Jean-Louis LEGRAND, membre de l’Association des Climato-Réalistes (antenne Côte d’Azur)
Le 10 avril dernier, les ONGs Data For Good, QuotaClimat et Science Feed-Back ont dévoilé les premiers résultats de leurs travaux. Fin 2025, l’Observatoire des Médias sur l’Écologie (OMÉ) publiera la démarche consolidée et les résultats définitifs sur le périmètre français. Lancé en novembre 2024, l’OMÉ est soutenu par l’ADEME et par l’ARCOM, une agence et une autorité de régulation qui dépensent nos impôts dans la perspective d’infliger des sanctions pécuniaires en relation avec le climat.
Science Feed-Back, elle, est financée par le Fonds Européen pour les Médias et l’Information (EMIF) et le projet européen Narratives Observatory combatting Disinformation in Europe Systemically (NODES), le programme International Fact-Checking Network (IFCN) lié au Poynter Institute for Media Studies basé aux USA. Cette association se veut détentrice de « la » vérité scientifique.
Sans surprise, une Intelligence Artificielle mystérieuse et une validation manuelle (sic) ont trouvé que les médias audiovisuels à risque sont Sud Radio et CNews. Sans surprise aussi, les instigateurs de la désinformation seraient principalement les mouvements d’extrême droite et les sphères complotistes. Sans surprise enfin, les éléments de langage ont été diffusés en bande organisée notamment dans Le Nouvel Obs N° 3159, du 10 avril dernier également, puis sur la Web TV de Blast.
Le collectif des trois ONGs a détecté 128 cas de désinformation climatique « avérés » au premier trimestre 2025, soit une dizaine par semaine. Dans la communication, des attaques personnelles trahissent une dialectique dont l’argumentation scientifique et le raisonnement sont peu robustes. Nous allons mettre de côté l’idéologie politique sous-jacente pour nous intéresser au fond. Par contre, il est difficile d’échapper à la loi de Brandolini(1) car la toutologie du climat s’y prête naturellement. Nous espérons que la coupure de cet article en thèmes disjoints aidera le lecteur à démêler ce sac de nœuds.
Une ambiance électrique
Le collectif des trois ONGs affirme que l’énergie arrive largement en tête de la désinformation climatique. En fait, l’énergie intervient dans les solutions technologiques susceptibles de limiter les émissions de gaz à effet de serre (GES). On peut réduire les émissions de GES avec d’autres énergies que les renouvelables intermittentes (éolien et photovoltaïque) et on peut vouloir baisser la consommation des énergies fossiles pour des raisons autres que le climat. Un tour de passe-passe entretient la confusion entre la finalité et les moyens. De la même façon que l’Europe ne nous donne pas une obligation de résultat, notre électricité étant déjà la plus décarbonée, mais une obligation de moyens. Nous sommes à l’amende si nous n’implantons pas assez d’éoliennes, lesquelles sont nécessairement doublées par des moyens pilotables.
Quand Alexandre Jardin dit le 17 février dernier sur Sud Radio « On est le pays au monde qui pollue le moins parce qu’on a de l’énergie nucléaire. », les gueux comprennent bien qu’il parle plus du mix électrique que du mix énergétique(2).
De même, quand Luc Ferry dit le 19 janvier dernier sur LCI « La voiture électrique est bien plus polluante que les petites voitures thermiques. », il veut dire que la réalité n’est pas si simple. Soyons philosophes. En 2024, 17 millions de voitures tout électrique ont été vendues dans le monde, dont 64 % en Chine où les sources d’énergie de l’électricité sont fossiles à 62 %. Même en France, la production d’électricité n’est pas forcément décarbonée à l’instant où l’on recharge la batterie, par exemple en hiver au début de la nuit. Elle ne l’est pas non plus dans le cas de la recharge rapide(3) quand la voiture se trouve en itinérance loin de son lieu de stationnement principal. De plus, l’analyse du cycle de vie (ACV) évalue des impacts environnementaux défavorables à la voiture électrique(4).
Le collectif des trois ONGs précise « Si la fabrication d’une voiture électrique émet plus de CO2 que celle d’une voiture thermique, sa dette carbone est remboursée au bout de 20 000 kilomètres pour une citadine en France. » En fait, selon l’ADEME, le point de bascule se trouve respectivement à 20 000 km pour une petite citadine du type Twingo ZE avec une batterie de 20 kWh, 70 000 km pour une compacte avec une batterie de 60 kWh, 100 000 km pour un gros véhicule équipé d’une batterie de 100 kWh. De plus, si la batterie doit être changée avant la fin de vie de la voiture, il convient de doubler les émissions de CO2 correspondantes, ce qui revient à augmenter considérablement le kilométrage au bout duquel la dette carbone est remboursée. Et ce kilométrage peut encore augmenter dans le cas de la voiture secondaire d’un foyer car elle roule significativement moins que le véhicule principal réservé à l’usage longue distance.
Tout ça pour ça
François Gervais dit le 29 janvier 2025 sur Sud Radio « L’augmentation du CO2 dans l’atmosphère a réchauffé la Terre de 0,4°C depuis 174 ans. Il y a un effet mais il n’est pas apocalyptique. » Le collectif des trois ONGs répond « Selon le GIEC, la température moyenne mondiale a augmenté de 1,1°C entre le début de l’ère industrielle (1850-1900) et la décennie 2010. » En fait, François Gervais parle du seul CO2, pas de tous les GES, et il a raison(5).
Jordan Bardella dit le 15 mars dernier sur France-Inter « Nous avons déjà l’une des économies les plus propres puisque nous émettons 0,2 % des émissions de CO2 dans le monde. C’est près de 40 % pour les États-Unis et la Chine réunis. » Le collectif des trois ONGs ajoute « En comptant les importations, la France représente un peu plus de 1 % des émissions mondiales. Elle fait surtout partie des dix nations ayant émis le plus de CO2 depuis la révolution industrielle. » En fait, en 2023, la France a représenté 0,8 % des émissions mondiales(6). Ensuite, on peut ajouter les autres GES, raisonner sur les importations et exportations donc sur l’empreinte carbone, cumuler les émissions dues au brûlage de combustibles fossiles depuis la révolution industrielle, etc. Mais la conclusion de ce mille-feuille argumentatif reste toujours la même : le poids relatif de la France est très faible. Au bout du bout, la France est à l’origine d’un réchauffement annuel de 0,000056 °C(7). Si l’on veut dépenser plusieurs dizaines de milliards d’euros par an, alors cela mérite d’y réfléchir à deux fois.
Un climat d’incertitudes
Certes, une dose de cyanure de 0,5 milligramme par kilo peut être mortelle. Des petites causes peuvent produire des grands effets. Le collectif des trois ONGs reproche à André Bercoff de dire sur Sud Radio que le CO2 ne représente que 0,04 % du volume de l’atmosphère sans préciser que ce gaz possède des propriétés physiques très particulières. Effectivement, la concentration du CO2 dans l’atmosphère est aujourd’hui 50 % plus élevée qu’avant la révolution industrielle. Mais la véritable interrogation scientifique réside dans la précision de la mesure ou du calcul. Fournissons trois exemples :
– De 1750 à 2019, le forçage radiatif anthropique est estimé à 1,15 % du rayonnement solaire incident non réfléchi de 240 W/m2, soit 2,76 W/m2. Quand on rentre dans les détails, les incertitudes sont respectivement de 0,85 W/m2 pour les aérosols, 0,25 W/m2 pour le CO2, 0,22 W/m2 pour les autres gaz à effet de serre (méthane, oxyde nitreux, halogènes), 0,23 W/m2 pour l’ozone, 0,19 W/m2 pour l’albédo, etc. En valeur absolue, les incertitudes totalisent les deux tiers de l’évaluation ;
– Dans le dernier rapport du GIEC(8), il est écrit qu’un millier de milliards de tonnes CO2 accroissent la température globale de surface de 0,27 °C à 0,63 °C. L’incertitude est du simple à plus du double ;
– Le GIEC se contente d’estimer la moyenne des résultats à partir d’un ensemble de quelques dizaines de modèles construits par des chercheurs du monde entier et compilés dans le Coupled Model Intercomparison Project (CMIP). Version après version, bien que ces modèles soient de plus en plus sophistiqués, l’incertitude augmente au lieu de diminuer.
Les modèles ne réussissent toujours pas à reproduire le fort réchauffement observé entre 1910 et 1940. Les observations montrent que le réchauffement depuis le XIXe siècle a été presque uniforme, sans amplification polaire. Le fait que les modèles climatiques montrent des changements significatifs dans les différences de température entre les tropiques et les pôles confirme qu’ils ont un pouvoir prédictif faible. La sensibilité du climat à l’équilibre (ECS) mesure l’augmentation de l’anomalie de la température de surface moyenne dans l’hypothèse du doublement de la concentration du CO2 par rapport à sa valeur préindustrielle. Le rapport Charney(9) l’avait estimée entre 1,5 et 4,5 °C en 1979. Nous n’avons pas plus de certitude aujourd’hui que nous n’en avions il y a 46 ans.
Hoquet sur glace
En 1678, des villages suisses ont demandé au pape Innocent XI d’arrêter l’avancée du glacier d’Aletsch, le plus grand glacier des Alpes. Il menaçait d’étouffer l’écoulement d’un lac, ce qui aurait provoqué l’inondation permanente de leurs habitations. Le Pape a prié pour que le glacier cesse d’avancer puis le miracle est arrivé. Miracolo ! Miracolo ! Mais, en 2009, le retrait du glacier menaçait les revenus des villageois, provenant des 400 000 touristes qui viennent chaque année. Les mêmes villages ont donc demandé au pape Benoît XVI de réviser la prière afin d’aider à arrêter la fonte. En 2010, le Pape a approuvé leur pétition. Pour le moment, il n’y a pas eu de nouveau miracle, le glacier continue de reculer…
Un panel mondial de 169 glaciers terrestres montre que leur fonte a commencé un siècle avant l’augmentation significative de la concentration du CO2 dans l’atmosphère(10). Ce n’est pas le réchauffement climatique d’origine anthropique qui peut expliquer la fonte des glaciers terrestres mais la sortie du Petit Âge Glaciaire (PAG), une période climatique froide ayant approximativement eu lieu entre le début du XIVe siècle et la fin du XIXe siècle.
En février dernier, un article scientifiquesur la fonte des glaciers terrestres(11) a été relayé abondamment par les médias. « La machine s’emballe », nous a-t-on dit. En fait, la perte qui a défrayé la chronique est de 7 milliers de Gt par rapport à un volume initial de 146 ± 38 milliers de Gt en 2000. Elle ne représente que le cinquième de l’incertitude – encore elle – sur le volume initial.
Le représentant de Donald Trump en France dit le 21 janvier dernier sur BFM TV « Lors de sa réception du prix Nobel de la paix en 2007, Al Gore annonce l’Arctique sans glace pour 2014. » Que peut-on reprocher au politique et au journaliste ? 18 ans ont passé et cette prédiction est très loin d’être réalisée. En mars dernier, l’Arctique était couvert d’une superficie de glace équivalente à 30 fois celle de la France métropolitaine. En septembre prochain, au plus bas de l’année, on prévoit 10 fois la superficie de l’hexagone(12). Le lecteur courageux pourra approfondir des explications de la stabilisation de l’Arctique(13).
Quant à l’Antarctique, qu’il s’agisse de la calotte glaciaire, des plateformes de glace ou de la banquise, Valérie Masson-Delmotte elle-même, ancienne coprésidente du GIEC et sainte patronne de la doxa, a dit en mars dernier sur Metabolism of cities que les scientifiques sont bloqués par la limite des connaissances(14).
Le serpent de mer
Christian Gérondeau dit le 21 février dernier sur Radio Classique : « … la mer va monter de manière catastrophique. C’est entièrement faux, … » Dans les années 2000, la perte de terre des nations insulaires a été attribuée à tort à la dilatation thermique de l’océan. L’érosion était induite par la série des cyclones Gavin, Hina et Keli de 1997. Elle se combine avec des phénomènes tectoniques complexes. Les îles dont la superficie avait régressé sont les plus anthropisées, en particulier les Maldives : construction de digues bloquant les flux de sédiments, remblayages sur le littoral et extraction de sable contrecarrent l’adaptation naturelle. Le transfert de Jakarta, capitale de l’Indonésie, vers Nusantara a commencé en janvier dernier. Les responsables sont le poids des constructions, en partie sur des sables mouvants, et l’extraction des réserves d’eau souterraine, pas la dilatation thermique de l’océan. Fin 2023, une étudeportant sur un panel de 13 000 îles à travers le monde a été publiée(15). Depuis 2000, elles ont gagné 370 kilomètres-carrés, l’équivalent de l’île de Wight. Sur 30 atolls du Pacifique et de l’océan Indien, 709 îles sont stables.
Quand on vit au Mont Saint-Michel, l’amplitude de la marée peut atteindre 12 mètres. Quand on traverse le canal de Panama de l’Atlantique au Pacifique, on monte de 70 mètres. Ce qui compte, ce n’est pas le niveau de la mer mais le trait de côte. Sur les 5 500 km de linéaire en France métropolitaine, il est logique de trouver des zones à risque comme certaines falaises, l’estuaire de la Gironde et le delta de la Camargue. Néanmoins, selon le Centre d’Études et d’Expertise sur les Risques, l’Environnement, la Mobilité et l’Aménagement (CEREMA), le cumul des surfaces perdues par l’Hexagone a été de 30 kilomètres-carrés en 50 ans, soit un dix-millième par siècle.
Surtout, le rebond isostatique joue un rôle important. À 500 kilomètres sous nos pieds, l’asthénosphère, où la matière est ductile à 1 000 °C, redistribue les pressions verticales à distance. Par exemple, la Belgique a augmenté officiellement sa superficie de 160 kilomètres-carrés début 2019, les plages de la Mer du Nord gagnant en profondeur sur la mer.
Thermageddon n’est pas pour 2030(16)
Le collectif des trois ONGs ajoute « Par ailleurs, ce relativisme est largement infondé, les données récentes le démontrent. Les événements climatiques extrêmes, certains très récents, l’invalident. » Le lecteur pourra lire sur le site de notre association un article très récent qui évoque et analyse la base de données ouvertes au public par le Centre for Research on the Epidemiology of Disasters (CRED) sous la dénomination EM-DAT, tenue à jour par l’université de Louvain. S’agissant des catastrophes répertoriées météorologiques (tempêtes, cyclones, vagues de chaleur ou de froid), hydrologiques (inondations, glissements de terrain) ou climatiques (sécheresses, feux de forêts ou de brousse), rien ne permet d’affirmer que les catastrophes naturelles hors séismes deviennent de plus en plus fréquentes ni de plus en plus graves.
Le collectif des trois ONGs ajoute encore « Les études scientifiques prospectives disent l’inverse. » En fait, le GIEC lui-même est prudent : « Les scientifiques ne peuvent pas répondre directement si un événement particulier a été causé par le changement climatique, car les extrêmes se produisent naturellement et tout événement météorologique ou climatique spécifique est le résultat d’un processus complexe, mélange de facteurs humains et naturels. »(17)
C’est pour cette raison que la science de l’attribution a été développée. Son objectif est de déterminer à l’aide de modèles climatiques si la fréquence et l’intensité d’un événement climatique qui a eu lieu ont vu leur probabilité augmenter du fait du réchauffement climatique. Mais le problème est que, d’une part, cette méthode s’éloigne du fonctionnement habituel qui veut qu’une publication ne se fasse qu’après évaluation par des pairs et que, d’autre part, la rapidité du délai nécessite une simplification très importante des conditions initiales.
Science fausse ou fausse science ?
Le collectif des trois ONGs reproche à Christian Gérondeau d’avoir dit le 21 février 2025 sur Radio Classique « Nous allons vers un réchauffement climatique tel que nous n’en avons jamais vu. C’est entièrement faux, le climat varie de manière cyclique. » La rapidité du changement climatique actuel est effectivement trop grande en comparaison de l’échelle de temps des cycles de Milanković de l’orbite de la Terre, dont les périodes vont de 26 000 à environ 400 000 ans. Mais, en fait, toutes sortes de variations climatiques sont cycliques. L’activité solaire suit un cycle dont la durée varie de 8 à 15 ans et dont l’amplitude peut varier du simple au triple. En liaison avec ce cycle, le champ magnétique suit un cycle de 22 ans. Les maxima suivent un cycle dont la durée varie de 70 à 100 ans. Un cycle de 179 ans est en relation avec le cycle des planètes géantes gazeuses Jupiter et Saturne. Le phénomène El Niño-oscillation australe (ENSO), l’une des sources les plus importantes de variabilité du climat mondial, se produit tous les 2 à 8 ans ; l’oscillation décennale du Pacifique (PDO) tous les 20 à 30 ans ; l’oscillation Atlantique multidécennale (AMO) tous les 55 à 70 ans. La stratosphère équatoriale est marquée par une oscillation quasi biennale, alternance de vents d’ouest et de vents d’est selon une périodicité de 28 mois. Et ainsi de suite en fonction des comportements chaotiques de l’océan et de l’atmosphère.
On ne peut pas non plus affirmer qu’il n’y a jamais eu de changement climatique brusque dans le passé car ce domaine de recherche est très récent, certaines études régionales montrant le contraire.
Le collectif des trois ONGs reproche également à Christian Gérondeau d’avoir dit le 21 février 2025 sur Radio Classique « Tout ça serait la faute de l’Homme, qui émettrait du CO2. C’est faux également. » Selon le collectif des trois ONGs, « Le réchauffement climatique est causé, depuis la période industrielle, par les émissions de gaz à effet de serre des activités humaines. » Cet argument résulte de la théorie du forçage radiatif, mais les mesures du CO2 atmosphérique et de sa part anthropique interrogent. D’une part, les fluctuations du CO2 atmosphérique sont trop importantes d’une année à l’autre pour refléter à elles seules les émissions dues à la combustion des ressources fossiles. François Gervais donne l’exemple frappant des années 1992 et 1998(18). En fait, les fluctuations du CO2 atmosphérique suivent de quelques mois les changements de température. D’autre part, selon certains, la mesure du rapport entre l’isotope 12 et l’isotope 13 du carbone dans l’air donne une fraction du CO2 d’origine anthropique de seulement 5,5% dans l’atmosphère. Tout le reste vient des dégazages naturels de l’océan et des sols. Le lecteur pourra lire sur le site de notre association un article récent sur ce sujet(19).
Les prélèvements dans les calottes de glace, surtout dans l’Antarctique, ont permis notamment de reconstituer l’évolution des températures depuis 800 000 ans. La corrélation avec le CO2 est évidente mais, si l’on observe le timing avec précision, les changements du CO2 suivent les changements de la température de plusieurs siècles. La variation du CO2 est une conséquence plutôt qu’une cause de la variation de la température. On sait l’expliquer grâce à un processus qui passe par un réchauffement de l’océan arctique et qui finit par un dégazage de l’océan austral sous le 60° parallèle sud.
Le doute méthodique
Pascal Praud a dit le 20 février sur Europe 1 « On a le droit de s’interroger sur qui est responsable du réchauffement climatique. Est-ce l’homme à 100 %, ou pas ? On peut poser les questions. » Le collectif des trois ONGs répond « Faut-il s’interroger sur le rôle des humains dans le réchauffement », comme l’affirme Pascal Praud ? Les scientifiques connaissent déjà la réponse. Un large consensus scientifique existe sur le fait que le réchauffement actuel est le résultat de l’activité humaine et que les variations naturelles(20) jouent un rôle négligeable. » Non, nous sommes désolés, « la » science n’est pas une source d’autorité.
La revue Nature Geoscience est peu suspecte d’être climato-sceptique. Son éditorial « Temperature rising » du 12 mars 2025(21) exprime que les toutes dernières années ne sont pas clairement expliquées. Plusieurs hypothèses peuvent être formulées, mais aucune n’est autosuffisante. Le phénomène océanographique cyclique pseudo-périodique El Niño en 2023 ne semble pas avoir été puissant, et le cycle solaire 25 parti fin 2019 qui atteindra son maximum en juillet prochain non plus.
La doxa a sous-estimé l’impact des aérosols, qu’il s’agisse de leur forçage radiatif négatif ou de la désulfuration de la marine marchande(22). De même, dans l’éruption volcanique du Hunga Tonga en 2022, le dioxyde de souffre pourrait avoir dominé la vapeur d’eau.
Les climato-réalistes ont raison d’envisager que la variabilité naturelle domine l’activité humaine. En particulier, notre planète devient moins réfléchissante, son albédo baisse(23). Ceci serait principalement dû à la réduction de la couverture nuageuse basse dans les latitudes moyennes du nord et dans la région intertropicale, en prolongation d’une tendance pluriannuelle. Une rétroaction émergente, par laquelle la couverture nuageuse basse diminuerait avec la hausse de la température, pourrait intensifier le réchauffement.
Le collectif des trois ONGs reproche à André Bercoff d’amplifier la voix de « négateurs d’un consensus scientifique démontré sans équivoque » le 29 janvier 2025 sur Sud Radio. Or ce qui est correct en science n’est pas déterminé par le consensus, mais par l’expérience et l’observation. Nombre des plus grands scientifiques de l’histoire le sont précisément parce qu’ils ont rompu avec le consensus. Par exemple, la tectonique des plaques a mis plus d’un demi-siècle avant de s’imposer à la communauté des géologues. Et, comme le rappelle Benoît Rittaud(24), il a fallu attendre le survol de Mars par la première sonde Mariner en 1965 pour mettre fin à la croyance, depuis la fin du XIXe siècle, en l’existence de canaux et au mythe d’une vie intelligente sur la planète rouge. Terminons en beauté par une citation d’Albert Einstein : « Le génie a horreur du consensus parce que, lorsque le consensus est atteint, la pensée s’arrête. »
(1) La quantité d’énergie nécessaire pour réfuter du baratin est beaucoup plus importante que celle qui a permis de le créer.
(2) En 2023, les sources d’énergie de l’électricité fournie par EDF ont été le nucléaire à 78,70 %, l’hydraulique à 8,04 %, les fossiles à 8,03 %, les autres énergies à 5,23 %. En 2024, le bouquet énergétique primaire de la France a été fossile à 45%, nucléaire à 39%, bois à 5%, hydraulique à 2,4%, etc.
(3) Recharger une batterie de 60 kWh en 2 minutes comme on refait le plein d’une voiture thermique nécessite 1,8 MW, soit l’équivalent de la puissance appelée simultanément par 1 500 foyers.
(4) Par exemple, un million de litres d’eau sont nécessaires pour extraire une tonne de lithium. L’équivalent de la consommation en eau de 500 personnes pendant un an est ainsi nécessaire pour une batterie de voiture.
(5) Ce n’est pas une loi physique mais une formule empirique, dite de Myrhe, qui donne la variation du forçage radiatif en W/m2. Elle est proportionnelle au logarithme népérien (ln) du rapport de la concentration du CO2 420 ppm(v) (parties par million en volume) à la concentration de référence 280 ppm(v) au seuil de l’ère industrielle il y a 175 ans. On a bien 0,4°C = 1,1°C x ln(420/280).
(6) Source : Service des Données et Études Statistiques.
(7) Selon le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) lui-même, un millier de milliards de tonnes CO2 accroissent la température terrestre de 0,45 °C. Chaque année, 15,6 milliards de tonnes CO2 sont ajoutées dans l’atmosphère. Donc la France est à l’origine d’un réchauffement annuel de 0,45 x 15,6/1000 x 0,8 % = 0,000056 °C.
(8) AR6, résumé à l’attention des décideurs, paragraphe D.1.1.
(9) « Carbon dioxide and climate: a scientific assessment », Académie nationale des sciences des États-Unis.
(10) « Extracting a climate signal from 169 glacier records », J. Oerlemans, Institute for Marine and Atmospheric Research, Utrecht University, Netherlands.
https://www.science.org/cms/asset/aeac366a-7ba8-4dbe-8e35-a025159cb03f/pap.pdf
(11) « Community estimate of global glacier mass changes from 2000 to 2023. », The GlaMBIE Team, Nature 639, 382–388 (2025).
https://doi.org/10.1038/s41586-024-08545-z
(12) Source : OSI SAF Sea Ice index.
(13) « Surprising, but not unexpected, multi-decadal pause in Arctic sea ice loss. », Mark England, Lorenzo M Polvani, James A Screen, et al. ESS Open Archive March 29, 2025.
https://essopenarchive.org/doi/full/10.22541/essoar.174329135.56312606/v1
(14) « A quoi va ressembler le Climat en 2030 ? », vingt-sixième minute.
https://www.youtube.com/watch?v=KyFyas19bsQ
(15) « Evolutionary dynamics of island shoreline in the context of climate change: insights from extensive empirical evidence. », Zhang, Y., Li, H., Li, D., Hou, X., Guo, P., & Guo, J., International Journal of Digital Earth, 17(1) 2024.
https://doi.org/10.1080/17538947.2024.2329816
(16) « Thermageddon : countdown to 2030 », Robert Hunter, un membre fondateur de Greenpeace, New York, Arcade Pub, 2003.
(17) IPCC AR6 WG1 Chapter 12, Mars 2023.
(18) Paragraphe 4.
(19)
https://www.climato-realistes.fr/wp-content/uploads/2024/08/chateau-de-cartes-2-VIII-2024-1.pdf
(20) Irradiance solaire et activité volcanique.
(21) https://doi.org/10.1038/s41561-025-01663-x
(22) « Global warming has accelerated: are the United Nations and the public well-informed ? », James E. Hansen, Environment: Science and Policy for Sustainable Development, Février 2025. https://doi.org/10.1080/00139157.2025.2434494
(23) « Recent global temperature surge intensified by record-low planetary albedo », Jens Terhaar, Université de Berne, ScienceMarine & Océans, AFP, 12 mars 2025. https://dx.doi.org/10.1126/science.adq7280 (24) « Le mythe climatique », prologue, Éditions du Seuil, 2010.