Faut-il restaurer les cours d’eau ou renforcer la protection contre les crues ?

Christian Lévêque 1

  1. Christian Lévêque est écologue et hydrobiologiste, président honoraire de l’Académie d’agriculture de France et directeur émérite de l’Institut de recherche pour le développement (IRD).

L’Union européenne invite les États membres à restaurer le lit originel des cours d’eau. Outre son coût exorbitant, cette pratique s’avère dangereuse pour les populations riveraines.

Pour un écologue, crues et inondations, étiages2 et assecs3 font partie du fonctionnement normal des cours d’eau. Il n’y a donc pas lieu de parler de catastrophe écologique à propos de ces phénomènes, car les cours d’eau ont pour vocation première d’évacuer vers la mer les eaux de pluies qui tombent sur leur bassin versant. Et plus il y a de pluies, plus les crues sont importantes et plus elles sont érosives et destructives. Inversement, en l’absence de pluies, le cours d’eau tend à s’assécher si les nappes ne prennent pas le relais. C’est de la pure mécanique.

Le problème des « inondations » vient du fait que nous avons investi le lit majeur des cours d’eau, nous mettant ainsi à la merci des crues dont la fréquence et l’intensité sont imprévisibles. Ainsi, au cours des siècles, nous n’avons eu de cesse de mettre en place des systèmes de protection contre les crues. L’histoire nous montre qu’ils seront régulièrement détruits puis reconstruits après chaque crue « centenaire » plus importante que les précédentes !

Par ailleurs, depuis quelques années, le leitmotiv des politiques environnementales est de rétablir la continuité écologique des cours d’eau, dans « l’objectif de rétablir un fonctionnement naturel des milieux »4. Une expression qui ne répond à aucun critère scientifique sérieux si ce n’est de penser, selon le sophisme naturaliste, que ce qui est naturel est nécessairement bien. Toujours cette fiction qu’ont les écologistes de penser qu’il existe un équilibre de la nature et que la belle nature serait une nature sans l’homme. Or, si nous avons aménagé les cours d’eau, c’est à la fois pour en faire usage mais aussi pour nous protéger de leurs débordements. Il y a donc conflit d’intérêt évident entre protection et conservation, entre la sécurité des citoyens et le retour à une nature « sauvage ».

Pourquoi s’installer près des cours d’eau ?

Si les humains se sont installés près des cours d’eau, c’est qu’ils y ont trouvé des avantages supérieurs aux inconvénients
Si nous déplorons maintenant les dégâts causés par les inondations ce n’est pas par ignorance de ce phénomène. Les citoyens savent depuis longtemps que les cours d’eau peuvent être des armes de destruction massive. Alors comment expliquer ce paradoxe selon lequel, connaissant les dangers, les hommes ont néanmoins pris des risques (et continuent d’en prendre…) en s’installant près des cours d’eau ? On rencontre ici une situation similaire à celle des hommes qui habitent les pentes des volcans. S’ils l’ont fait, malgré les dangers d’éruption, c’est parce qu’ils estimaient que le risque en valait la peine ! L’image d’Épinal des crues du Nil qui rendait les sols fertiles est emblématique de ce rapport au fleuve. Si les humains se sont établis près des cours d’eau, sachant qu’ils vivaient en permanence avec l’épée de Damoclès d’une crue dévastatrice, c’est qu’ils y ont trouvé des avantages supérieurs aux inconvénients. D’une part, c’est parce qu’ils pouvaient disposer de l’eau en quasi- permanence. Les premiers agriculteurs ont aussi trouvé des conditions très favorables à l’agriculture avec les sols alluviaux fertiles, plus faciles à labourer et à déboiser. D’autre part, ils y ont découvert des herbages pour le bétail, les prairies de fauche et les marais producteurs de « blache5 » pour fabriquer les litières. On ne doit pas sous-estimer également l’importance de la pêche dans l’alimentation humaine.

Le géographe Georges Bertrand attirait notre attention sur le fait que notre espace agricole n’a pas seulement été conquis en défrichant les forêts, comme on le dit souvent. C’est sur des zones amphibies, marécageuses, au drainage incertain, que les paysans ont réalisé le plus de gains. Pratiquement, toutes

Se protéger des crues ?

les grandes plaines alluviales intérieures ont été gagnées sur le lit majeur des cours d’eau que l’on a enserrés par la suite entre des digues pour protéger les cultures et les habitations.

Les premières « levées » de la Loire ont ainsi été réalisées dès le Moyen Âge, lorsque les populations se sont installées dans la vallée inondable à l’instigation d’Henri Plantagenet.

Par ailleurs, les cours d’eau ont été très tôt les artères économiques du territoire. La navigation fluviale était déjà active à l’époque romaine, car elle était considérée comme bien plus sûre que les transports terrestres sous la menace permanente des brigands. D’où les ports et les entrepôts de marchandises sur les berges. D’où aussi des lieux d’urbanisation qui vont progressivement s’étoffer. Est venue ensuite la production d’énergie avec les moulins à eau, qui nécessitait elle aussi des aménagements en concurrence parfois avec la navigation. Enfin, avec l’avènement de la civilisation des loisirs au XXe siècle et l’attrait pour la nature, il y a eu un engouement pour les cours d’eau, la pêche à la ligne, les baignades, les sports nautiques et les campings au bord de l’eau6.

Ce sont donc de bonnes raisons économiques qui ont amené nos anciens à s’installer à proximité des cours d’eau. Autrefois, quand l’eau arrivait, on s’en éloignait simplement avec le peu de biens dont on disposait. Ou on bâtissait sur pilotis. Mais la concentration des activités a créé des lieux d’urbanisation importants. Au Moyen Âge, les ingénieurs ont essayé de limiter localement l’expansion des inondations en s’appuyant sur des endiguements. On calculait la hauteur des digues en fonction des plus hautes crues connues de manière à assurer la meilleure protection possible, jusqu’à ce qu’une crue encore plus forte vienne rappeler que la nature reste maître du jeu… Au fur et à mesure qu’on accumulait des richesses dans les cités riveraines, la question de la protection contre les crues est devenue de plus en plus stratégique.

Nous avons donc hérité d’une situation de fait : un lit majeur occupé par l’agriculture puis par l’industrie ; de grandes agglomérations qui se sont historiquement développées le long des fleuves en rapport avec une forte activité économique liée à la navigation et à la production d’énergie. Si ces activités ont, pour une grande partie, disparu, les centres urbains, eux, sont toujours là. Les plaines alluviales, quant à elles, sont toujours occupées par l’agriculture et l’industrie. Et la menace de crues dévastatrices plane toujours sur l’ensemble.

La ville de Paris est à ce sujet exemplaire, elle qui garde encore en mémoire l’inondation de 1910. Puis, elle a connu une nouvelle alerte en 2016. Grâce aux aménagements réalisés – quatre grands barrages-réservoirs sur les affluents de la Seine – elle a échappé au pire. Si on suit la logique des discours écologiques sur la restauration de la continuité longitudinale, c’est une atteinte grave à la naturalité des cours d’eau. Mais, il est difficile de demander le démantèlement des barrages- réservoirs de la Seine, d’autant que ces derniers, qui sont des obstacles avérés à la remontée des poissons migrateurs, ont montré par ailleurs leur utilité. Non seulement leur rôle est d’écrêter les crues, mais ils sont devenus des lieux touristiques très appréciés et, surtout, ils contribuent au soutien d’étiage de la Seine en été, fournissant ainsi des services écologiques et économiques. Dans le bassin de la Loire, les barrages de Villerest et de Naussac jouent également un double rôle d’écrêtage des crues et de soutien d‘étiage.

Aménagements et artificialisation pas synonymes de dégradation écologique

L’un des plus grands lacs artificiels de France est classé zone spéciale de conservation par le réseau Natura 2000

Alors que les militants écologiques accusent les aménagements de détruire la biodiversité, on assite à une situation quelque peu schizophrène, à savoir que le réservoir artificiel du Der- Chantecoq sur la Marne est devenu une zone humide réputée et un spot ornithologique d’importance internationale au point d’être labellisé site Ramsar de protection de la nature. C’est aussi un spot pour la pêche à la ligne… Pourtant, on a détruit un bocage et créé un obstacle à la circulation des espèces… Quant au lac-réservoir d’Orient, sur l’Aube, troisième plus grand lac artificiel de France métropolitaine, il est classé zone spéciale de conservation par le réseau Natura 2000. Je veux souligner ici que les aménagements et l’artificialisation ne sont pas nécessairement synonymes de dégradation écologique, à moins d’avoir encore en tête la fiction d’une nature idéale, celle qui aurait existé en l’absence de l’homme ! Ces exemples devraient, au contraire, nous servir à positiver en constatant qu’aménagement et protection de la nature peuvent aller de pair. Une autre fonction des grands barrages, souvent ignorée des détracteurs, est de constituer des réserves d’eau pour l’irrigation des terres agricoles et l’alimentation en eau de régions peu arrosées. L’eau manque en Provence. Dès le XVIe siècle, la création des premiers canaux d’irrigation a permis d’amener l’eau de la Durance dans la plaine de Crau qui serait autrement un désert de cailloux. Actuellement, 15 grands canaux répartissent les eaux de la Durance dans la Crau, entre Fos et Arles et dans le Comtat. Quant à la Durance, elle était réputée pour ses crues catastrophistes. Madame Sévigné au XVIIe siècle écrivait déjà à sa fille : « Je crains votre Durance comme une bête furieuse… Je hais cette rivière… La dernière fois que je l’ai vue, elle était hors de son lit, comme une furie déchaînée… » Malgré le barrage de Serre-Ponçon, la crue du printemps 2024 a encore suscité des inquiétudes… Peut-être que nos écologistes, si prompts à mettre l’accent sur les aspects négatifs de nos activités, pourraient-ils, une fois n’est pas coutume, chiffrer les avantages de l’aménagement de la Durance et l’utilisation de ses eaux plutôt que de la laisser filer à la mer en détruisant tout sur son passage ?

Nos ancêtres ne vivaient pas en harmonie avec la nature

Pour ceux qui rêvent de rivières sauvages, il est nécessaire de rappeler que nos ancêtres ne vivaient pas en « harmonie avec la nature », en portant un regard de Chimène sur leurs cours d’eau… Bien au contraire, ils craignaient leurs débordements et imploraient le ciel de les protéger. L’histoire est pétrie d’évènements dramatiques concernant les crues. À titre d’exemple, des historiens7 ont reconstitué les crues du Rhône depuis le Moyen Âge grâce à une analyse minutieuse et critique de la très riche documentation manuscrite de la ville d’Arles. Ils ont ainsi recensé 445 crues qui ont fait l’objet de débordements sur une période de sept siècles (soit une tous les 18 mois en moyenne). De l’analyse de ces données, il ressort que pendant la période dite de « Petit Âge glaciaire », il y a eu deux périodes principales d’activité hydrologique qualifiées d’hyperphases (1450-1599 et 1647-1850), séparées par une période de calme hydrologique dans la première moitié du XVIIe siècle. La première hyperphase a connu une phase de grande activité hydrologique qui culmine en 1471 quand survient l’une des inondations les plus catastrophiques recensées, surnommée « le grand déluge » par les contemporains. La plupart des récoltes sont détruites, les produits entreposés perdus et plusieurs personnes noyées. C’est dans la période 1701-1711 que l’on observe les plus grandes fréquences de crues qui se soldent par un nouveau changement de lit du Rhône. De véritables paroxysmes torrentiels frappent l’intérieur de la Provence, emportant les ponts, les arbres, faisant s’écrouler des maisons. Un autre pic de fréquences des crues culmine en 1755 créant la plus grave inondation du XVIIe siècle pour Arles. Au XIXe siècle, la grande crue de 1840 et la crue record de 1856 causèrent également des pertes considérables.

Au cours des siècles, il a donc fallu vivre cette ambivalence du fleuve, et s’y adapter en mettant en place des mesures de protection qui ont évolué au cours du temps en fonction des moyens techniques disponibles. Ces mesures sont à l’origine d’aménagements lourds du lit fluvial.

Nous avons interagi avec les cours d’eau comme le castor

Tous les projets d’aménagement au cours des siècles ont été d’atténuer les événements extrêmes tant en matière d’excès que de pénuries
On peut comprendre et encourager le fait que l’on cherche à réduire les pollutions qui sont l’un des problèmes majeurs de la qualité des milieux aquatiques. Il peut exister un consensus sur cette question, sachant néanmoins que l’exercice est long et difficile, compte tenu des nombreuses sources de pollution. Pourtant, il faut dire et reconnaître que nous avons fait d’importants progrès dans ce domaine, même si ce n’est jamais assez. Ainsi, dans les années 1960, on ne trouvait plus que trois espèces de poissons à l’aval de Paris. Les efforts réalisés pour traiter les pollutions ont permis de réduire considérablement les périodes d’anoxie8, permettant le retour dans la Seine aval de plus de trente espèces de poissons.

Les cours d’eau n’ont jamais cherché ni à nous rendre service, ni à nous nuire. En revanche, nous avons interagi avec eux, comme le castor, en les aménageant pour notre usage. Tous les projets d’aménagement au cours des siècles ont été d’atténuer les évènements extrêmes, tant en matière d’excès que de pénurie, pour assurer notre sécurité alimentaire et physique. C’est en stockant de l’eau pour faire face aux périodes de pénuries que dans tous les pays du monde on lutte contre la sécheresse. C’est en ralentissant et en atténuant l’onde de crue qu’on prévient l’inondation des villes.

Car la rivière ne peut plus s’étaler dans son lit majeur, lui aussi, occupé. Cette situation nous oblige à mener des politiques réalistes car elle ne changera pas de sitôt.

On peut donc s’interroger sur cette politique européenne qui nous invite à effacer les aménagements pour rendre leur liberté au cours d’eau au nom d’un retour à une naturalité fictive. Car ceux qui rêvent de retrouver des rivières sauvages auraient-ils oublié que ces rivières mythiques sont aussi des armes de destruction massive ? Comme il est peu probable que nous puissions déplacer nos villes, la sécurité des biens et des personnes vivant près des cours d’eau reste-t-elle encore une préoccupation majeure pour la société ?

Crues et sécheresses auraient tendance à devenir plus intenses

C’est d’autant plus préoccupant que les résultats du programme Explore29 devraient nous inciter à la prudence en matière de restauration. Les experts prévoient schématiquement, avec toutes les incertitudes afférentes à cet exercice, des changements de débits en liaison avec le changement climatique, dans une France plus ou moins coupée en deux. En hiver, des débits auraient une tendance à la hausse ou stagneraient dans la partie nord mais seraient à la baisse dans le sud. En été et en automne, les débits seraient en baisse dans toutes les régions. Mais ce qui serait le plus important, pour ce qui nous occupe ici, c’est que crues et sécheresses auraient tendance à devenir plus intenses aux mêmes endroits : +50 % pour les sécheresses et + 80 % pour les crues. Dans un tel contexte, les efforts de restauration de rivières naturelles (qui ont un coût…) conduiraient soit à des assecs plus fréquents (merci pour la biodiversité) ou à des crues plus intenses (merci pour les riverains).

Il ne suffit pas de lancer des slogans idéologiques du type « retrouver des rivières naturelles » ou des « rivières sauvages ». Encore faut-il en mesurer les conséquences sur nos centres urbains compte tenu des vies humaines qui sont en jeu et des coûts astronomiques qui résulteraient d’une inondation majeure. Dans ce contexte, les motivations sécuritaires deviennent largement prioritaires. Il est surprenant que nos économistes n’aient pas encore pensé à évaluer le coût de l’inaction… Ni celui qui résulterait des dégâts causés par la restauration de rivières sauvages… En réalité cette politique élaborée sur des bases idéologiques nous mène droit dans le mur.

C’est sur la sécurité des centres urbains que nous devons mettre l’accent, c’est-à-dire renforcer encore leur protection. Sinon, on pourra une fois encore accuser les pouvoirs publics d’avoir fait preuve d’inconsistance en matière de prévention. Diverses solutions s’offrent à nous pour écrêter l’onde de crue : d’autres barrages réservoirs dont on a vu l’intérêt social et écologique pour la Seine ; le ralentissement dynamique associant retenues et restauration de zones inondables ; et bien évidement l’évacuation progressive des zones les plus exposées. Il n’y a pas de solution unique et universelle, mais des mesures à prendre en fonction de situations locales.

La sécurité des citoyens doit être renforcée

Il faut donc sortir du carcan d’une idéologie normative que l’on appelle écologie mais qui n’est en aucun cas de la science, qui postule que toute intervention humaine sur la nature est une dégradation, pour se poser la question : quelles rivières voulons-nous ?10 Et mener une politique qui prenne en compte l’ensemble des préoccupations en matière de gestion des cours d’eau, sachant que les citoyens comprendraient mal que l’on mette en danger leur sécurité qui, je le répète, doit être renforcée, au vu des évènements récents et des prévisions d’Explore2. Ce qui ne va pas tout à fait dans le sens de rendre leur liberté à nos cours d’eau !

Par ailleurs, ce n’est pas en invoquant à tout propos le changement climatique que l’on avancera dans cette voie. Avec le climat, on trouve un bouc émissaire idéal pour tous ceux qui ont accordé des permis de construire dans des zones réputées inondables et pris ainsi le risque d’exposer des citoyens à des situations périlleuses. On comprend que dans ces conditions, invoquer le changement climatique soit un bon moyen de se dédouaner de ces prises de liberté avec la sécurité !


2 Baisse périodique des eaux/Le plus bas niveau des eaux.

3 Assèchement temporaire d’un cours d’eau, d’un étang.

https://www.lesagencesdeleau.fr/comprendre-apprendre-agir-pour-leau/restau- ration-des-cours-deau-et-biodiversite

5 Herbes palustres (dans les marais) utilisées pour faire de la litière.

6 Christian Lévêque, La mémoire des fleuves et des rivières, Éd. Ulmer, 2019.

7 Georges Pichard et Émeline Roucaute, « Pluies et crues en bas Rhône et caractérisation du petit âge de glace (PAG) », Méditerranée [En ligne], 122 | 2014, mis en ligne le 19 juin 2016, consulté le 15 avril 2015. URL : http ://mediterranee.revues.org/7097

8 Manque d’oxygène.

9 On trouvera un excellent exposé sur cette question dans la vidéo d’une conférence d’Agnès Ducharne à l’Académie d’Agriculture. https://www.youtube.com/watch?v=ibt7Y23ds8E

10 Christian Lévêque, Quelles rivières pour demain ? Réflexions sur l’écologie et la restauration des cours d’eau ? Éd. Quae, 2021.

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12 réflexions au sujet de « Faut-il restaurer les cours d’eau ou renforcer la protection contre les crues ? »

  1. Imaginez une seconde de folie : la grande crue de la Seine qui a inondé la moitié de Paris en 1910.
    C’était certainement du au réchauffement climatique !!!

  2. Bravo et merci pour ce très très bel article extrémement explicite. Les dirigeants de l’Union Européenne devraient le lire pour comprendre à quel point leur politique mène à une impasse idéologique ubuesque

  3. Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement… : merci pour cette mise au point qui a toute la limpidité d’un torrent alpin !
    Vous mettez le doigt sur le fond du problème :
    – l’écologie n’est plus que de « l’écologisme » ;
    – « l’écologisme-Bambi » est un anti-humanisme virulent qui culmine dans l’antispécisme ;
    – il n’est plus que l’exutoire des idéologies gauchiste et libérale affairiste (curieux ménage éphémère et contre-nature) en mal de vecteur pour inoculer son venin (la décroissance et la révolution pour l’un, la conquête de « nouveaux marchés » pour l’autre) auprès d’une population aboulique, matraquée par les réseaux sociaux et la propagande médiatique de l’Etat et des ONG -sans parler des lobbies éolien et photo-voltaique- qui marchent main dans la main (pour un temps du moins), très bien introduits au plus haut niveau européen…
    Ce que vous dites sur la nécessité de contrôler et d’aménager la nature si l’on ne veut pas être détruit par elle s’est parfaitement vérifié à Valence, notamment, heureusement protégée par des travaux remontant à l’époque franquiste, alors que tout à côté, au sud, la défense prioritaire des têtards et autres ajoncs interdisant arbitrairement l’aménagement et l’entretien du lit du cours d’eau, a entraîné la catastrophe humanitaire que l’on sait…

  4.  » Réduisez -ou minimisez- votre impact sur l’environnement.  »
    Cette injonction nous est assénée ad nauseam. Et tout commence par là.

    Pourquoi notre impact serait-il systématiquement négatif ?

  5. On n’est pas à opposer les berges bétonnées qui protègent au berges naturelles dangereuses pour le voisinage. Il y a également un mouvement de rénovation des cours d’eau favorisant les lacets des rivières qui ralentissent l’eau, augmente la surface d’absorption. On peut également réservés des prés pour servir de zones inondables pour retenir le trop plein d’eau lors d’un orage…

  6. Je suis tout à fait d’accord avec Christian Lévêque.
    La proposition européenne est une folie de plus, liée à l’idéologie écologiste. « C’était mieux avant ». Avant que l’Homme domine les fleuves meurtriers.
    Comment imaginer une minute de supprimer les 15 barrages établis sur le Rhône entre le lac Léman et la mer ? Qui produisent de l’énergie électrique « décarbonée », permettent la navigation fluviale plutôt « décarbonée » elle aussi, entre Lyon et la mer. Ils écrêtent les crues et soutiennent les étiages.
    Grâce à tous les aménagements récents, dont la suppression de vieux ponts qui diminuaient la section d’écoulement, la ville de Lyon n’a pas connu d’inondations graves depuis 1856… inondation meurtrière qui avaient détruits des milliers d’immeubles et tué plusieurs centaines de personnes.
    C’est un PROGRES qui va dans le sens de l’HUMANISME.
    Mais l’idéologie écologiste est-elle rationnelle, scientifique et humaniste ? Est-elle fondée sur les LUMIERES ? La réponse est dans la question.

    Henri VORON
    Ingénieur en chef du génie rural, des eaux et des forêts
    Spécialisé en hydrologie, irrigation, barrages, eau potable et assainissement.

  7. Les fortes précipitations sont le plus souvent liées au maximum d’un cycle solaire, qui se caractérise par une forte évaporation intertropicale. Les épisodes catastrophiques sont également liés très souvent à des périodes de bascule climatique (du chaud vers le froid). En revanche, ils ne sont pas liés au réchauffement à long terme, comme le prétend le GIEC avec le CO₂. Les refroidissements sont le plus souvent associés à une aridification entrecoupée d’épisodes pluvieux brutaux (cf. Petit Âge Glaciaire ou années 1960-1970). Ceci se produit avec des descentes d’anticyclones mobiles polaires (cf. M. Leroux), qui glissent sur un océan refroidi et « lisse » (permettant la descente d’air lourd et froid), repoussant réciproquement vers le nord des langues d’air chaud et humide intertropicales (surtout océaniques). Ces phénomènes vont générer, en fonction de leur mobilité météorologique, soit des fronts pluvieux de contact cyclonique chaud, au-dessus du front froid, avec des « rivières de pluie atmosphériques », soit des orages statiques à longue durée. La prévention est plus importante , surtout avec les outils dont nous disposons aujourd’hui . Certains savoirs d’observation se sont évaporés avec le temps. Pourtant la nature est répétitive dans ses « accidents ». Pour reprendre Montesquieu : « J’aime ces paysans, ils ne sont pas assez savants pour raisonner de travers. » et la logique n’est pas toujours au rendez-vous!!

    • Heureux de vous lire ; pouvez répondre à mon post ici
      frederic Sommer3 octobre 2025 at 12 h 24 min
      https://www.climato-realistes.fr/affaire-engilis-v-monsanto-un-tribunal-americain-exclut-un-temoignage-dexpert-juge-peu-fiable/
      —————————-
      Le pape Léon XIV a béni un bloc de glace afin de dénoncer l’urgence climatique et d’appeler les dirigeants du monde à agir sans délai.
      « Nous devons exiger du courage, pas de l’attente », a-t-il déclaré, invitant chacun à s’engager à ses côtés.

      Devant plus de 1 000 représentants d’associations environnementales et de communautés autochtones, il a exhorté les gouvernements à adopter des normes plus strictes pour réparer les dégâts déjà causés.
      —————————————————————–
      Cela a dû couter cher en CO2

  8. Bonjour,

    merci pour cet article.
    Travaillant pour l’établissement public Seine Grands Lacs qui exploite le lac du Der, (de la forêt d’Orient, celui sur l’Aube, et le barrage de Pannecière dans le haut Morvan) je ne peux qu’aller dans votre sens. Avec peut être quelques précisions.

    1/ La pluie qui a généré la crue de juin 2016 est tombée en aval de nos lacs-réservoirs dans un axe sud-nord et a surtout arrosé le bassin intermédiaire (Loing, avec une crue très exceptionnelle, l’Yonne aval et les affluents de Seine francilienne). Cette situation météo nous a tous beaucoup surpris car, nous n’avions alors pas ce type de scenario dans nos chroniques de pluies et de crues qui ne remontaient qu’en 1900.

    2/ Dans les dernières années, ce sont surtout les deux crues de janvier-février 2018 qui ont bien été écrêtée par nos lacs (- 90 cm et -70 cm). Crues qui ont saturé totalement nos ouvrages. Mais fort heureusement, la troisième pluie prévue par météo-France sur le haut bassin (+ de 100mm) a eu la bonne idée de se décaler plus à l’Est sur le Jura, sans quoi, nous aurions regardé passer la troisième pointe de crue ! et qui sait l’importance que la crue aurait eu alors, mais ne faisons pas d’uchronie.

    3/ En fait dans les 10 dernières années, si les conditions avaient été moins favorables que ce qui a eu lieu, nous aurions pu avoir trois crues très importantes sur le bassin de la Seine et sans doute de fortes inondations en Ile-de-France: Juin 2016, Janvier -février 2018 et juillet 2021. Pour cette dernière, très intéressante, nous n’avons eu que la pointe sud de la zone pluvieuse (100 mm en 24 heures sur le lac du Der) qui a généré les forts ruissellements en Allemagne et en Wallonie (260 mm en 48 heures).
    Séquence pluvieuse fort intéressante qui a débutée au printemps et qui s’est poursuivie jusqu’au milieu de l’été.
    4/ Depuis 2016, nous avons (comme sur le bv du Rhône) reconstitué à l’aide de deux historiens à qui je rend hommage (Emmanuel Garnier et Denis Coeur) la série de crues depuis 1600 sur le bassin de la Seine (https://episeine.fr/histoire-des-crues) et nous retrouvons des crues à toutes les saisons, alors que depuis 1860 et les travaux de Belgrand, le primat de l’analyse allait aux grandes crues d’hiver. Nous avons retrouvé notamment de grandes crues d’été au 17ème siècle 1613, 1615, 1693, 1697, qui donnerait sans doute des frissons aujourd’hui pour leur gestion, nos lacs étant pleins à cette époque pour leur mission de soutien d’étiage comme exposé par votre auteur.

    Pour finir sur ce (trop) long commentaire, nos analyses beaucoup trop « aléas centrés » nous empêchent souvent de voir que l’aménagement des vallées des dernières décennies est au moins aussi responsable que l’aléa dans la gravité des inondations, voir qu’il les renforce. J’en veux pour preuve l’analyse d’un rapport de l’IGEDD de 2023 (Philippe Torterotot et al) « Retour d’expérience des inondations des 14 et 15 juillet 2021 », où l’auteur traduit le retour d’expérience des allemands sur la crue catastrophique de la vallée de l’Ahr tragiquement endeuillée. Les allemands ont donc exposé qu’à débit égal à une crue du début du 19ème siècle (déjà en juillet avec 1100 m3/s), ont été observé lors de la crue de juillet 2021, des surcotes de 2 mètres (!), causées par l’aménagement de la vallée du dernier siècle (urbanisation, hydraulique, agriculture). Rapport étonnamment méconnu…
    On pourrait faire un sacré parallèle avec les vallées de la Roya, Vésubie et d’autres . Combien d’aménagements de vallées concernés en France ? Des centaines. Malheureusement, dans ce rapport, la recommandation liée à cette analyse allemande n’est pas à la hauteur de l’énorme lièvre levé par Monsieur Torterotot. Dommage.

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