Larsen C a relâché un iceberg 5 800 kilomètres carrés

Le 12 juillet 2017 la barrière de glace Larsen C située dans la péninsule Ouest de l’Antarctique a relâché un iceberg 5 800 kilomètres carrés. La taille de ce nouvel iceberg (d’une longueur de 200 km et de 350 mètres de haut) qui n’est que la moitié de celle de l’iceberg B-15 qui s’est séparé de la plate-forme de Ross en 2000, le classe comme l’un des dix  plus gros icebergs jamais enregistrés, et le troisième depuis 1995. Ce vêlage exceptionnel qui ne fera pas monter le niveau de la mer n’est pas imputé au réchauffement climatique. Fait moins connu, la péninsule ouest de l’Antarctique est entrée depuis la fin des années 1990 dans un phase de refroidissement (-0,5°C par décade) comme l’indique une récente publication de la revue Nature.

 

Iceberg Larsen

Le réchauffement climatique n’est pas en cause

Adrian Luckman, Professeur de glaciologue à l’Université de Swansea et membre du projet MIDAS a consacré un article à cet événement dans The Conversation (on en trouvera une traduction en français sur le blog de Jean Louis Duret). Il y déclare :

« Sur les images satellitaires de la NASA des années 1980 la faille le long de laquelle l’iceberg s’est séparé de Larsen C était déjà clairement visible et il n’existe aucune preuve qui permette d’imputer sa croissance récente au réchauffement climatique atmosphérique, celui-ci n’influençant pas assez profondément la couche de glace, ou au réchauffement de l’océan, qui est une source de modification improbable étant donné qu’une grande partie de Larsen C s’est récemment épaissie ».

Précisons d’autre part que le niveau de la mer ne sera pas affecté par cet événement puisque la plateforme Larsen C flottait déjà sur l’eau (de la même façon que la fonte d’un glaçon dans un verre n’en élève pas le niveau).

L’avenir du plateau Larsen C

L’autre grande question concerne le devenir du reste de la plate-forme de glace Larsen C, encore rattachée au continent antarctique. Larsen est la quatrième plus grande plateforme de glace de l’Antarctique. Epaisse de 200 à 600 mètres elle flotte au bout de la péninsule antarctique retenant la glace continentale qui s’écoulerait sinon plus rapidement vers la mer. Avec les deux autres plateformes Larsen A et Larsen B, elle formait ce qu’on appelle la Barrière de Larsen. Ces dernières se sont désintégrées subitement, respectivement en 1995 et en 2002.

Larsen A B C

Crédit : National Geographic Magazine

Larsen C dont la surface a été réduite de 12% par ce vêlage, pourrait avoir été fragilisée et connaître le sort de Larsen A et Larsen B.

« À ce stade il n’y a pas de raisons de penser que cet événement accélérera les taux de vêlage d’icebergs de Larsen C », a expliqué au Figaro Noël Gourmelen chercheur à l’Université d’Edinburgh. « Le vêlage d’icebergs, même de cette taille, est un processus normal en marge de plateforme glaciaire ». Adrian Luckman indique dans son article que si la plateau Larsen C continuait à relâcher des icebergs, il pourrait régresser et à moyen terme connaître le même sort que Larsen A et B en 1995 et en 2002. « Mais des données récentes du Scripps Institute of Oceanography montrent en réalité un épaississement du plateau »…«  Même si dans de nombreuses années la partie restante de Larsen C devait éventuellement s’effondrer , la hausse potentielle du niveau de la mer sera assez modeste. Le total, même après des décennies, sera probablement inférieur à un centimètre ».

La péninsule antarctique refroidit

Une étude publiée en juillet 2016 dans la revue Nature (relayée par The Washington post et The Guardian) montre qu’après une période de réchauffement de vingt années (1979-1997) au rythme de +0,32 C par décennie, les températures de la péninsule diminuent (- 0,5 ° C par décennie depuis la fin des années 1990). Selon Turner et ses collègues, auteurs de l’étude, ce refroidissement s’explique par un changements dans les régimes de vent régionaux et la régression du trou dans la couche d’ozone en réalité par la variabilité naturelle du climat : l’analyse des carottes de glace forées dans les glaciers de l’Antarctique à laquelle ont procédé les chercheurs montre que des épisodes comme ceux-ci avaient eu lieu dans le passé : la période de réchauffement passée n’était pas sans précédent pas plus que la période de refroidissement actuelle.

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