulitzer et auteur de The Making of the Atomic Bomb.

[18] Steve McCormick a été directeur de The Nature Conservancy, une organisation mondiale de protection de l’environnement, qui compte plus d’un million de membres. Voir note 5.

[19] Shellenberger indique par exemple une déclaration d’Extinction Rebellion qu’il cite dans son interview au journal Le Point : « Nos enfants vont mourir dans les 10 à 20 prochaines années ».

[20] https://www.reuters.com/article/us-britain-climate-children/children-suffering-eco-anxiety-over-climate-change-say-psychologists-idUSKBN1W42CF

[21] Posté par Judith Curry le 14 décembre 2019 sur Climate Etc.

[22] Les deux dernières citations sont tirées de : « Cette climatologue qui échauffe les esprits », Le Point, 2 août 2018, p. 100. Interview de Judith Curry par Guy Sorman.

[23] (https://www.congress.gov/115/meeting/house/105796/witnesses/HHRG-115-SY00-Bio-CurryJ-). « Curry’s research interests span a range of topics in weather and climate. She has authored over 180 scientific papers, and is author of the textbooks Thermodynamics of Atmospheres and Oceans, and Thermodynamics, Kinetics and Microphysics of Clouds. She is a prominent public spokesperson on issues associated with the integrity of climate science, and is proprietor the weblog Climate Etc.judithcurry.com. Dr. Curry has recently served on the NASA Advisory Council Earth Science Subcommittee, the DOE Biological and Environmental Research Advisory Committee, and the National Academies Climate Research Committee and the Space Studies Board and the NOAA Climate Working Group. Dr. Curry is a Fellow of the American Meteorological Society, the American Association for the Advancement of Science, and the American Geophysical Union. »


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