Le CO₂ n’est pas l’ennemi

Par Guillaume de Rouville

Dans cet article, Guillaume de Rouville imagine un interview fictif avec un journaliste (en l’occurrence Ernest Dufossé), à propos de son livre Promenade dans les abysses écologiques : les tribulations d’un écolo-réaliste à la COP 28 de Dubaï.


Ernest Dufossé (Journaliste) : Guillaume de Rouville, dans votre livre vous défendez une idée pour le moins iconoclaste : le CO₂ ne serait pas un problème, mais une chance. N’est-ce pas aller à rebours de tout ce que dit la science climatique ?

Guillaume de Rouville : C’est précisément ce que je questionne : le “tout ce que dit la science”, en particulier la science dite “climatique”. En réalité, ce que beaucoup appellent “la science climatique” est une véritable idéologie de substitution aux idéologies passées de mode qui s’est imposée progressivement et qui refuse toute contradiction comme toute idéologie qui se veut conquérante. Le CO₂ est devenu le bouc émissaire idéal, alors que sa présence est non seulement naturelle, mais essentielle à la vie. C’est le carburant de la photosynthèse. Sans lui, plus de plantes, plus d’oxygène, plus de vie.

Ernest Dufossé : Mais la communauté scientifique s’accorde sur le fait qu’une hausse des concentrations de CO₂ entraîne un réchauffement de l’atmosphère…

GdR : D’abord, ce “consensus” est largement artificiel. Il est produit par des biais de financement, de publication et de communication. Ensuite, que le CO₂ ait un rôle dans l’effet de serre, je veux bien l’admettre. Mais mon positionnement est celui-ci : l’effet de serre est un miracle, et plus de CO2, même si cela entraîne plus de chaleur, ce qui n’est pas démontré, je dis tout net : tant mieux et vive le réchauffement ! La vie se porte mieux quand il fait chaud que lorsqu’il gèle ! Et un peu plus de CO2, même le double du CO2 actuel, serait une bénédiction pour la Terre et les êtres vivants qui la parcourent !

Ernest Dufossé : Pouvez-vous élaborer ?

GdR : Bien sûr. D’abord, revenons à un fait biologique fondamental : le CO₂ est la nourriture des plantes. Grâce à lui, via la photosynthèse, elles produisent de l’oxygène et de la matière organique. C’est donc la base même de la chaîne de la vie sur Terre. Ce n’est pas une opinion, c’est une donnée scientifique élémentaire. Si la concentration en CO₂ descendait en dessous d’un certain seuil — autour de 150 ppm — les plantes mourraient. Or nous en sommes aujourd’hui à un peu plus de 400 ppm. C’est très loin d’un excès, c’est à peine au-dessus du seuil de subsistance optimal pour certaines espèces végétales.

Ensuite, s’agissant de la température, les archives climatiques, les carottes glaciaires, la géologie, tout nous enseigne que les périodes chaudes ont toujours été des périodes de prospérité pour le vivant. Le maximum thermique de l’Holocène, le climat romain ou médiéval chaud ont vu fleurir les civilisations. À l’inverse, les grandes périodes froides — je pense au Petit Âge glaciaire, entre le XIVe et le XVIIIe siècle — ont été marquées par les famines, les maladies, les guerres. Le froid est mortifère, pas le chaud.

Alors quand j’entends des responsables politiques ou des journalistes trembler parce qu’on aurait gagné 1,1 °C en un siècle — et encore, depuis une période de référence particulièrement froide — je m’étonne. Cette augmentation est modérée, et elle est survenue en parallèle d’un allongement de l’espérance de vie, d’une baisse massive de la mortalité infantile, de meilleurs rendements agricoles… C’est un miracle silencieux, et le CO₂ y a contribué.

Quant à l’idée que doubler les concentrations de CO₂ serait catastrophique, elle ne repose sur aucun fondement solide. Les modèles prévoient tout et son contraire, en fonction des hypothèses qu’on leur injecte. Moi, je regarde la réalité. Et la réalité, c’est un verdissement mesuré par satellite, une augmentation des rendements agricoles, et des forêts qui s’étendent dans les zones tempérées.

Rendons grâce au CO2 pour tous les bienfaits qu’il nous apporte !

Ernest Dufossé : Ne pourrions-nous pas vous reprocher une forme de complaisance envers les industries fossiles ?

GdR : Je ne suis au service d’aucune industrie. Mais je suis au service du réel. Et le réel, c’est que les énergies fossiles ont permis des progrès sanitaires immenses, sorti des milliards de personnes de la pauvreté. Elles sont encore nécessaires pour accompagner la transition énergétique. Il est absurde et dangereux de vouloir les éradiquer brutalement.

Ernest Dufossé : Vous dénoncez aussi la manière dont le CO₂ est instrumentalisé pour imposer des politiques restrictives. Pouvez-vous préciser ?

GdR : Le CO₂ est devenu une unité morale : produire du CO₂, c’est pécher. Cela permet aux États, aux institutions, aux entreprises de justifier toute une série de contrôles, de taxes, d’injonctions comportementales. On parle de passe carbone, de quotas personnels, de notation ESG… Ce n’est plus de la science, c’est du moralisme bureaucratique. 

Ernest Dufossé : Que proposez-vous concrètement ?

GdR : D’abord, rouvrir le débat scientifique, en acceptant la pluralité des approches. Ensuite, réinvestir dans la recherche fondamentale, sans orientation dogmatique. Enfin, adopter des politiques environnementales centrées sur la pollution réelle, la préservation des habitats et de la biodiversité et l’accès à l’énergie. Luttons contre les plastiques dans les rivières, pas contre le gaz de la vie et de la photosynthèse dans l’atmosphère.

Ernest Dufossé : Un dernier mot, peut-être, pour ceux qui s’interrogent ?

GdR : N’ayez pas peur de penser à contre-courant. Le CO₂ n’est pas un démon, l’écologie n’est pas un dogme. Il faut défendre une pensée écologique libre, ouverte, compatible avec les libertés fondamentales et enracinée dans les réalités humaines et scientifiques.

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