La pauvreté tue

Rémy Prud’homme

Les taux de mortalité (décès sur population) sont nettement plus élevés dans les pays pauvres (en développement) que dans les pays riches (développés). La pauvreté cause la mort de millions de personnes. De combien ? Pour l’estimer, on calcule ce que serait le nombre de décès dans les pays pauvres si ces pays bénéficiaient des taux de mortalité des pays riches. Le calcul se fait par tranches d’âge. Le tableau 1 présente les données et les analyses de cette surmortalité des pays pauvres.

Tableau 1 – Mortalité dans les pays pauvres, par groupe d’âge, 2015-2020
Source : calculs, à partir des données de la Banque Mondiale. Notes :aDécès durant la période 2015-20, en millions, divisé par population en 2015, en milliards 

Pour chacun des groupes d’âge, le taux de mortalité est plus élevé dans les pays pauvres que dans les pays riches. Moins d’argent, c’est moins de nourriture, moins d’hygiène, moins de soins, moins d’éclairage, moins de tout, et plus de mort. La différence avec les pays riches est particulièrement importante pour les moins des 20 ans, et provient principalement de la surmortalité infantile.

On note aussi que globalement, le taux de mortalité est moins élevé dans les pays pauvres (36) que dans les pays riches (57). Il ne s’agit pas d’une faute de frappe, mais d’un exemple du paradoxe de l’effet de structure. On rencontre assez souvent ce paradoxe, notamment mais pas seulement dans les analyses régionales. Une région A fait plus mal qu’une région B dans tous les secteurs 1, 2, 3, et cependant mieux au total ; cela se produit lorsque la région A est spécialisée dans le secteur 1 qui croît plus vite que les autres secteurs. (La démonstration de la possibilité de ce résultat très contre-intuitif a toujours un vif succès auprès des étudiants).

Pour chaque classe d’âge, on calcule ce que serait dans les pays pauvres le nombre de décès si on appliquait à la population des pays pauvres le taux de mortalité des pays riches. On compare le chiffre ainsi obtenu au nombre de décès effectivement enregistrés. La différence nous donne la surmortalité dans les pays pauvres par classe d’âge, et, par addition, pour la population toute entière. Si la pauvreté était éliminée, le nombre de décès dans les pays pauvres diminuerait de 13 millions de personnes par an. La moitié de ces vies sauvées le seraient dans la classe d’âge 0-15 ans. Ce chiffre de 13 millions de vies sauvées par la sortie de la pauvreté est important. Il n’est pas incohérent avec une étude de l’OMS qui évaluait à 4 millions le nombre de morts causés dans les pays pauvres par l’inhalation des fumées causées par combustion du bois ou des déjections animales.

Il faut surtout garder à l’esprit ce chiffre de 13 millions de morts causés par la pauvreté dans l’appréciation des politiques de « sobriété » que beaucoup de gens et d’institutions des pays riches proposent, et parfois imposent, aux pays pauvres. L’enfer (des pays pauvres) est pavé des bonnes intentions (des pays riches). Le classique « ne faites surtout pas nos erreurs » en matière de transport, d’énergie, d’agriculture, etc. veut dire : restez pauvres – et continuez de pleurer vos morts. Les taxes carbones à nos frontières, qui vont freiner les exportations, et donc le développement, des pays pauvres au nom de la lutte contre le CO2 auront un prix en morts additionnelles. Les pays pauvres le savent, qui ont toujours demandé « trade, not aid ». Les efforts faits par les banques et les ONG des pays riches pour empêcher les pays pauvres d’exploiter leurs ressources minérales et de produire de l’électricité carbonée, la seule qu’ils peuvent se permettre, auront le même effet désastreux sur la pauvreté, et donc la mortalité. Que les nantis des pays riches se serrent la ceinture pour sauver la planète, pourquoi pas ? Mais cela ne les autorise pas à serrer la ceinture des ventres vides des pays pauvres.

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25 réflexions au sujet de « La pauvreté tue »

  1. “Que les nantis des pays riches se serrent la ceinture pour sauver la planète, pourquoi pas ?”

    L’article est excellent mais la logique semble s’arreter au milieu du guet. Si la pauvreté tue, il est alors évident que le serrage de ceinture risque lui aussi d’en faire autant. Un recul de PIB tue. La Grèce a subit ce recul avec la crise de 2008, recul du PIB de -40% en dix ans.

    Les conséquences bien connues hélas.

    * http://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0007/266380/The-impact-of-the-financial-crisis-on-the-health-system-and-health-in-Greece.pdf
    * https://www.thelancet.com/pdfs/journals/lancet/PIIS0140-6736(14)60250-6.pdf
    * https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6079016/
    * https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2468266716300184
    * https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0168851014000475
    * https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6649780/

    25 à 35% d’augmentation de la mortalité infantile.
    Augmentation des comportements à risques (drogue, alcool, tabac, agression, suicide…)
    Un taux de mortalité de 9,50/1000 en 2001, de 9.76/1000 en 2009, il s’envole à 11.60/1000 en 2017 la ou la notre est plus ou moins stable (8.8 a 9). Un différentiel de 18.400 morts entre les taux de 2009-2017. Il a été estimé que la crise avait causé 242 décès en plus par mois sur la période de calcul de 5 ans. Une comparaison direct avec notre population nous donne 20 000 décès en plus par ans. Et personne n’y échappe (Chypre, Russie, Corée…). https://onlinelibrary.wiley.com/doi/pdf/10.1111/j.1742-1241.2009.02124.x

    Chiffres à manier avec précautions bien évidement. Mais l’état de notre système de santé devrait déjà nous donner un indice sur le future proche. La question du décarbonation et de la décroissance est aussi une question de vie ou de mort pour certains.

  2. Article sans grand intérêt qui enfonce des portes ouvertes sans nuance. Le sujet du rapport aux autres pays reste intéressant. Les climato-réalistes doivent rester objectifs, vous n’y parvenez pas avec des articles toujours exagérés, partisans plein d’idéologie, j’ai parfois même l’impression que vous êtes d’extrême droite.

    • Et c’est pas bien d’être d’extrême droite ? Vaut mieux être libéral ou d’extrême gauche, c’est ça ?
      Pourquoi vouloir toujours tout ramener à la politique ? Vous trouvez que ça fait avancer le débat de coller des étiquettes aux gens sans véritablement les connaître ? Perso je ne vois l’intérêt de votre commentaire, si ce n’est de polluer ce forum de discussion ou de tenter de jeter le discrédit sur les auteurs de ce site.

      Cela étant dit, je ne trouve pas non plus que l’article ait grand intérêt, si ce n’est bien entendu celui de rappeler que les Greta Thunberg des pays riches sont assez mal placées pour enjoindre les dirigeants de pays pauvres ou en voie de développement à passer en mode “décroissance”.

    • J’ai réalisé après plusieurs semaines qu’en effet la plupart des auteurs ici étaient aussi auteur chez Valeurs Actuelles. Je n’ai rien contre la politique ou quelques opinions que ce soient mais évidemment le discours “scientifique” est complètement biaisé.

      Je n’irais pas plus sur un blog de climatorealistes avec des journalistes de chez libération.

      Passez votre chemin si vous appréciez la science.

      • C’est vrai que si vous préférez de la bonne désinformation, regardez le tout nouveau bulletin météo-climatique de France-intox, euh France-infaux, ah, zut France-Info (c’est dur à sortir), repris sur France 2, alors que l’on ne cesse de nous répéter que “météo” et “climat” n’ont rien à voir, sauf quand la météo va dans le sens du réchauffisme d’origine humaine, bien sûr (la précision est d’importance) : côté “propagande” Poutine est vraiment un bleu avec ses méthodes grossières et brutales, là c’est du grand art ! La présentation du GIEC comme”Groupe d’experts” hier soir était un grand moment d’anthologie partisane et aussi peu scientifique qu’il est possible de faire….

      • Le changement climatique a été confisqué par la gauche et l’extrême gauche. Il suffit de voir comment se comportent les écolocatastrophistes qui devraient normalement se cantonner uniquement dans l’écologie mais qui se permettent d’intervenir dans toutes sortes de débats qui n’ont strictement rien à voir avec leur domaine de prédilection et dans lesquels ils n’ont aucune compétence, si tant est qu’ils en aient une même en écologie.

    • C’est curieux, on dirait que vous parlez des “réchauffistes”, et autres sectaires des ONG environnementalistes (excusez : des OAG, “Organisations Anti-Gouvernementales”, purement politiques), mais côté extrême gauche, bien sûr !
      C’est un peu l’hôpital qui se moque de la charité, non ? parce que question “idéologie” on n’a rien à apprendre au GIEC et consorts…

    • Exagéré pourquoi ? Quels chiffres sont exagérés?
      Au contraire de l’extrême droite prônant souvent de sacrifier les autres pour le bien d’une communauté repliée sur elle même, il est intéressant de montrer que la folie du rêve décroissant aura comme coût des millions de voir de humaines, particulièrement hors UE et Amérique du nord.
      Les milliards d’euros ou de dollars jetés par la fenêtre pour satisfaire une idéologie de bourgeois bohèmes ayant besoin d’une cause pour ne plus culpabiliser d’avoir eu de la chance sont autant de milliards que l’on ne connait nsacre pas au combat contre la misère.
      Les prétendus réfugiés climatiques, les catastrophes prétendument dues à un petit degré de température ou quelques centimètres de niveau marin, cela s’appelle de l’indécence.

    • Merci de nous donner une définition de l’extrême droite, vous avez le choix, celle de René Rémond, de Marcel Gauchet, ou de Mélanchon. Pour votre intervention l’extrême droite a été éradiquée en Europe à la fin de la seconde guerre mondiale, il reste bien quelques énergumènes, mais rien de significatif. Vous feriez mieux de vous intéresser à l’extrême gauche et ses différentes variantes dont l’écologie est la pousse la plus récente. Les exploits de ces gens ont entraîné l’extermination de près de 100 millions d’êtres humains au 20eme siècle. Visiblement cela ne leur suffit pas.

  3. Je n’étais en effet pas venu sur ce site depuis plusieurs semaines. Haha encore un article politique qui n’a aucun lien direct avec la science du climat.
    Ce site est tout simplement politique et ce sont eux qui accusent les scientifiques d’être politisés, c’est l’hôpital qui se fout de la charité.

    • On va vous expliquer Maxah, au cas où vous n’auriez pas encore compris : la “science du climat” n’existe pas toute seule dans le monde des idées, elle a des conséquences politiques directes et pas seulement vis à vis des pays pauvres, mais à vis des pauvres en France même, et ce n’est pas un “extrême droite ” qui le dit, mais Fabien Roussel lui même :Ll’extension des zones ZFE est une véritable bombe sociale qui va appauvrir les plus pauvres ” ! La politique ecolo est une politique hyper capitaliste occidentale , il n’est que de voir les ridicules publicités sur les voitures électriques : que des bourgeois nantis avec villas piscines et beaux gazons verts en quête de “liberté ” ! Effarant de vulgarité !

    • Au hasard pioché sur wiki sur Valérie Masson-Delmotte
      – Elle a signé un appel, aux côtés d’une centaine de personnalités internationales, demandant à laisser les énergies fossiles dans le sol pour éviter un « crime climatique », comparé à un crime contre l’humanité,
      – Elle s’oppose à la publicité pour que les français évoluent vers la sobriété,
      – Elle regrette que la CCC ait écarté les mesures qui portent sur la sobriété,
      – Elle est végétarienne, privilégie les circuits courts, réduit ses voyages professionnels, et le fait savoir.
      Grand bien lui fasse, et elle a le droit comme chacun d’avoir ces positions. Le problème, c’est qu’elle en fait l’étalage à tout bout de champ. Ses positions tranchées d’activiste écolo l’empêchent d’aller chercher la saine controverse indispensable au bon fonctionnement de la science.
      Elle est présidente du GIEC qui étudie les impacts de l’activité humaine sur le climat, avec le présupposé qu’ils sont conséquents, ce que conteste un grand nombre de scientifiques que le GIEC écarte systématiquement de la discussion comme J.Curry, John Christy, Richard Lindzen et beaucoup d’autres qui eux ne passent pas leur temps à exposer avec ostentation leurs positions politiques comme le fait VMD.
      Amicalement Dominique

      • Mme V.M-D à réussi à parler de la parité H/F et de la théorie du genre,, ainsi que du féminisme dans la lutte contre le changement climatique dans une interview il y a deux jours. Il ne manque plus qu’impliquer aussi la culture Woke, ce n’est qu’une affaire de quelques semaines…
        Idéologiser a ce point les questions climatiques démontre une grave dérive dans les esprits formatés au giecocarborechauffisme.
        Peut-être les premisses d’un naufrage ? Je n’ose y croire. ..

    • @Maxah
      Le GIEC est un organisme politique, ses statuts le démontrent. Sachant que les idéaux de décroissance ressemblent quand même aux idéaux d’extrême gauche, il semble logique que le bord politique opposé accueille les climato-réalistes avec plus de bienveillance que Libération ou, pour prendre un journal de gauche pus modéré, Le Monde. Et ?

      – Est-ce que cela signifie qu’aucun climatologue cité par le GIEC n’est scientifique, qu’il s’agit de militants d’extrême gauche ? Non.
      – Est-ce que cela signifie qu’aucun chercheur émettant des doutes sur l’urgence climatique n’est pas scientifique, qu’il s’agit de militants d’extrême droite ? Non.

      Si vous refusez la possibilité de contredire des affirmations scientifiques, vous refusez la science. La science consiste en une perpétuelle remise en cause. C’est ce processus hésitant qui lui permet d’avancer. C’est particulièrement le cas pour des sciences expérimentales sur un système d’une complexité immense, avec des données bourrées d’incertitudes.

      Rien que l’idée même d’oser suggérer que la science est établie sur un objet aussi complexe que le climat démontre que la démarche est politique. Néanmoins, les travaux particuliers et précis des climatologues sur un sujet x ou y, de portée bien plus restreinte, peuvent être scientifiques et pertinents. Tout n’est pas binaire, la vérité se trouve souvent dans la nuance (dans le monde réel).

  4. @Maxah
    Je ne sais pas ce que la science a à voir avec la politique ; que des scientifiques se lancent dans la politique pour avoir des sous et que leur image revienne régulièrement dans des journaux où les journalistes n’ont aucune culture scientifique , on en connait en France qui ont gravi les échelons dans des organismes politiques comme le GIEC
    En tout cas , après un congé de plusieurs semaines vous pouvez le prolonger pour plusieurs mois ; les échanges seront un peu plus constructifs

  5. Il conviendrait de recouvrir les ZFE d’un dôme style “Center Park”.
    Ensuite, sceller solidement, de l’extérieur, les portes d’accès, en s’assurant que les bobos climatocatastrophistes sont bien tous enfermés.
    Une fois fait, le reste de l’Humanité pourra continuer à vivre et poursuivre sa marche vers le progrès.

    • C’est un peu ce qu’ils font déjà par la magie du cinéma, en s’exilant vers une autre planète dans le film Avatar. Les bobos en bleu sont en harmonie avec cette nature si gentille loin de la vilaine modernité et du satanique CO2. Le succès de ce film correspond a une attente du public anti-progrès. La planète Pandora est le “Center Park” hollywoodien dont vous parlez, le paradis des bobos.

      • Il faut dire que dans Avatar, tout y est. Les gentils autochtones qui ressemblent à des Schtroumph qui auraient pris une formule de croissance et qui sont attaqués par les méchants humains qui ne pensent qu’à une chose : le profit.

        • LA FOI CLIMATIQUE est une religion comme une autre avec…
          • Son dieu : la Planète
          • Son diable : Le CO2
          • Son enfer : le réchauffement
          • Son paradis fantasmé : Pandora du film Avatar
          • Son péché originel: la consommation de carbones fossiles
          • Son messie : Greta Thunberg
          • Ses Apôtres : Al Gore, Jouzel
          • Ses grands prêtres : Hulot, Yannick Jadot, Aurélien Barrau
          • Ses écritures sacrées : les rapports du GIEC
          • Ses péchés : l’empreinte carbone
          • Ses hérétiques : les climato-sceptiques
          • Son inquisition : la justice climatique
          • Ses rituels alimentaires : bio, vegan
          • Ses martyres : Les réfugiés climatiques, les ours polaires
          • Ses indulgences : la taxe carbone
          • Sa dîme : les taxes multiples
          • Ses processions : les marches pour le climat
          • Ses conciles : les réunions de la COP­
          • Son salut : l’ambition climatique
          • Ses châtiments : le dérèglement climatique
          • Son déluge : la montée des océans
          • Son jugement dernier : le jour du dépassement
          • Ses prophéties apocalyptiques
          • Ses voeux pieux : “Plus personne ne nie le réchauffement anthropique…”
          • Ses sacrifices: vacances à l’étranger, viande, avion, etc.
          • Sa rédemption par les énergies propres
          • Son Index : établi par les Médias de vérification
          • Ses sacrilèges : critiquer Greta
          • Son prosélytisme
          • Ses suiveurs…

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