Un article paru le14 juillet dans la revue Nature montre que la réduction des émissions d’aérosols en Asie de l’Est est la cause principale de l’accélération récente du réchauffement climatique.
Le réchauffement climatique s’est accéléré depuis 2010 environ par rapport au demi-siècle précédent, entraînant une série récente d’années de chaleur record. Les raisons de ce phénomène restent obscures et constituent l’une des plus grandes questions de la climatologie actuelle. Selon l’étude publiée par la revue Nature, la réduction de la pollution atmosphérique, notamment en Chine et en Asie de l’Est, est l’une des principales raisons de ce réchauffement accéléré.
Une réduction de 75 % des émissions de sulfates a induit un réchauffement moyen annuel mondial de 0,07°C
Les chercheurs ont utilisé 160 simulations informatiques issues de huit modèles climatiques du système terrestre et montré qu’une réduction temporelle de 75 % (depuis 2013) des émissions de sulfates en Asie de l’Est a induit un réchauffement moyen annuel mondial de 0,07 ± 0,05 °C, suffisant pour être l’un des principaux moteurs de la hausse du taux de réchauffement climatique depuis 2010. Ils ont également constaté un réchauffement du Pacifique Nord et un déséquilibre radiatif au sommet de l’atmosphère qui sont qualitativement cohérents avec les observations récentes.
L’étude précise que sur la base des tendance à long terme émises par les différents modèles climatiques, les températures auraient dû augmenter de +0,23°C à l’échelle de la planète depuis 2010 alors qu’on observe une hausse de 0,33°C. Une différence de 0,1°C qui, qui serait en majorité due aux efforts de dépollution de l’air en Asie de l’Est, ainsi qu’à l’évolution des émissions du transport maritime et la récente hausse des concentrations de méthane dans l’atmosphère.
Ces effets, simulés par les modèles numériques développés par Laura Wilcox et Bjørn Samset, ont été confirmés par les observations satellitaires, ce qui prouve que la dépollution massive de l’Est de l’Asie ces dernières années a eu un effet négatif sur le climat mondial en accélérant l’augmentation des températures moyennes.
Moins de nuages = plus de chaleur
Quel est alors le lien entre la dépollution de l’Est de l’Asie et l’augmentation des températures moyennes à l’échelle du globe ?
Des chercheurs de la NASA ont suggéré qu’une réduction de la couverture nuageuse soit sous les tropiques, soit au-dessus du Pacifique Nord pourraient avoir joué un rôle dans l’augmentation des températures.
En effet, la pollution atmosphérique en Asie de l’Est favorisait la formation de nuages, ce qui engendrait un refroidissement car ceux-ci réfléchissaient davantage la lumière du soleil. Ainsi, la dépollution de l’air sur cette région du globe a réduit l’effet d’ombrage sur cette même région, ce qui a influencé les températures moyennes mondiales.
De plus, cette importante pollution atmosphérique avait tendance à être transportée vers le Pacifique Nord, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Or, celle-ci avait pour effet là encore de refroidir sensiblement cette partie du globe, toujours en raison de la formation d’une couche nuageuse plus importante qu’à l’accoutumée. De ce fait, le Pacifique Nord se réchauffe également plus rapidement ces dernières années.
Bjørn H. Samset, auteur principal et chercheur principal au Cicero Center for International Climate Research, a déclaré: « Nous avons pu distinguer les effets climatiques des politiques de la qualité de l’air en Asie de l’Est au cours des 15 dernières années. Notre principal résultat est que le nettoyage des aérosols d’Asie de l’Est a probablement entraîné une grande partie de l’accélération du réchauffement climatique récent, ainsi que le réchauffement du Pacifique. »