Conférence d’Oslo : exposé de Susan Crockford spécialiste des ours polaires (démise de son poste de professeur adjoint à l’Université de Victoria)

Président de l’association des climato-réalistes

Hormis l’inoxydable Niklas Mörner, deux personnes ont parlé deux fois lors de la conférence d’Oslo sur le climat organisée par Klimarealistene. Deux personnes qui ont en commun d’avoir été victimes il y a peu de l’ostracisme universitaire. L’une est Susan Crockford, spécialiste des ours polaires, l’autre est Peter Ridd, spécialiste de la Grande Barrière de Corail. Leur tort à chacun : expliquer, chiffres et arguments à l’appui, que les alertes sur ces sujets emblématiques n’ont pas lieu d’être.

Aujourd’hui, place à Susan Crockford qui, rappelons-le, sera à Paris le 29 octobre pour une conférence organisée par l’association des climato-réalistes (oui, il est encore temps de vous inscrire, cliquez ici pour les détails). Pour avoir entendu à Oslo ce que Susan a à raconter, je peux vous garantir que vous ne perdrez pas votre temps. Susan est passionnante, et ses deux interventions n’ont pas été de trop.

Son premier exposé avait pour thème l’épopée de Willem Barents, explorateur éponyme de la mer. Durant l’un de ses périples, l’explorateur néérlandais a dû passer un hiver entier coincé sur une île, en compagnie de son équipage d’une douzaine de personnes. En étudiant le journal de bord, Susan a découvert combien l’équipage en avait appris sur les ours polaires. « Bien plus que la plupart des biologistes n’en savent aujourd’hui », a-t-elle volontiers précisé.

Ce type de reconstitutions à partir de documents du passé est toujours fascinant. Passer ainsi une demi-heure bien au chaud devant une assiette bien remplie et un verre de bon vin (français !) pendant que les aventures de Barents se déroulaient devant nous, ça valait le coup. Inutile de dire que j’ai demandé à Susan de ne pas manquer de nous raconter cette belle histoire aussi à Paris.

Le titre de son exposé du lendemain était celui de son dernier livre : « Ours polaires : la catastrophe qui n’a jamais eu lieu ». Le thème portait sur les sempiternelles annonces de disparition prochaine, invariablement démenties par les observations. Résumé en une phrase : les modèles se sont trompés d’une manière spectaculaire.

Alors que la banquise estivale s’est rétrécie depuis 1979, les ours polaires se portent très bien, et l’on observe partout en Arctique de bon gros nounours bien gras et bien portants. La fameuse accroche du National Geographic commentant la célèbre vidéo d’un ours blanc affamé et errant (« voici ce à quoi ressemble le changement climatique ») a été présentée pour ce qu’elle est : une affirmation sans fondement — pour rester poli.

Combien y a-t-il d’ours polaires actuellement  ? Susan avance une estimation moyenne de 39 000 individus, avec une incertitude allant de 26 000 à 58 000. La valeur 25 000 est la plus couramment donnée aujourd’hui, mais sachant que la valeur de 40 000 était déjà avancée en 1986 et que les plantigrades ont prospéré depuis, la valeur véritable pourrait fort bien se situer dans le haut de la fourchette.

Avec leur succès démographique, les ours polaires peuvent s’enorgueillir du privilège d’avoir constitué la toute première espèce classée « vulnérable » par l’IUCN sur la base de projections futures plutôt que sur la réalité des observations. Ils ont été rejoints par d’autres depuis, « crise de la biodiversité » oblige.

Plus sérieusement, la prospérité des ours polaires n’est pas une bonne nouvelle pour tout le monde, les habitants du cercle polaire devant de plus en plus faire face à ces dangereux prédateurs qui s’en prennent aux biens aussi bien qu’aux personnes.

Enfin, Susan a évoqué l’odieuse campagne de dénigrement médiatique dont elle est la victime depuis deux ans, ainsi que l’attitude honteuse de l’université Victoria qui, sans l’employer, lui accordait jusque là un statut lui permettant d’avoir accès à des documents de travail. (Je publierai demain la traduction d’un récent article dévastateur qui fait le point complet sur cet épisode peu glorieux pour le monde académique.) Susan est une femme qui respire le courage. Pas le genre à se lamenter sur son sort, mais à présenter avec calme, détermination et même humour les éléments les plus saillants de ce qui s’est passé. Elle n’a nullement l’intention d’inspirer la pitié, et on peut compter sur elle pour continuer longtemps à se battre pour la liberté académique. Puisse son exemple faire école.

ours polaire
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