5ème révision des données de température du Hadley Center

Par MD

Introduction.
Tout le monde connaît l’organisme britannique Hadley Center, dont les séries de températures mensuelles et annuelles « globales » remontant à 1850 font autorité, notamment auprès des instances climatiques internationales. Ces séries sont élaborées en coopération avec le CRU (Climate research Unit). La première version (1994) a été l’objet de révisions successives. La cinquième révision vient d’être mise en ligne, parallèlement à la quatrième (2012) qui continue à être tenue à jour. Il est ainsi possible de comparer ces deux derniers ensembles de données. C’est l’objet des quelques graphiques présentés ici.
Dans un article antérieur on avait exposé sommairement le principe des séries de températures calculées par Hadley Center. On rappelle que ces séries sont au nombre de trois, désignées par : « HadSST » pour les températures de l’eau à la surface des océans, « CRUTEM » pour les températures de l’air au-dessus des terres émergées, enfin « HadCRUT » combinaison pondérée des deux premières représentant la totalité du globe terrestre. Les températures sont exprimées en termes d’« anomalies » par rapport à une référence, à savoir la période trentenaire 1961-1990.

Principes de la révision.

Les raisons et les principes de cette nouvelle révision sont expliqués dans la présentation qui en est faite par Hadley et CRU, à laquelle on pourra se reporter. Il s’agissait entre autres de combler certaines lacunes territoriales, notamment des régions inaccessibles, désertiques ou circumpolaires où les données de températures sont inexistantes. En effet, Hadley divise le globe terrestre en « cellules » de 5° latitude par 5° longitude et attribue à chaque cellule une température moyenne basée sur une ou plusieurs mesures thermométriques. Mais un certain nombre de cellules en sont dépourvues. HadCRUT5 est censée remédier à ces lacunes en extrapolant les données des cellules renseignées aux cellules muettes.

Globe terrestre.

HadCRUT5 comporte deux versions : « HadCRUT5-Non-Infilled » limite l’extrapolation des cellules à températures connues aux cellules immédiatement adjacentes ; « HadCRUT5-Analysis », s’étend à un plus grand nombre de cellules par voie de modélisation. La comparaison entre HadCRUT4 et les variantes de HadCRUT5, est illustrée par le graphique ci-dessous.

Les allures générales sont les mêmes, mais les nouvelles versions ont abaissé les températures anciennes et rehaussé les températures récentes. Ceci apparaît mieux dans le graphique suivant, qui reproduit les différences entre les versions. Une sorte de pivot se situe dans les années 1970 et une nouvelle et forte réévaluation à partir des années 2000.

Si l’on considère la variante réputée la plus complète (« HadCRUT5-Analysis »), l’augmentation de température entre la période pré-industrielle (1850) et la période actuelle a été réajustée d’environ +0,15°C.

Océans.

Pour les océans, il n’y a eu que quatre versions. La nouvelle version est donc « HadSST4 ». On peut la comparer avec la précédente HadSST3.

Terres émergées.

On compare la variante « CRUTEM5alt » (qui est censée améliorer notamment la représentation des hautes latitudes) avec la version précédente CRUTEM4v.

Conclusions (pas vraiment).
Il faut s’attendre à de nombreuses et savantes exégèses et critiques de ces révisions dans les mois à venir. On pourra s’étonner par exemple de la précision extraordinaire des réajustements de températures d’il y a plus d’un siècle, du changement de pied de la température marine à la fin des trente glorieuses, ou de la marche ascendante des années 2000. Contentons-nous pour le moment de soumettre ces quelques pièces à conviction à la sagacité des lecteurs.
On croyait jusqu’ici que la température terrestre avait augmenté de 1°C depuis la période « pré-industrielle ». Point du tout, il fallait lire 1,15°C. Mais le monde, toujours insouciant, ne s’en était pas aperçu. Nos aïeux se retourneraient dans leur tombe en apprenant qu’ils avaient eu encore plus froid qu’ils ne l’avaient ressenti. Quant à nous, nous aurions dû ôter une petite laine depuis quarante ans.
Ces nouvelles séries de données vont devenir le standard pour de nombreuses années. Considérons-les comme telles, tout en gardant présent à l’esprit qu’elles dissimulent de nombreux artefacts.
Une question reste toutefois en suspens : le GIEC nous affirme qu’à partir d’une augmentation de 1,5°C nous devons nous attendre à des catastrophes. Dès lors, combien nous reste-t-il à consommer ? Encore 0,5°C si on déplace le curseur, ou seulement 0,5°C-0,15°C = 0,35°C ? Les paris sont ouverts.

Partager