Contradictions climatique : une planète pour tous, une planète avec vous

Bernard Guy (*) Groupe de recherche sur la contradiction (**)

bernard.guy15@wanadoo.fr

Les Rencontres de Saint-Genis-Laval, 22 novembre 2025


Avertissement : le texte qui suit a servi de support à un exposé oral ; il n’est pas un article scientifique (relu par des pairs). Mais, ayant mérité un certain travail d’enquête, il n’est pas non plus l’exposé simple d’une opinion. L’imperfection tenant à ce genre littéraire hybride peut être reprochée à l’auteur : il en est le premier conscient. Pour un sujet si complexe et si sensible, chaque point énoncé dans le présent texte, pourrait se voir opposer des contrarguments dans un échange comme on peut en lire sur Youtube ou sur les réseaux sociaux. Sans fin ! Il a fallu s’arrêter, avec les éléments à sa disposition aujourd’hui, et l’auteur remercie d’avance les lecteurs qui lui apporteront des critiques constructives.

Résumé

J’aborde la question climatique à travers deux thèses : thèse A : l’homme est responsable du changement climatique, on en est sûr à 100% ; thèse B : hélas, ce n’est pas si simple. Même s’il est difficile de s’exprimer aujourd’hui sur ce sujet, je me positionne en faveur de la seconde. Ma démarche vise à explorer les arguments, sans prétendre conclure trop vite, cherchant un débat ouvert où la contradiction constitue un moteur de vérité. Dans une première partie, sur le plan des sciences de la nature, je présente les bases physiques de l’effet de serre. Le CO₂ n’est qu’un des nombreux paramètres influençant le climat. En examinant les données géologiques, on observe une absence de corrélation simple entre température et teneur en CO₂ ; de plus, dans les périodes récentes les hausses de température précèdent celles du CO₂. Je discute les ingrédients des modèles numériques (qui sont la seule façon d’affirmer la responsabilité humaine du changement climatique), montre leur part d’incertitude, ainsi que les écarts aux observations de nombre d’entre eux. Dans une seconde partie consacrée aux sciences humaines et sociales, je discute le fonctionnement du GIEC : plus politique que scientifique, l’organisme cherche avant tout un consensus diplomatique. J’évoque les positions des tenants de la thèse B, dont la qualité des travaux doit être reconnue. Je replace enfin le débat dans une perspective plus large : le discours climatique est devenu un mythe moderne, porteur d’une nouvelle foi collective. Il faut distinguer le climat au sens strict, du climat au sens large (ensemble des problèmes écologiques). Si je conteste l’attribution exclusive du réchauffement à l’homme, je reconnais les vertus de la sobriété, de la recherche technologique (nouvelles sources, nouveaux modes de stockage et de distribution de l’énergie, son économie, etc.) et du respect de la nature. En conclusion, je plaide pour une vision nuancée et dialogique, refusant le manichéisme entre « climatologues » et « climatosceptiques ». L’urgence n’est pas de choisir un camp, mais de restaurer la confiance, la rigueur intellectuelle et la fraternité dans la recherche de la vérité — et de replacer la responsabilité humaine là où elle est certaine : dans nos rapports entre nous !

Le texte complet de cet article peut-être téléchargé en format .pdf en cliquant ici


(*) Bernard Guy, ingénieur civil des mines (Paris), docteur ès sciences (Université Pierre et Marie Curie, Paris), directeur de recherche émérite à l’Ecole des Mines de Saint-Etienne, Institut Mines Télécom. Ancien directeur du département géologie de l’Ecole des Mines. Recherches et enseignements en sciences de la terre, physique, et philosophie des sciences. A organisé et co-organisé des congrès internationaux en thermodynamique (Joint European Thermodynamics Conference), et philosophie des sciences (Ateliers sur la contradiction).


(**) Le groupe de recherche sur la contradiction est un groupe informel d’amis qui se réunissent deux ou trois fois par an depuis près de vingt ans (en provenance de Saint-Etienne, Lyon, Paris et d’autres départements). Ils partagent le désir de comprendre le monde et ne craignent pas d’affronter la complexité du réel et les difficultés de formuler la connaissance. Ils exercent leur pensée dans des disciplines très différentes (anthropologie, sociologie, politologie, communication interpersonnelle, philosophie, épistémologie, sémiotique, psychanalyse, arts plastiques, physique, biologie, géologie, …) qu’ils confrontent les unes aux autres. S’ils ne peuvent vivre plusieurs vies en même temps et reprendre à leur compte l’expertise et les expériences les uns des autres, le dialogue interdisciplinaire leur fait comprendre que chacun a une vision légitime du monde et complémentaire de celle des autres.

Au fil des ans, ils se sont mis d’accord sur un ensemble de concepts très généraux utiles et communs à leurs différents champs. Ils considèrent la contradiction non comme un obstacle mais comme une ressource ouvrant sur de nouvelles formes de pensée : logique relationnelle, raison antagoniste, polarité, complémentarité, pensée kaléidoscopique…. Ils plaident pour une pensée ouverte, multidisciplinaire et dynamique qui accueille l’incertitude, l’ambivalence et la tension créatrice entre pôles opposés.

Lors de leurs rencontres, des exposés sont proposés, sources de réactions et aidant les membres du groupe à digérer ce qui se passe dans le monde. Le groupe a organisé à quatre reprises les Ateliers sur la contradiction (dont les actes sont parus aux Presses des mines, Paris : 2009, 2011, 2013, 2016). Un cinquième ouvrage, paru récemment (2025) chez Connaissances et Savoirs, fait le point de façon synthétique sur les différentes approches des membres du groupe. Des éléments de correspondance interne aux membres du groupe ont été mis en ligne sur Internet Archive.

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