Banquise Arctique : le point à la mi-novembre 2022

À un mois du solstice d’hiver dans l’Hémisphère Nord, la banquise de l’Arctique se reconstitue. Cet article fait le point de la situation au 18 novembre 2022.

La surface de la banquise Arctique est dans la moyenne des 10 dernières années.

La banquise Arctique est actuellement en cours de reconstitution. Au total, 379.000 km² de glaces se sont formées au cours des 7 derniers jours. Vendredi 18 novembre 2022, l’étendue de la banquise Arctique était de 9,45 millions de km², une valeur qui se situe dans la moyenne de la dernière décennie (2010-2019). Même si la surface de la banquise reste inférieure à celles observées à la fin du siècle dernier (en moyenne plus de 10.5 millions de km² à la mi-novembre), on peut parler de stabilisation.

Étendue de la banquise Arctique (en millions de km²) au 18 novembre 2022 et moyennes des 4 dernières décennies (1980, 1990, 2000, 2010) – Source : Zachary Labe

À la mi-novembre 2022 la surface de la banquise Arctique est supérieure celle des années 2012, 2016 2017, 2019 ou encore 2020 à la même période.

Étendue des glaces de la banquise Arctique (en millions de km²) – dates du 18 novembre entre 2003 et 2022 – Source : Zachary Labe

Amplification Arctique et effet de serre

La régression de la banquise s’explique par un réchauffement sensiblement plus marqué de la zone Arctique lors de ces dernières décennies, phénomène connu sous le nom d’amplification Arctique.

Le DMI (Danish Meteorological Institute) fournit les températures journalières de l’Arctique (au Nord du 80°) depuis 1958 (graphique ci-dessous).

Température observée en 2022 en zone Arctique à la latitude 80° Nord et anomalie par rapport à la période 1958-2022 – Danish Meteorological Institute

À la latitude 80° Nord, les températures observées sont en effet largement au-dessus de la moyenne de la période 1958-2002.

Toutefois, on observe une stabilité des températures Arctiques en été, et une grande variabilité en hiver. En effet, en été, quand il y a la lumière du soleil, les températures sont, en grande partie déterminées par l’équilibre radiatif local. En revanche, pendant la nuit d’hiver, il se produit (par des convections turbulentes ou des tempêtes) un transport de chaleur venant des latitudes plus basses, ce qui fait dire à Richard Lindzen : « Au vu du comportement des températures estivales, le CO₂ n’est pas, de manière évidente, un facteur déterminant ».

Le réchauffement de l’Arctique n’est pas un phénomène nouveau

Une étude publié par ScienceDirect en novembre 2021 (Mechanisms of the Early 20th Century Warming in the Arctic) montre que le réchauffement du début du XXe siècle (ETCW) dans les hautes latitudes septentrionales était d’une ampleur comparable au réchauffement actuel, mais s’est produit à un moment où la croissance des gaz à effet de serre dans l’atmosphère augmentait nettement moins qu’au cours des 40 dernières années. 

Fig. 1 . 
Tendances mobiles sur 30 ans des anomalies. Moyennes annuelles mondiales  (°C/30 ans). Données fournies par Berkley ( Rohde, 2013 ). 

Selon les auteurs de cette étude, l’anomalie climatique de l’Arctique peut être attribuée à la variabilité climatique interne comme facteur principal, possiblement renforcée par des rétroactions positives dans l’Arctique, en combinaison avec les effets des forçages externes naturels et anthropiques (intensification de l’irradiance solaire avec une pause dans activité volcanique et augmentation des GES). La contribution exacte de chaque mécanisme restant toutefois incertaine en raison du manque de données instrumentales aux latitudes polaires.

La banquise Arctique va-t-elle disparaître l’été en 2035 ?

La stabilisation de la banquise est également observée en été lorsqu’elle est à son minimum d’extension.

Évolution de la surface de la banquise arctique au mois de septembre (en  km2 ). Après la baisse accusée de la période 1999-2012 on observe une stabilisation depuis l’année 2007 Source NSIDC.)

L’hypothèse avancée par une étude publiée en 2020 dans la revue Nature Climate Change, selon laquelle les étés en Arctique seront complètement dépourvus de glace en 2035 apparaît pour le moins prématurée.

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10 réflexions au sujet de « Banquise Arctique : le point à la mi-novembre 2022 »

  1. Toutes ces observations sont fort intéressantes scientifiquement, mais ne justifient pas l’hystérie actuelle.
    Cela fait 2300 ans que nous connaissons le principe mis en évidence par Archimède.
    La banquise peut bien fondre entièrement et de façon permanente, ce qui est bien improbable, cela ne fera pas bouger le niveau des océans d’un seul millimètre. Mais bon. Les alarmistes n’en sont plus à une ânerie près.

    Il paraît qu’en Suisse, on veut chauffer les logements avec des pompes à chaleur alimentées par des centrales électriques à gaz, pour justement empêcher la banquise de fondre. En affirmant que cela permet de récupérer des calories GRATUITES (!). Par grand froid, ça va être du propre. Tout individu connaissant un peu les lois de la thermodynamique ne peut que rester songeur face à de telles inepties.

    Quant aux prévisions à 10, 15, ou 20 ans, c’est de la pure spéculation. On est infichus de faire des prévisions météo fiables au-delà de quelques jours, et encore. Alors pour dans dans 10 ans….

    • La fonte des glaces est importante aussi pour la diminution de l’albedo. D’autre part j’ai du mal à saisir si dans cet article “banquise arctique” est au sens stricte ou large, c’est à dire incluant les glaces notamment du Groenland, qui pour le coup ne sont pas concernées par Archimède.
      Enfin je ne crois pas avoir jamais lu un article du GIEC évoquer la montée des océans causée par la fonte de la banquise, pourtant vous vous permettez de critiquer les “alarmistes” de propager des “âneries”, j’y vois personnellement un beau sophisme pas loin du ad hominem (si les alarmistes disent une ânerie, ils peuvent bien en dire tout le temps) .

      Pour ce qui est des prévisions, l’incertitude ne devrait pas être une cause d’inaction au contraire; Si vous savez que demain un cambrioleur viendra chez vous avec une probabilité de 10%, est ce que vous ne prendriez pas une décision pour éviter ça?
      Donc non ce n’est pas de la spéculation, c’est le mieux que l’on puisse faire avec les données que l’on a. Les rapports du GIEC utilisent d’ailleurs des termes tels que “probables” “hautement probables” etc. pour faire passer leur message, car s’il n’y a pas de certitudes, il y quand même des tendances qui aident à prendre des décisions logiques.

  2. Le 18 mai 1987, 3 sous marins émergeaient au pôle nord : le HMS Superb (britannique, S109), le USS Billfish (SSN676) et le USS Sea Devil (SSN664). Pourtant, ce n’était pas encore l’été. La glace devait être bien mince …. C’était il y a 35 ans ! Déjà !
    En 2007, dans son discours lors de la réception de son prix Nobel avec le GIEC, Al Gore a déclaré : “La banquise est en chute libre. Une étude récente (?) nous avertit qu’elle pourrait avoir complètement disparu l’été d’ici sept ans” (c’est à dire en 2014, il y a 8 ans …)
    Le 18/9/2012 Le Monde publiait les extraits d’une étude de Peter Wadhams, spécialiste de l’océan et particulièrement de l’arctique, professeur émérite à l’Université de Cambridge, auteur de plusieurs livre sur le sujet. “la banquise arctique pourrait avoir complètement disparu d’ici 4 ans” (c’est à dire en 2016, il y a 6 ans).
    La messe est-elle dite ?

    • Al Gore nous annonçait également la submersion de New York par des vagues gigantesques pour 2012, si je me souviens bien. Son film “Une vérité qui dérange” était d’ailleurs pas mal fait, d’un point de vue cinématographique.
      On a tout de même décerné le prix Nobel de la Paix à des gens qui fichent une sacrée pagaille. Etonnant…

      Affirmer que la messe est dite ne serait ni prudent, ni scientifique, mais pour l’instant, les prophèties sont contredites par les faits.

  3. SVP soyez sympa…….ne contestez pas trop fort la doxa dominante qui nous assure que l’on va tous mourir de chaleur très très vite …..c’est le seul investissement aujourd’hui qui rapporte de l’argent !!!

    • Avez vous des preuves tangibles de votre propos? estimez vous que l’industrie pétrochimique, l’automobile, l’aéronautique ou encore la consommation de masse (électroniques, textiles, etc.) sont en perte de vitesse face aux géants de la sobriété? un rapide tour sur la CAC40 donne une idée des forces en présence dans l’économie française (acelor mittal, total, renault, LVMH, etc.), a priori aucun n’aurait à profiter du changement climatique (c’est une analyse très personnelle je vous l’accorde).

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